Table des mati�res - Pr�c�dente - Suivante


Troisi�me partie: Documents th�matiques: Politiques, syst�mes de production, conservation et restauration, transformation et utilisation


3.1 Politique foresti�re des zones arides dans la r�gion nord de l'Afrique
3.2 Politique liant la foresterie en zone aride au d�veloppement rural et � la lutte contre la d�sertification
3.3 La d�sertification - Repenser la strat�gie foresti�re en Afrique: L'exp�rience des activit�s de l'USAID
3.4 Recherche, d�monstration, vulgarisation et diffusion
3.5 Centre d'activit� relative aux programmes de lutte contre la d�sertification PNUE, Nairobi
3.6 Les syst�mes pastoraux maghr�bins et leur r�le dans la lutte contre la desertification
3.7 Transformation et utilisation de la v�g�tation p�renne dans la zone aride de l'Inde
3.8 Utilisation de la faune sauvage
3.9 R�habilitation des milieux salins
3.10 Am�nagement des bassins versants dans les zones arides
3.11 Collecte de l'eau
3.12 Restauration des terres et reconstitution du couvert v�g�tal
3.13 La r�serve nationale de la pampa del Tamarugal: R�g�n�ration d'un peuplement fourrager dans le d�sert d'Atacama au Chili
3.14 Utilisation am�lior�e des ressources g�n�tiques des esp�ces ligneuses: Une strat�gie d'action


3.1 Politique foresti�re des zones arides dans la r�gion nord de l'Afrique


1. Introduction
2. �l�ments d'une politique foresti�re
3. Strat�gies d'application de la politique
4. Impact de la politique foresti�re sur le d�veloppement des terres arides
5. Conclusion
6. R�f�rences


M.B. MESSAOUDI
Conseiller agricole et forestier
Secr�tariat de l'Agriculture de la mise en valeur et du d�veloppement
Tripoli - Jamahiriya

1. Introduction

Le Nord de l'Afrique couvre une vaste superficie de zones arides et semi-arides, y compris une grande partie du Sahara et, �tant donn� son importance, le PNUE a accord� plus d'attention � la cr�ation de ceintures vertes pour lutter contre l'avanc�e du d�sert, c'est-�-dire la d�sertification dans cette r�gion du monde.

Depuis la derni�re p�riode humide (il y a 5 � 7000 ans), cette r�gion souffre de probl�mes climatiques, socio-�conomiques et d'utilisation de la terre.

Les �v�nements historiques montrent que les ressources renouvelables (sols, plantes, eau, faune et �tres humains) se trouvaient �cologiquement en �quilibre, que la terre �tait recouverte de savanes, d'herbes courtes et hautes, qu'il y avait de l'eau, que les ressources utilisables �taient �quilibr�es, de sorte que la population les utilisait (y compris le bois pour l'�nergie) en fonction de leurs possibilit�s de production.

Cet �quilibre naturel s'est trouv� rompu avec l'augmentation de la population et l'apparition de nouveaux facteurs. Il a fallu plus d'aliments, plus de bois pour diff�rents usages, en particulier domestiques, de sorte que la terre, l'eau, le couvert v�g�tal et la faune sauvage se sont trouv�s soumis � une pression plus grande. La rupture de cet �quilibre naturel a eu pour cons�quence la disparition du couvert v�g�tal, l'�rosion, les inondations, le d�placement des dunes, etc. D'autres facteurs ont acc�l�r� la d�t�rioration de l'environnement, accroissant la d�sertification, c'est-�-dire que l'incapacit� de la population de maintenir les ressources en p�riode de guerre, d'invasion et d'autres pressions sociales a jou� un r�le important Il est �vident que le feu, la coupe, la suppression des arbres et arbustes pour d'autres usages, le surp�turage, etc. ont mis le secteur forestier dans une situation tr�s critique, la foresterie continuant toutefois de jouer un r�le social et �conomique important dans les zones arides. Elle a essentiellement des avantages tangibles et intangibles comme l'am�lioration du climat, la fourniture de combustible et de bois, la lutte contre l'�rosion, la conservation de l'eau, qui contribuent tous � lutter contre la d�sertification.

