4. Héritage
et
perspectives

4.3 Examen scientifique des effets des changements climatiques sur les organismes nuisibles aux végétaux

Les changements climatiques ont de graves répercussions partout dans le monde, et les végétaux figurent parmi les organismes les plus durement touchés par ce phénomène. La sécurité alimentaire, la santé humaine et notre vie tout entière dépendent de la santé des végétaux. Il est grand temps d’investir davantage de ressources humaines et financières dans la recherche phytosanitaire. La publication de l’examen scientifique de la FAO sur les effets des changements climatiques sur les organismes nuisibles aux végétaux arrive à point nommé et appelle à se pencher de toute urgence sur cette question.

Professeure Maria Lodovica Gullino,
auteure principale de l’examen scientifique de la FAO sur les effets des changements climatiques sur les organismes nuisibles aux végétaux, Université de Turin (Italie)

Le Cadre stratégique de la CIPV pour 2020-2030 préconise d’évaluer et de gérer les effets des changements climatiques sur la santé des végétaux. Cette activité constitue l’un des points du programme de développement que la communauté phytosanitaire mondiale devra mettre en œuvre au cours de l’actuelle décennie.

L’atténuation des effets des changements climatiques constituera un défi majeur pour les organisations nationales de la protection des végétaux (ONPV) et les organisations internationales qui travaillent sur les questions phytosanitaires. Les mesures phytosanitaires et les politiques commerciales internationales devront être soigneusement évaluées et ajustées pour être en adéquation avec les stratégies de lutte contre les changements climatiques. Les changements induits sur la santé des végétaux, comme la modification de l’épidémiologie des organismes nuisibles due aux changements climatiques et l’expansion fréquente de leurs aires de répartition, poseront un certain nombre de défis, notamment en ce qui concerne la surveillance, le suivi et d’autres mesures phytosanitaires, ou encore l’analyse du risque phytosanitaire. Les organismes nuisibles risquent de s’adapter aux changements climatiques et de faire ainsi peser de nouvelles menaces sur des cultures de base d’importance majeure. Il importe donc de prévoir, de prévenir et d’atténuer les effets des changements climatiques sur la santé des végétaux.

À cet égard, le plan d’action 2020 de l’IYPH comprend un volet consacré aux répercussions considérables que les changements climatiques peuvent avoir sur la dissémination et l’épidémiologie des organismes nuisibles et des maladies. Le Comité directeur international de l’IYPH a commandé un examen scientifique visant à déterminer l’impact des changements climatiques sur certains insectes nuisibles, comme la chenille légionnaire d’automne ou le criquet pèlerin, et sur des maladies telles que la fusariose du bananier et le mildiou de la pomme de terre.

L’examen formule des recommandations visant à prévenir et à atténuer les risques phytosanitaires dans l’agriculture, la sylviculture et les écosystèmes. Il contribue également à stimuler le débat scientifique sur la façon d’évaluer et de gérer les effets des changements climatiques sur la santé des végétaux.

L’examen et son résumé à l’intention des décideurs ont été présentés lors d’une cérémonie de haut niveau organisée en ligne le 1er juin 2021, dont l’allocution d’ouverture a été prononcée par le Directeur général de la FAO, Qu Dongyu. Des représentants permanents des ministères zambien et finlandais de l’agriculture et des forêts y ont également prononcé des discours.

Cet examen scientifique s’adresse en priorité à la communauté phytosanitaire et aux décideurs, notamment les responsables gouvernementaux, les législateurs et les responsables politiques. Le document constitue une base scientifique qui permet d'évaluer et de gérer les effets des changements climatiques sur la santé des végétaux lors de la planification des politiques phytosanitaires et dans le respect des cadres juridiques.

En outre, l’examen propose également des pistes pour renforcer le dialogue international et sensibiliser à l’impact croissant des changements climatiques et aux risques qu’ils font peser sur la santé des végétaux et, par conséquent, sur la réalisation du Programme 2030. Les résultats et les recommandations de l’examen peuvent également contribuer à accroître les ressources humaines et financières nécessaires pour faire face aux urgences phytosanitaires et aussi prévoir, prévenir et atténuer les effets des changements climatiques sur la santé des végétaux.

Les données analysées dans l’examen scientifique indiquent clairement que les changements climatiques ont déjà permis à certains organismes nuisibles d’étendre leur gamme d’hôtes et leur aire de répartition, et qu’ils peuvent encore accroître le risque d’introduction d’organismes nuisibles dans de nouvelles zones. Il est essentiel de renforcer la coopération internationale et d’élaborer des stratégies harmonisées de protection des végétaux pour aider les pays à adapter efficacement leurs mesures de gestion du risque phytosanitaire à la réalité des changements climatiques.

Le document a été élaboré sous la direction de Maria Lodovica Gullino (Université de Turin, Italie), avec la contribution de dix experts externes issus de toutes les régions de la FAO: Ramon Albajes (Espagne), Ibrahim Al-Jboory (Iraq), Francislene Angelotti (Brésil), Subrata Chakraborty (Australie), Karen A. Garrett (États-Unis d’Amérique), Brett Phillip Hurley (Afrique du Sud), Peter Juroszek (Allemagne), Khaled Makkouk (Liban), Xubin Pan (Chine) et Tannecia Stephenson (Jamaïque). Il a fait l’objet d’un examen externe par des pairs auquel ont participé des membres du personnel de la FAO du Secrétariat de la CIPV, du Bureau du changement climatique, de la biodiversité et de l’environnement (OCB), de la Division des terres et des eaux (NSL), de la Division des forêts (NFO) et de la Division de la production végétale et de la protection des plantes (NSP).

L’EUPHRESCO et le CIHEAM ont plaidé pour la création d’un réseau mondial de coordination de la recherche dans le domaine phytosanitaire pour faire progresser la réalisation des Objectifs de développement durable des Nations Unies. La communauté scientifique appelle également à prendre d’urgence des mesures pour atténuer les effets des changements climatiques sur les organismes nuisibles aux végétaux, comme indiqué dans l’examen scientifique de la FAO.

Anna Maria d’Onghia,
Chef de l’Unité des connaissances sur la protection de précision des cultures au Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes (CIHEAM)