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L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde 2023

Chapitre 2 LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET LA NUTRITION DANS LE MONDE

2.3 Situation en matière de nutrition: progrès accomplis au regard des cibles mondiales

MESSAGES CLÉS
  • Les estimations à l’échelle mondiale indiquent qu’en 2022, sur l’ensemble des enfants de moins de 5 ans, 148,1 millions (22,3 pour cent) présentaient un retard de croissance, 45 millions (6,8 pour cent) étaient émaciés et 37 millions (5,6 pour cent) étaient en surpoids.
  • S’agissant du retard de croissance et de l’émaciation, la prévalence était respectivement 1,6 fois et 1,4 fois plus élevée dans les zones rurales que dans les zones urbaines. La prévalence de l’excès pondéral chez les enfants urbains (5,4 pour cent) n’était que légèrement supérieure à celle observée chez les enfants ruraux (3,5 pour cent).
  • On note une diminution constante du retard de croissance depuis 2012, mais le monde n’est toujours pas sur la bonne voie pour atteindre la cible de 13,5 pour cent fixée pour 2030 (réduction de 50 pour cent du nombre d’enfants présentant un retard de croissance par rapport à la valeur de référence). En l’espace de 10 ans (entre 2012 et 2022), le nombre d’enfants présentant un retard de croissance a reculé de près de 30 millions.
  • Malgré quelques progrès, la prévalence de l’émaciation à l’échelle mondiale était plus de deux fois supérieure à la cible fixée pour 2030. L’émaciation chez les enfants était plus importante dans les pays à faible revenu et dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure (94 pour cent de la charge mondiale).
  • En 2022, la majorité (77 pour cent) des enfants en surpoids dans le monde vivaient dans des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure ou de la tranche supérieure. Au regard de la cible définie pour 2030, à savoir une prévalence inférieure à 3 pour cent, aucune région n’était sur la bonne voie, et seules l’Amérique du Nord et l’Europe avaient enregistré quelques progrès.
  • À l’échelle mondiale, la prévalence de l’insuffisance pondérale à la naissance a peu évolué sur les deux dernières décennies – 16,6 pour cent en 2000, contre 14,7 pour cent en 2020 –, et aucune région n’est en passe d’atteindre la cible fixée pour 2030 (réduction de 30 pour cent par rapport à la valeur de référence de 2012). Le suivi mondial de l’insuffisance pondérale à la naissance est rendu difficile par les lacunes des données : en effet, près d’un nouveau-né sur trois dans le monde n’a pas été pesé à la naissance en 2020.
  • Des progrès constants ont été accomplis s’agissant de l’allaitement maternel exclusif : 47,7 pour cent des nourrissons de moins de 6 mois dans le monde étaient exclusivement nourris au sein en 2021, contre 37,0 pour cent en 2012. On estime que 75 pour cent des nourrissons exclusivement nourris au sein vivent dans des pays à faible revenu ou des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure.
  • Les conflits, le changement climatique et l’augmentation des prix des produits alimentaires sont, parallèlement aux effets persistants de la pandémie de covid-19, autant de facteurs qui compromettent les progrès au regard des cibles mondiales en matière de nutrition à l’horizon 2030. Des actions coordonnées seront nécessaires pour éliminer la malnutrition sous toutes ses formes.

Importance de la nutrition et point sur les objectifs de développement durable

La nutrition est spécifiquement mentionnée dans l’ODD 2, mais elle est une condition essentielle à la réalisation des 17 ODD, notamment ceux liés à la santé, à l’éducation, à l’égalité des genres et au climat32. La présente section fournit une évaluation des résultats ainsi que des tendances aux niveaux mondial et régional au regard des cibles mondiales en matière de nutrition. Des informations actualisées sont fournies pour cinq des six cibles qui avaient été approuvées initialement par l’Assemblée mondiale de la Santé en 2012 et devaient être atteintes d’ici à 2025, avant que l’OMS et ’l’UNICEF ne proposent de les inscrire parmi les cibles à atteindre en 2030. Quatre des six indicateurs ont en outre été retenus pour suivre les progrès accomplis au regard de la cible 2.2 des ODD, à savoir le retard de croissance, l’émaciation et le surpoids chez les enfants de moins de 5 ans, et l’anémie chez les femmes âgées de 15 à 49 ans. Une septième cible – stopper l’augmentation de l’obésité chez les adultes – a été adoptée en 2013 par l’Assemblée mondiale de la Santé dans le cadre du Plan d’action mondial pour la lutte contre les maladies non transmissibles. Seuls les indicateurs relatifs au retard de croissance, à l’émaciation, à l’excès pondéral, à l’allaitement maternel exclusif et à l’insuffisance pondérale à la naissance sont présentés dans cette édition du rapport, faute de données sur l’anémie chez les femmes âgées de 15 à 49 ans et sur l’obésité chez les adultes.

Tendances mondiales et charge de la malnutrition

Les conflits, le changement climatique et les effets indirects de la pandémie de covid-19 continuent d’influer sur la malnutrition, l’insuffisance pondérale à la naissance et les pratiques telles que l’allaitement maternel exclusif. L’édition 2022 du présent rapport décrivait différentes voies par lesquelles la pandémie pouvait influer sur la nutrition de l’enfant, ainsi que les risques potentiels liés à la guerre en Ukraine. Bien que les effets des crises actuelles sur la malnutrition ne soient pas encore entièrement pris en compte dans les analyses actualisées présentées dans cette édition du rapport – soit à cause d’un manque de données, soit parce que les incidences de certains résultats nutritionnels ne se manifesteront qu’à long terme – on s’attend à ce que cette pandémie ait un impact négatif sur plusieurs formes de malnutrition à l’échelle mondiale. En outre, toutes les conséquences potentielles de la guerre en Ukraine sur la malnutrition au niveau mondial n’ont pas encore été entièrement mesurées. Les tendances mondiales s’agissant de la prévalence et du nombre absolu de personnes touchées pour les cinq indicateurs de nutrition sont résumées à la figure 12.

