1. 1 La valeur des systèmes agroalimentaires ne fait aucun doute. Les systèmes agroalimentaires nourrissent les populations, soutiennent les économies et façonnent les identités culturelles. Mais il faut aussi considérer les coûts cachés environnementaux, sociaux et sanitaires qui leur sont liés.
  2. 2 La comptabilisation du coût complet (CCC) permet précisément d’évaluer les coûts cachés qui ont pour origine les défaillances des marchés, des politiques et des institutions. Elle fournit aux décideurs les données dont ils ont besoin pour corriger ces défaillances et transformer les systèmes agroalimentaires de manière à les améliorer.
  3. 3 La comptabilisation du coût complet mise au service de la prise de décision repose sur une longue tradition d’évaluations économiques mais le manque de données de qualité, tant en ce qui concerne les coûts cachés que le coût des mesures à prendre, en limite souvent l’application.
  4. 4 Le présent rapport propose un processus d’évaluation en deux phases, qui prend appui dans un premier temps sur des évaluations au niveau national fondées sur la comptabilisation du coût complet et dont le but est de sensibiliser (présente édition) et qui, dans un deuxième temps, passe à des évaluations ciblées approfondies dont le but est de hiérarchiser les solutions et de guider les mesures de transformation (édition 2024).
  5. 5 La présente édition est une première tentative d’évaluation au niveau national, réalisée pour 154 pays. Malgré un degré d’incertitude élevé, et même si certains impacts ont été exclus, on peut affirmer avec une très grande confiance que les coûts cachés quantifiés des systèmes agroalimentaires représentent, au niveau mondial, au moins 10 000 milliards d’USD en parité de pouvoir d’achat (PPA) de 2020, ce qui souligne l’urgente nécessité de prendre ces coûts en considération dans le processus décisionnel, en vue de transformer les systèmes agroalimentaires.
  6. 6 Au niveau mondial, les coûts cachés quantifiés qui dominent sont ceux qui ont pour cause des modes d’alimentation conduisant à des maladies et à une baisse de la productivité de la main d’œuvre. Ces coûts, d’ordre sanitaire, varient considérablement d’un pays à l’autre, mais sont surtout marqués dans les pays à revenu élevé et les pays à revenu intermédiaire.
  7. 7 Les coûts cachés environnementaux, qui pourtant ne sont pas tous pris en considération, constituent plus de 20 pour cent des coûts cachés quantifiés et représentent près du tiers de la valeur ajoutée agricole. Ils sont liés principalement aux émissions d’azote et de gaz à effet de serre et concernent tous les pays, quel que soit leur niveau de revenu.
  8. 8 On constate que les coûts cachés pèsent davantage dans les pays à faible revenu, où, d’après les estimations, ils s’élèvent en moyenne à 27 pour cent du produit intérieur brut, contre 11 pour cent dans les pays à revenu intermédiaire et 8 pour cent dans les pays à revenu élevé.
  9. 9 La lutte contre la pauvreté et la sous-alimentation demeure une priorité pour les pays à faible revenu car, dans ces pays, ces deux fléaux représentent la moitié environ du total des coûts cachés quantifiés.
  10. 10 Les nouvelles estimations réalisées au niveau national sont une première étape vers une prise de conscience, même si elles sont incomplètes et si elles présentent un degré d’incertitude élevé. Les évaluations ciblées fondées sur une approche CCC prenant aussi en considération le coût des différentes mesures de réduction – objet de l’édition de l’an prochain – sont nécessaires car elles aideront les décideurs à mettre en œuvre les leviers que sont les politiques, la règlementation, les normes et le capital privé, pour assurer la transition vers des systèmes agroalimentaires durables.
  11. 11 Pour développer les évaluations fondées sur l’approche CCC, et appliquer plus largement la comptabilisation du coût complet, il faudra innover dans la recherche et les données et investir dans la collecte de données et le renforcement des capacités, en particulier dans les pays à faible revenu et les pays à revenu intermédiaire, afin que cette approche devienne un outil viable qui puisse être utilisé de manière transparente et cohérente pour la prise de décision et l’élaboration des politiques.
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