Les forêts subissent de nombreuses perturbations qui peuvent nuire à leur santé et à leur vitalité, réduire leur capacité à fournir une gamme complète de biens et de services écosystémiques, et entraîner une mortalité des arbres. Pour l’Évaluation des ressources forestières mondiales 2025, il a été demandé aux pays et aux territoires de rendre compte de la superficie forestière touchée chaque année par des dommages sur la période 2000-2023 – les dommages étant définis comme étant tout facteur biotique ou abiotique qui affecte la vigueur et la productivité de la forêt et qui n’est pas le résultat direct d’activités humaines. Plus précisément, les pays et les territoires devaient indiquer la superficie forestière touchée par des insectes, des maladies (provoquées par des bactéries, des champignons, des phytoplasmes ou des virus), des événements météorologiques graves (neige, tempêtes, sécheresse, etc.) et d’autres perturbations (principalement des combinaisons de facteurs biotiques, abiotiques, endogènes et biotiques/anthropiques). Les données relatives aux différentes catégories de dommages renvoient à la principale cause de ces derniers; les superficies indiquées ne se recoupent donc pas. Pour certaines années, seule la superficie forestière supplémentaire touchée pendant l’année a été communiquée (et non le total cumulé).

Dans certaines régions, des données largement incomplètes ont été communiquées s’agissant des catégories de dommages (certains rapports ne fournissaient de données que sur une seule catégorie de perturbations, par exemple) et des années couvertes. Afin de fonder l’examen sur les données les plus représentatives, l’année 2020 a été retenue comme référence pour l’évaluation de la situation en matière de dommages, et l’analyse des tendances a été réalisée sur la période 2002-2020. Compte tenu des données incomplètes, il n’a pas été possible d’estimer la superficie forestière totale touchée par des perturbations à l’échelle mondiale.

Outre les catégories de dommages mentionnées ci-dessus, le présent chapitre analyse les incendies de forêt (superficie totale des terres et des forêts touchées par des incendies) et la dégradation des forêts.


Insectes

Situation

Soixante pays et territoires représentant 49 pour cent de la superficie forestière mondiale ont indiqué leur superficie forestière touchée par des insectes en 2020. La superficie totale touchée s’élevait à 31,4 millions d’hectares, soit 2 pour cent environ de la superficie forestière totale des pays et territoires ayant communiqué des données (tableau 81). Les rapports les plus complets ont été fournis par l’Amérique du Nord et centrale (98 pour cent de la superficie forestière de la région couverte), suivie de l’Europe (96 pour cent) et de l’Asie (47 pour cent). L’Afrique, l’Océanie et l’Amérique du Sud n’ont communiqué que très peu de données. La région qui a présenté la plus grande superficie forestière touchée par des insectes en 2020 était l’Amérique du Nord et centrale (21,2 millions d’hectares), suivie de l’Asie (8,40 millions d’hectares). Dans ces deux régions, près de 3 pour cent de la superficie forestière totale des pays ayant communiqué des données a été infestée par des insectes.

TABLEAU 81. Superficie forestière touchée par des insectes, par région, 2020
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Une grande partie de la superficie concernée en Amérique du Nord et centrale a été déclarée par le Canada (17,8 millions d’hectares, soit 84 pour cent du total pour la région). Le rapport national du Canada indique que la défoliation est cartographiée en fonction des espèces d’insectes, et qu’une zone donnée peut être attaquée par plusieurs espèces simultanément; un double ou triple comptage des zones touchées par plusieurs espèces est donc possible, ce qui peut entraîner une surestimation de la zone totale concernée. Les États-Unis d’Amérique ont déclaré une zone forestière touchée par les insectes très limitée en 2020 (par rapport aux années antérieures et suivantes), en indiquant que cette faible valeur était principalement due à un manque de données de mesure et risquait de ne pas rendre compte de l’évolution des dommages subis par les forêts. La superficie estimée de forêts infestées par des insectes en Amérique du Nord et centrale doit par conséquent être considérée avec prudence.