Figure 12 ON NOTE UNE AMÉLIORATION S’AGISSANT DU RETARD DE CROISSANCE CHEZ LES ENFANTS DE MOINS DE 5 ANS ET DE L’ALLAITEMENT MATERNEL EXCLUSIF, ET QUELQUES PROGRÈS POUR CE QUI EST DE L’ÉMACIATION, MAIS PAS D’ÉVOLUTION EN CE QUI CONCERNE L’INSUFFISANCE PONDÉRALE À LA NAISSANCE ET L’EXCÈS PONDÉRAL CHEZ LES ENFANTS DE MOINS DE 5 ANS

SOURCES: Les données relatives au retard de croissance, à l’émaciation et à l’excès pondéral sont basées sur Banque mondiale, OMS et UNICEF. 2023. Joint child malnutrition estimates – Levels and trends (2023 edition) (Estimations conjointes de la malnutrition infantile, édition 2023). [Consulté le 24 avril 2023] https://data.unicef.org/resources/jme-report-2023, www.who.int/teams/nutrition-and-food-safety/monitoring-nutritional-status-and-food-safety-and-events/joint-child-malnutrition-estimates, https://datatopics.worldbank.org/child-malnutrition; les données relatives à l’allaitement maternel exclusif sont basées sur UNICEF. 2022. Infant and young child feeding. Dans: UNICEF. [Consulté le 6 avril 2023] https://data.unicef.org/topic/nutrition/infant-and-young-child-feeding; les données relatives à l’insuffisance pondérale à la naissance sont basées sur OMS et UNICEF. 2023. Low birthweight joint estimates 2023 edition. [Consulté le 12 juillet 2023] https://data.unicef.org/topic/nutrition/low-birthweight; www.who.int/teams/nutrition-and-food-safety/monitoring-nutritional-status-and-food-safety-and-events/joint-low-birthweight-estimates. Les estimations de charge par indicateur reposent sur différents dénominateurs, notamment les enfants de moins de 5 ans pour le retard de croissance, l’émaciation et l’excès pondéral, les enfants de moins de 6 mois pour l’allaitement maternel exclusif et les naissances vivantes pour l’insuffisance pondérale à la naissance. Les données démographiques sont basées sur Division de la population de l’Organisation des Nations Unies. 2022. World Population Prospects 2022. [Consulté le 27 avril 2023] https://population.un.org/wpp
NOTES: L’émaciation est une pathologie grave qui peut évoluer rapidement et à plusieurs reprises au cours d’une année. Les estimations conjointes de la malnutrition infantile établies par la Banque mondiale, l’OMS et l’UNICEF ne sont actuellement pas corrigées des variations saisonnières qui peuvent influer sur les estimations de la prévalence de l’émaciation. Les estimations mondiales du nombre d’enfants souffrant d’émaciation reposent sur des données nationales relatives à la prévalence, qui font état des cas d’émaciation à un moment précis. De ce fait, les estimations communiquées ne correspondent pas au nombre cumulé de cas d’émaciation sur l’année.
SOURCES: Les données relatives au retard de croissance, à l’émaciation et à l’excès pondéral sont basées sur Banque mondiale, OMS et UNICEF. 2023. Joint child malnutrition estimates – Levels and trends (2023 edition) (Estimations conjointes de la malnutrition infantile, édition 2023). [Consulté le 24 avril 2023] https://data.unicef.org/resources/jme-report-2023, www.who.int/teams/nutrition-and-food-safety/monitoring-nutritional-status-and-food-safety-and-events/joint-child-malnutrition-estimates, https://datatopics.worldbank.org/child-malnutrition; les données relatives à l’allaitement maternel exclusif sont basées sur UNICEF. 2022. Infant and young child feeding. Dans: UNICEF. [Consulté le 6 avril 2023] https://data.unicef.org/topic/nutrition/infant-and-young-child-feeding; les données relatives à l’insuffisance pondérale à la naissance sont basées sur OMS et UNICEF. 2023. Low birthweight joint estimates 2023 edition. [Consulté le 12 juillet 2023] https://data.unicef.org/topic/nutrition/low-birthweight; www.who.int/teams/nutrition-and-food-safety/monitoring-nutritional-status-and-food-safety-and-events/joint-low-birthweight-estimates. Les estimations de charge par indicateur reposent sur différents dénominateurs, notamment les enfants de moins de 5 ans pour le retard de croissance, l’émaciation et l’excès pondéral, les enfants de moins de 6 mois pour l’allaitement maternel exclusif et les naissances vivantes pour l’insuffisance pondérale à la naissance. Les données démographiques sont basées sur Division de la population de l’Organisation des Nations Unies. 2022. World Population Prospects 2022. [Consulté le 27 avril 2023] https://population.un.org/wpp

L’estimation la plus récente de l’insuffisance pondérale à la naissance révèle que, en 2020, 14,7 pour cent des nouveau-nés (19,8 millions) sont venus au monde avec un faible poids (moins de 2 500 grammes), soit une baisse modeste par rapport aux 16,6 pour cent (22,1 millions) enregistrés en 2000. Les bébés qui pèsent moins de 2 500 grammes à la naissance ont environ 20 fois plus de risques de mourir prématurément que ceux qui ont un poids correct33; ceux qui survivent voient leur développement et leur santé compromis sur le long terme, et sont notamment exposés à un risque accru de présenter un retard de croissance et un quotient intellectuel plus faible et, arrivés à l’âge adulte, de souffrir d’obésité et de diabète34.

Des pratiques d’allaitement optimales, notamment l’allaitement maternel exclusif pendant les six premiers mois de la vie, sont essentielles à la survie de l’enfant ainsi qu’à sa santé et à son développement cognitif35. Au niveau mondial, le taux d’allaitement maternel exclusif des nourrissons de moins de 6 mois est passé de 37,0 pour cent (24,3 millions) en 2012 à 47,7 pour cent (31,2 millions) en 2021. Plus de la moitié des nourrissons de moins de 6 mois dans le monde ne bénéficient donc pas des bienfaits protecteurs de l’allaitement maternel exclusif.

Le retard de croissance – taille insuffisante pour l’âge considéré – est un marqueur de malnutrition chronique. Il résulte d’un ensemble de facteurs, notamment nutritionnels, qui freinent simultanément le développement physique et cognitif des enfants et augmentent le risque de décès liés à des infections courantes. Un retard de croissance et d’autres formes de dénutrition au début de la vie peuvent en outre prédisposer l’enfant au surpoids et à des maladies non transmissibles par la suite36. À l’échelle mondiale, la prévalence du retard de croissance chez les enfants de moins de 5 ans a reculé régulièrement, de 33,0 pour cent (204,2 millions) en 2000 à 22,3 pour cent (148,1 millions) en 2022 d’après les estimations.

