Au cours des 10 années qui se sont écoulées depuis que les 193 États membres de l’Organisation des Nations Unies (ONU) ont approuvé le Programme 2030, le monde a subi une pandémie mondiale et des fléchissements économiques, ainsi qu’un nombre croissant de conflits et de phénomènes météorologiques extrêmes. L’édition précédente de ce rapport a fait état de la persistance de la faim et de l’insécurité alimentaire à des niveaux élevés, supérieurs à ceux enregistrés en 2015, lorsque le Programme 2030 a été présenté. Des progrès ont été observés pour certains indicateurs clés de la nutrition, dont plusieurs qui jettent les bases sur lesquelles les enfants peuvent réaliser pleinement leur potentiel de croissance et de développement, mais l’augmentation des taux d’obésité laisse présager des défis majeurs s’agissant de la santé et du bien-être dans tous les groupes d’âge.

Le présent chapitre propose une évaluation mondiale actualisée de l’insécurité alimentaire et de la nutrition jusqu’en 2024 et décrit les progrès accomplis dans la réalisation des cibles 2.1 et 2.2 des ODD: éliminer la faim et faire en sorte que chacun ait accès tout au long de l’année à une alimentation sans danger pour la santé, nutritive et en quantité suffisante, et mettre fin à la malnutrition sous toutes ses formes. Il présente un panorama actualisé des indicateurs de sécurité alimentaire et de nutrition aux niveaux mondial, régional et sous-régional; les estimations à l’échelon des pays sont quant à elles fournies à l’annexe 1A.

La section 2.1 fait le point sur la situation en matière de sécurité alimentaire ainsi que sur les progrès accomplis dans la lutte contre la faim et l’insécurité alimentaire (cible 2.1 des ODD). Elle comprend des estimations actualisées et une analyse de l’évolution au regard de deux indicateurs de la cible 2.1 des ODD: l’indicateur 2.1.1 sur la prévalence de la sous-alimentation (PoU), et l’indicateur 2.1.2 sur la prévalence de l’insécurité alimentaire modérée ou grave évaluée selon l’échelle de mesure de l’insécurité alimentaire vécue (échelle FIES). La section 2.2 présente des données probantes sur l’accès économique à des aliments diversifiés et nutritifs dans le monde à partir d’estimations du coût et de l’abordabilité d’une alimentation saine. La section 2.3 est consacrée à l’état de la nutrition dans le monde et aux progrès accomplis s’agissant des cibles mondiales en matière de nutrition établies par l’Assemblée mondiale de la Santé en 2012 et dans le cadre du Programme 2030 (cible 2.2 des ODD), et met notamment en lumière un nouvel indicateur des ODD relatif à la diversité alimentaire.

Chaque année, la FAO utilise les nouvelles données nationales disponibles pour affiner, améliorer et actualiser les estimations relatives au nombre de personnes qui souffrent de la faim et de l’insécurité alimentaire dans le monde, ainsi qu’au coût et à l’abordabilité d’une alimentation saine. L’édition de cette année a bénéficié en particulier de la communication de nouvelles données nationales par l’Inde, pays très peuplé qui représente plus d’un sixième de la population mondiale, ce qui a débouché sur une actualisation de grande ampleur des estimations de la prévalence de la sous-alimentation et du nombre de personnes dans le monde qui n’ont pas les moyens de s’alimenter sainement.

2.1 Indicateurs de la sécurité alimentaire: dernières données en date et progrès vers l’élimination de la faim et l’instauration de la sécurité alimentaire

MESSAGES CLÉS
  • Les nouvelles estimations mondiales semblent indiquer un recul de la faim ces dernières années. D’après ces estimations, 8,2 pour cent de la population mondiale aurait connu la faim en 2024, un chiffre en baisse par rapport aux 8,5 pour cent de 2023 et aux 8,7 pour cent de 2022.
  • Les progrès accomplis au niveau mondial reposent sur l’amélioration notable de la situation en Asie du Sud-Est, en Asie du Sud – compte tenu des nouvelles données fournies par l’Inde – et en Amérique du Sud. Malheureusement, cette tendance positive contraste avec l’augmentation continue de la faim dans la plupart des sous-régions d’Afrique et en Asie de l’Ouest.
  • On estime qu’entre 638 millions et 720 millions de personnes, soit respectivement 7,8 pour cent et 8,8 pour cent de la population mondiale, ont souffert de la faim en 2024. L’estimation ponctuelle (673 millions de personnes en 2024) représente une diminution de 15 millions par rapport à 2023 et de 22 millions par rapport à 2022.
  • En 2024, la faim a touché environ 307 millions de personnes en Afrique, 323 millions en Asie et 34 millions en Amérique latine et dans les Caraïbes – soit respectivement 20,2 pour cent, 6,7 pour cent et 5,1 pour cent de la population de ces régions.
  • Le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde devrait diminuer entre 2025 et 2030, mais les projections indiquent que 512 millions de personnes souffriront encore de la faim en 2030, et qu’elles seront concentrées pour près de 60 pour cent en Afrique.
  • Au niveau mondial, la prévalence de l’insécurité alimentaire recule progressivement depuis 2021, année au cours de laquelle on a commencé à observer des signes d’amélioration après la forte augmentation constatée dans le sillage de la pandémie de covid-19. La prévalence de l’insécurité alimentaire modérée ou grave à l’échelle mondiale a légèrement diminué, passant de 28,4 pour cent en 2023 à 28,0 pour cent en 2024.
  • D’après les estimations, quelque 2,3 milliards de personnes dans le monde étaient en situation d’insécurité alimentaire modérée ou grave en 2024, soit 335 millions de personnes de plus qu’en 2019, avant la pandémie, et 683 millions de personnes supplémentaires par rapport à 2015, année où le Programme de développement durable à l’horizon 2030 a démarré.
  • Les évolutions observées au niveau régional sont bien différentes: l’insécurité alimentaire augmente en Afrique, chute en Amérique latine et dans les Caraïbes et recule progressivement en Asie depuis plusieurs années, et les nouvelles estimations pour l’Océanie et pour l’Amérique du Nord et l’Europe indiquent une légère diminution de 2023 à 2024, après plusieurs années de hausse.
  • À l’échelle mondiale et dans toutes les régions du monde, à l’exception de l’Amérique du Nord et de l’Europe, la prévalence de l’insécurité alimentaire modérée ou grave est plus élevée dans les zones rurales que dans les zones urbaines, tandis que la situation relative dans les zones périurbaines diffère selon les régions. De 2022 à 2024, l’insécurité alimentaire a reculé uniquement dans les zones urbaines au niveau mondial et en Asie. Les améliorations se répartissaient plus équitablement entre les zones rurales, les zones périurbaines et les zones urbaines en Amérique latine et dans les Caraïbes, tandis qu’en Afrique, l’insécurité alimentaire s’est aggravée à la fois dans les zones rurales et dans les zones urbaines, et n’a pratiquement pas évolué dans les zones périurbaines.
  • L’écart entre les genres s’est réduit dans le monde de 2021 à 2023, mais s’est légèrement recreusé en 2024, et la prévalence de l’insécurité alimentaire est restée systématiquement plus élevée chez les femmes que chez les hommes, à l’échelle mondiale et dans toutes les régions.

