Situation générale de la production et tendances
La production mondiale de l’aquaculture a poursuivi sa croissance en 2020 malgré la pandémie mondiale de covid-19 (voir la section intitulée «Pandémie de covid-19, une crise comme nulle autre», et l’encadré 2), avec toutefois des différences selon les régions et les pays producteurs au sein de chaque région. La production totale de l’aquaculture était constituée en 2020 de 87,5 millions de tonnes d’animaux d’origine aquatique, principalement destinés à l’alimentation humaine, 35,1 millions de tonnes d’algues10 pour des usages alimentaires et non alimentaires, 700 tonnes de coquillages et de perles d’ornement, pour un total de 122,6 millions de tonnes en poids vif (figure 13), soit une augmentation de 6,7 millions de tonnes par rapport à 2018 (115,9 millions de tonnes). La valeur totale au niveau de l’exploitation a été estimée à 281,5 milliards d’USD en 2020, soit une augmentation de 18,5 milliards d’USD depuis 2018 et de 6,7 milliards d’USD depuis 2019.
Figure 13Production aquacole mondiale, 1991-2020
La production aquacole mondiale d’espèces animales a progressé de 2,7 pour cent en 2020 par rapport à 2019, ce qui constitue le plus faible taux de croissance annuel depuis plus de 40 ans. Cependant, l’augmentation nette de 2,3 millions de tonnes sur la même période est comparable à celle qui a été enregistrée lors de certaines années de la dernière décennie. La production piscicole est restée stable, avec des fluctuations minimes autour de 66 pour cent environ de la production aquacole mondiale, soit la part la plus importante depuis des décennies. Elle a atteint 57,5 millions de tonnes (146,1 milliards d’USD) en 2020 – 49,1 millions de tonnes (109,8 milliards d’USD) pour l’aquaculture continentale et 8,3 millions de tonnes (36,2 milliards d’USD) pour la mariculture et l’aquaculture côtière. La production des autres espèces d’animaux aquatiques d’élevage s’est chiffrée à 17,7 millions de tonnes de mollusques (29,8 milliards d’USD) – principalement des bivalves –, 11,2 millions de tonnes de crustacés (81,5 milliards d’USD), 525 000 tonnes d’invertébrés aquatiques (2,5 milliards d’USD) et 537 000 tonnes d’espèces semi-aquatiques (5 milliards d’USD) – notamment des tortues et des grenouilles.
La phycoculture mondiale, dominée par les macroalgues marines, a progressé d’un demi-million de tonnes en 2020, soit une augmentation de 1,4 pour cent par rapport aux 34,6 millions de tonnes de 2019. Certains des plus grands pays producteurs, dont la Chine et le Japon, ont connu une croissance en 2020, tandis que l’Asie du Sud-Est et la République de Corée ont vu leur production diminuer.
À l’échelle régionale, la production annuelle de l’aquaculture africaine (à l’exclusion des algues) a subi une légère contraction (repli de 1,2 pour cent en 2020 par rapport à 2019), due essentiellement à la baisse de la production en Égypte, qui est le principal producteur d’Afrique. Au Nigéria, premier producteur de l’Afrique subsaharienne, la tendance à la baisse enregistrée depuis 2016 s’est aggravée en 2020, avec un net recul de 9,6 pour cent. Dans le reste de l’Afrique, l’aquaculture a bénéficié d’une croissance à deux chiffres (14,5 pour cent), et a atteint 396 700 tonnes en 2020, contre 346 400 tonnes en 2019. Toutes les autres régions ont connu une croissance continue en 2020. Le Chili, la Chine et la Norvège – les principaux producteurs des régions Amériques, Asie et Europe, respectivement – ont tous affiché une croissance en 2020, ce qui a compensé la diminution de la production dans certains pays de ces régions.
Sur la période 1990-2020, la production annuelle totale de l’aquaculture mondiale a augmenté de 609 pour cent, affichant un taux de croissance annuel moyen de 6,7 pour cent. Le taux de croissance annuel moyen a graduellement diminué, passant de 9,5 pour cent sur la période 1990-2000 à 4,6 pour cent sur la période 2010-2020. Il a encore chuté pour s’établir à 3,3 pour cent par an au cours des dernières années (2015-2020). Parallèlement au taux de croissance en baisse en valeur relative, il est important de noter l’augmentation nette de la production mondiale en valeur absolue sur les trois décennies. La croissance de l’aquaculture mondiale est présentée plus en détail dans le tableau 6.
