Au cours des dernières décennies, les travaux de recherche sur la biologie des changements climatiques ont connu un essor considérable, donnant lieu à de nombreuses publications chaque année, en particulier ces dix dernières années (Björkman et Niemelä, 2015; Juroszek et al., 2020; Peterson, Menon et Li, 2010, par exemple). De manière générale, la plupart des études (résumées dans le tableau 5) soulignent que le risque phytosanitaire lié aux insectes, aux agents pathogènes et aux adventices augmentera dans les écosystèmes agricoles sous l’effet des changements climatiques (Choudhary, Kumari et Fand, 2019; Clements, DiTommaso et Hyvönen, 2014; Juroszek et al., 2020), notamment dans les zones actuellement les plus froides, comme les régions arctiques, boréales, tempérées et subtropicales. Les données indiquent que tous les climats seront impactés, mais que la nature et l’ampleur de l’impact varieront en fonction de la capacité des systèmes de production et des écosystèmes naturels à s’adapter et à évoluer. Ce constat vaut aussi en grande partie pour les agents pathogènes et les insectes nuisibles dans le secteur forestier (Seidl et al., 2017).
Des stratégies climatiquement rationnelles pour lutter contre les organismes nuisibles ont été récemment décrites par Heeb, Jenner et Cook (2019). Ces mesures et d’autres mesures préventives et curatives de protection des végétaux devront être adoptées pour permettre aux pays de s’adapter à de nouveaux scénarios climatiques (Almekinders et al., 2019; Erikson et Griffin, 2014; Thomas-Sharma et al., 2016). Mais il faudra également prêter attention aux dispositions réglementaires, aux besoins en matière de recherche, à la coopération internationale et au renforcement des capacités. On trouvera ci-après un certain nombre de recommandations relatives à ces questions.
L’ARP fournit les éléments scientifiques permettant de justifier la mise en place des mesures phytosanitaires, notamment celles élaborées sous les auspices du Secrétariat de la CIPV. Il est proposé que les NIMP relatives à l’ARP soient examinées afin de déterminer si elles sont adaptées aux enjeux associés aux changements climatiques. Les activités d’ARP doivent être renforcées aux niveaux national, régional et international, et les aspects liés aux changements climatiques doivent être inclus dans l’évaluation du risque phytosanitaire.
Les mesures de surveillance et de suivi sont essentielles pour détecter l’introduction de nouveaux organismes nuisibles ou pour surveiller leur statut. Il est proposé que les NIMP et les directives relatives à la surveillance et au suivi élaborées sous les auspices du Secrétariat de la CIPV soient évaluées afin de déterminer si elles doivent être révisées pour tenir compte des effets des changements climatiques. Les activités de surveillance et de suivi des menaces phytosanitaires aux niveaux national, régional et international doivent être renforcées. Il est proposé d’envisager l’élaboration de modèles de programmes de surveillance multilatérale, notamment dans les pays en développement, afin de déterminer comment de tels programmes peuvent être mis en place pour endiguer les menaces phytosanitaires.
L’échange d’informations au niveau international sur les flux commerciaux ainsi que sur les occurrences et les interceptions d'organismes nuisibles est extrêmement important afin de compenser le manque de données issues de la recherche scientifique à propos des effets des changements climatiques sur la santé des végétaux. Il est également primordial de mutualiser les informations sur l’évolution de la répartition des organismes nuisibles et de leurs gammes d’hôtes, ainsi que sur la capacité d’adaptation des organismes nuisibles et des plantes hôtes. Il importe aussi d’améliorer le système de communication de l’information de la CIPV, qui comprend à la fois les notifications officielles émises par les parties contractantes et d’autres informations disponibles et publiées par ailleurs.