2.1.1 Indicateur 2.1.1 des ODD Prévalence de la sous-alimentation

La FAO établit des estimations de la prévalence de la sous-alimentation depuis 1975 afin de déterminer, pour chaque pays, la proportion de la population qui, de manière régulière, ne peut pas consommer suffisamment de nourriture pour disposer de l’apport énergétique alimentaire nécessaire à une vie normale, active et saine. Ces chiffres sont utilisés pour communiquer des informations sur l’ampleur de la faim dans le monde depuis 1977. Ils servent d’indicateur pour suivre les progrès accomplis au regard des buts convenus lors du Sommet mondial de l’alimentation en 1996, dans le cadre des objectifs du Millénaire pour le développement établis en 1999, et enfin au titre de l’ODD 2 du Programme de développement durable à l’horizon 2030, lancé en 2015.

L’évaluation la plus récente de la faim dans le monde, mesurée par la prévalence de la sous-alimentation (indicateur 2.1.1 des ODD), révèle des signes d’amélioration ces dernières années. La prévalence de la sous-alimentation a commencé à augmenter lentement en 2017, avant de bondir en 2020 et en 2021 à la suite de la pandémie de covid-19. Cependant, la dernière évaluation, qui a bénéficié d’actualisations majeures de données de différents pays, notamment de l’Inde – très peuplée – (voir l’encadré 2.1), met en lumière des progrès encourageants entre 2022 et 2024. D’après ces estimations, 8,2 pour cent de la population mondiale aurait connu la faim en 2024, un chiffre en baisse par rapport aux 8,5 pour cent de 2023 et aux 8,7 pour cent de 2022. On estime qu’entre 638 millions et 720 millions de personnes (entre 7,8 pour cent et 8,8 pour cent de la population mondiale) ont souffert de la faim en 2024a. L’estimation ponctuelle (673 millions) représente une diminution de 15 millions par rapport à 2023 et de 22 millions par rapport à 2022.

ENCADRÉ 2.1ACTUALISATION DE LA SÉRIE D’ESTIMATIONS DE LA PRÉVALENCE DE LA SOUS-ALIMENTATION

Comme dans chaque nouvelle édition du présent rapport, les séries d’estimations de la prévalence de la sous-alimentation ont été entièrement actualisées. Les nouvelles séries complètes sont disponibles dans FAOSTAT, la base de données statistiques de la FAO1.

Outre les points de données ajoutés chaque année (pour 2024 dans la présente édition), les nouvelles séries diffèrent de celles publiées précédemment en raison de révisions qui portent sur la totalité de la période considérée. Des révisions approfondies des séries sont nécessaires lorsque la FAO reçoit des données et des informations nouvelles ou actualisées après la publication de l’édition précédente. Dans la mesure où certaines de ces données et informations concernent des années passées, les révisions permettent d’améliorer les estimations des paramètres fondamentaux servant à établir la prévalence de la sous-alimentation pour les années précédentes également. Pour cette raison, les lecteurs sont invités à ne pas comparer les chiffres entre les différentes éditions du rapport.

MISES À JOUR PÉRIODIQUES LIÉES AUX NOUVELLES DONNÉES*

Nouvelles données sur les disponibilités alimentaires

Commedans tout cycle de révision des données en vue de l’élaboration de la nouvelle édition du rapport, l’un des ajustements importants a consisté à actualiser les disponibilités énergétiques alimentaires (DES) moyennes par habitant utilisées pour calculer la prévalence de la sous-alimentation. Les pays communiquent de nouvelles données sur la production, les échanges commerciaux et l’utilisation des denrées alimentaires, non seulement pour l’année précédente, mais souvent également pour les dernières années. Cet ajustement peut concerner toutes les années pour lesquelles de nouvelles données sont reçues. Cependant, il est particulièrement important pour l’année précédente (dans ce cas, les valeurs publiées pour 2023 dans l’édition 2024 du rapport), car les estimations sont toujours établies sous la forme de «prévisions immédiates» à partir des projections des disponibilités alimentaires fournies pour les principaux produits par la Division des marchés et du commerce de la FAO (voir le supplément au chapitre 2). Les valeursdes DES utilisées pour 2023 dans la présente édition du rapport proviennent maintenant en totalité des derniers bilans alimentaires dressés, lesquels reposent sur des données officielles communiquées à la FAO par les pays par l’intermédiaire du questionnaire annuel sur la production et l’utilisation. Ces nouvelles données factuelles montrent que, pour un grand nombre de pays, les prévisions immédiates des disponibilités alimentaires en 2023 étaient trop pessimistes. Les données réelles indiquant des disponibilités alimentaires plus importantes (ainsi que d’autres éléments probants mentionnés ci-après) ont été utilisées pour réviser la tendance, qui montre maintenant une réduction du nombre des personnes sous-alimentées de 2022 à 2023 (et non une absence d’évolution, comme cela avait été mentionné précédemment).

Nouvelles données sur les estimations de la population

Dans la présente édition, des révisions majeures ont été nécessaires pour refléter les nouvelles estimations de la taille et de la structure de la population fournies pour tous les pays dans le rapport World Population Prospects 20242, publié le 11 juin 2024 (après la date d’échéance fixée pour la prise en compte de données dans le rapport précédent).

La révision de la taille de la population d’un pays a des incidences différentes en ce qui concerne les estimations de la prévalence de la sous-alimentation et du nombre de personnes sous-alimentées. Premièrement, l’estimation des DES totales dans le pays doit être réévaluée à l’aune de la nouvelle taille de la population. Deuxièmement, l’estimation de la prévalence de la sous-alimentation dans le pays est multipliée par la taille révisée de la population pour calculer le nombre de personnes sous-alimentées, lequel peut donc être différent des valeurs communiquées précédemment.

Concernant le premier point, lorsque les estimations de la population font l’objet d’une révision importante (cas de plusieurs pays** pour la présente édition), un examen approfondi et une nouvelle compilation des séries sur les comptes disponibilités/utilisation et les bilans alimentaires sont nécessaires, car un simple ajustement des DES en fonction des nouvelles estimations de la taille de la population donnerait des valeurs par habitant irréalistes (exagérément faibles ou élevées). Cet examen et cette nouvelle compilation ont été réalisés pour la plupart des pays (voir le supplément au chapitre 2).

Nouvelles données issues d’enquêtes sur la consommation alimentaire

Un autre ensemble de révisions a été rendu nécessaire par les nouvelles données sur la consommation alimentaire issues d’enquêtes à grande échelle auprès des ménages et d’informations supplémentaires mises à la disposition de la FAO après la clôture de l’édition précédente du rapport. L’analyse de ces données a débouché sur de nouvelles valeurs du coefficient de variation de la consommation d’énergie alimentaire dans la population pour plusieurs pays. Ces révisions ont nécessité l’analyse des informations recueillies dans le cadre de 25 enquêtes menées auprès des ménages dans 14 pays différents***.

L’évaluation révisée des inégalités en matière de consommation alimentaire en Inde (ajustée au moyen d’un nouvel examen approfondi des données issues des récentes enquêtes successives sur la consommation et les dépenses des ménages réalisées par le Ministère des statistiques et de l’exécution des programmes d’août 2022 à juillet 2024) a eu une incidence particulièrement importante sur la série mondiale relative à la sous-alimentation.

L’évaluation initiale de l’incidence des données des enquêtes relatives à la consommation et aux dépenses des ménages de 2022-2023 avait déjà été prise en compte dans la série de la prévalence de la sous-alimentation publiée dans l’édition précédente du rapport. Cependant, les nouvelles données relatives à la consommation alimentaire des ménages, collectées sur la quasi-totalité de l’année 2024, indiquent une réduction des inégalités dans l’accès à la nourriture menant à l’établissement d’une nouvelle valeur du coefficient de variation, et donc de la prévalence de la sous-alimentation, pour l’Inde sur la période de trois ans allant de 2022 à 2024. Compte tenu de la taille de la population indienne, l’incidence des données actualisées est également notable dans la série mondiale de la prévalence de la sous-alimentation de 2023, estimée comme étant plus proche de la limite inférieure publiée dans l’édition du rapport parue l’année dernière, avec une tendance à la baisse de 2022 à 2024.