L’émaciation est une pathologie potentiellement mortelle chez l’enfant, due à des apports en nutriments insuffisants, une mauvaise absorption des nutriments et/ou des maladies fréquentes ou prolongées. Les enfants qui en sont atteints sont dangereusement maigres, ont un système immunitaire affaibli et sont exposés à un plus grand risque de mortalité37. On note une diminution marginale de la prévalence de l’émaciation chez les enfants de moins de 5 ans entre 2000 et 2022 (de 8,7 pour cent à 6,8 pour cent). Les estimations indiquent une baisse du nombre d’enfants souffrant d’émaciation, de 54,1 millions en 2000 à 45,0 millions en 2022, mais il est important de noter qu’il s’agit d’estimations ponctuelles, qui ne correspondent pas au nombre cumulé de cas d’émaciation sur l’année. Le nombre estimé d’enfants de moins de 5 ans émaciés, fondé sur la prévalence mondiale découlant des estimations conjointes de la malnutrition infantile établies par la Banque mondiale, l’OMS et l’UNICEF, doit être considéré comme sous-estimant la charge annuelle. L’émaciation est une pathologie aiguë qui peut évoluer rapidement et avoir un caractère saisonnier dans de nombreux contextes38, 39. Pour cette raison, il est difficile de dégager et d’interpréter des tendances nationales fiables sur la durée.

L’excès pondéral et l’obésité exposent la santé des enfants à des effets immédiats et, potentiellement, à des conséquences à long terme. Les effets immédiats sont notamment des troubles respiratoires, un risque accru de fracture, une hypertension, des marqueurs précoces de maladies cardiovasculaires, une résistance à l’insuline et des répercussions psychologiques40. Les enfants touchés sont également exposés à un risque plus élevé de maladies non transmissibles plus tard dans la vie. L’excès pondéral chez l’enfant est en augmentation dans de nombreux pays, et la tendance s’accélère sous l’effet d’un manque d’activité physique de plus en plus marqué et d’un accès plus large aux produits alimentaires hautement transformés, généralement riches en calories, en graisses, en sucres libres et/ou en sel23. À l’échelle mondiale, on enregistre une progression marginale de la prévalence de l’excès pondéral chez les enfants de moins de 5 ans, de 5,3 pour cent (33,0 millions) en 2000 à 5,6 pour cent (37,0 millions) en 2022 d’après les estimations. Les coûts du surpoids et de l’obésité pour les personnes, les communautés et la société sont lourds, et en hausse à l’échelle mondiale41.

Nutrition selon les groupes de pays classés par niveau de revenu

La charge mondiale de la malnutrition varie considérablement selon le groupe de revenu des pays et selon la période. Les analyses qui suivent portent sur la répartition de la charge en fonction du dernier classement en date des pays selon le revenu.

La répartition de la charge mondiale pour cinq indicateurs de nutrition par groupe de revenu est présentée à la figure 13. La figure indique la répartition de chacun des indicateurs en 2012 et la dernière année pour laquelle des données sont disponibles, afin de montrer leur évolution dans le temps.

Figure 13 LES PAYS À FAIBLE REVENU ET LES PAYS À REVENU INTERMÉDIAIRE DE LA TRANCHE INFÉRIEURE SONT LES PLUS DUREMENT TOUCHÉS PAR LE RETARD DE CROISSANCE, L’ÉMACIATION ET L’INSUFFISANCE PONDÉRALE À LA NAISSANCE, MAIS ENREGISTRENT ÉGALEMENT LA PLUS GRANDE PROPORTION DE NOURRISSONS EXCLUSIVEMENT NOURRIS AU SEIN; LA MAJEURE PARTIE DES ENFANTS EN SURPOIDS VIVENT DANS DES PAYS À REVENU INTERMÉDIAIRE DE LA TRANCHE INFÉRIEURE OU SUPÉRIEURE

SOURCES: Les données relatives au retard de croissance, à l’émaciation et à l’excès pondéral sont basées sur Banque mondiale, OMS et UNICEF. 2023. Joint child malnutrition estimates – Levels and trends (2023 edition) (Estimations conjointes de la malnutrition infantile, édition 2023). [Consulté le 24 avril 2023] https://data.unicef.org/resources/jme-report-2023, www.who.int/teams/nutrition-and-food-safety/monitoring-nutritional-status-and-food-safety-and-events/joint-child-malnutrition-estimates, https://datatopics.worldbank.org/child-malnutrition; les données relatives à l’allaitement maternel exclusif sont basées sur UNICEF. 2022. Infant and young child feeding. Dans: UNICEF. [Consulté le 6 avril 2023] https://data.unicef.org/topic/nutrition/infant-and-young-child-feeding; les données relatives à l’insuffisance pondérale à la naissance sont basées sur OMS et UNICEF. 2023. Low birthweight joint estimates 2023 edition. [Consulté le 12 juillet 2023] https://data.unicef.org/topic/nutrition/low-birthweight; www.who.int/teams/nutrition-and-food-safety/monitoring-nutritional-status-and-food-safety-and-events/joint-low-birthweight-estimates. Les données démographiques sont basées sur Division de la population de l’Organisation des Nations Unies. 2022. World Population Prospects 2022. [Consulté le 27 avril 2023] https://population.un.org/wpp.
NOTES: n.d. = estimations non disponibles. * Les pourcentages mentionnés dans les graphiques à barres se rapportent à la proportion de la population/population touchée dans les quatre groupes de la classification des pays par niveau de revenu que la Banque mondiale a établie pour l’exercice 2023, tandis que les chiffres en millions (indiqués ci-dessous pour chaque année) correspondent aux estimations mondiales. La répartition de la population touchée est donnée par rapport au nombre total d’enfants concernés dans les quatre groupes de pays classés selon le revenu, sauf pour l’allaitement maternel exclusif; ces valeurs sont différentes des totaux mondiaux (indiqués ci-dessous pour chaque année), qui correspondent aux estimations mondiales utilisées dans le présent rapport. Pour les quatre groupes de pays classés selon le revenu, les totaux sont les suivants: retard de croissance 2012 = 177,4 millions, 2022 = 147,7 millions; émaciation 2012 = 47,7 millions, 2022 = 42,8 millions; excès pondéral 2012 = 36,9 millions, 2022 = 36,8 millions; insuffisance pondérale à la naissance 2012 = 21,6 millions, 2020 = 19,8 millions. Les chiffres ayant été arrondis, la somme des pourcentages relatifs à la répartition des enfants de moins de 5 ans (2022), à l’émaciation (2022), à l’excès pondéral (2012 et 2022) et à l’insuffisance pondérale à la naissance (2020) n’est pas égale à 100. ** Faute d’espace, la répartition des nourrissons de moins de 6 mois en 2012 et 2021 n’est pas représentée, mais elle est similaire à celle des naissances annuelles en 2020, hormis les naissances en 2012 dans les pays à revenu élevé – la proportion de nourrissons de moins de 6 mois était de 10 pour cent en 2012. *** Les estimations correspondant à l’allaitement maternel exclusif n’étant pas disponibles pour les pays à revenu élevé, la mention «n.d.» est indiquée pour la contribution de ces pays au total mondial; les totaux correspondent aux trois autres groupes de pays classés selon le revenu.
SOURCES: Les données relatives au retard de croissance, à l’émaciation et à l’excès pondéral sont basées sur Banque mondiale, OMS et UNICEF. 2023. Joint child malnutrition estimates – Levels and trends (2023 edition) (Estimations conjointes de la malnutrition infantile, édition 2023). [Consulté le 24 avril 2023] https://data.unicef.org/resources/jme-report-2023, www.who.int/teams/nutrition-and-food-safety/monitoring-nutritional-status-and-food-safety-and-events/joint-child-malnutrition-estimates, https://datatopics.worldbank.org/child-malnutrition; les données relatives à l’allaitement maternel exclusif sont basées sur UNICEF. 2022. Infant and young child feeding. Dans: UNICEF. [Consulté le 6 avril 2023] https://data.unicef.org/topic/nutrition/infant-and-young-child-feeding; les données relatives à l’insuffisance pondérale à la naissance sont basées sur OMS et UNICEF. 2023. Low birthweight joint estimates 2023 edition. [Consulté le 12 juillet 2023] https://data.unicef.org/topic/nutrition/low-birthweight; www.who.int/teams/nutrition-and-food-safety/monitoring-nutritional-status-and-food-safety-and-events/joint-low-birthweight-estimates. Les données démographiques sont basées sur Division de la population de l’Organisation des Nations Unies. 2022. World Population Prospects 2022. [Consulté le 27 avril 2023] https://population.un.org/wpp.

