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PÉROU. La forêt amazonienne vue du ciel.
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La situation des forêts du monde 2024

Chapitre 1 Devant les menaces croissantes qui pèsent sur la planète, les forêts offrent des solutions aux défis mondiaux

Message clé
  • Devant les menaces croissantes qui pèsent sur la planète, les forêts offrent des solutions aux défis mondiaux. La présente publication fournit des informations actualisées sur les forêts dans le monde et examine les innovations qui permettent de renforcer la conservation, la restauration et l’utilisation durable de ces dernières.

Le monde doit actuellement faire face à des menaces grandissantes sur de multiples fronts, et il reste peu de temps pour prendre les mesures permettant de prévenir les dangers qui se profilent. Le Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui s’articule autour de 17 objectifs de développement durable (ODD), aspire à un monde libéré de la pauvreté, de la faim, de la maladie et du besoin, où chacun puisse s’épanouir. Mais il est urgent d’agir si nous voulons atteindre les ODD.

L’augmentation des émissions de gaz à effet de serre a provoqué des changements rapides et de grande ampleur dans l’atmosphère, les océans, la cryosphère et la biosphère; sur la période 2011-2020, la température de surface de notre planète a été supérieure de 1,1 °C aux températures enregistrées au cours de la période 1850-19001. Le changement climatique d’origine anthropique se répercute déjà sur de nombreux extrêmes météorologiques et climatiques dans toutes les régions du monde, et entraîne d’importantes conséquences néfastes ainsi que des pertes et des préjudices connexes pour la nature et les populations. Les communautés vulnérables qui, d’un point de vue historique, ont contribué le moins au changement climatique actuel sont aujourd’hui touchées de manière disproportionnée1. Du fait de l’action humaine, le nombre d’espèces menacées d’extinction dans le monde est plus important que jamais. En moyenne, quelque 25 pour cent des espèces appartenant aux groupes d’animaux et de végétaux évalués sont menacées, ce qui laisse entrevoir qu’environ 1 million d’espèces risquent déjà de disparaître, dans les décennies à venir pour nombre d’entre elles, si l’on ne prend pas de mesures pour réduire l’intensité des facteurs d’appauvrissement de la biodiversité2.

Les forêts et les arbres offrent des solutions peu coûteuses pour lutter contre les crises relatives au climat et à la biodiversité, et font partie intégrante de la transition vers des systèmes agroalimentaires plus efficients, plus inclusifs, plus résilients et plus durables, qui améliorent la production, la nutrition, l’environnement et les conditions de vie, et qui ne laissent personne de côté (encadré 1). L’arrêt de la déforestation et de la dégradation des forêts peut réduire les émissions de gaz à effet de serre, et la restauration des forêts et des paysages peut éliminer du carbone de l’atmosphère. Le carbone peut aussi être stocké dans des produits ligneux à longue durée de vie. Les forêts présentent pour le climat des avantages qui ne se limitent pas au stockage et au piégeage du carbone; elles ont un effet de refroidissement spectaculaire grâce à l’évapotranspiration et à leur structure physique et chimique3. Outre cette capacité supplémentaire d’atténuation, les forêts peuvent réguler les précipitations et stabiliser le climat local, ce qui contribue à réduire au minimum les phénomènes météorologiques extrêmes et fait d’elles un élément essentiel de l’adaptation et de la résilience face au changement climatique. Les forêts abritent la majeure partie de la biodiversité terrestre de la planète: elles procurent, par exemple, un habitat à environ 80 pour cent des espèces d’amphibiens, 75 pour cent des espèces d’oiseaux et 68 pour cent des espèces de mammifères4. Les forêts et les arbres contribuent grandement à la sécurité alimentaire et à la nutrition humaines, et l’agroforesterie peut augmenter les revenus des agriculteurs, renforcer la résilience des systèmes d’exploitation agricole et améliorer la productivité de l’agriculture5. Les forêts contribuent également de multiples façons à la résilience des communautés et des moyens d’existence face aux menaces et aux crises, ainsi qu’à la résolution des causes profondes de l’insécurité alimentaire, de la malnutrition et de la pauvreté. Elles constituent des sources de combustibles ligneux pour la cuisson, d’aliments d’origine sauvage, de fourrage et de matériaux pour la construction d’abris; elles conservent les ressources hydriques et fournissent d’autres services écosystémiques; et elles font office de tampons en cas de conditions météorologiques extrêmes6.