INNOVATIONS DANS LA REPRÉSENTATION DE L’INCERTITUDE LIÉE AUX CHIFFRES MONDIAUX DE LA FAIM

Pour mieux rendre compte du niveau d’incertitude qui est inhérent aux estimations de la sous-alimentation fournies par la FAO, une attention particulière a été prêtée cette année au calcul des limites supérieure et inférieure associées aux estimations ponctuelles de la prévalence de la sous-alimentation et du nombre de personnes sous-alimentées (représentées par les barres dans la figure 2.1), lesquelles ont été intégrées pour la première fois dans l’édition 2021 du rapport. La nouvelle approche considère désormais trois sources indépendantes d’incertitude, dont deux n’avaient jamais été prises en compte jusqu’ici.

Premièrement, comme dans les éditions précédentes du rapport depuis 2021, le manque d’enquêtes récentes auprès des ménages est à l’origine de la persistance d’incertitudes concernant les estimations du coefficient de variation pour de nombreux pays. Pour tous les pays dont l’étude la plus récente sur la consommation date de 2020 ou d’une année antérieure, plutôt que de garder la valeur du coefficient de variation constante, au niveau estimé à partir des dernières données d’enquête disponibles, on en établit une prévision immédiate à partir des signaux découlant des données collectées au moyen de l’échelle de mesure de l’insécurité alimentaire vécue (FIES) ces dernières années dans ces pays, conformément à l’approche utilisée dans les éditions précédentes du rapport (voir le supplément au chapitre 2). Étant donné que le nombre de pays réalisant des enquêtes auprès des ménages augmente, cette part d’incertitude associée à la prévalence de la sous-alimentation diminue progressivement.

Deuxièmement, pour tenir compte de l’incertitude liée à la nécessité d’établir une prévision immédiate des DES en l’absence de données officielles sur la production et les échanges commerciaux réels des principaux produits alimentaires, un nouvel élément a été intégré dans l’estimation des limites supérieure et inférieure associées aux estimations ponctuelles de la prévalence de la sous-alimentation en 2024. Outre la «prévision immédiate» normale fondée sur les données factuelles issues des Perspectives de l’alimentation publiées par la FAO3, un scénario supplémentaire est considéré pour chaque pays dont les disponibilités alimentaires par habitant sont inchangées. Il en résulte deux niveaux possibles de DES par habitant pour chaque pays, lesquels sont utilisés pour établir les limites supérieure et inférieure des estimations ponctuelles de la prévalence de la sous-alimentation régionale et mondiale en 2024 (voir le supplément au chapitre 2 pour plus d’informations).

Troisièmement, l’incertitude quant à la quantité de produits alimentaires gaspillés au niveau de la vente au détail et des ménages (qui explique la différence entre les niveaux moyens des disponibilités énergétiques alimentaires et de la consommation d’énergie alimentaire) est prise en compte. Une marge d’erreur de 10 pour cent associée au coefficient relatif aux facteurs de gaspillage est intégrée lors du calcul des limites supérieure et inférieure de la prévalence de la sous-alimentation pour chaque pays.

NOTES: * On trouvera dans le supplément au chapitre 2 une analyse de la contribution de chacune des actualisations de données à l’écart entre l’estimation du nombre de personnes sous-alimentées pour 2023 présentée dans l’édition 2024 du rapport et celle indiquée dans cette édition.
** Parmi les pays dont l’accroissement de la population moyenne a dépassé 3 pour cent sur la période 2010-2024 figurent la Côte d’Ivoire (+7,0 pour cent), le Nigéria (+3,0 pour cent), le Pakistan (+3,0 pour cent), la République démocratique du Congo (+3,2 pour cent), le Soudan (+4,8 pour cent) et le Yémen (+9,7 pour cent). Parmi les pays dont la diminution de la population moyenne a dépassé 3 pour cent sur la période 2010-2024 figurent l’Arabie saoudite (−13,3 pour cent), la République centrafricaine (−5,4 pour cent) et la Sierra Leone (−3,4 pour cent).
*** Pays et années sur lesquels portent les révisions: Bénin (2022), Burkina Faso (2022), Cambodge (2021 et 2023), Géorgie (2022 et 2023), Guinée-Bissau (2022), Inde (2022-2023 et 2023-2024), Jordanie (2022), Kazakhstan (2021 et 2023), Mongolie (2022 et 2023), Myanmar (2015), Pérou (2023), Somalie (2022), Thaïlande (2016, 2017, 2018, 2019, 2020, 2021 et 2023) et Togo (2022).

Malgré les progrès accomplis ces dernières années, les estimations mondiales pour 2024 restent bien supérieures aux niveaux observés avant la pandémie, et même à ceux enregistrés en 2015, au moment où le Programme 2030 a démarré (figure 2.1). On estime qu’environ 96 millions de personnes supplémentaires dans le monde ont souffert de la faim chronique en 2024 par rapport à 2015.

FIGURE 2.1 Les nouvelles estimations mondiales indiquent un recul de la faim ces dernières années, après une hausse marquée de 2019 à 2021

NOTES: Les barres correspondent aux limites inférieure et supérieure de la fourchette des estimations. * Les projections fondées sur des prévisions immédiates pour 2024 sont indiquées par des traits en pointillé.
SOURCE: FAO. 2025. FAOSTAT: Données de la sécurité alimentaire. [Consulté le 28 juillet 2025]. https://www.fao.org/faostat/fr/#data/FS. Licence: CC-BY-4.0.

Les différences entre les régions du monde sont très importantes. Les progrès accomplis au niveau mondial reposent sur l’amélioration notable de la situation en Asie du Sud-Est, en Asie du Sud – compte tenu des nouvelles données fournies par l’Inde, principalement – et en Amérique latine. Malheureusement, cette tendance positive contraste avec l’augmentation continue de la faim dans la plupart des sous-régions d’Afrique et en Asie de l’Ouest (figure 2.2).

FIGURE 2.2 DES PROGRÈS ONT ÉTÉ ACCOMPLIS EN MATIÈRE DE RÉDUCTION DE LA FAIM EN ASIE DU SUD-EST ET EN ASIE DU SUD AINSI QU’EN AMÉRIQUE DU SUD, MAIS LA SITUATION CONTINUE DE S’AGGRAVER DANS LA PLUPART DES SOUS-RÉGIONS D’AFRIQUE ET EN ASIE DE L’OUEST

NOTES: Seules les régions pour lesquelles on disposait de données pour l’ensemble des sous-régions et où la prévalence de la sous-alimentation était supérieure à 2,5 pour cent sont représentées. L’Asie de l’Est n’est pas représentée, car la prévalence de la sous-alimentation y a été constamment inférieure à 2,5 pour cent depuis 2010. * Les valeurs reposent sur les estimations ponctuelles. On trouvera dans le supplément au chapitre 2 les fourchettes complètes de valeurs de 2022 à 2024.
SOURCE: FAO. 2025. FAOSTAT: Données de la sécurité alimentaire. [Consulté le 28 juillet 2025]. https://www.fao.org/faostat/fr/#data/FS. Licence: CC-BY-4.0.