On estime que 1,77 million d’hectares de forêt ont été infestés par des insectes en Europe en 2020, soit 0,2 pour cent de la superficie forestière des pays et territoires ayant communiqué des données.


Évolution

Compte tenu du faible taux de communication d’informations et de la représentativité limitée de l’échantillon, l’analyse de l’évolution proposée ici repose sur les données annuelles pour la période 2002-2020 (période pour laquelle la plus grande quantité de données était disponible). Quarante-cinq pays et territoires représentant 47 pour cent de la superficie forestière mondiale ont fourni des séries chronologiques complètes de la superficie forestière touchée chaque année par des insectes durant cette période.

La superficie moyenne concernée sur la période s’établissait à 34,1 millions d’hectares (tableau 82), la valeur la plus faible ayant été enregistrée en 2011 (25,4 millions d’hectares), et la plus élevée en 2019 (43,9 millions d’hectares).

TABLEAU 82. Superficie forestière touchée par des insectes chaque année, par région, 2002-2020
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Sur la période analysée, les rapports les plus complets ont été fournis par l’Amérique du Nord et centrale (pays et territoires ayant communiqué des données représentant 98 pour cent de la superficie forestière de la région), suivie de l’Europe (88 pour cent) et de l’Asie (46 pour cent). L’Afrique, l’Océanie et l’Amérique du Sud sont les régions qui ont communiqué le moins de données (pays et territoires ayant communiqué des données représentant au plus 1 pour cent de leur superficie forestière totale).

Sur les trois régions qui ont fourni les rapports les plus complets, l’Europe présentait la plus grande variabilité s’agissant de la superficie touchée par des insectes. Dans cette région, la superficie moyenne touchée s’établissait à 816 000 hectares par an, mais la fourchette allait de 479 000 hectares en 2008 à 1,43 million d’hectares en 2004 (pour cette dernière année, les données en question avaient principalement été communiquées par l’Allemagne, la Fédération de Russie et la Hongrie). La superficie moyenne infestée par des insectes sur la période en Amérique du Nord et centrale était de 24,5 millions d’hectares par an, contre 8,54 millions d’hectares par an pour l’Asie.


Maladies

Situation

Quarante-sept pays et territoires représentant 38 pour cent de la superficie forestière mondiale ont indiqué leur superficie forestière touchée par des maladies en 2020. La superficie totale touchée s’élevait à 6,13 millions d’hectares, soit 0,4 pour cent de la superficie forestière des pays et territoires ayant communiqué des données (tableau 83). Les pays et territoires européens qui ont communiqué des informations sur cet aspect représentaient 93 pour cent de la superficie forestière de la région; venaient ensuite, par superficie décroissante, l’Amérique du Nord et centrale (49 pour cent) et l’Asie (40 pour cent).

TABLEAU 83. Superficie forestière touchée par des maladies, par région, 2020
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Parmi toutes les régions, l’Asie était celle qui présentait la plus grande superficie forestière touchée par des maladies en 2020 (2,96 millions d’hectares, soit un peu plus de 1 pour cent de la superficie forestière des pays et territoires ayant communiqué des données de la région). La plus grande superficie concernée en Asie se trouvait en Chine, pays qui a déclaré 2,95 millions d’hectares touchés par des maladies, principalement causées par des nématodes, comme le nématode du pin (Bursaphelenchus xylophilus), et des champignons, comme Marssonina spp. (National Forestry and Grassland Administration, 2021).

Venait ensuite l’Amérique du Nord et centrale, avec 2,04 millions d’hectares de forêt touchés par des maladies, situés presque en totalité aux États-Unis d’Amérique. Le Canada n’a pas communiqué la superficie forestière concernée; le pays a indiqué dans son rapport que ce paramètre était difficile à mesurer, en particulier par des relevés aériens généraux. Le Canada a également précisé que les maladies les plus courantes dans les forêts du pays touchent les racines, et que leurs symptômes et les dommages qu’elles entraînent sont difficiles à détecter et à mesurer. 


