Selon une nouvelle étude qui associe des données sur le couvert arboré et la densité de la population humaine pour représenter la relation spatiale entre les populations et les forêts à l’échelle mondiale, 95 pour cent des personnes vivant en dehors des zones urbaines (4,17 milliards de personnes) vivaient à moins de 5 km d’une forêt en 2019 et 75 pour cent d’entre elles (3,27 milliards de personnes) à moins d’1 km36. Il existe probablement une forte corrélation entre la proximité de la forêt et l’extrême pauvreté, étant donné que 80 pour cent des personnes en situation de pauvreté extrême vivent dans des zones rurales37.
La majorité des personnes vivant à proximité d’arbres hors forêt, sur des terres agricoles, se trouvent en Afrique et en Asie (figure 3). Par exemple, une étude à grande échelle portant sur cinq pays d’Afrique subsaharienne montre qu’un tiers des ménages de petits exploitants ruraux cultivent des arbres, ce qui représenterait, selon les estimations, 17 pour cent du revenu brut annuel total de ces ménages38.
Figure 3Densité de la population vivant à proximité d’arbres sur des terres agricoles, 2019
Les moyens de subsistance et le bien-être des populations qui vivent à proximité de forêts ou d’arbres peuvent dépendre dans une large mesure de leurs droits à utiliser ces ressources pour leur bénéfice propre. Selon les données de FRA 2020, en 2015, 73 pour cent des forêts dans le monde étaient propriétés publiques, 22 pour cent étaient propriétés privées et 4 pour cent étaient classées «inconnu»39. La propriété publique était prédominante dans toutes les régions, avec toutefois des différences entre les sous-régions: en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, par exemple, 93 pour cent des forêts étaient des propriétés publiques et 2 pour cent des propriétés privées; en Afrique du Nord, 73 pour cent étaient des propriétés publiques et 27 pour cent des propriétés privées; en Asie de l’Ouest et en Asie centrale, 99 pour cent appartenaient au public contre 1 pour cent au privé; enfin, en Amérique centrale, la propriété privée représentait 51 pour cent de la superficie forestière40. À l’échelle mondiale, la part des droits détenus par les administrations publiques en ce qui concerne l’aménagement des forêts publiques a baissé, passant de 96 pour cent en 1990 à 83 pour cent en 2015; la part confiée à des entités et des institutions à caractère commercial a augmenté (passant de 2 à 13 pour cent) sur la même période, tandis que la part relevant de communautés locales, tribales ou autochtones est passée de 1 à 2 pour cent41. En 2015, les particuliers représentaient 51 pour cent de la superficie forestière totale de propriété privée dans les pays et territoires qui fournissent des informations en vue de l’élaboration de l’Évaluation des ressources forestières mondiales (FRA). Les communautés locales, tribales et autochtones entraient pour 29 pour cent, et les entités et institutions commerciales pour 20 pour cent42. Toutefois, comme ces chiffres n’ont qu’une faible couverture, ils ne donnent qu’une idée partielle de la réalité.
D’après une étude de l’Initiative des droits et ressources (RRI) (qui fait appel à une autre méthode que celle de FRA 2020), menée dans 58 pays (lesquels représentent près de 92 pour cent des forêts mondiales), en 2017, les peuples autochtones et les communautés locales étaient juridiquement reconnus comme propriétaires d’au moins 447 millions d’hectares (12 pour cent de la superficie forestière totale) en 2017; ils détenaient également des droits officiels (non considérés dans l’étude comme des droits de propriété) sur plus de 80 millions d’hectares (2 pour cent de la superficie forestière mondiale)43. Selon l’étude, on constatait, au niveau mondial, un ralentissement de la reconnaissance des droits fonciers pour les peuples autochtones, les communautés locales et les femmes en milieu rural sur la période 2002-2017.
Les réformes portant sur les droits fonciers et les droits de propriété sont censées améliorer les conditions de vie, du fait qu’elles sécurisent l’accès aux ressources, encouragent l’investissement à long terme dans les ressources forestières et, à terme, réduisent la pauvreté et les inégalités44, 45, 46.