Au si�cle dernier et au d�but de ce si�cle, nombre de pays africains (y compris en Afrique du Nord) �taient colonis�s. Ils ont commenc� � prendre conscience du danger de d�sertification et de l'importance d'�laborer une politique foresti�re pour y faire face.

La premi�re mesure a consist� � r�glementer l'abattage ill�gal des arbres des for�ts, l'utilisation du sol et de l'eau et, dans une certaine mesure, la remise en valeur des dunes de sable. Ce furent l� les principaux �l�ments de la politique foresti�re entre la Premi�re et la Deuxi�me Guerre mondiales.

Apr�s la Deuxi�me Guerre mondiale, de nombreux pays africains ont obtenu leur ind�pendance et ont commenc� � s'attaquer aux probl�mes en adoptant une politique foresti�re plus raisonnable.

Apr�s l'ind�pendance, du fait de la n�cessit� croissante d'une production v�g�tale et animale, d'une am�lioration des niveaux de vie et de la croissance d�mographique, les ressources naturelles ont �t� soumises � des pressions s�v�res. Il a donc fallu prendre conscience de la n�cessit� d'une politique foresti�re stable et claire, en particulier dans les zones arides, pour lutter contre la d�sertification et pr�server l'�quilibre naturel des ressources.

2. �l�ments d'une politique foresti�re

Dans les pays arides, la politique foresti�re est int�gr�e dans le cadre des plans de d�veloppement socio-�conomique. Elle prend donc en consid�ration toute une s�rie de facteurs notamment ceux qui concernent le mode d'existence de la population, dont certains sont �num�r�s ci-dessous:

- l'ind�pendance des pays et la responsabilit� confi�e � leurs populations de g�rer leurs propres affaires;

- la grande r�volution et les changements rapides du mode de vie de certains pays qui ont d�couvert du p�trole, comme l'Alg�rie et la Libye. De nouveaux �l�ments, qui modifiaient la structure de leurs besoins et les habitudes de la population, ont �t� incorpor�s dans cette politique;

- l'am�lioration du niveau de vie de la population;

- l'ouverture d'un plus grand nombre d'�coles, suivie d'une �l�vation des niveaux d'instruction;

- la croissance normale de la population qui se traduit par une augmentation de la demande d'aliments, de combustible (passant progressivement au gaz, au p�trole et � l'�lectricit�);

- la protection des ressources naturelles, surtout le sol et l'eau, pour les besoins g�n�raux de la production et de la protection;

- la fourniture de bois � diff�rents usages y compris la p�te � papier, comme dans le cas du Maroc;

- la politique foresti�re doit viser � prot�ger, utiliser et d�velopper correctement les ressources naturelles et � am�liorer le niveau de vie de la population. Toute politique foresti�re qui ne prend pas le plus possible en consid�ration ces objectifs ne r�pond pas aux buts qui doivent �tre les siens;

- enfin, compte tenu de la situation dynamique actuelle, la politique foresti�re doit �tre d�finie de mani�re � r�pondre aux besoins de la population.

3. Strat�gies d'application de la politique

Chaque pays a �labor� sa propre politique foresti�re et �tabli un plan de travail pour son application, en �tant tout � fait conscient des pertes provoqu�es par la d�sertification et des menaces qu'elle comporte, mais des strat�gies foresti�res �taient tout � fait n�cessaires au plan r�gional, en d�pit du caract�re impressionnant des activit�s entreprises par ces pays au nord de l'Afrique.

Ces pays ont estim� qu'il leur fallait coordonner leur action, �changer leurs connaissances et leur exp�rience et �tablir des plans de travail pour que les �checs et les succ�s de chacun d'entre eux puissent �tre port�s � la connaissance des autres et les aider � obtenir les meilleurs r�sultats possibles.