Évolution

Trente-cinq pays et territoires représentant 37 pour cent de la superficie forestière mondiale ont fourni des séries chronologiques complètes sur la superficie forestière touchée par des maladies sur la période 2002-2020. Les rapports les plus complets ont été soumis par l’Europe, dont les pays et territoires ayant communiqué des données représentaient 88 pour cent de la superficie forestière de la région; venaient ensuite, par superficie décroissante, l’Amérique du Nord et centrale (49 pour cent) et l’Asie (39 pour cent). Les autres régions ont communiqué peu d’informations.

La superficie forestière moyenne touchée par des maladies dans les pays et territoires ayant communiqué des données sur la période 2002-2020 était de 9,16 millions d’hectares; la plus faible valeur avait été enregistrée en 2002 (3,61 millions d’hectares), et la plus élevée en 2019 (15,8 millions d’hectares, déclarés en majeure partie par les États-Unis d’Amérique) (tableau 84).

TABLEAU 84. Superficie forestière touchée par des maladies chaque année, par région, 2002-2020
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Sur les trois régions ayant communiqué les rapports les plus complets, l’Amérique du Nord et centrale présentait la plus grande variabilité s’agissant de la superficie touchée par des maladies: la fourchette allait de 2,04 millions d’hectares en 2020 à 13,0 millions d’hectares en 2019, et la moyenne s’établissait à 7,42 millions d’hectares.


Événements météorologiques graves

Situation

Quarante-huit pays et territoires représentant 33 pour cent de la superficie forestière mondiale ont indiqué leur superficie forestière touchée par des événements météorologiques graves en 2020. La superficie totale touchée s’élevait à 3,49 millions d’hectares, soit 0,3 pour cent de la superficie forestière des pays et territoires ayant communiqué des données.

Les rapports les plus complets ont été fournis par l’Europe (97 pour cent de la superficie forestière de la région), suivie de l’Amérique du Nord et centrale (41 pour cent). Le pourcentage était de moins de 10 pour cent dans les autres régions.

Parmi toutes les régions, l’Amérique du Nord et centrale est celle qui a fait état de la plus grande superficie forestière frappée par des événements météorologiques graves en 2020, à savoir 2,52 millions d’hectares (soit 0,8 pour cent de la superficie forestière des pays et territoires ayant communiqué des données de la région), en majeure partie aux États-Unis d’Amérique. Venait ensuite l’Europe, avec 925 000 hectares (0,1 pour cent) (tableau 85), déclarés pour la majeure partie par l’Allemagne et l’Espagne. L’Allemagne a indiqué que la superficie forestière touchée par des événements météorologiques graves pouvait être sous-estimée, car les dommages étant mesurés en mètres cubes, on ne pouvait pas les convertir en surface.

TABLEAU 85. Superficie forestière touchée par des événements météorologiques graves, par région, 2020
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Évolution

Trente-cinq pays et territoires représentant 30 pour cent de la superficie forestière mondiale ont communiqué des données annuelles relatives à la superficie forestière touchée par des événements météorologiques graves sur la période 2002-2020. Les rapports les plus complets ont été fournis par l’Europe (les pays et territoires ayant communiqué des données représentant 88 pour cent de la superficie forestière de la région), suivie de l’Amérique du Nord et centrale (40 pour cent). Le pourcentage était de moins de 10 pour cent pour les régions restantes.

La superficie forestière moyenne touchée par des événements météorologiques graves à l’échelle mondiale est de 6,96 millions d’hectares sur la période; la valeur la plus élevée a été enregistrée en 2019 (9,24 millions d’hectares) et la plus faible en 2020 (1,94 million d’hectares) (tableau 86).

TABLEAU 86. Superficie forestière touchée par des événements météorologiques graves, par région, 2002-2020
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La superficie touchée a varié considérablement au fil du temps. En Europe, la valeur la plus élevée et la valeur la plus faible étaient respectivement de 1,49 million d’hectares en 2005 et de 224 000 hectares en 2004, avec une moyenne de 739 000 hectares par an. Le pic enregistré en 2005 était lié essentiellement aux données communiquées par l’Espagne et l’Italie. En Amérique du Nord et centrale, la plus grande superficie touchée par des événements météorologiques graves a été constatée en 2019 (8,06 millions d’hectares), et les forêts concernées se situaient principalement aux États-Unis d’Amérique.