La prévalence de la sous-alimentation en Afrique a dépassé 20 pour cent en 2024. On estime que la faim chronique touche plus d’une personne sur cinq vivant en Afrique, soit près de 307 millions de personnes (tableau 2.1 et tableau 2.2). La faim augmente dans toutes les sous-régions, à l’exception de l’Afrique de l’Est, les hausses les plus notables étant observées en Afrique centrale, qui présentait la prévalence de la sous-alimentation la plus élevée d’Afrique et du monde en 2024 (30,2 pour cent), et en Afrique du Nord, où la prévalence est passée de 7,8 pour cent en 2022 à 10,7 pour cent en 2024. La prévalence de la sous-alimentation a également continué de croître en Afrique australe et en Afrique de l’Ouest sur la même période, mais à un rythme plus lent, pour s’établir à 11,4 pour cent et 16,5 pour cent, respectivement. Le nombre de personnes souffrant de sous-alimentation chronique en Afrique a augmenté de 113 millions depuis 2015, année où le Programme 2030 a démarré.

TABLEAU 2.1PRÉVALENCE DE LA SOUS-ALIMENTATION (2005-2024)

NOTES: Pour consulter la liste des pays composant chaque agrégat régional/sous-régional, voir les Notes relatives aux régions géographiques dans les tableaux statistiques, à la fin du rapport. * Les valeurs indiquées sont fondées sur les estimations ponctuelles; on trouvera dans le supplément au chapitre 2 les valeurs des limites inférieure et supérieure des plages d’estimations de 2022 à 2024.
SOURCE: FAO. 2025. FAOSTAT: Données de la sécurité alimentaire. [Consulté le 28 juillet 2025]. https://www.fao.org/faostat/fr/#data/FS. Licence: CC-BY-4.0.

TABLEAU 2.2NOMBRE DE PERSONNES SOUS-ALIMENTÉES (2005-2024)

NOTES: n.c. = valeur non communiquée, car la prévalence est inférieure à 2,5 pour cent. Les totaux régionaux peuvent différer de la somme des totaux des sous-régions en raison des arrondis et des valeurs non communiquées. Pour consulter la liste des pays composant chaque agrégat régional/sous-régional, voir les Notes relatives aux régions géographiques dans les tableaux statistiques, à la fin du rapport. * Les valeurs indiquées sont fondées sur les estimations ponctuelles; on trouvera dans le supplément au chapitre 2 les valeurs des limites inférieure et supérieure des plages d’estimations de 2022 à 2024.
SOURCE: FAO. 2025. FAOSTAT: Données de la sécurité alimentaire. [Consulté le 28 juillet 2025]. https://www.fao.org/faostat/fr/#data/FS. Licence: CC-BY-4.0.

Les progrès les plus importants en matière de réduction de la faim ont été accomplis en Asie, grâce à la diminution notable, mentionnée ci-dessus, en Asie du Sud (Inde incluse). En Asie, la prévalence de la sous-alimentation est passée de 7,9 pour cent en 2022 à 7,3 pour cent en 2023, puis à 6,7 pour cent (323 millions de personnes) en 2024 – soit 52 millions de personnes de moins en deux ans. En Asie du Sud, elle est passée de 13,9 pour cent à 11,0 pour cent sur la même période. Cependant, il est important de noter que les progrès enregistrés en Asie sont dus à des améliorations dans un grand nombre de pays, car, même si l’on exclut l’Inde, la prévalence de la sous-alimentation en Asie continue d’afficher une légère baisse de 2022 à 2024 (tableau 2.1). Des progrès sont également observés en Asie du Sud-Est, où la prévalence de la sous-alimentation diminue progressivement depuis plusieurs années, et s’est établie à 4,9 pour cent en 2024. Si l’on met de côté l’Asie de l’Est, où la prévalence de la sous-alimentation est inférieure à 2,5 pour cent depuis 2015, aucune évolution n’a été observée de 2023 à 2024 en Asie centrale, qui présente la plus faible prévalence de la région (2,8 pour cent). En revanche, la situation est bien différente en Asie de l’Ouest, seule sous-région d’Asie où la sous-alimentation chronique a augmenté régulièrement depuis 2015, pour atteindre 12,7 pour cent en 2024. Il convient de noter que cette sous-région comprend certains des pays qui sont les plus durement touchés par des crises persistantes, et dont il est difficile d’estimer la prévalence de la sous-alimentation du fait d’un manque de données fiables. Les évaluations de l’insécurité alimentaire aiguë peuvent donner des éclairages importants sur la situation dans ces pays (voir l’encadré 2.2).

ENCADRÉ 2.2L’INTENSIFICATION DES CRISES HUMANITAIRES ACCROÎT L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE AIGUË ET MENACE LE DROIT À UNE ALIMENTATION ADÉQUATE DANS DE NOMBREUX ENDROITS DU MONDE

Durant l’élaboration de la présente édition de L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde, l’intensification des crises humanitaires a continué d’éroder considérablement la sécurité alimentaire et d’entraver grandement la réalisation du droit à une alimentation adéquate dans de nombreux pays. Le Rapport mondial sur les crises alimentaires de 20254 éclaire les décideurs sur l’évolution de la situation en leur fournissant des informations détaillées sur l’insécurité alimentaire aiguë dans un ensemble de pays actuellement en situation de crise alimentaire. L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde et le Rapport mondial sur les crises alimentaires sont tous deux des initiatives multipartites qui proposent des analyses internationales complémentaires de la sécurité alimentaire, mais le lecteur doit être conscient qu’ils diffèrent par leurs objectifs et leur portée géographique, et que leurs analyses reposent sur des données et des méthodes bien distinctes.

Le Rapport mondial sur les crises alimentaires est axé sur l’insécurité alimentaire aiguë, laquelle désigne toute manifestation, à un moment donné, d’une insécurité alimentaire qui, par sa gravité, menace la vie ou les moyens de subsistance des populations, ou les deux, indépendamment de ses causes, de son contexte ou de sa durée. Les analyses de l’insécurité alimentaire aiguë présentées dans le Rapport mondial sur les crises alimentaires reposent principalement sur le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire/Cadre harmonisé (IPC/CH). Une action immédiate étant essentielle en situation de crise, des évaluations rapides IPC/CH sont réalisées par les équipes locales d’analystes au moyen d’un processus consultatif mené auprès des principaux partenaires œuvrant pour la sécurité alimentaire dans le pays, notamment les interlocuteurs gouvernementaux, dans le but de dégager une convergence de l’ensemble des éléments probants disponibles, parfois partiels, y compris des données provenant de sources officielles et non officielles qui sont couramment recueillies et exploitées par la communauté humanitaire internationale et qui sont très différentes de celles qui étayent les indicateurs des objectifs de développement durable (ODD)5.

L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde, en revanche, a pour objectif général de permettre une observation de l’insécurité alimentaire chronique – définie comme étant une insécurité alimentaire qui se prolonge, en raison principalement de causes structurelles – dans tous les pays, aux fins du suivi des ODD. L’insécurité alimentaire chronique comprend également les formes moins graves d’insécurité alimentaire qui ne menacent pas nécessairement des vies ni des moyens de subsistance, mais qui persistent et peuvent nuire au bien-être des personnes et au développement à long terme des communautés et des pays. L’impossibilité chronique d’accéder à la nourriture fait l’objet d’un suivi à l’aide d’indicateurs tels que la prévalence de la sous-alimentation et ceux fondés sur l’échelle de mesure de l’insécurité alimentaire vécue (échelle FIES), dont les données sont collectées dans le cadre d’enquêtes représentatives au niveau national et qui sont conçus pour permettre d’établir des comparaisons mondiales dans le temps.