Pour cela, ils ont cr�� le Projet de Ceinture verte d'Afrique du Nord, dont les principaux objectifs sont les suivants:

a) protection des terres agricoles contre l'avanc�e du d�sert et leur am�lioration;
b) am�nagement et am�lioration des terrains de parcours et d�veloppement de la richesse animale;
c) boisement;
d) d�veloppement rural;
e) accroissement de la production vivri�re pour rem�dier aux p�nuries existant dans la r�gion.

Les moyens d'application sont notamment:

a) �laboration d'un plan d'action commun pour l'ensemble de la r�gion d�finissant les directives de lutte contre la d�sertification, telles que l'am�nagement des terrains de parcours, la plantation d'arbres, etc.;

b) coordination des m�thodes d'ex�cution et organisation des activit�s correspondantes dans chaque pays;

c) �change de connaissances et d'exp�rience;

d) �change de semences et de jeunes plants;

e) coordination des activit�s de formation, etc.

La strat�gie du Projet de Ceinture verte se fonde sur les principes suivants:

- utilisation appropri�e des terres;
- int�gration de la politique foresti�re dans la politique g�n�rale relative � l'agriculture, � l'eau et aux sols;
- mise en valeur des ressources naturelles et humaines;
- utilisation des esp�ces appropri�es, en particulier celles � croissance rapide;
- recherche de combustible bon march� destin� � remplacer le bois de feu pour la cuisine, le chauffage et autres usages,

4. Impact de la politique foresti�re sur le d�veloppement des terres arides

La foresterie a jou� un grand r�le dans le d�veloppement des zones arides � plusieurs �gards. La plantation d'arbres offre toute une s�rie d'avantages, notamment les suivants:

- protection du sol et des cultures gr�ce aux brise-vent;

- fourniture de fourrage � partir de certaines esp�ces telles que Acacia cyanophylla, qui devient une ressource principale d'alimentation animale en saison s�che dans des pays comme la Tunisie et la Libye. En outre, les plantations d'eucalyptus pr�s de Tripoli offrent de meilleurs rendements � l'hectare que les autres cultures dans une rotation moyenne;

- fourniture de bois et de menus produits forestiers;

- fourniture de travail dans les entreprises d'�tat;

- dans de nombreux cas, elle a aid� les zones rurales � d�velopper l'apiculture, qui constitue une source importante de revenu pour la population de la r�gion,

Les activit�s suivantes illustrent l'importance de la politique foresti�re dans la mise en valeur des terres arides et la lutte contre la d�sertification.

Fixation des dunes de sable

Cette activit� est fondamentale dans cette sous-r�gion. Elle vise � restaurer les capacit�s de la terre, � lui rendre son couvert v�g�tal et � am�liorer ainsi l'environnement.

Cette activit� offre � la population un suppl�ment de revenu, �l�ve son niveau de vie et prot�ge indirectement les sols et les cultures.

Ceintures vertes

Les ceintures vertes visent � arr�ter la d�sertification et l'envahissement par les dunes et � prot�ger ainsi les terres, les villages, les villes, les routes ou toute autre infrastructure contre le d�placement des sables. En Alg�rie, un projet de ceinture verte a �t� lanc� au d�but des ann�es 1970 pour lutter contre la d�sertification. Le but de ce projet, qui consiste en une bande de 10 � 15 km de large et environ 1000 km de long et qui s'�tend de la fronti�re tunisienne � la fronti�re marocaine, est de stopper l'avanc�e du Sahara vers le nord. Au fur et � mesure de l'application de ce projet, on s'est rendu compte que l'avanc�e du d�sert �tait un ph�nom�ne "endog�ne" qui n�cessitait un am�nagement polyvalent des fragiles ressources en bois et en terres.