Incendies

Le feu est largement utilisé comme outil de gestion des terres mais peut, s’il n’est pas contrôlé, avoir des répercussions négatives majeures sur les populations, les écosystèmes et le climat (FAO, 2024a). L’intensité et la fréquence des feux incontrôlés s’accroissent, en grande partie sous l’effet du changement climatique et du changement d’affectation des terres, et ce même dans les régions qui étaient jusqu’ici largement préservées (FAO, 2024b).

Pour fournir un aperçu général de l’étendue des feux et de leur évolution, l’équipe de l’Évaluation des ressources forestières mondiales 2025 a réuni des informations sur la superficie de terres et de forêts touchée par des incendies chaque année sur la période 2000-2023. De nombreux pays et territoires n’ont toutefois pas été en mesure de fournir de données relatives aux incendies, ou ont communiqué des séries chronologiques incomplètes (données manquantes pour certaines années). Par ailleurs, les approches et les systèmes utilisés pour enregistrer et déclarer les superficies touchées par des incendies varient considérablement d’un pays à l’autre, et compliquent encore le regroupement des données à l’échelle mondiale. L’Évaluation des ressources forestières mondiales 2025 a demandé des efforts considérables (qui sont toujours d’actualité) pour harmoniser et améliorer les données sur les incendies de forêt (encadrés 5 et 6).

Encadré 5. Rendre compte de l’étendue des incendies de forêt

Dans le cadre des informations sur les superficies touchées par des incendies à communiquer pour l’Évaluation des ressources forestières mondiales, il a été demandé aux correspondants nationaux et à leurs équipes de préciser les sources des données pour chaque année considérée et chaque variable. Ces informations ont été utilisées pour effectuer une analyse des métadonnées qui a montré que la source la plus courante des données fournies sur la superficie des terres touchées était la télédétection (49 pour cent des entrées de données). La deuxième source était les registres et les statistiques (45 pour cent des données); 1 pour cent environ des données reposait sur les inventaires forestiers nationaux; et le reste provenait d’autres sources, telles que des estimations d’expert.

Les sources les plus courantes des données communiquées sur les superficies forestières touchées par des incendies étaient les registres et statistiques (53 pour cent des entrées de données), suivis des estimations fondées sur la télédétection (40 pour cent) et des inventaires forestiers nationaux (5 pour cent). Les autres sources de données de ce paramètre n’ont pas été précisées.

Au total, 134 pays et territoires représentant 76 pour cent environ de la superficie totale des terres ont communiqué des données sur la superficie des terres ainsi que des forêts touchées par des incendies pour toutes les années de la période 2007-2019. Dans ces pays et territoires, les forêts représentaient en moyenne 33 pour cent de l’ensemble des terres touchées par des incendies.

De manière générale, les informations fournies par les pays et les territoires pour l’Évaluation des ressources forestières mondiales 2025 n’étaient pas assez complètes pour générer des statistiques pleinement représentatives des incendies à l’échelle mondiale. Différentes raisons expliquent cette situation. Plusieurs pays et territoires de petite taille présentent peu de risque d’incendies liés à des facteurs tels que l’utilisation des terres, la démographie, les types de végétation et le climat. Dans de tels cas, les efforts de collecte et de communication de données sur les incendies peuvent être difficiles à justifier. D’autres pays et territoires qui n’ont pas communiqué de données sur les incendies pour l’Évaluation des ressources forestières mondiales 2025 ont un climat aride ou semi-aride, et peuvent ne pas subir fréquemment d’incendies.

Consciente que tous les pays n’ont pas accès à des données nationales sur les superficies touchées par des incendies, la FAO a intégré un ensemble d’outils géospatiaux sur la plateforme FRA. Ces outils permettent aux pays et aux territoires d’accéder librement aux ensembles de données géospatiales actuels et futurs, notamment sur les superficies touchées par des incendies, et de les traiter selon leurs besoins. Des données sur les superficies touchées par des incendies (superficie de terres brûlées et superficie forestière brûlée annuelles totales) sont en outre disponibles sur le portail statistique du système mondial d’information sur les incendies de forêt* pour la période 2002-2019.