Le périmètre géographique des deux rapports est également différent. L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde propose un aperçu mondial des tendances de l’insécurité alimentaire chronique qui couvre l’ensemble des pays et des régions du monde, tandis que le Rapport mondial sur les crises alimentaires est axé sur les crises et sur des contextes spécifiques. En 2025, le Rapport mondial sur les crises alimentaires porte sur 53 pays et territoires connaissant des crises alimentaires, où l’insécurité alimentaire aiguë est la plus grave et la plus généralisée. Ainsi, L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde présente un panorama mondial et le Rapport mondial sur les crises alimentaires propose une analyse ciblée de l’insécurité alimentaire aiguë dans les contextes de crise les plus graves dans le monde.

Les messages véhiculés – l’amélioration de la situation en matière d’insécurité alimentaire chronique au niveau mondial, analysée dans la présente édition de L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde, et la hausse continue de l’insécurité alimentaire aiguë dans les pays touchés par des crises, mise en lumière par le Rapport mondial sur les crises alimentaires 2025 – sont donc différents mais pas contradictoires; ils reflètent simplement des objectifs, périmètres et champs de données distincts. Alors que les indicateurs mondiaux peuvent globalement montrer des progrès modestes, un grand nombre de pays, bien définis, sont toujours aux prises avec des situations d’urgence qui continuent d’aggraver la faim aiguë et de nécessiter de toute urgence une intervention humanitaire. On note également pour certains pays un manque de données récentes du type généralement utilisé pour étayer les indicateurs des ODD et une moindre fiabilité des estimations de l’évolution actuelle de l’insécurité alimentaire chronique. Il est essentiel de comprendre cette distinction entre les deux rapports pour en interpréter les données et les utiliser de manière efficace pour orienter les stratégies de développement à long terme et les interventions humanitaires à court terme.

Le Rapport mondial sur les crises alimentaires de 2025 indique que 295 millions de personnes environ ont été confrontées à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë (phase 3 ou plus de l’IPC/CH) dans les 53 pays/territoires connaissant une crise alimentaire qui ont été pris en compte dans l’analyse pour 2024. Parmi ces personnes, plus de 35 millions étaient en situation d’urgence (phase 4 de l’IPC) et presque 2 millions étaient en situation de catastrophe (phase 5 de l’IPC)*. Les cinq pays qui comptaient le plus grand nombre de personnes connaissant des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë étaient, par ordre décroissant, le Nigéria, le Soudan, la République démocratique du Congo, le Bangladesh et l’Éthiopie, tandis que les pays où la proportion de la population analysée en proie à l’insécurité alimentaire aiguë à des niveaux élevés était la plus importante étaient la Palestine (bande de Gaza), le Soudan du Sud, le Soudan, le Yémen et Haïti. Dans la bande de Gaza, 100 pour cent de la population était confrontée à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë; il en était de même pour la moitié des personnes vivant au Soudan du Sud et au Soudan, et pour près de la moitié de la population du Yémen et d’Haïti.

Près de 2 millions de personnes réparties dans cinq pays et territoires** étaient, d’après les estimations ou les projections, en situation d’insécurité alimentaire aiguë catastrophique (phase 5 de l’IPC/CH) en 2024. Plus de la moitié d’entre elles (1 106 900) se trouvaient dans la bande de Gaza, soit près du double des 576 600 personnes que l’on estimait être dans cette situation fin 2023 – chiffre qui était déjà le plus élevé jamais enregistré dans un pays ou un territoire depuis que l’IPC existe.

Ces crises humanitaires sont parmi les plus graves au monde et constituent des défis énormes pour la réalisation du droit à une nourriture adéquate. Il faut apporter sans délai une aide humanitaire, notamment sous la forme d’une assistance d’urgence en matière d’agriculture, de nutrition et d’alimentation, et mettre fin aux hostilités, accéder aux populations dans le besoin et reconstruire les infrastructures et les institutions essentielles qui jouent un rôle crucial en garantissant aux populations des moyens de subsistance et un accès aux produits de première nécessité. Les graines de la paix, de la sécurité alimentaire et de la prospérité partagée que nous voulons pour demain doivent être plantées aujourd’hui.

NOTES: * Les niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë correspondent à la phase 3 (crise) ou supérieure de l’IPC. Pour des informations détaillées, voir le manuel relatif à l’IPC6. Dans le Rapport mondial sur les crises alimentaires, une crise alimentaire est définie comme étant une situation où l’insécurité alimentaire aiguë, qui nécessite une action urgente pour protéger et sauver des vies et des moyens de subsistance au niveau local ou national, outrepasse les ressources et les capacités locales disponibles. ** Haïti, Mali, Palestine (bande de Gaza), Soudan et Soudan du Sud.

Des progrès au regard de la cible «Faim zéro» ont également été enregistrés en Amérique latine et dans les Caraïbes, région où les dernières estimations montrent que la prévalence de la sous-alimentation s’est établie à 5,1 pour cent en 2024, après un pic de 6,1 pour cent en 2020. Aucune amélioration n’a été observée dans les Caraïbes, où, ces trois dernières années, la faim aurait touché quelque 17,5 pour cent de la population. Cette période de stagnation a suivi une forte hausse en 2022, qui a porté la prévalence de la sous-alimentation dans les Caraïbes au niveau observé en 2024, plus de trois fois supérieur à la moyenne régionale. L’Amérique du Sud, en revanche, a connu des progrès pendant plusieurs années consécutives: la prévalence de la sous-alimentation a affiché une baisse constante de 2020 à 2024, passant de 5,5 pour cent à 3,8 pour cent. Aucun changement n’a été constaté en Amérique centrale de 2023 à 2024, après trois années d’amélioration progressive. En 2024, la faim chronique a touché 7,8 millions de personnes dans les Caraïbes, 9,1 millions en Amérique centrale et 16,7 millions en Amérique du Sud.

La prévalence de la sous-alimentation n’a guère évolué ces dernières années en Océanie où, d’après les estimations, 7,6 pour cent de la population souffrait de sous-alimentation chronique en 2024.

Il convient, face à ces résultats, de garder à l’esprit que l’aggravation de l’insécurité alimentaire dans les pays touchés par des crises humanitaires qui s’intensifient ne se reflète peut-être pas pleinement dans les prévisions immédiates de la prévalence de la sous-alimentation pour 2024 (voir l’encadré 2.2).

Vers l’élimination de la faim (cible 2.1 des ODD): projections à l’horizon 2030

Comme dans les précédentes éditions du rapport, des projections ont été réalisées à partir des prévisions disponibles concernant les variables fondamentales relatives à la démographie, à la productivité agricole et à l’économie, en particulier les prévisions macroéconomiques, pour déterminer le nombre de personnes risquant de souffrir de la faim en 2030. L’opération a consisté à effectuer des projections conjointes des différents paramètres du modèle utilisé pour estimer la prévalence de la sous-alimentation (voir le supplément au chapitre 2).

Les trajectoires qui reflètent les «perspectives actuelles», visant à rendre compte des projections jusqu’en 2030, reposent sur l’édition d’avril 2025 de la base de données Perspectives de l’économie mondiale du Fonds monétaire international7. Selon la projection actuelle, 512 millions de personnes, soit 6 pour cent de la population mondiale, pourraient être en situation de sous-alimentation chronique en 2030, ce qui souligne l’immense défi que représente l’ODD 2 (Élimination de la faim) (figure 2.3). Ainsi, d’ici à 2030, le nombre de personnes sous-alimentées n’aura diminué que de 65 millions – passant de 577 millions à 512 millions – par rapport à 2015, année où le Programme 2030 a démarré.