Les pays à faible revenu et les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure étaient les plus touchés par l’insuffisance pondérale à la naissance en 2012 comme en 2020 – 84 pour cent au total de la charge mondiale de l’insuffisance pondérale à la naissance en 2020 – alors que ces deux groupes de pays ne représentaient que 70 pour cent des naissances annuelles mondiales. Globalement, la répartition de la charge entre les groupes de pays est restée similaire entre 2012 et 2020. Les pays à faible revenu ont vu la proportion de l’insuffisance pondérale à la naissance leur revenant passer de 15 pour cent à 18 pour cent, et ont enregistré en parallèle la plus forte croissance démographique.

À l’échelle mondiale, la plus grande proportion d’enfants exclusivement nourris au sein est observée dans les pays à faible revenu et les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, et les estimations cumulées pour ces deux groupes n’ont pas évolué entre 2012 et 2021 (75 pour cent). Les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure affichent la plus grande proportion d’enfants exclusivement nourris au sein (55 pour cent), alors qu’ils ne représentent que 52 pour cent de la population cible globale. S’agissant des pays à revenu élevé, les données sur les enfants exclusivement nourris au sein étaient insuffisantes; le libellé «estimations non disponibles» a ainsi été indiqué en lieu et place de la contribution de ces pays au total mondial sur la figure 13.

Dans les pays à faible revenu, la proportion d’enfants de moins de 5 ans présentant un retard de croissance a augmenté, de 21 pour cent en 2012 à 26 pour cent en 2022, alors que la proportion d’enfants dans cette classe d’âge est passée de 14 pour cent à 17 pour cent. Pour les pays à faible revenu et les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure réunis, la proportion d’enfants présentant un retard de croissance est passée de 88 pour cent en 2012 à 90 pour cent en 2022 alors que ces deux groupes de pays ne comptaient que 64 pour cent de l’ensemble des enfants de moins de 5 ans en 2012, et 68 pour cent en 2022.

Comme dans le cas de l’insuffisance pondérale à la naissance et du retard de croissance, les pays à faible revenu et les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure sont les plus durement touchés par l’émaciation. Ces deux groupes comprenaient au total 92 pour cent des enfants émaciés de moins de 5 ans en 2012, et 94 pour cent en 2022, alors qu’ils ne représentaient que 68 pour cent de la population mondiale dans cette classe d’âge en 2022.

La proportion d’enfants en surpoids dans les pays à faible revenu et les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure réunis est passée de 49 pour cent en 2012 à 53 pour cent en 2022. Cette évolution est marginale, mais elle illustre les menaces croissantes que font peser l’excès pondéral et l’obésité sur les populations des pays les moins riches. La répartition de la charge de l’excès pondéral chez les enfants de moins de 5 ans entre les groupes de pays classés selon le revenu a peu évolué entre 2012 et 2022, les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure et ceux de la tranche supérieure ayant respectivement enregistré une légère augmentation et une faible diminution du nombre d’enfants en surpoids. La majorité des enfants en surpoids (77 pour cent) vivent dans des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure ou de la tranche supérieure.

L’analyse présentée ici indique que les pays à faible revenu et les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure comptent la majeure partie des enfants exclusivement nourris au sein. Elle montre également que ces deux groupes de pays réunis concentrent la plus grande part des cas d’insuffisance pondérale à la naissance, de retard de croissance, d’émaciation et d’excès pondéral.

Progrès accomplis quant à l’élimination de la malnutrition sous toutes ses formes d’ici à 2030

Progrès au niveau mondial

La figure 14 résume les progrès accomplis au niveau mondial au regard des cinq cibles de nutrition à l’horizon 2030 dont les indicateurs ont été actualisés. La prévalence de l’insuffisance pondérale à la naissance (14,7 pour cent en 2020) ne diminue pas assez rapidement pour que l’on puisse espérer atteindre la cible fixée pour 2030, à savoir une réduction de 30 pour cent par rapport au niveau de référence de 2012. Les données disponibles sur l’insuffisance pondérale à la naissance ne sont pas toujours de bonne qualité, notamment celles provenant des pays où la prévalence risque d’être la plus élevée: près d’un nouveau-né sur trois dans le monde n’a pas été pesé à la naissance en 2020. Pour évaluer de manière plus fiable la gravité et l’ampleur de l’insuffisance pondérale à la naissance, il faudrait disposer de données de meilleure qualité et plus représentatives.