Des séries chronologiques plus fiables sur les superficies forestières brûlées seront nécessaires pour mieux comprendre les tendances liées aux incendies touchant les espaces naturels et les forêts. Les systèmes de suivi de la superficie exposée à des incendies pourraient constituer un point de départ pour réaliser des analyses plus poussées et procéder aux recoupements appropriés avec d’autres ensembles de données (sur le couvert forestier, par exemple), ce qui permettrait une validation au niveau des pays dans les futures éditions de l’Évaluation des ressources forestières mondiales.

Pour aider à harmoniser et à normaliser les rapports, la FAO collabore avec des partenaires, notamment le Centre commun de recherche, pour produire des données mondiales plus cohérentes à l’appui de stratégies mondiales, régionales et nationales en matière de gestion intégrée des incendies. Ces travaux sont coordonnés par le Pôle mondial de gestion des incendies (encadré 6).

Note: * Système mondial d’information sur les incendies de forêt. 2025. Country profile. [Référencé le 4 mars 2025] https://gwis.jrc.ec.europa.eu/apps/country.profile/.

Encadré 6. Pôle mondial de gestion des incendies

Reconnaissant la nécessité d’un appui plus collaboratif aux pays en matière de gestion intégrée des incendies, la FAO et le Programme des Nations Unies pour l’environnement ont mis en place le Pôle mondial de gestion des incendies lors de la 8e Conférence internationale sur les incendies de forêt, en mai 2023. Le Pôle réunit des partenaires clés en vue de renforcer les capacités des pays à mettre en œuvre une gestion intégrée des incendies et à réduire ainsi les effets néfastes des feux incontrôlés sur les populations, les paysages, la biodiversité et la stabilité du climat à l’échelle mondiale. Les travaux du Pôle reposent sur cinq piliers transversaux: 1) partage des connaissances et des données; 2) renforcement des capacités; 3) communautés résilientes face aux feux incontrôlés; 4) réduction des risques d’incendie et alerte rapide; et 5) conception et mise en œuvre de politiques de gestion intégrée des incendies.

Les activités de partage de connaissances et de données comprennent la définition des grands concepts relatifs aux incendies; la production de publications; la fourniture d’avis techniques sur la gestion intégrée des incendies; l’organisation d’ateliers et de manifestations; et la facilitation de l’accès aux ensembles de données et aux produits. Le Pôle rassemble des acteurs du domaine de la télédétection, des fournisseurs et des utilisateurs de données ainsi que des chercheurs pour renforcer la collaboration mondiale et améliorer la fiabilité et l’harmonisation des statistiques et des analyses des incendies aux niveaux national, régional et mondial, l’objectif étant d’accroître la visibilité de la gestion intégrée des incendies. Les principaux axes de travail sont les suivants:

  • Rassemblement et amélioration des données mondiales au moyen d’ensembles de données nationaux et régionaux plus détaillés. Comment améliorer l’intégration des différents niveaux d’information afin de renforcer la précision et la facilité d’utilisation?

  • Distinction entre les données sur les feux incontrôlés et celles relatives aux brûlages dirigés et culturels/traditionnels. Quelles méthodes ou pratiques permettraient d’opérer ces distinctions plus efficacement?

  • Qualité et validation des données. Comment pouvons-nous assurer la fiabilité des données sur les incendies provenant de l’observation de la Terre, compte tenu du nombre énorme d’ensembles de données disponibles?

  • Politiques et gouvernance. Quel rôle joue l’observation de la Terre dans l’élaboration des politiques et cadres de gouvernance relatifs aux incendies? Disposons-nous de mécanismes clairement définis pour veiller à ce que ces données débouchent sur des solutions concrètes?