5. Conclusion

Les politiques foresti�res dans les zones arides doivent prendre en compte la lutte contre la d�sertification. Il importe que cette politique soit int�gr�e dans les plans de d�veloppement socio-�conomique et que la population soit invit�e � y participer. Les buts ultimes de cette politique doivent �tre les suivants:

- accro�tre le revenu de la population et am�liorer son niveau de vie dans les zones rurales;
- maintenir l'�quilibre environnemental;
- d�velopper les ressources naturelles.

Pour obtenir les r�sultats optimums, il faut que la population et les diff�rentes institutions de recherche, de formation, d'enseignement et de vulgarisation participent � l'application de la politique foresti�re.

6. R�f�rences

1. Politique foresti�re de la Tunisie et de la Libye.
2. Rapports techniques sur les projets de Ceinture verte d'Afrique du Nord.
3. Notes sur le barrage vert en Alg�rie.
4. �tude de faisabilit� sur le projet de ceinture verte.
5. Minist�re de la For�t - Rapports r�gionaux.

3.2 Politique liant la foresterie en zone aride au d�veloppement rural et � la lutte contre la d�sertification


1. Introduction
2. �l�ments de l'�laboration d'une politique
3. Strat�gies d'application des politiques
4. Incidences des politiques de foresterie en zones arides pour le d�veloppement de ces zones
5. �tudes de cas
6. Lacunes des connaissances
7. Conclusions


F.R. WEBER

1. Introduction

Confront�e tout au long de l'histoire � une vaste �volution de son environnement vers la s�cheresse, la soci�t� a g�n�ralement r�agi de l'une des deux fa�ons suivantes: soit une migration massive (� la suite du �dustbowl� de 1930 aux �tats-Unis, un grand nombre d'agriculteurs sont partis vers l'Ouest), soit le lancement de grandes actions correctives de conservation des ressources (barrages, terrasses, etc., l'exemple du Nord Y�men datant de l'�poque lointaine de la reine de Saba).

La conjugaison d'un accroissement de la pression d�mographique et d'une diminution des pr�cipitations pendant de longues p�riodes a eu des r�percussions spectaculaires sur les zones arides dans de nombreuses parties du monde, surtout au cours des derni�res d�cennies: les sources d'eau s'ass�chent, la fertilit� des terres agricoles diminue, la v�g�tation naturelle dispara�t. La famine, la maladie, la souffrance g�n�ralis�e, la mis�re et finalement la mort en sont les cons�quences in�vitables.

Mus par la ferme volont� de rem�dier � cet �tat de choses, individus, groupes, institutions, gouvernements et la plupart des donateurs ou des communaut�s de financement s'efforcent de lutter contre ce qu'on d�crit g�n�ralement comme une "d�sertification" avec une volont� et des moyens croissants.

S'il �tait clair d�s le d�but que la multitude d'efforts priv�s et collectifs, locaux et �trangers, individuels et publics doivent �tre coordonn�s pour �viter les chevauchements, les lacunes et les doubles emplois, la d�finition d'approches et de plans faisant l'objet d'un consensus a �t� lente et parfois p�niblement complexe en raison de la diversit� des int�r�ts, des priorit�s et des points de vue.

Au surplus, l'�laboration d'une politique poursuivant un but pr�cis ou de m�thodes � adopter et � suivre par tous ceux qui participent � l'action commune (de lutte contre la d�sertification) a �t� encore plus laborieuse et plus longue. Aujourd'hui encore, apr�s tout ce qui a �t� dit, �crit et d�pens�, nombre de grandes organisations internationales n'ont toujours pas de politiques coh�rentes de lutte contre la d�sertification. C'est le cas aussi d'un grand nombre des grands organismes r�gionaux ou bilat�raux.