Figure 14 POUR ATTEINDRE LES CIBLES MONDIALES DÉFINIES EN MATIÈRE DE NUTRITION À L’HORIZON 2030, IL CONVIENDRA D’ACCÉLÉRER LES ÉVOLUTIONS MONDIALES EN MATIÈRE DE RETARD DE CROISSANCE, D’ÉMACIATION, D’ALLAITEMENT MATERNEL EXCLUSIF ET D’INSUFFISANCE PONDÉRALE À LA NAISSANCE, ET D’INVERSER LA TENDANCE EN CE QUI CONCERNE L’EXCÈS PONDÉRAL CHEZ LES ENFANTS

SOURCES: Les données relatives au retard de croissance, à l’émaciation et à l’excès pondéral sont basées sur Banque mondiale, OMS et UNICEF. 2023. Joint child malnutrition estimates – Levels and trends (2023 edition) (Estimations conjointes de la malnutrition infantile, édition 2023). [Consulté le 24 avril 2023] https://data.unicef.org/resources/jme-report-2023, www.who.int/teams/nutrition-and-food-safety/monitoring-nutritional-status-and-food-safety-and-events/joint-child-malnutrition-estimates, https://datatopics.worldbank.org/child-malnutrition; les données relatives à l’allaitement maternel exclusif sont basées sur UNICEF. 2022. Infant and young child feeding. Dans: UNICEF. [Consulté le 6 avril 2023] https://data.unicef.org/topic/nutrition/infant-and-young-child-feeding; les données relatives à l’insuffisance pondérale à la naissance sont basées sur OMS et UNICEF. 2023. Low birthweight joint estimates 2023 edition. [Consulté le 12 juillet 2023] https://data.unicef.org/topic/nutrition/low-birthweight; www.who.int/teams/nutrition-and-food-safety/monitoring-nutritional-status-and-food-safety-and-events/joint-low-birthweight-estimates. Les cibles ont été reprises de: OMS et UNICEF. 2017. Methodology for monitoring progress towards the global nutrition targets for 2025 – technical report. New York (États-Unis d’Amérique) et Genève (Suisse). https://data.unicef.org/resources/methodology-for-monitoring-progress-towards-the-global-nutrition-targets-for-2025; et UNICEF et OMS. 2019. The extension of the 2025 Maternal, Infant and Young Child nutrition targets to 2030. New York (États-Unis d’Amérique) et Genève (Suisse). https://data.unicef.org/resources/who-unicef-discussion-paper-nutrition-targets
SOURCES: Les données relatives au retard de croissance, à l’émaciation et à l’excès pondéral sont basées sur Banque mondiale, OMS et UNICEF. 2023. Joint child malnutrition estimates – Levels and trends (2023 edition) (Estimations conjointes de la malnutrition infantile, édition 2023). [Consulté le 24 avril 2023] https://data.unicef.org/resources/jme-report-2023, www.who.int/teams/nutrition-and-food-safety/monitoring-nutritional-status-and-food-safety-and-events/joint-child-malnutrition-estimates, https://datatopics.worldbank.org/child-malnutrition; les données relatives à l’allaitement maternel exclusif sont basées sur UNICEF. 2022. Infant and young child feeding. Dans: UNICEF. [Consulté le 6 avril 2023] https://data.unicef.org/topic/nutrition/infant-and-young-child-feeding; les données relatives à l’insuffisance pondérale à la naissance sont basées sur OMS et UNICEF. 2023. Low birthweight joint estimates 2023 edition. [Consulté le 12 juillet 2023] https://data.unicef.org/topic/nutrition/low-birthweight; www.who.int/teams/nutrition-and-food-safety/monitoring-nutritional-status-and-food-safety-and-events/joint-low-birthweight-estimates. Les cibles ont été reprises de: OMS et UNICEF. 2017. Methodology for monitoring progress towards the global nutrition targets for 2025 – technical report. New York (États-Unis d’Amérique) et Genève (Suisse). https://data.unicef.org/resources/methodology-for-monitoring-progress-towards-the-global-nutrition-targets-for-2025; et UNICEF et OMS. 2019. The extension of the 2025 Maternal, Infant and Young Child nutrition targets to 2030. New York (États-Unis d’Amérique) et Genève (Suisse). https://data.unicef.org/resources/who-unicef-discussion-paper-nutrition-targets

La proportion de nourrissons de moins de 6 mois exclusivement nourris au sein est passée de 37,0 pour cent en 2012 à 47,7 pour cent en 2021. Bien que ce chiffre soit proche de la cible de 50 pour cent fixée pour 2025, le monde n’est pas dans les temps pour atteindre celle de 70 pour cent au moins à l’horizon 2030. Pour y parvenir, il faudrait des investissements soutenus dans des interventions efficaces visant à encourager le choix et la poursuite de l’allaitement maternel exclusif (congé de maternité rémunéré d’une durée suffisante et politiques sur le lieu de travail prévoyant un accès de proximité à des services de garde d’enfant de qualité, et des pauses et des espaces pour allaiter), ainsi qu’une plus grande protection et davantage de dispositifs favorisant l’allaitement maternel dans les situations d’urgence. La promulgation et l’application du Code international de commercialisation des substituts du lait maternel42, l’institutionnalisation de l’initiative Hôpitaux amis des bébés43 et le renforcement des activités de conseil prénatal et postnatal sur l’allaitement maternel aideront également les pays à atteindre leurs cibles individuelles.

Le retard de croissance chez les enfants de moins de 5 ans est passé de 26,3 pour cent en 2012 à 22,3 pour cent en 2022. Pour être en mesure d’atteindre la cible fixée pour 2030 (prévalence de 13,5 pour cent), il aurait fallu arriver à 18,2 pour cent en 2022. Des progrès importants ont été accomplis mais, pour obtenir des avancées plus décisives, il faudra augmenter les investissements dans des politiques et des mesures judicieuses sur le plan nutritionnel dans différents systèmes.

La prévalence mondiale de l’émaciation chez les enfants de moins de 5 ans n’a pas évolué de manière significative entre 2012 et 2022 (baisse de 7,5 pour cent à 6,8 pour cent). Le chiffre estimé pour 2022 est plus de deux fois supérieur à la cible, fixée à moins de 3 pour cent à l’horizon 2030. Ces résultats indiquent qu’il est nécessaire de mieux cibler les ressources au profit des pays les plus touchés, afin qu’ils puissent accéder aux mesures essentielles de prévention de l’émaciation chez l’enfant dans différents systèmes, notamment dans les domaines de la santé, de l’eau et de l’assainissement, de l’éducation et de la politique sociale. Pour atteindre les cibles mondiales, il faudra porter à plus grande échelle la détection précoce, les traitements optimisés, et le suivi et la fourniture de services efficaces de réduction de l’émaciation, conformément au Plan d’action mondial contre l’émaciation des enfants44.

Atteindre la cible de 3 pour cent pour l’excès pondéral chez les enfants en 2030 nécessitera d’infléchir la tendance mondiale. On note une stagnation de la prévalence de l’excès pondéral: 5,5 pour cent en 2012 et 5,6 pour cent en 2022. Pour lutter contre le surpoids et l’obésité chez les plus jeunes, il est essentiel d’opérer des investissements en vue de promouvoir efficacement et de faire adopter de bonnes habitudes, notamment des modes d’alimentation sains, de veiller à ce que les aliments riches en sucres, en sel et en graisses ne soient pas faciles d’accès et d’encourager les jeux actifs et d’autres types d’activité physique45.