Pour éviter une interprétation erronée des tendances mondiales et régionales du fait de ces facteurs, les estimations de la superficie touchée par des incendies présentées ici se limitent à la période 2007-2019 et sont fondées sur les données communiquées par les pays et territoires qui ont fourni des séries chronologiques complètes sur les terres et/ou forêts touchées sur la totalité de la période. Les données disponibles relatives à l’Australie entre 2007 et 2021 ne concernaient que la superficie des forêts touchées (pas de données sur la superficie des terres touchées). Par conséquent, on a utilisé la superficie des forêts touchées dans le pays comme indicateur de substitution prudent lors de l’estimation des terres touchées par des incendies en Océanie.

Pour l’Évaluation des ressources forestières mondiales 2025, des données provenant de 152 pays et territoires représentant près de 90 pour cent de la superficie totale des terres du globe ont été utilisées pour estimer la superficie des terres touchées par des incendies sur la période 2007-2019. En moyenne, 261 millions d’hectares de terres ont été touchés chaque année. La plus grande valeur a été enregistrée en 2007 (302 millions d’hectares), et la plus faible en 2009 (225 millions d’hectares) (figure 45). Les terres touchées se trouvaient pour près des deux tiers en Afrique.

Figure 45. Superficie totale des terres touchées par des incendies, par an et par région, 2007-2019
Note: * L’Australie n’a pas fourni de données sur la superficie totale des terres touchées par des incendies. De ce fait, pour établir l’estimation pour l’Océanie, on a utilisé la superficie des forêts ayant subi des incendies en Australie comme indicateur de substitution prudent de la superficie des terres touchées par des incendies dans ce pays.
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Pour l’Évaluation des ressources forestières mondiales 2025, 168 pays et territoires représentant 86 pour cent de la superficie forestière mondiale ont fourni des séries chronologiques complètes de la superficie forestière ayant subi des incendies sur la période 2007-2019. Sur la période, 127 millions d’hectares de forêt ont été touchés par des incendies chaque année; la valeur la plus importante, soit 149 millions d’hectares, a été enregistrée en 2015 (figure 46). La majeure partie (60 pour cent) de ces forêts se trouvait en Afrique. En 2019, 79 pour cent des forêts touchées par des incendies se trouvaient dans le domaine subtropical, 8 pour cent dans le domaine boréal, 8 pour cent dans le domaine tropical et 6 pour cent dans le domaine tempéré.

Figure 46. Superficie des forêts touchées par des incendies, par an et par région, 2007-2019
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Parallèlement à la période 2007-2019, les données communiquées pour l’Évaluation des ressources forestières mondiales 2025 montrent que 2023 détient le triste record de superficie forestière ravagée par des incendies au Canada, soit 14,6 millions d’hectares, incendies qui ont entraîné l’évacuation de plus de 232 000 personnes (Jain et al., 2024). La même année, la superficie forestière touchée par des incendies au Chili (288 000 hectares) a été dix fois supérieure à la moyenne à long terme (2000-2020); Jones et al. (2024) ont indiqué que 131 personnes ont trouvé la mort dans ces feux de forêt. Jones et al. (2024) ont en outre précisé que le plus grand feu incontrôlé jamais connu dans l’Union européenne a touché la Grèce en 2023, et que des incendies de très grande ampleur ont également eu lieu dans l’ouest de l’Amazonie et dans le nord de l’Amérique du Sud. D’après Kerber et Alkonis (2025), les incendies dévastateurs qui ont touché Hawaii en 2023 ont entraîné 102 décès.


Dégradation des forêts

La dégradation des forêts est un problème mondial qui contribue directement au changement climatique et à l’appauvrissement de la biodiversité, et qui touche des millions de personnes dépendantes des forêts pour leurs moyens de subsistance. Une attention croissante est portée à cette question, comme en témoignent les occurrences de plus en plus fréquentes du terme «dégradation des forêts» et de termes similaires dans les concertations à l’échelle internationale, notamment dans le contexte de la CCNUCC.