TABLEAU 6PRODUCTION ET CROISSANCE DE L’AQUACULTURE MONDIALE
Le secteur de l’aquaculture a évolué différemment selon les régions. En Asie, qui est la principale région productrice, les pays avec la plus grande production aquacole ont enregistré une progression relativement stable sur la période 1990-2020, malgré des taux de croissance en baisse. Les autres régions ont connu une croissance relativement fluctuante sur la même période, parfois négative certaines années (figure 14).
Figure 14Taux annuel de croissance de la production aquacole d’animaux aquatiques par continent, 1990-2020
Source des données sur l’aquaculture utilisées pour l’analyse
Comme dans les éditions précédentes, l’analyse de la situation et des tendances relatives au développement de l’aquaculture s’appuie, bien que non exclusivement, sur les données de la FAO relatives à la production aquacole mondiale pour la période 1950-2020 publiées en mars 2022, lesquelles ont été ajustées pour certaines années passées et certains pays conformément aux pratiques standard en matière de statistique. Ces ajustements rétroactifs concernent des pays pour lesquels on ne dispose que de peu de données, mais n’ont pas d’incidence sur les conclusions aux niveaux mondial et régional exposées dans La situation mondiale des pêches et de l’aquaculture 2020.
Par exemple, les données de la FAO du secteur de l’aquaculture sur les espèces animales d’élevage couvraient 207 pays et territoires en 2020, et comprenaient pour 122 d’entre eux (59 pour cent) des données nationales communiquées par des sources officielles, ou recueillies auprès de celles-ci. Toutefois, la production totale de ces pays se chiffrait à plus de 85,4 millions de tonnes, soit 97,6 pour cent de la production mondiale en 2020. Au niveau des espèces ou des groupes d’espèces, pour pouvoir distinguer l’aquaculture continentale de l’aquaculture côtière et prendre en compte le type d’eau utilisé, la FAO a corrigé des omissions dans les renseignements statistiques lorsque les données officielles étaient sujettes à caution ou disponibles sous une forme extrêmement agrégée, conformément aux normes internationales en matière de classification et d’identification.
Sur les 61 pays et territoires producteurs qui déclarent des activités de phycoculture, la FAO a recueilli des données officielles sur la production auprès de 36 d’entre eux; leur production combinée était de 34,7 millions de tonnes, soit 98 pour cent de la production mondiale en 2020.
Répartition de la production et principaux producteurs
L’Asie domine très largement l’aquaculture mondiale depuis des décennies, et a produit 91,6 pour cent des animaux d’origine aquatique et des algues en 2020. Le développement de l’aquaculture varie toutefois fortement d’un pays à l’autre dans cette région. Des pays comme la Mongolie, le Timor-Leste et certains pays d’Asie centrale et d’Asie de l’Ouest doivent accélérer le développement de leur aquaculture pour en exploiter pleinement le potentiel.
On ne note aucune amélioration notable depuis des décennies au regard de l’inégalité de la répartition de la production aquacole et des disparités de développement du secteur selon les régions et parmi les pays d’une même région. De nombreux pays en développement, en particulier des pays à faible revenu, ont beaucoup de mal à concrétiser leurs objectifs nationaux de développement de l’aquaculture à l’appui de leur production alimentaire, pour nourrir leur population en expansion et créer des emplois.
Les données du tableau 7 présentent la répartition de la production aquacole mondiale par région, et montrent la situation de domination persistante de quelques grands producteurs aux niveaux mondial, régional et sous-régional. Depuis 1991, la Chine (continentale) produit davantage d’animaux aquatiques d’élevage et d’algues que le reste du monde. En 2020, sa part de la production aquacole mondiale était de 56,7 pour cent pour les animaux d’origine aquatique et de 59,5 pour cent pour les algues – une situation similaire à celle de ces dernières années.