Progrès au niveau régional

On trouvera dans la présente section une évaluation des progrès accomplis aux niveaux régional et sous-régional s’agissant des cibles mondiales en matière de nutrition à l’horizon 2030. L’analyse régionale et sous-régionale repose sur le taux annuel moyen de réduction46 (observé à partir des évolutions) entre la valeur de référence et l’année la plus récente de calcul de l’indicateur, comparé au taux de réduction qu’il faudrait obtenir entre 2012 et 2030 pour atteindre les cibles mondiales. Les progrès sont mesurés par rapport à l’évolution nécessaire pour porter les indicateurs aux niveaux souhaités (tableau 6). (La méthode employée est décrite à la section F de l’annexe 2.)

Tableau 6 TOUTES LES RÉGIONS ONT ENREGISTRÉ QUELQUES PROGRÈS AU REGARD DES CIBLES ÉTABLIES À L’HORIZON 2030 EN MATIÈRE DE RETARD DE CROISSANCE, D’ÉMACIATION ET D’ALLAITEMENT MATERNEL EXCLUSIF, À L’EXCEPTION DE L’OCÉANIE (HORS AUSTRALIE ET Nouvelle-Zélande)

SOURCES: Les données relatives au retard de croissance, à l’émaciation et à l’excès pondéral sont basées sur Banque mondiale, OMS et UNICEF. 2023. Joint child malnutrition estimates - Levels and trends (2023 edition) (Estimations conjointes de la malnutrition infantile, édition 2023). [Consulté le 24 avril 2023]. https://data.unicef.org/resources/jme-report-2023, www.who.int/teams/nutrition-and-food-safety/monitoring-nutritional-status-and-food-safety-and-events/joint-child-malnutrition-estimates, https://datatopics.worldbank.org/child-malnutrition; les données relatives à l’allaitement maternel exclusif sont basées sur UNICEF. 2022. Infant and young child feeding. Dans: UNICEF. [Consulté le 6 avril 2023]. https://data.unicef.org/topic/nutrition/infant-and-young-child-feeding; les données relatives à l’insuffisance pondérale à la naissance sont basées sur OMS et UNICEF. 2023. Low birthweight joint estimates 2023 edition. [Consulté le 12 juillet 2023]. https://data.unicef.org/topic/nutrition/low-birthweight; www.who.int/teams/nutrition-and-food-safety/monitoring-nutritional-status-and-food-safety-and-events/joint-low-birthweight-estimates. Les cibles ont été reprises de: OMS et UNICEF. 2017. Methodology for monitoring progress towards the global nutrition targets for 2025 – technical report. New York (États-Unis d’Amérique) et Genève (Suisse). https://data.unicef.org/resources/methodology-for-monitoring-progress-towards-the-global-nutrition-targets-for-2025; et UNICEF et OMS. 2019. The extension of the 2025 Maternal, Infant and Young Child nutrition targets to 2030. New York (États-Unis d’Amérique) et Genève (Suisse). https://data.unicef.org/resources/who-unicef-discussion-paper-nutrition-targets
NOTES: Des informations détaillées sur la méthode employée pour évaluer les progrès sont communiquées à la section F de l’annexe 2; la mention n.d. signale une couverture de la population inférieure à 50 pour cent. * En ce qui concerne l’Amérique du Nord et l’Europe réunies, la limite inférieure de l’intervalle de confiance était de 3,1 pour cent pour le retard de croissance en 2022, limite qui devrait passer sous la barre des 3 pour cent d’ici à 2030; ces régions ont donc été considérées comme étant «sur la bonne voie».
SOURCES: Les données relatives au retard de croissance, à l’émaciation et à l’excès pondéral sont basées sur Banque mondiale, OMS et UNICEF. 2023. Joint child malnutrition estimates - Levels and trends (2023 edition) (Estimations conjointes de la malnutrition infantile, édition 2023). [Consulté le 24 avril 2023]. https://data.unicef.org/resources/jme-report-2023, www.who.int/teams/nutrition-and-food-safety/monitoring-nutritional-status-and-food-safety-and-events/joint-child-malnutrition-estimates, https://datatopics.worldbank.org/child-malnutrition; les données relatives à l’allaitement maternel exclusif sont basées sur UNICEF. 2022. Infant and young child feeding. Dans: UNICEF. [Consulté le 6 avril 2023]. https://data.unicef.org/topic/nutrition/infant-and-young-child-feeding; les données relatives à l’insuffisance pondérale à la naissance sont basées sur OMS et UNICEF. 2023. Low birthweight joint estimates 2023 edition. [Consulté le 12 juillet 2023]. https://data.unicef.org/topic/nutrition/low-birthweight; www.who.int/teams/nutrition-and-food-safety/monitoring-nutritional-status-and-food-safety-and-events/joint-low-birthweight-estimates. Les cibles ont été reprises de: OMS et UNICEF. 2017. Methodology for monitoring progress towards the global nutrition targets for 2025 – technical report. New York (États-Unis d’Amérique) et Genève (Suisse). https://data.unicef.org/resources/methodology-for-monitoring-progress-towards-the-global-nutrition-targets-for-2025; et UNICEF et OMS. 2019. The extension of the 2025 Maternal, Infant and Young Child nutrition targets to 2030. New York (États-Unis d’Amérique) et Genève (Suisse). https://data.unicef.org/resources/who-unicef-discussion-paper-nutrition-targets

S’agissant de l’insuffisance pondérale à la naissance, aucune région n’est en passe d’atteindre les cibles fixées pour 2030; à l’échelle mondiale, on constate un retard (aucun progrès ou aggravation). Seule l’Afrique a enregistré une avancée, toutefois modeste (en retard – quelques progrès), tandis que les autres régions n’ont pas progressé (en retard – aucun progrès ou aggravation) au regard de la cible de réduction de 30 pour cent de la prévalence de l’insuffisance pondérale à la naissance. L’Afrique est certes l’une des deux régions où la prévalence de l’insuffisance pondérale à la naissance est la plus élevée, mais elle est celle qui obtient quelques progrès (dans trois de ses cinq sous-régions).

Au niveau mondial, on constate une amélioration (en retard – quelques progrès) s’agissant de la cible à l’horizon 2030 pour l’allaitement maternel exclusif. Au niveau régional, la situation s’est un peu améliorée en Afrique, en Amérique latine et dans les Caraïbes ainsi qu’en Asie (en retard – quelques progrès). Des améliorations notables ont été constatées en Afrique de l’Est et en Asie du Sud, qui sont toutes les deux sur la bonne voie pour atteindre leurs cibles. Les sous-régions qui n’affichent aucune amélioration (en retard – aucun progrès ou aggravation) comprennent les Caraïbes, l’Océanie (hors Australie et Nouvelle-Zélande), l’Amérique du Nord et l’Asie de l’Ouest. Les sous-régions pour lesquelles on ne dispose pas de données suffisantes (évaluation impossible) comprennent l’Afrique australe, l’Afrique du Nord, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, et l’Europe.