La dégradation des forêts n’est pas toujours définie de la même façon dans les travaux scientifiques et les publications sur les politiques, du fait non seulement de différences biophysiques selon les types de forêts mais aussi de divergences dans les perceptions, les objectifs et les valeurs. Pour clarifier les débats sur ce sujet et faciliter l’établissement des futurs rapports sur la dégradation des forêts, les organes directeurs de la FAO ont recommandé que l’Organisation «[mène] des débats avec les Membres, ainsi que les organisations internationales pertinentes, selon qu’il convient, pour définir la “dégradation forestière” dans le cadre du processus d’évaluation des ressources forestières». Pour donner suite à cette recommandation, l’équipe de l’Évaluation des ressources forestières mondiales 2025 a réuni des informations sur la dégradation des forêts dans le cadre du processus d’établissement des rapports. Il a été demandé aux pays et aux territoires de fournir des informations sur l’existence de définitions nationales et sur leurs caractéristiques, l’existence de systèmes de suivi et les méthodes utilisées, ainsi que la superficie estimée de forêts dégradées.

Des informations sur l’existence de définitions nationales du terme «dégradation des forêts» ont été obtenues de 214 pays et territoires représentant plus de 99 pour cent la superficie forestière mondiale. Au total, 59 pays et territoires représentant quelque 37 pour cent de la superficie forestière mondiale ont déclaré avoir une définition nationale de ce terme. La région possédant la plus grande proportion de pays et de territoires disposant d’une définition nationale officielle est l’Afrique (41 pour cent des pays et des territoires), suivie de l’Amérique du Sud (29 pour cent) et de l’Asie (27 pour cent) (tableau 87). En outre, 17 autres pays et territoires ont indiqué que, bien que ne disposant pas de définitions officielles de ce terme dans leurs juridictions, ils avaient adopté des définitions existantes provenant d’autres sources (15 pays/territoires) ou élaboré des ensembles de critères opérationnels (deux pays/territoires) à des fins de suivi.

TABLEAU 87. Pays et territoires disposant d’une définition nationale officielle du terme «dégradation des forêts», avec leur superficie forestière, 2025
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Les définitions communiquées par les pays et les territoires fournissent des indications utiles sur l’ensemble des critères retenus pour définir la dégradation des forêts. L’analyse des définitions in extenso a permis de les classer en deux principaux groupes: celui des définitions qui décrivent la dégradation en détaillant les types de perturbations des forêts à son origine (exploitation forestière illégale, incendies fréquents ou pratiques de gestion non durables, par exemple) et celui (plus important) des définitions qui décrivent la dégradation en détaillant les incidences de ces perturbations, telles que la modification de la structure des forêts, la réduction des biens et services forestiers fournis ou l’appauvrissement de la biodiversité.

Les critères utilisés dans les définitions nationales ont été collectés de manière systématique à l’aide d’un questionnaire fermé. Le critère le plus courant est la «modification de la structure de la forêt ou diminution du couvert forestier», trouvé dans 68 pour cent des 74 définitions communiquées (59 définitions officielles et 15 définitions opérationnelles), suivi de la «perte de carbone, de biomasse ou de matériel sur pied» (45 pour cent) et de la «perte de productivité et de biens forestiers» (35 pour cent) (figure 47). Près de 60 pour cent des définitions comprennent plusieurs critères.

Figure 47. Principaux éléments des 74 définitions du terme «dégradation des forêts» communiquées, comprenant 59 définitions juridiques nationales et 15 définitions opérationnelles, 2025
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Les trois quarts environ des pays et territoires (57 sur 76) qui ont communiqué des définitions du terme «dégradation des forêts» ou des ensembles de critères permettant d’évaluer cette dernière ont indiqué avoir tenté d’en suivre l’étendue. Les méthodes de suivi les plus courantes sont l’évaluation et la cartographie fondées sur la télédétection, utilisées par 77 pour cent de ces pays et territoires, puis les inventaires et les observations sur site (près de 60 pour cent) (figure 48); plus de 50 pour cent des pays et territoires employaient une combinaison de méthodes de suivi.

Figure 48. Méthodes utilisées par les pays et les territoires pour suivre la dégradation des forêts
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Les données collectées aideront une équipe spéciale dirigée par la FAO – composée de membres de l’Organisation, d’entités de cette dernière et d’autres organismes internationaux, et d’autres experts – à établir une définition internationale du terme «dégradation des forêts» pour les futurs cycles d’évaluation des ressources forestières mondiales.