FIGURE 2.3 L’ÉLIMINATION DE LA FAIM D’ICI À 2030 RESTE UN OBJECTIF DIFFICILE À ATTEINDRE

NOTES: Seules les régions pour lesquelles on disposait de données pour l’ensemble des sous-régions et où la prévalence de la sous-alimentation était supérieure à 2,5 pour cent sont représentées. * Les valeurs reposent sur les projections des estimations ponctuelles.
SOURCE: Auteurs du présent document (FAO).

Des améliorations sont attendues dans toutes les régions au cours des cinq prochaines années, mais des différences importantes subsistent (figure 2.3). D’ici à 2030, 60 pour cent des personnes sous-alimentées dans le monde seront concentrées en Afrique, où 17,6 pour cent de la population souffrira de la faim chronique. En Asie, ainsi qu’en Amérique latine et dans les Caraïbes, la prévalence de la sous-alimentation tombera en deçà de 5 pour cent.

2.1.2 Indicateur 2.1.2 des ODD Prévalence d’une insécurité alimentaire modérée ou grave dans la population, évaluée selon l’échelle de mesure de l’insécurité alimentaire vécue

L’indicateur 2.1.2 des ODD – prévalence d’une insécurité alimentaire modérée ou grave dans la population, évaluée selon l’échelle de mesure de l’insécurité alimentaire vécue (échelle FIES) – a été intégré dans le cadre de suivi mondial des ODD pour observer les progrès accomplis au regard de l’objectif plus large, énoncé dans la cible 2.1 des ODD, qui consiste à permettre à chacun d’accéder toute l’année à une alimentation sans danger pour la santé, nutritive et en quantité suffisante. L’amélioration de cet indicateur est un signe de progrès au regard de la concrétisation du droit à l’alimentation.

Les personnes en situation d’insécurité alimentaire modérée ne sont pas certaines de pouvoir se procurer une nourriture adéquate et sont contraintes de réduire la qualité et/ou la quantité des aliments qu’elles consomment. Celles qui sont en situation d’insécurité alimentaire grave épuisent généralement leurs réserves de nourriture à certains moments de l’année et, dans le pire des cas, restent un jour (ou plus) sans manger. Bien qu’elles soient établies au moyen de méthodes et de sources de données très différentes, la prévalence de l’insécurité alimentaire grave et la prévalence de la sous-alimentation sont toutes deux des indicateurs de grandes difficultés d’accès à la nourriture.

Au niveau mondial, la prévalence de l’insécurité alimentaire (insécurité alimentaire modérée et insécurité alimentaire grave associées ou insécurité alimentaire grave uniquement) recule très progressivement depuis 2021, après une forte augmentation à la suite de la pandémie de covid-19 en 2020. De 2023 à 2024, la prévalence de l’insécurité alimentaire modérée ou grave à l’échelle mondiale a légèrement diminué, passant de 28,4 pour cent à 28,0 pour cent (figure 2.4 et tableau 2.3). On estime actuellement que l’insécurité alimentaire modérée ou grave a touché 2,3 milliards de personnes environ dans le monde en 2024, soit 335 millions de plus qu’en 2019, avant la pandémie, et 683 millions de plus qu’en 2015, lorsque le Programme 2030 a démarré (tableau 2.4).

FIGURE 2.4 Les taux d’insécurité alimentaire ont diminué progressivement de 2021 à 2024 dans le monde, et des progrès notables ont été observés en Amérique latine et dans les Caraïbes

NOTES: Les différences dans les totaux sont dues aux arrondis à la décimale la plus proche. Les chiffres relatifs à l’Océanie ne sont pas présentés en raison d’une couverture démographique insuffisante pour la Micronésie et la Polynésie.
SOURCE: FAO. 2025. FAOSTAT: Données de la sécurité alimentaire. [Consulté le 28 juillet 2025]. https://www.fao.org/faostat/fr/#data/FS. Licence: CC-BY-4.0.

TABLEAU 2.3PRÉVALENCE DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE GRAVE UNIQUEMENT ET DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE MODÉRÉE OU GRAVE, ÉVALUÉE SELON L’ÉCHELLE DE MESURE DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE VÉCUE (2015-2024)

NOTES: n.d. = non disponible, à savoir que les données disponibles portent sur un nombre restreint de pays représentant moins de 50 pour cent de la population de la région. Les estimations pour l’Amérique latine et les Caraïbes concernant la période 2014-2019 portent sur des pays des Caraïbes dont les populations cumulées ne représentent que 30 pour cent de la population de la sous-région. Les estimations de 2020 à 2024 portent sur des pays des Caraïbes dont les populations cumulées représentent entre 60 pour cent et 65 pour cent de la population de la sous-région. Les pays pris en compte dans l’estimation de 2024 pour la sous-région Caraïbes sont les suivants: Antigua-et-Barbuda, Bahamas, Barbade, Dominique, Grenade, Haïti, Jamaïque, République dominicaine, Saint-Kitts-et-Nevis, Saint-Vincent-et-les Grenadines, Sainte-Lucie et Trinité-et-Tobago. Les estimations pour l’Afrique du Nord n’intègrent pas d’informations actualisées récentes pour le Soudan, l’intensité du conflit ayant entravé les collectes de données.
SOURCE: FAO. 2025. FAOSTAT: Données de la sécurité alimentaire. [Consulté le 28 juillet 2025]. www.fao.org/faostat/fr/#data/FS. Licence: CC-BY-4.0.

TABLEAU 2.4NOMBRE DE PERSONNES EN SITUATION D’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE GRAVE UNIQUEMENT ET EN SITUATION D’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE MODÉRÉE OU GRAVE, ÉVALUÉ SELON L’ÉCHELLE DE MESURE DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE VÉCUE (2015-2024)

NOTES: n.d. = non disponible, à savoir que les données disponibles portent sur un nombre restreint de pays représentant moins de 50 pour cent de la population de la région. Les estimations pour l’Amérique latine et les Caraïbes concernant la période 2014-2019 portent sur des pays des Caraïbes dont les populations cumulées ne représentent que 30 pour cent de la population de la sous-région. Les estimations de 2020 à 2024 portent sur des pays des Caraïbes dont les populations cumulées représentent entre 60 pour cent et 65 pour cent de la population de la sous-région. Les pays pris en compte dans l’estimation de 2024 pour la sous-région Caraïbes sont les suivants: Antigua-et-Barbuda, Bahamas, Barbade, Dominique, Grenade, Haïti, Jamaïque, République dominicaine, Saint-Kitts-et-Nevis, Saint-Vincent-et-les Grenadines, Sainte-Lucie et Trinité-et-Tobago. Les estimations pour l’Afrique du Nord n’intègrent pas d’informations actualisées récentes pour le Soudan, l’intensité du conflit ayant entravé les collectes de données.
SOURCE: FAO. 2025. FAOSTAT: Données de la sécurité alimentaire. [Consulté le 28 juillet 2025]. www.fao.org/faostat/fr/#data/FS. Licence: CC-BY-4.0.

Sur les quelque 2,3 milliards de personnes qui étaient en situation d’insécurité alimentaire modérée ou grave dans le monde en 2024, 828 millions étaient en proie à une insécurité alimentaire grave. La prévalence de l’insécurité alimentaire grave a légèrement baissé, passant de 10,4 pour cent en 2023 à 10,1 pour cent en 2024.