Les estimations au niveau mondial montrent une amélioration (en retard – quelques progrès) s’agissant de la cible de réduction du retard de croissance. L’Amérique du Nord et l’Europe sont sur la bonne voie. Dans toutes les autres régions, à l’exception de l’Océanie (hors Australie et Nouvelle-Zélande), la situation s’est un peu améliorée (en retard – quelques progrès). Les sous-régions considérées comme étant sur la bonne voie comprennent l’Amérique du Nord, l’Asie centrale, l’Asie de l’Est, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, et l’Europe. Les autres sous-régions progressent un peu, à l’exception de l’Afrique australe et de l’Afrique centrale.

Concernant l’émaciation, on note une amélioration au niveau mondial (en retard – quelques progrès), et la région Amérique latine et Caraïbes est sur la bonne voie pour atteindre la cible fixée pour 2030. Parmi les sous-régions, l’Amérique centrale, l’Amérique du Nord, l’Amérique du Sud, l’Asie centrale, l’Asie de l’Est et les Caraïbes sont sur la bonne voie. En Afrique et en Asie, on observe une amélioration (en retard – quelques progrès) dans les régions qui affichent la plus forte prévalence de cette dangereuse pathologie.

Aucune évolution au regard de la cible de réduction de l’excès pondéral chez les enfants d’ici à 2030 n’est observée à l’échelle mondiale (en retard – aucun progrès). La prévalence de l’excès pondéral augmente en Asie, en Australie et en Nouvelle-Zélande, en Amérique latine et dans les Caraïbes, et en Océanie (hors Australie et Nouvelle-Zélande). La situation est un peu meilleure en Afrique; la région est encore en retard (aucun progrès), mais fait état d’une réduction marginale de l’excès pondéral chez les enfants de moins de 5 ans.

On note de grandes avancées dans la promotion de l’allaitement maternel exclusif et la diminution du retard de croissance, mais les résultats varient selon les régions. La malnutrition sous toutes ses formes touche toutes les régions, et pourrait être sous-estimée en raison de divers facteurs, comme nous l’avons mentionné en début de section. Des actions plus résolues et plus concertées seront nécessaires pour atteindre les cibles mondiales définies en matière de nutrition à l’horizon 2030, et éviter des revers à l’échelle de la planète. Il conviendra d’accélérer les évolutions mondiales en matière de retard de croissance, d’émaciation, d’allaitement maternel exclusif et d’insuffisance pondérale à la naissance, et d’inverser la tendance en ce qui concerne l’excès pondéral chez les enfants.

Différences entre les zones urbaines et les zones rurales au regard des indicateurs de nutrition

Par le passé, les enfants vivant en milieu urbain jouissaient de l’avantage d’être nettement mieux nourris que ceux des zones rurales47. Les revenus plus élevés, l’accès plus facile à la nourriture et la plus grande disponibilité des aliments, autant d’avantages qui découlaient du fait d’habiter en zone urbaine, leur permettaient d’avoir une alimentation plus régulière et plus diversifiée, et de bénéficier de services de santé, d’une eau potable et d’installations d’assainissement. Cependant, du fait de l’urbanisation continue et de l’accroissement rapide des populations urbaines pauvres, un plus grand nombre de personnes dépend maintenant des aliments les plus faciles à se procurer et les moins chers, qui sont souvent peu nutritifs ou peu conformes aux règles d’hygiène, ce qui augmente le risque de malnutrition.

Les populations rurales sont souvent tributaires de l’agriculture pour leur subsistance. C’est également dans les pays agricoles, ou dans les territoires agricoles au sein des pays, que l’on trouve généralement les populations les plus pauvres. De ce fait, lorsque d’autres possibilités d’emploi se présentent, les personnes ont tendance à abandonner les activités agricoles mal rémunérées, ce qui accentue le paradoxe selon lequel, dans les régions agricoles, la population (notamment les enfants) est davantage exposée à la malnutrition48. En effet, il a été démontré que la proximité de zones de production agroalimentaire n’était pas corrélée à une alimentation plus saine pour les enfants. Le rapport 2022 sur la pauvreté alimentaire des enfants a fait état d’une prévalence plus élevée de la pauvreté alimentaire grave (consommation d’aliments provenant d’un ou deux groupes d’aliments seulement chaque jour) chez les enfants vivant en milieu rural49.

Les différences entre les zones urbaines et les zones rurales s’agissant du retard de croissance et de l’émaciation sont dues en partie aux disparités dans l’accès aux soins de santé, à l’eau, à l’assainissement et à un environnement conforme aux règles d’hygiène50. La mise en œuvre d’interventions de santé publique majeures le long du continuum des soins, au moyen des services assurés par les établissements de santé de première ligne, contribue à l’amélioration de la santé et de l’état nutritionnel des enfants et des mères. L’amélioration des pratiques d’assainissement et d’hygiène peut contribuer de manière notable à rompre le cycle des maladies infectieuses et de la dénutrition.

Depuis 2000 et la transition nutritionnelle des populations urbaines, les maladies non transmissibles liées à la nutrition – obésité, diabète et hypertension, notamment – ont entraîné plus de décès ou de handicaps que la dénutrition51. À l’échelle mondiale, la même transition est observée dans les populations rurales qui, à certains endroits, présentent une prévalence de l’excès pondéral et de l’obésité supérieure à celle des zones urbaines52. Les programmes inachevés en matière de réduction du retard de croissance, de l’émaciation et des carences en micronutriments, ainsi que les taux croissants d’excès pondéral et d’obésité, montrent la gageure que constitue aujourd’hui la lutte contre les différentes formes de malnutrition. La malnutrition, sous toutes ses formes, est liée à la qualité médiocre de l’alimentation, à la propagation d’aliments peu onéreux de faible valeur nutritive et à la disponibilité croissante d’aliments hautement transformés dans les zones rurales53, 54.

La figure 15 présente la prévalence de quatre indicateurs de nutrition dans les zones rurales et les zones urbaines.