Un certain nombre de tentatives r�gionales ou nationales ont �t� faites pour am�liorer les politiques foresti�res d'utilisation et de conservation des ressources naturelles renouvelables. On admet g�n�ralement aujourd'hui que ces politiques ne peuvent s'attaquer en m�me temps � tous les aspects du d�veloppement rural et aux autres probl�mes li�s � la diminution de la base de ressources naturelles. Le conflit qui en d�coule est clair: d�veloppement ou conservation? De toute �vidence, tant que cette question ne sera pas r�gl�e, les parties int�ress�es continueront d'aller dans des directions diff�rentes. Un premier pas fondamental et n�cessaire � faire avant de pouvoir mener � bien des programmes et projets et des interventions et actions individuelles est l'�laboration par les gouvernements de politiques pr�cisant clairement les compromis � adopter. Il est indispensable de trouver le difficile compromis entre la r�alisation de l'autosuffisance alimentaire et le r�tablissement d'un �quilibre �cologique (l'un des principaux objectifs du CILSS).

Si les politiques des gouvernements (les donateurs) sont extr�mement importantes et constituent un pr�alable � toute action, beaucoup de celles qui existent aujourd'hui ne valent pas grand-chose car, dans la pratique quotidienne, elles ne sont pas et ne peuvent peut-�tre pas �tre appliqu�es. Les politiques foresti�res en zones arides (comme n'importe o� ailleurs) sont importantes mais, comme on peut l'observer dans beaucoup des pays o� la n�cessit� d'une approche globale de la gestion des ressources s'impose avec le plus d'urgence, elles ne valent souvent pas le papier sur lequel elles sont imprim�es pour un ensemble de raisons qui sont plus faciles � �noncer qu'� corriger:

- les organisations et organismes charges de les appliquer ne disposent ni des cr�dits, ni du soutien politique, ni du personnel n�cessaires;

- les int�r�ts priv�s qui ne participent qu'� l'exploitation rapide et � court terme des ressources encore disponibles ont le pouvoir, l'argent et la volont� n�cessaires pour faire ce qu'ils veulent, sans s'occuper des r�glements et des lois qui prescrivent le contraire;

- les politiques foresti�res qui interdisent d'abattre les arbres ou de d�fricher les terres ne r�sistent pas � la n�cessit� toujours croissante d'augmenter les quantit�s de produits alimentaires, de bois de feu et de mat�riaux de construction;

- les politiques foresti�res, si elles ne font pas partie d'un ensemble plus large d'am�nagement global des ressources (politiques fonci�res, des produits agricoles, de la commercialisation et du transport, etc.), sont dans le vide et souvent contre-productives, tuant l'initiative priv�e ou facilement esquiv�es par ceux qui ach�tent les agents locaux souvent mal pay�s et oblig�s de se d�brouiller pour vivre.

2. �l�ments de l'�laboration d'une politique

Le terme "politique" a des sens diff�rents selon les gens et les organisations. Pour les uns, il d�signe une d�finition g�n�rale tr�s large d'objectifs globaux de planification et de programmation, pour d'autres, des objectifs ou des proc�dures pr�cis. D'autres encore l'utilisent pour d�crire des restrictions ou des fonctions l�gislatives ou r�glementaires.

L'�l�ment peut-�tre le plus fondamental de la formulation d'une politique est que le sens et l'application de ce terme soient bien compris (et accept�s) par les diff�rents partenaires engag�s dans des activit�s telles que la lutte contre le d�sertification.

Il s'ensuit qu'une politique "foresti�re" n'est pas seulement un �l�ment important de la planification et de l'ex�cution des activit�s de d�veloppement rural et de conservation des ressources mais une r�f�rence commune indispensable et un point de d�part qui d�finit le cadre technique, �conomique, social et politique de tout effort visant un objectif sp�cifique, en l'occurrence le ralentissement, l'arr�t ou l'inversion du ph�nom�ne de d�sertification.

Une politique doit se fonder sur un principe et sur une r�gle (ou un ensemble de r�gles) d'action. Pour que leur l'efficacit� soit maximum, ils doivent �tre d�finis ensemble.