Les évolutions observées au niveau régional sont bien différentes: l’insécurité alimentaire augmente en Afrique,chute en Amérique latine et dans les Caraïbes et recule progressivement en Asie depuis plusieurs années consécutives, et les nouvelles estimations pour l’Océanie et pour l’Amérique du Nord et l’Europe indiquent une légère diminution de 2023 à 2024, après plusieurs années de hausse (tableau 2.3, tableau 2.4 et figure 2.4).

Les estimations indiquent que la prévalence de l’insécurité alimentaire modérée ou grave en Afrique a augmenté, passant de 57,5 pour cent en 2023 à 58,9 pour cent en 2024, soit une hausse de près de 41 millions du nombre de personnes en un an. Le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire modérée ou grave en Afrique en 2024 a été estimé à 893 millions; sur ce total, 337 millions étaient probablement confrontées à une insécurité alimentaire grave. L’accroissement de l’insécurité alimentaire en Afrique de 2023 à 2024 est dû à l’effet conjugué de légères augmentations dans toutes les sous-régions du continent. En 2024, l’insécurité alimentaire modérée ou grave pourrait avoir touché plus d’un quart de la population de l’Afrique australe, plus d’un tiers de celle de l’Afrique du Nord (mais les estimations ne comprennent pas de données actualisées pour le Soudan), près des deux tiers de celles de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique de l’Ouest, et plus des trois quarts de celle de l’Afrique centrale.

Les niveaux d’insécurité alimentaire ont continué à diminuer légèrement en Asie, la prévalence de l’insécurité alimentaire modérée ou grave étant passée, d’après les estimations, de 24,3 pour cent en 2023 à 23,3 pour cent en 2024, soit l’équivalent de quelque 38 millions de personnes de moins en un an. On estime qu’environ 1,1 milliard de personnes en Asie ont été confrontées à une insécurité alimentaire modérée ou grave en 2024; parmi celles-ci, 418 millions (8,7 pour cent de la population de la région) pourraient avoir été en situation d’insécurité alimentaire grave. La région dans son ensemble a enregistré des améliorations graduelles depuis 2020. Toutes les sous-régions d’Asie ont montré des signes de progrès de 2023 à 2024. L’Asie du Sud et l’Asie de l’Ouest présentaient les estimations les plus élevées de l’insécurité alimentaire modérée ou grave (quelque 38 pour cent dans les deux cas) en 2024, mais l’Asie du Sud a affiché la plus forte diminution de 2023 à 2024 (près de 2 points de pourcentage). L’Asie de l’Est connaissait la plus faible prévalence, estimée à 6,2 pour cent de la population.

L’amélioration la plus notable a été enregistrée en Amérique latine et dans les Caraïbes, où des progrès constants ont été observés depuis 2021. Le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire modérée ou grave pourrait avoir reculé de près de 9 millions en un an, passant de 176 millions à 167 millions, dans la mesure où les estimations indiquent que la proportion de la population touchée a été ramenée de 26,7 pour cent en 2023 à 25,2 pour cent en 2024, principalement grâce aux progrès observés en Amérique du Sud. D’après les estimations, les évolutions les plus récentes montrent que la sécurité alimentaire semble s’améliorer dans toutes les sous-régions d’Amérique latine et des Caraïbes, mais plus particulièrement en Amérique du Sud, où la prévalence de l’insécurité alimentaire modérée ou grave en 2024 était près de 10 points de pourcentage en deçà de son niveau de 2021, un écart représentant une diminution de plus de 40 millions de personnes. Plus de la moitié de la population couverte dans les Caraïbes était, d’après les estimations, en situation d’insécurité alimentaire modérée ou grave en 2024, contre approximativement un quart de la population en Amérique centrale et en Amérique du Sud. La proportion de la population totale en situation d’insécurité alimentaire qui est confrontée à une insécurité alimentaire grave est également plus importante dans les Caraïbes, où elle s’établit à près de 50 pour cent.

L’insécurité alimentaire a légèrement diminué en Océanie. Cependant, plus de 26 pour cent de la population de la région (quelque 12 millions de personnes) pourrait avoir été encore confrontée à une insécurité alimentaire modérée ou grave en 2024, et notamment 9,6 pour cent (4,4 millions de personnes) à une insécurité alimentaire grave. Il pourrait s’agir d’une inversion de la tendance pour cette région, où l’insécurité alimentaire est en hausse depuis 2020.

Des signes d’une inversion de la tendance ont également été observés en Amérique du Nord et en Europe, avec une légère amélioration de 2023 à 2024. Les estimations actuelles indiquent qu’un peu plus de 8 pour cent de la population (92 millions de personnes) était en situation d’insécurité alimentaire modérée ou grave en 2024, et 1,5 pour cent (17,4 millions de personnes) était probablement confrontée à une insécurité alimentaire grave. Cette situation résulte d’une évolution différente dans les deux régions: les estimations de la prévalence de l’insécurité alimentaire modérée ou grave indiquent une diminution en Europe (de 7,5 pour cent en 2023 à 6,8 pour cent en 2024), et une légère augmentation en Amérique du Nord (de 10,4 pour cent à 10,7 pour cent).

Près de la moitié des personnes en situation d’insécurité alimentaire modérée ou grave dans le monde vit en Asie (cette région étant très peuplée), mais la prévalence de l’insécurité alimentaire est bien plus élevée en Afrique (tableau 2.3 et tableau 2.4). Il convient également de noter que la part des personnes touchées par l’insécurité alimentaire qui sont confrontées à une insécurité alimentaire grave varie selon les régions. En Afrique, en Asie et en Océanie, cette proportion est comprise entre 36 pour cent et 38 pour cent, contre 31 pour cent en Amérique latine et dans les Caraïbes et seulement 19 pour cent en Amérique du Nord et en Europe.

Différences enregistrées entre les zones rurales, périurbaines et urbaines,et entre les femmes et les hommes en matière d’insécurité alimentaire

L’un des grands principes directeurs du Programme 2030 est de ne laisser personne de côté. Pour mener des initiatives au nom de ce principe, il faut réunir des données probantes sur des sous-populations spécifiques de manière à déterminer si certains groupes sont plus exposés à l’insécurité alimentaire que d’autres et à définir les politiques qui pourraient être nécessaires pour répondre précisément à leurs besoins.

À l’échelle mondiale et dans chaque région (à l’exception de l’Amérique du Nord et de l’Europe), les personnes vivant dans les zones rurales sont généralement plus exposées à l’insécurité alimentaire que celles vivant dans les zones urbaines, tandis que la situation relative des populations périurbaines diffère selon les régions (figure 2.5)b. Environ 32,0 pour cent des personnes vivant dans les zones rurales étaient en situation d’insécurité alimentaire modérée ou grave en 2024, contre approximativement 28,6 pour cent dans les zones périurbaines et 23,9 pour cent dans les zones urbaines. Si l’on considère spécifiquement l’insécurité alimentaire grave, une tendance similaire se dégage: quelque 11,5 pour cent de la population rurale dans le monde est en situation d’insécurité alimentaire grave, contre 11,0 pour cent de la population périurbaine et 8,1 pour cent de la population urbaine.

