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ALGÉRIE Vue aérienne du système oasien de ghout
©FRANCIS TACK
PROCHE-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD

Système oasien de ghout d’El Oued (Algérie)

Une gestion remarquable des vents, adaptée à la vie dans le désert

LE SYSTÈME

Les ghouts sont des oasis à part, situées dans la wilaya d’El Oued dans le sud-est de l’Algérie. Depuis le XVe siècle, les communautés locales soufies cultivent des palmiers dattiers en maîtrisant les vents du désert. Les agriculteurs creusent un cratère profond de 10 mètres environ dans les dunes, et utilisent les feuilles de palmier comme brise-vent. Les palmiers sont plantés juste au-dessus de la nappe phréatique, et ont ainsi un accès direct et continu aux rares ressources en eau souterraine.

«Le ghout est pour nous un symbole de stabilité, il fait partie de notre vie et de notre patrimoine. Il est de notre devoir de le préserver, pour transmettre des grands-parents aux enfants un message sur le défi que représente l’adaptation à une nature rude.»

Toumi Messaoud Agriculteur de la région de Ktef, commune de Mih Ouansa (El Oued)

Les communautés qui vivent dans le désert ont réussi à pratiquer une agriculture sans irrigation ni dépense énergétique, en créant des oasis de verdure au milieu de vastes étendues de sable. Les ghouts sont une source unique et précieuse de moyens d’existence pour les agriculteurs qui vivent loin des centres urbains. Ils sont également une source d’inspiration pour la mise au point d’innovations techniques face à la désertification et au changement climatique.

BIODIVERSITÉ POUR L’ALIMENTATION ET LA SÉCURITÉ DES MOYENS D’EXISTENCE

Les ghouts abritent une large variété d’espèces sauvages, ainsi qu’une grande diversité biologique agricole. Face à un climat difficile, les agriculteurs ont sélectionné il y a longtemps des variétés de palmiers dattiers adaptés aux conditions locales.

Elles ont été conservées grâce aux savoirs ancestraux en matière de gestion, de fertilisation, de multiplication et de récolte. Aujourd’hui, 26 variétés de palmier dattier, toutes reconnues pour la saveur exceptionnelle de leurs fruits, sont cultivées dans les ghouts. Le microclimat généré par les oasis permet également de cultiver des légumes et des céréales et d’élever de petits animaux.

ALGERIA Inspection of palm trees at the Ghout Oases system El Oued ©HALIMA KHALED
ALGÉRIE
Inspection des palmiers dattiers dans le système oasien de ghout d’El Oued
©HALIMA KHALED

RÉALISATIONS

Depuis l’octroi du statut de SIPAM au système oasien de ghout en 2011:

  • Cinq associations ont été constituées pour favoriser l’autonomisation des agriculteurs locaux et créer des activités génératrices de revenus. Des agriculteurs ont ainsi fait renaître des produits issus de l’élevage de chèvres qui avaient presque totalement disparu. Des races locales de pigeons ont également été réintroduites afin de générer des revenus supplémentaires.
  • Devant la menace de prélèvements excessifs d’eau souterraine, le Gouvernement algérien a publié un décret limitant le pompage dans les aquifères dont dépendent les ghouts. Par ailleurs, une campagne de remplacement des palmiers dattiers desséchés a été lancée en collaboration avec des instituts nationaux.
  • L’octroi du statut de SIPAM a provoqué un regain d’intérêt de la part des consommateurs. Aujourd’hui, les dattes de ghout se vendent trois fois plus cher que celles issues de systèmes conventionnels.
  • Les femmes ont été formées pour développer un artisanat et des produits issus de la transformation des dattes.
  • Les ghouts sont de réels îlots d’activité, dotés d’un potentiel de développement sans équivalent. Des circuits touristiques ont été créés pour diversifier les activités des agriculteurs et renforcer leur sécurité alimentaire.
ALGERIA The palm dates from the ghout are recognized for their high-quality flavour and long conservation properties
ALGÉRIE
Les dattes de ghout sont reconnues pour leur grande qualité gustative et leur longue conservation
©HALIMA KHALED
ALGERIA Natural fences made of palm tree leaves are arranged in the dunes to take advantage of the winds and excavate sands
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Des clôtures naturelles en feuilles de palmier sont disposées dans les dunes de manière à tirer parti des vents et à pouvoir creuser dans le sable
©HALIMA KHALED
ALGERIA Palm trees in the ghout are planted at the outcrop of water tables allowing to reduce evaporation ©FAO-ALGERIA
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Les palmiers du ghout sont plantés au niveau de l’affleurement de la nappe phréatique, ce qui permet de réduire l’évaporation
©INRAA

«Le système oasien de ghout d’El Oued est le symbole du défi relevé par le paysan soufi, qui a réussi à s’adapter à une nature rude et à transformer les dunes du désert en un paradis de verdure. Pour un chercheur universitaire, le système de ghout est un trésor renouvelable, un livre ouvert sur la nature, qui préserve et illustre les traditions, les coutumes et le génie de nos ancêtres. Nous avons beaucoup de leçons à tirer de l’installation de nos ancêtres dans l’oasis du Souf si nous voulons aborder l’avenir de manière sûre et sur des bases de développement durable.»

Bachir Khezzani Chercheur universitaire, Faculté des sciences de la nature, Université d’El Oued

SOURCES D’INFORMATION

Afrique du Nord et Proche Orient | Globally Important Agricultural Heritage Systems (GIAHS) | Food and Agriculture Organization of the United Nations | GIAHS | Food and Agriculture Organization of the United Nations (fao.org)