Figure 15 LA PRÉVALENCE DU RETARD DE CROISSANCE ET DE L’ÉMACIATION EST PLUS ÉLEVÉE DANS LES ZONES RURALES QUE DANS LES ZONES URBAINES, MAIS L’EXCÈS PONDÉRAL EST PLUS COURANT EN MILIEU URBAIN

SOURCES: Les données relatives au retard de croissance, à l’émaciation et à l’excès pondéral sont basées sur Banque mondiale, OMS et UNICEF. 2023. Joint child malnutrition estimates – Levels and trends (2023 edition) (Estimations conjointes de la malnutrition infantile, édition 2023). [Consulté le 24 avril 2023] https://data.unicef.org/resources/jme-report-2023, www.who.int/teams/nutrition-and-food-safety/monitoring-nutritional-status-and-food-safety-and-events/joint-child-malnutrition-estimates, https://datatopics.worldbank.org/child-malnutrition; les données relatives à l’allaitement maternel exclusif sont basées sur UNICEF. 2022. Infant and young child feeding. Dans: UNICEF. [Consulté le 6 avril 2023] https://data.unicef.org/topic/nutrition/infant-and-young-child-feeding. Les données démographiques sont basées sur Division de la population de l’Organisation des Nations Unies. 2022. World Population Prospects 2022. [Consulté le 27 avril 2023] https://population.un.org/wpp. Les données relatives aux zones rurales/urbaines sont basées sur Division de la population de l’Organisation des Nations Unies. 2018. World Urbanization Prospects 2018. [Consulté le 27 avril 2023] https://population.un.org/wup
NOTES: Les estimations régionales correspondant aux zones urbaines et aux zones rurales présentées ici reposent sur une analyse pondérée par la population d’un sous-ensemble de pays pour lequel on dispose de données ventilées relatives au lieu de résidence, établies à partir des dernières données disponibles issues d’enquêtes nationales menées entre 2015 et 2021 pour l’allaitement maternel exclusif et entre 2016 et 2022 pour le retard de croissance, l’émaciation et l’excès pondéral. * Les régions pour lesquelles les estimations couvrent moins de 50 pour cent de la population ne sont pas considérées comme représentatives; leurs résultats n’ont donc pas été pris en compte. ** Dans les estimations relatives aux zones urbaines en Asie, le retard de croissance et l’émaciation reposent sur des données couvrant 49 pour cent de la population. *** Amérique latine et Caraïbes, hors Brésil.
SOURCES: Les données relatives au retard de croissance, à l’émaciation et à l’excès pondéral sont basées sur Banque mondiale, OMS et UNICEF. 2023. Joint child malnutrition estimates – Levels and trends (2023 edition) (Estimations conjointes de la malnutrition infantile, édition 2023). [Consulté le 24 avril 2023] https://data.unicef.org/resources/jme-report-2023, www.who.int/teams/nutrition-and-food-safety/monitoring-nutritional-status-and-food-safety-and-events/joint-child-malnutrition-estimates, https://datatopics.worldbank.org/child-malnutrition; les données relatives à l’allaitement maternel exclusif sont basées sur UNICEF. 2022. Infant and young child feeding. Dans: UNICEF. [Consulté le 6 avril 2023] https://data.unicef.org/topic/nutrition/infant-and-young-child-feeding. Les données démographiques sont basées sur Division de la population de l’Organisation des Nations Unies. 2022. World Population Prospects 2022. [Consulté le 27 avril 2023] https://population.un.org/wpp. Les données relatives aux zones rurales/urbaines sont basées sur Division de la population de l’Organisation des Nations Unies. 2018. World Urbanization Prospects 2018. [Consulté le 27 avril 2023] https://population.un.org/wup

Les définitions des termes «lieu de résidence urbain» et «lieu de résidence rural» utilisés dans l’analyse reposent sur les définitions nationales figurant dans les cadres directeurs d’échantillonnage nationaux utilisés pour produire les échantillons des enquêtesj. Les critères appliqués se rapportent généralement à la taille de la population, à l’éventail d’activités économiques exercées, à l’éventuelle fonction administrative assignée à la zone, ou à une combinaison de ces caractéristiques. Pour plus d’informations sur la classification des zones rurales et des zones urbaines, voir l’encadré 3, au chapitre 3.

En Asie, le taux d’allaitement maternel exclusif est nettement plus élevé dans les zones rurales (58,6 pour cent) que dans les zones urbaines (50,2 pour cent). Aucune différence significative n’a été observée selon le lieu de résidence en Afrique, en Amérique latine et dans les Caraïbes, ni en Océanie (hors Australie et Nouvelle-Zélande). À l’échelle mondiale, le taux d’allaitement maternel exclusif est plus élevé dans les zones rurales (53,9 pour cent) que dans les zones urbaines (45,3 pour cent); les différences sont à la limite de la signification statistique, mais indiquent clairement l’importance, d’un point de vue de santé publique, de l’allaitement maternel exclusif pour les millions d’enfants qui en bénéficient.

S’agissant du retard de croissance, on constate des différences majeures entre les zones rurales et les zones urbaines au niveau mondial et dans trois des cinq régions. En Afrique, en Amérique latine et dans les Caraïbes ainsi qu’en Asie, la prévalence dans les zones rurales est supérieure de 9 à 15 points à celle observée dans les zones urbaines. À l’échelle mondiale, la prévalence est plus élevée dans les zones rurales (35,8 pour cent) que dans les zones urbaines (22,4 pour cent).

Concernant l’émaciation, la répartition est similaire: la prévalence mondiale est nettement plus importante dans les zones rurales (10,5 pour cent) que dans les zones urbaines (7,7 pour cent). En Asie, on remarque une différence notable entre les zones rurales (14,3 pour cent) et les zones urbaines (11,8 pour cent). Aucune différence de cet ordre n’a été constatée en Afrique ni en Amérique latine et dans les Caraïbes.

S’agissant de l’excès pondéral chez l’enfant, les différences légères, mais significatives, selon le lieu de résidence (rural ou urbain) envoient un signal important. En Asie et dans le monde entier, la prévalence dans les zones urbaines (5,3 pour cent et 5,4 pour cent, respectivement) est supérieure de près de deux points à celle enregistrée dans les zones rurales (3,5 pour cent en Asie et dans le monde entier). La prévalence régionale la plus élevée en 2022 était celle observée chez les enfants résidant en milieu urbain en Amérique latine et dans les Caraïbes (9,1 pour cent). Les derniers résultats n’étaient pas disponibles dans la plupart des sous-régions urbanisées, notamment l’Australie et la Nouvelle-Zélande, l’Europe et l’Amérique du Nord.

Les résultats de ces analyses permettent de cerner les groupes de population vulnérables, et apportent ainsi des éléments probants à l’appui de la prise de décision et de la mise en place d’interventions efficaces, par un ciblage et une conception appropriés des politiques et des programmes. Une nutrition saine est une condition essentielle à la réalisation des objectifs de développement durable; elle doit être au cœur des politiques publiques et être appuyée par les principales parties prenantes, notamment la société civile et le secteur privé.

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