Le présent rapport traite du rôle de l’automatisation dans la production agricole primaire (cultures, élevage, forêts, pêche et aquaculture). Plus largement, au niveau des systèmes agroalimentaires, il s’intéresse aussi à l’automatisation en aval de la chaîne de valeur, à proximité de la production primaire, par exemple à la manutention et à la transformation après récolte au sein des exploitations agricoles; l’analyse est toutefois centrée sur l’étape primaire. Le champ d’étude est limité à la production primaire et aux premiers maillons de la chaîne de valeur, sur la base de deux postulats. Premièrement, l’automatisation de la production primaire et d’autres activités agricoles est essentielle si l’on veut atteindre divers ODD liés à l’amélioration de la sécurité alimentaire et de la nutrition, à la réduction de la pauvreté (rurale) et au renforcement de la durabilité environnementale. Face à la multiplication des chocs et des facteurs de stress, l’automatisation agricole peut également contribuer à créer des moyens de subsistance ruraux résilients. En outre, elle peut permettre de garantir des conditions de travail plus sûres pour les producteurs et les travailleurs agricoles. Deuxièmement, bien qu’il soit reconnu dans le présent rapport que l’automatisation de l’agriculture n’intervient pas de manière isolée en dehors des processus de transformation similaires concernant d’autres composantes des systèmes agroalimentaires, une analyse approfondie des moteurs et des incidences de l’automatisation, au-delà de la production primaire, serait trop complexe et ardue pour faire l’objet d’une seule édition de ce rapport.
Les auteurs s’interrogent donc sur la manière dont l’adoption de l’automatisation, dans l’agriculture et aux premiers maillons de la chaîne d’approvisionnement alimentaire, peut appuyer des hausses de productivité durables et inclusives dans le secteur agricole et les systèmes agroalimentaires au sens large, et contribuer à la réalisation des ODD. Ils s’intéressent en particulier à la manière de lever les obstacles à l’adoption et de faire en sorte que les changements apportés par l’automatisation soient plus inclusifs et mieux alignés sur les objectifs de réduction de la pauvreté et d’amélioration de la sécurité alimentaire, de la nutrition et de la durabilité environnementale.
Ils s’efforcent de répondre aux questions suivantes:
- Quels sont les moteurs qui favorisent l’adoption de l’automatisation dans le secteur agricole, et les obstacles à cette adoption, en particulier dans les pays à faible revenu et les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure?
- Quels sont les gains d’efficience qui justifient l’automatisation d’un point de vue économique?
- Comment l’automatisation peut-elle être adaptée aux besoins des divers petits producteurs, en particulier des femmes et des jeunes?
- Quelles sont les incidences probables de l’automatisation sur la main-d’œuvre, l’emploi décent et l’inclusion?
- Comment l’automatisation peut-elle faciliter la durabilité environnementale et la résilience face aux chocs et aux facteurs de stress?
Le rapport s’appuie sur les éléments factuels issus de 27 études de cas concernant les technologies du spectre de l’automatisation présenté à la figure 2, à différentes échelles de production (petite, moyenne, grande) et dans différents secteurs (cultures, élevage, aquaculture, agroforesterie). Ces études de cas portent sur différents types de prestataires de services, notamment des entreprises privées, des organisations à but non lucratif et des associations de producteurs de toutes les régions du monde. Le tableau 1 résume le champ couvert par ces études s’agissant des technologies utilisées, des échelles d’activité des producteurs et des systèmes de production. L’annexe 1 comprend une description sommaire de chaque étude de cas; on trouvera une description plus détaillée dans les deux études techniques commandées62, 63. Le rapport se fonde également sur quatre autres documents de référence qui résument les éléments factuels issus de la littérature et des données disponibles20, 64, 65, 66. Pour les domaines non traités dans les documents commandés ni les études de cas, tels que les forêts ou la mécanisation à petite échelle, le rapport fait appel à des cas présentés dans la littérature, ainsi qu’à des données d’enquête issues du Système d’information sur les moyens d’existence ruraux (RuLIS) de la FAO et de l’Étude sur la mesure des niveaux de vie (LSMS) de la Banque mondiale.
TABLEAU 1NOMBRE D’ÉTUDES DE CAS PAR ÉCHELLE DE PRODUCTION, NIVEAU D’AUTOMATISATION ET SECTEUR

SOURCE: Tableau élaboré par la FAO pour le présent rapport.
Telles qu’elles sont réparties, ces études de cas offrent une vision représentative des principales difficultés, possibilités et conséquences potentielles de l’adoption de l’automatisation dans différents contextes. Elles sont liées, entre autres: i) au coût (prix d’achat ou coût d’exploitation) de la mise en œuvre, qui fait que l’adoption de l’automatisation peut ne pas être rentable pour certains; ii) aux connaissances et aux capacités, par exemple des producteurs (qui peuvent manquer de compétences numériques ou ne pas savoir utiliser certains appareils automatisés), des jeunes ou d’autres parties prenantes; iii) à la disponibilité de l’infrastructure nécessaire en matière de gestion des données et de technologies de l’information pour acquérir, traiter et partager les données voulues; iv) à l’accessibilité de la maintenance technique et de l’entretien, lorsqu’il s’agit de réparer le matériel et de fournir une aide à la maintenance; v) à la santé et à la sécurité (car l’automatisation peut réduire considérablement la pénibilité, mais aussi accroître les menaces à la cybersécurité et augmenter le risque d’accidents du travail); vi) aux améliorations potentielles et aux enjeux de la durabilité et de l’environnement, y compris en matière d’utilisation de l’énergie; et vii) au rôle favorable ou défavorable que peuvent jouer la culture et la tradition dans l’adoption de l’automatisation.
Le reste du rapport est organisé comme suit. Le chapitre 2 donne un aperçu des technologies d’automatisation de l’agriculture et évoque les divers moteurs et évolutions de l’adoption de l’automatisation, ainsi que la manière dont ils diffèrent d’une région à l’autre. Il porte sur la manière dont les technologies d’automatisation numérique complètent ou remplacent les anciennes machines motorisées, et présente le potentiel des solutions numériques pour l’agriculture non mécanisée. Le chapitre 3 propose une analyse de la rentabilité des technologies d’automatisation agricole, mettant en lumière les défis auxquels sont confrontés les producteurs et les prestataires de services. Il montre comment les politiques, la législation et les investissements peuvent jouer un rôle d’incitation à titre privé, et s’interroge sur les moyens de lever les obstacles à l’adoption, d’adapter les solutions d’automatisation aux besoins locaux et d’exploiter le matériel numérique pour améliorer la durabilité environnementale. Le chapitre 4 est axé sur les conséquences – à la fois positives et négatives – de l’automatisation agricole sur l’emploi décent et la demande de main-d’œuvre, l’accent étant mis en particulier sur les groupes vulnérables tels que les femmes et les jeunes. Le chapitre 5 conclut le rapport en présentant une feuille de route en matière de politiques, de législation et d’investissements en vue de lever les obstacles à l’adoption et de faire en sorte que l’automatisation de l’agriculture contribue à des systèmes agroalimentaires efficaces, productifs, durables, résilients et inclusifs. Il énumère, par ailleurs, les éventuels compromis qu’il faudra trouver entre ces différents objectifs et évalue de quelle manière les pays devraient hiérarchiser leurs actions en fonction de leur niveau de développement économique, de leurs institutions et des objectifs de leurs décideurs publics.