Les politiques officielles (des gouvernements, des sources de financement, des organismes) relatives � l'am�nagement des ressources naturelles peuvent se classer en deux grandes cat�gories: administratives/politiques et op�rationnelles.

Les ensembles de mesures administratives/politiques sont g�n�ralement larges et � long terme. On peut en citer les exemples suivants: toutes les activit�s de terrain doivent �tre fond�es sur la participation volontaire et b�n�vole de la population locale; ou encore: tous les projets de d�veloppement rural doivent dor�navant comporter une composante de foresterie ou de conservation (Niger, Burkina Faso par exemple).

Les ensembles de mesures op�rationnelles sont plus sp�cifiques et concernent des principes ou des questions de programme � court terme: les pentes de plus de 15 degr�s (27%) ne doivent pas �tre cultiv�es Elles doivent �tre couvertes d'une v�g�tation permanente, soit des arbres (pour la production du bois), soit des cultures fourrag�res ou des p�turages permanents (Chine).

Enfin, avant d'entreprendre ou de formuler ou de formuler des politiques, il convient de r�fl�chir � la mani�re dont elles doivent s'int�grer dans le mod�le g�n�ral de d�veloppement et d'am�nagement des ressources du pays. La s�quence g�n�ralement utilis�e dans les affaires est la suivante:

- d�termination des objectifs pr�cis; politiques;
- programmes;
- relations organisationnelles;
- projets, proc�dures, budgets.

Le premier pas consiste � d�finir l'objectif de fa�on pr�cise. Ici, la t�che est simple: il s'agit de lutter contre la d�sertification. Il faut toutefois d�s ce stade ne pas oublier que d'autres responsables charges du "d�veloppement" ou charg�s d'am�liorer la balance des paiements, de fournir des emplois, d'accro�tre la productivit� dans les zones rurales, etc. fixeront presque in�vitablement des objectifs diff�rents qui se traduiront par des programmes et des plans d'action totalement oppos�s � ceux qui d�coulent naturellement du souci d'arr�ter la d�sertification. Il est inutile d'entrer davantage dans le d�tail tant que l'on n'aura pas pris la d�cision fondamentale, c'est-�-dire d�finir ce qu'il faut d�velopper par opposition � ce qu'il faut conserver ou "am�nager de fa�on rationnelle".

3. Strat�gies d'application des politiques

Les strat�gies et tactiques communes d'application des politiques foresti�res en zone aride qui ont r�ussi sont tr�s peu nombreuses.

Si quelques succ�s importants ont �t� obtenus dans de nombreuses parties du monde, la plupart ont eu lieu dans des zones � climat temp�r� (par opposition aux tropiques). Dans les zones arides de Russie, de Chine et des �tats-Unis, diverses combinaisons de mesures � grande �chelle de conservation des sols, de l'eau et de la v�g�tation ont �t� mises en oeuvre avec des r�sultats positifs durables. Mais dans chaque cas, les "strat�gies et tactiques" suivies ont �t� enti�rement diff�rentes en ce qui concerne les principes et les modes d'application.

Le seul d�nominateur commun que l'on puisse trouver � ces diff�rents cas est la volont� du gouvernement central et sa capacit� au niveau technique et au niveau de la gestion de prendre des mesures suffisamment importantes pour provoquer les changements d�cisifs et indispensables dans l'utilisation des terres et la couverture v�g�tale. Une planification et une application centralis�es, une d�l�gation des responsabilit�s (et des moyens!) � l'�chelon r�gional et sous-r�gional ainsi qu'une s�rie d'incitations impliquant une collaboration entre le gouvernement et le secteur priv� (avantages fiscaux, partage des co�ts, services de vulgarisation en coop�ration) ont toutes r�ussi, chacune � sa fa�on et chacune dans son propre contexte socio-politique.

