L’Afrique n’est pas en passe d’atteindre les cibles de l’objectif de développement durable (ODD) 2 visant à éliminer la faim et à assurer l’accès de tous à une alimentation saine, nutritive et suffisante tout au long de l’année, et à mettre fin à toutes les formes de malnutrition. Les estimations les plus récentes montrent que sur le continent, 281,6 millions de personnes, soit plus d’un cinquième de la population, ont été confrontées à la faim en 2020, soit 46,3 millions de plus qu’en 2019. Cette détérioration reflète une tendance qui a commencé en 2014, après une période prolongée où la sécurité alimentaire s’est améliorée.
La situation de la sécurité alimentaire est déterminée par un certain nombre de facteurs clés, qui se chevauchent souvent. On peut citer les conflits, la variabilité et les extrêmes climatiques, les ralentissements et les fléchissements économiques, et le caractère inabordable des régimes alimentaires sains. La situation est souvent exacerbée par des conditions sous-jacentes difficiles, telles que la pauvreté et l’inégalité, et parfois par des politiques inappropriées. Plus récemment, les mesures nationales et mondiales prises pour contenir la pandémie de covid-19 ont perturbé les activités économiques et les moyens d’existence dans les secteurs de services tels que le tourisme, les transferts de fonds, les exportations de produits de base, les marchés et les chaînes de valeur des produits de base. Le produit intérieur brut réel en Afrique a chuté de 2,1 pour cent en 2020, principalement en raison de la pandémie de covid-19, et de nombreux gouvernements ont rapidement élargi les mesures de protection sociale pour protéger les plus vulnérables.
Outre la faim, des millions d’Africains souffrent de carences généralisées en micronutriments, tandis que le surpoids et l’obésité sont déjà des problèmes de santé publique importants dans de nombreux pays. Les progrès vers la réalisation des cibles mondiales en matière de nutrition d’ici à 2030 sont trop lents.
Les défis à relever pour améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition sur le continent sont nombreux et importants, et il faudra une collaboration étroite entre les pays et au niveau international pour y arriver. Avec les interventions dans les domaines de la santé, de l’eau et de l’éducation, le système agroalimentaire joue un rôle important dans la réalisation de l’ODD 2. Cependant, des efforts considérables sont nécessaires dans l’ensemble du système agroalimentaire, impliquant de nombreuses parties prenantes, pour assurer la transition vers des systèmes agroalimentaires plus efficaces, inclusifs, résilients et durables pour une meilleure production, une meilleure nutrition, un meilleur environnement et de meilleures conditions de vie pour tous, et pour veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte.
Une vision commune, un leadership politique fort et une collaboration intersectorielle efficace – qui inclut le secteur privé – sont essentiels pour convenir des compromis et identifier et mettre en œuvre des solutions durables qui transforment les systèmes agroalimentaires pour qu’ils puissent fournir des régimes alimentaires sains et abordables. Les pays doivent s’y impliquer et tirer parti des résultats du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, du Sommet Nutrition pour la croissance et de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques de 2021 (COP26).
Abebe Haile-Gabriel | William Lugemwa | S.E. Josefa Leonel Correia Sacko |