FIGURE 2.5 À L’ÉCHELLE MONDIALE ET DANS LA PLUPART DES RÉGIONS, LA PRÉVALENCE DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE RESTE BIEN PLUS ÉLEVÉE DANS LES ZONES RURALES QUE DANS LES ZONES URBAINES DEPUIS 2022, ET ON CONSTATE DES AMÉLIORATIONS NOTABLES DANS LES ZONES URBAINES EN ASIE ET DANS LES ZONES URBAINES, PÉRIURBAINES ET RURALES EN AMÉRIQUE LATINE ET DANS LES CARAÏBES

NOTES: Les différences dans les totaux sont dues aux arrondis à la décimale la plus proche. Les chiffres relatifs à l’Océanie ne sont pas présentés en raison d’une couverture démographique insuffisante.
SOURCE: FAO. 2025. FAOSTAT: Données de la sécurité alimentaire. [Consulté le 28 juillet 2025]. https://www.fao.org/faostat/fr/#data/FS. Licence: CC-BY-4.0.

En Afrique, l’insécurité alimentaire tend clairement à diminuer à mesure que le niveau d’urbanisation augmente: d’après les estimations, 62,8 pour cent des personnes vivant en milieu rural étaient en situation d’insécurité alimentaire modérée ou grave, contre 58,6 pour cent de la population des zones périurbaines et 55,7 pour cent de celle des zones urbaines. Les populations rurales sont également bien plus exposées à l’insécurité alimentaire que les populations urbaines en Asie ainsi qu’en Amérique latine et dans les Caraïbes, mais la situation relative des populations périurbaines n’est pas la même qu’en Afrique. En Asie et en Amérique latine et dans les Caraïbes, il n’y a pratiquement aucune différence entre les populations rurales et les populations périurbaines en ce qui concerne la proportion de personnes en situation d’insécurité alimentaire modérée ou grave, et on observe même des taux légèrement plus élevés dans les zones périurbaines en ce qui concerne l’insécurité alimentaire grave. La seule région pour laquelle des éléments indiquent que l’insécurité alimentaire pourrait augmenter légèrement avec le niveau d’urbanisation est l’Amérique du Nord et l’Europe (considérées ensemble pour la présente analyse)c.

Si l’on compare l’évaluation pour 2024 avec la valeur de référence de 2022 (année à partir de laquelle la FAO a commencé à publier une ventilation en fonction du niveau d’urbanisation pour l’indicateur 2.1.2 des ODD), une tendance claire se dessine: au niveau mondial, la prévalence de l’insécurité alimentaire modérée ou grave ne diminue que dans les zones urbaines, où elle est passée de 25,7 pour cent à 23,9 pour cent, tandis qu’elle reste presque inchangée dans les zones rurales et les zones périurbaines. On observe la même évolution en Asie, où l’accès à la nourriture s’améliore principalement dans les zones urbaines, comme en témoigne la baisse de la prévalence de l’insécurité alimentaire modérée ou grave (passée de 21,9 pour cent en 2022 à 19,2 pour cent en 2024). En Amérique latine et dans les Caraïbes, notamment, l’amélioration s’est répartie plus équitablement entre zones rurales, zones périurbaines et zones urbaines, tandis qu’en Afrique la sécurité alimentaire s’est dégradée à la fois dans les zones rurales et dans les zones urbaines, tout en demeurant presque inchangée dans les zones périurbaines. En Amérique du Nord et en Europe, on observe de légers signes d’amélioration dans toutes les zones.

Des inégalités persistantes entre les femmes et les hommes sont en outre évidentes: la prévalence de l’insécurité alimentaire reste ainsi plus élevée chez les femmes adultes que chez les hommes adultes dans toutes les régions du monde (figure 2.6)d. Le fossé entre les femmes et les hommes s’est considérablement élargi au niveau mondial à la suite de la pandémie de covid-19, notamment en 2021; il s’est ensuite réduit pendant deux années consécutives. Cependant, les nouvelles estimations indiquent qu’il s’est de nouveau creusé de 2023 à 2024. Durant cette période, l’écart entre la prévalence de l’insécurité alimentaire modérée ou grave des femmes et celle des hommes a augmenté, passant de 1,3 point de pourcentage à 1,9 point de pourcentage, tout comme l’écart relatif à la seule insécurité alimentaire grave, qui est passé de 0,6 point de pourcentage à 0,8 point de pourcentage. Après ces fluctuations sur les neuf dernières années, l’écart entre les femmes et les hommes en 2024 était à peu près le même qu’en 2015, année où le Programme 2030 a démarré.

FIGURE 2.6 L’ÉCART ENTRE LES GENRES S’EST RÉDUIT DANS LE MONDE DE 2021 À 2023, MAIS S’EST LÉGÈREMENT RECREUSÉ EN 2024, ET LA PRÉVALENCE DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE EST RESTÉE SYSTÉMATIQUEMENT PLUS ÉLEVÉE CHEZ LES FEMMES QUE CHEZ LES HOMMES, À L’ÉCHELLE MONDIALE ET DANS TOUTES LES RÉGIONS

NOTE: Seules les régions pour lesquelles on disposait de données pour l’ensemble des sous-régions sont représentées.
SOURCE: FAO. 2025. FAOSTAT: Données de la sécurité alimentaire. [Consulté le 28 juillet 2025]. https://www.fao.org/faostat/fr/#data/FS. Licence: CC-BY-4.0.

Pour l’insécurité alimentaire modérée ou grave, le creusement de l’écart entre les femmes et les hommes de 2023 à 2024 est principalement le fait de l’Asie, où il est passé de 1,0 point de pourcentage à 1,9 point de pourcentage, et de l’Amérique du Nord et de l’Europe, où il est passé de 1,2 point de pourcentage à 1,6 point de pourcentage.

S’agissant de l’insécurité alimentaire grave, en revanche, la dégradation est liée principalement à l’Afrique, où un accroissement préoccupant des disparités entre les femmes et les hommes a été constaté, l’écart étant passé de 0,7 point de pourcentage en 2023 à 1,3 point de pourcentage en 2024.

Les disparités entre les genres concernant l’insécurité alimentaire n’ont guère évolué en Amérique latine et dans les Caraïbes de 2023 à 2024. Cette région reste toutefois celle où l’on observe les plus grandes différences entre les femmes et les hommes en matière de prévalence de l’insécurité alimentaire – 5,3 points de pourcentage au niveau modéré ou grave et 1,3 point de pourcentage au niveau grave en 2024.

En résumé, les données actualisées sur l’évolution de la faim et de l’insécurité alimentaire indiquent des progrès dans certaines régions ces dernières années au regard de la cible 2.1 des ODD visant à éliminer la faim et à faire en sorte que chacun ait accès toute l’année à une alimentation suffisante. Cependant, le niveau de la faim et de l’insécurité alimentaire dans le monde reste bien supérieur à celui enregistré au moment où le Programme 2030 a été présenté; en 2024, des centaines de millions de personnes de plus qu’en 2015 avaient du mal à satisfaire leurs besoins alimentaires de base. Le nombre de personnes souffrant de sous-alimentation chronique dans le monde a augmenté de près de 17 pour cent depuis 2015, et le nombre de personnes exposées à une insécurité alimentaire modérée ou grave a progressé de plus de 40 pour cent dans le monde et en Asie, et de plus de 60 pour cent en Afrique. L’objectif «Faim zéro» peut sembler hors de portée d’ici à 2030, mais l’engagement en faveur d’une action d’urgence pour concrétiser progressivement le droit à une alimentation adéquate pour tous est une obligation à laquelle la communauté internationale ne peut pas déroger. Nous serons tous gagnants dans un monde où chacun aura accès à une nourriture suffisante – et plus particulièrement aux aliments nutritifs qui composent une alimentation saine.

back to top