Si nous nous attachons à combattre les inégalités de genre qui sont endémiques dans les systèmes agroalimentaires et à favoriser l’autonomisation des femmes, nous parviendrons tous ensemble à avancer dans notre quête d’un monde libéré de la pauvreté et de la faim. Le présent rapport montre qu’au sein des systèmes agroalimentaires, la création d’emplois en faveur des femmes, en particulier des femmes rurales, améliore leur bien-être et crée des conditions propices à la croissance économique, à l’amélioration des revenus et de la productivité et au renforcement de la résilience. Pour la première fois depuis plus d’une décennie, la FAO dresse un panorama détaillé de la situation des femmes qui travaillent non seulement dans l’agriculture, mais plus largement dans tous les secteurs des systèmes agroalimentaires. Le rapport présente un vaste éventail de nouvelles données et analyses concernant les difficultés auxquelles les femmes sont confrontées, notamment dans les régions rurales, et fournit des éléments factuels sur les mesures ayant permis de faire progresser l’égalité afin de dégager des orientations concrètes sur les politiques à adopter.
En plus de contribuer de manière déterminante à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030, l’autonomisation des femmes et l’égalité des genres revêtent une importance fondamentale pour le bien-être des femmes et des hommes. L’ODD 5 nous appelle à parvenir à l’égalité femmes-hommes et à autonomiser toutes les femmes et les filles d’ici à 2030 – une échéance qui approche à grands pas. Il ressort du présent rapport que, malgré l’attention accrue accordée à la question de l’égalité des genres depuis la quatrième Conférence mondiale sur les femmes tenue à Beijing en 1995, il reste encore d’importantes lacunes à combler à cet égard dans les systèmes agroalimentaires.
Certes, au cours des 10 dernières années, les femmes ont vu leur situation s’améliorer pour ce qui est de l’accès à certaines ressources, comme les technologies numériques et les services financiers, mais dans de trop nombreux domaines, les disparités avec les hommes perdurent, voire se creusent, surtout en milieu rural. Depuis l’apparition de la pandémie de Covid-19, par exemple, l’écart entre les femmes et les hommes sur le plan de l’insécurité alimentaire s’est accru, pour s’établir à 4,3 points de pourcentage, et les femmes rurales sont frappées encore plus durement par ce fléau. Dans les zones rurales, les femmes sont moins susceptibles que les hommes de détenir un téléphone portable. Les progrès réalisés dans la communication de données sur la propriété foncière et les droits fonciers des femmes ne font que démontrer l’immense chemin qu’il reste encore à parcourir pour parvenir à l’égalité: en effet, dans 40 des 46 pays qui produisent des rapports sur l’indicateur 5.a.1 des ODD, on observe au sein des foyers agricoles une proportion nettement plus importante d’hommes que de femmes qui possèdent des terres. Si l’on parvenait à éliminer ces disparités et à combler d’autres écarts, comme ceux que l’on retrouve dans le domaine de la productivité agricole ou dans celui des salaires agricoles, les femmes devant se contenter de 82 centimes quand les hommes gagnent un dollar, nous pourrions réaliser des avancées considérables en matière de sécurité alimentaire et de nutrition tout en stimulant la croissance économique.
Pour atteindre l’ODD 5, il nous faudra opérer des changements de grande ampleur. Et nous en sommes capables, car les gouvernements, les institutions internationales, la société civile et les autres parties prenantes sont aujourd’hui mieux à même de planifier des interventions et de mobiliser des investissements qui soient expressément consacrés à l’égalité des genres et à l’autonomisation des femmes. Le présent rapport démontre que le fait d’engager des investissements dans tous les domaines touchant l’autonomisation des femmes peut être porteur de transformations profondes, et ce avec le même niveau de ressources publiques. Si nous veillons à ce que les politiques et les projets mettent plus explicitement l’accent sur l’autonomisation, notamment l’amélioration de l’accès des femmes aux ressources et aux biens et le renforcement du pouvoir de décision des femmes, nous pourrons contribuer à accroître les revenus et la résilience des femmes, de leurs ménages et de leurs communautés, en particulier dans les zones rurales.
L’égalité des genres et l’autonomisation des femmes sont deux composantes qui sont pleinement intégrées dans le Cadre stratégique 2022-2031 de la FAO et que nous prenons en compte dans toutes les activités que nous menons pour accomplir les quatre améliorations – en matière production, de nutrition, d’environnement et de conditions de vie – en ne laissant personne de côté. Avec la publication de ce rapport, la FAO s’engage à redoubler d’efforts pour faire une place encore plus large à l’égalité des genres et à l’autonomisation des femmes dans son action, en accordant une attention particulière aux femmes rurales, y compris aux petites productrices. Pour ce faire, l’Organisation s’attachera, entre autres, à plaider en faveur de l’instauration de cadres d’action visant à remédier aux problèmes posés par les normes sociales et les obstacles structurels, et à recourir davantage aux approches porteuses de transformation en matière de genre dans ses projets et programmes en vue de promouvoir un développement rural inclusif.
Ce n’est qu’en assurant l’autonomisation de toutes les femmes et en parvenant à l’égalité des genres que nous réussirons à mettre en place des systèmes agroalimentaires efficaces, inclusifs, résilients et durables. Les femmes ont toujours œuvré au service des systèmes agroalimentaires. Il est temps de mettre les systèmes agroalimentaires au service des femmes. Nous exhortons toutes les parties prenantes à prendre l’engagement d’œuvrer à nos côtés pour bâtir un monde plus égalitaire.
QU Dongyu
Directeur général de la FAO