Dans les zones tropicales arides, des efforts consid�rables ont aussi �t� faits pour provoquer les changements n�cessaires. � l'�chelon national, le "d�bat national sur la lutte contre la d�sertification" au Niger (mai 1984) est un exemple remarquable de la fa�on dont un gouvernement s'attaque � la racine m�me du probl�me. � l'�chelon r�gional, plusieurs r�unions, s�minaires et conf�rences ont tent� eux aussi de r�soudre quelques-uns des m�mes probl�mes fondamentaux de politique. Le s�minaire r�gional sur la d�sertification du CILSS (Nouakchott, 29 octobre - 6 novembre 1984) n'en est qu'un exemple parmi d'autres.

Il est possible de Juger des r�sultats de ces efforts en examinant les conclusions et recommandations de ces r�unions, dont on trouvera ici quelques exemples:

- les structures politiques (dans chaque pays) doivent �tre renforc�es;

- les op�rations de r�installation et la limitation de l'utilisation d'une zone donn�e doivent �tre pr�c�d�es par des �tudes et assorties de mesures d'accompagnement;

- tous les efforts de lutte contre la d�sertification doivent dor�navant se fonder sur la participation locale. � cet �gard, un Comit� sur la mise au point des strat�gies a recommand� que cette participation se fonde sur les int�r�ts imm�diats aussi bien qu'� long terme de la population, regroup�s sur la base d'int�r�ts socio-�conomiques communs;

- les objectifs de la strat�gie recommand�s par le m�me comit� doivent comprendre:

• la connaissance et la conservation des �cosyst�mes existants;
• la satisfaction des besoins fondamentaux de la population;
• le ralentissement de la d�sertification;
• la remise en valeur des zones d�favoris�es gr�ce au d�veloppement de leur capacit� de production et � la reconstitution de leur base de ressources d'origine;

- le r�tablissement d'un nouvel �quilibre socio-�cologique ne doit pas �tre poursuivi isol�ment mais en liaison avec la recherche de la s�curit� alimentaire et �nerg�tique;

- les diverses activit�s ne peuvent r�ussir que dans un cadre politique, �conomique et social favorable.

Ailleurs, d'autres approches ont �t� appliqu�es. En R�publique dominicaine par exemple, les arbres ont en fait �t� nationalis�s et les scieries du pays ferm�es. Quelles qu'aient �t� les r�percussions socio-�conomiques n�gatives de ces mesures, on est frapp� aujourd'hui par la diff�rence entre Ha�ti et les pays voisins Il y a d'autres cas encore o� des efforts massifs de conservation du sol et de l'eau avec construction de banquettes ou de terrasses, contr�le des ravines, petits barrages et autres am�nagements similaires ont �t� encourag�s par les donateurs ou les gouvernements et entrepris par la population locale. Les exemples sont nombreux et dispers�s: Ha�ti, le Kenya, le Cap-Vert, la Tunisie pour n'en nommer que quelques-uns.

En d'autres lieux encore, l'accent a �t� mis sur le reboisement, l'introduction d'arbres soit pour reconstituer des for�ts, soit - plus r�cemment - pour les int�grer au paysage, soit dans les exploitations agricoles, soit dans des bandes ou parcelles de terre non utilis�es pour les cultures (programmes "quadrilat�raux" en Chine, agro-foresterie en terre aride dans de nombreuses parties de l'Afrique, par exemple).

Dans chacun de ces exemples, les strat�gies et les tactiques varient beaucoup d'un endroit � l'autre Lorsqu'ils ont r�ussi, les efforts entrepris au niveau local se situaient dans un contexte tel que l'introduction d'arbres ou les mesures de conservation du sol "avaient un sens" pour la population locale. Dans la plupart de ces cas, les gouvernements ont d� remplacer des politiques "centralis�es" conduites dans une perspective nationale par d'autres qui comportaient ou rendaient possibles certaines incitations ou motivations (souvent sous forme de protection ou de garantie des avantages tir�s de la production) de la population des zones rurales.


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