ENCADRÉ 1FORESTERIE ET TRANSFORMATION DES SYSTÈMES AGROALIMENTAIRES

Les forêts et les arbres sont des éléments essentiels des systèmes agroalimentaires. L’élimination du couvert forestier, en particulier dans les régions tropicales, augmente les températures locales et perturbe les régimes pluviométriques, ce qui accentue les effets à l’échelle locale du changement climatique observé au niveau mondial et risque d’avoir de graves conséquences pour la production agricole3. Les forêts procurent un habitat indispensable à une grande partie de la biodiversité terrestre mondiale, et jouent ainsi un rôle clé pour la préservation des moyens d’existence locaux et la résilience des systèmes agroalimentaires7. Les aliments prélevés dans les forêts sont importants pour la sécurité alimentaire et la nutrition de nombreuses populations vivant à proximité de ces dernières, en particulier dans les zones reculées des régions tropicales et subtropicales et lorsque la production agricole chute, lors des sécheresses, par exemple8. L’agroforesterie et d’autres systèmes de production diversifiée sont généralement plus résilients que l’agriculture conventionnelle aux perturbations environnementales, et peuvent améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition, ainsi que la productivité des cultures8. Le renforcement des avantages que les forêts procurent pour l’agriculture par l’intermédiaire de leur conservation, de leur restauration et de leur utilisation durable est fondamental pour assurer la transition vers des systèmes agroalimentaires plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables, qui permettent d’apporter des améliorations en matière de production, de nutrition, d’environnement et de conditions de vie, en ne laissant personne de côté.

Le besoin d’innovation dans le secteur forestier

Le rythme rapide des changements et l’urgence qu’il y a à s’attaquer aux défis mondiaux exigent des solutions inventives qui soient variées, souples et adaptables, et qui puissent être vite transposées à plus grande échelle. Il est donc impératif de puiser dans la créativité humaine et de prendre appui sur l’innovation, y compris dans le secteur forestier.

L’importance de l’innovation sous toutes ses formes (innovations technologiques, sociales, institutionnelles, financières, et en matière de politiques publiques) pour la conservation, la restauration et l’utilisation durable des forêts, des arbres et des écosystèmes associés est actuellement de plus en plus souvent reconnue partout dans le monde. En 2022, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a adopté sa toute première stratégie en matière de science et d’innovation9 afin de renforcer l’utilisation de la science et de l’innovation dans ses interventions techniques et ses orientations normatives. Dans la stratégie, qui a été approuvée par le Conseil de la FAO à sa 170e session à l’issue d’un processus de consultation inclusif et transparent, il est indiqué que l’innovation «consiste à faire quelque chose de nouveau et de différent, par exemple résoudre un problème ancien d’une manière nouvelle, traiter un nouveau problème avec une solution éprouvée ou apporter une solution nouvelle à un problème nouveaua ». La Stratégie de la FAO en matière de science et d’innovation est un outil essentiel pour la mise en œuvre du Cadre stratégique 2022-203110. Son champ d’application large et inclusif souligne qu’il est nécessaire de s’ouvrir à la transdisciplinarité pour tenir compte de tous les domaines scientifiques et de la collaboration entre les scientifiques et les acteurs non universitaires, ainsi qu’à tous les types d’innovation, y compris les innovations découlant des connaissances des peuples autochtones et des petits producteurs.

À sa 26e session, le Comité des forêts11 de la FAO a mis en avant le rôle que pouvaient jouer les forêts en contribuant à remédier aux conséquences des différents problèmes auxquels le monde est confronté, notamment par trois stratégies interdépendantesb. Il a invité la FAO à collaborer avec les membres et les secteurs public et privé pour favoriser le développement durable dans ses trois dimensionsc, et à promouvoir la science et l’innovation.

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