TABLEAU 7RÉPARTITION DE LA PRODUCTION AQUACOLE PAR RÉGION ET PRINCIPAUX PRODUCTEURS
La production des principaux groupes d’espèces d’élevage varie considérablement d’une région et d’un pays à l’autre. Certains pays à revenu intermédiaire dominent la production piscicole continentale. D’autres pays, comme la Norvège et le Chili (qui sont dotés de grandes zones de fjords ou de golfes protégés des conditions de mer difficiles), ainsi que la Chine, qui appartient au groupe des pays à revenu intermédiaire, dominent l’élevage en cage flottante de différentes espèces de poissons de mer. Le saumon de l’Atlantique est l’espèce marine typiquement élevée en cage dans les eaux froides; en Chine, en revanche, les poissons produits en cage par les mariculteurs sont principalement des espèces qui vivent dans les eaux chaudes et sont plus diversifiés. La figure 15 présente la répartition de la production d’un échantillon de grands groupes d’espèces d’élevage entre les principaux producteurs ou sous-régions.
Figure 15Répartition de la production des principaux groupes d’espèces d’élevage, par type d’aquaculture, 2005-2020
Les crevettes de mer dominent la production aquacole côtière de crustacés en bassins d’eau saumâtre. Elles constituent une source importante de recettes en devises pour un certain nombre de pays en développement d’Asie et d’Amérique latine.
En quantité, la production de mollusques marins de la Chine dépasse de loin celle de tous les autres producteurs réunis. Dans certains grands pays producteurs, toutefois, l’élevage de bivalves marins représente un pourcentage important de la production aquacole totale d’animaux d’origine aquatique. Ces pays comprennent la Nouvelle-Zélande (86,9 pour cent), la France (75,4 pour cent), l’Espagne (74,8 pour cent), la République de Corée (69,7 pour cent), l’Italie (61,6 pour cent) et le Japon (51,8 pour cent), alors que la moyenne mondiale est de 18,4 pour cent.
Contribution de l’aquaculture à la production halieutique et aquacole totale11
La plupart des grands pays aquacoles sont des pays en développement très peuplés, où l’aquaculture représente plus de la moitié de la production halieutique et aquacole totale, et bénéficie à la moitié de la population mondiale. Ces pays, comme l’Égypte en Afrique et le Bangladesh et le Viet Nam en Asie, sont des exemples de développement réussi de l’aquaculture pour les autres pays qui jouissent de conditions similaires et d’un potentiel dans ce secteur.
À l’échelle mondiale, la contribution de l’aquaculture à la production halieutique et aquacole totale (à l’exclusion des algues) progresse régulièrement; elle a atteint 49,2 pour cent en 2020, à égalité avec la pêche de capture, contre seulement 13,4 pour cent en 1990. Cette contribution varie considérablement entre les régions et au sein de celles-ci (figure 16). L’Asie produit davantage dans le secteur de l’aquaculture (61,9 pour cent) que dans celui de la pêche de capture, et si l’on exclut le principal producteur de chaque région, elle conserve une part élevée d’aquaculture (44,7 pour cent). En revanche, si l’on retire l’Égypte, la contribution de l’Afrique à la production aquacole mondiale n’est que de 6,6 pour cent en 2020, la plus faible parmi les groupes régionaux et sous-régionaux représentés sur la figure.
Figure 16Contribution de l’aquaculture à la production halieutique et aquacole totale (hors algues) par région, 2000-2020
La période 1990-2020 a vu un développement rapide de l’aquaculture dans 51 des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure et dans 53 des pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure – selon la classification des pays par niveau de revenu de la Banque mondiale – qui déclarent une production aquacole. En 2020, l’aquaculture représentait 61,7 pour cent de la production aquacole totale dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure (population de 2,76 milliards de personnes), contre 19,8 pour cent en 1990. La part de l’aquaculture dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure (population de 3,13 milliards de personnes) est passée de 14,7 pour cent à 46,2 pour cent sur la même période (figure 17 et 18).
Figure 17COMPARAISON ENTRE CROISSANCE HALIEUTIQUE ET AQUACOLE, par niveau de revenu des pays (hors algues), 1990-2020
Figure 18part de l’aquaculture dans la production halieutique et aquacole totale pour les principaux groupes d’espèces d’élevage
Dans les 67 pays à revenu élevé qui communiquent des données sur l’aquaculture (population de 1,32 milliard de personnes), la production aquacole, bien qu’elle ait plus que doublé (6,8 millions de tonnes en 2020 contre 3,1 millions de tonnes en 1990), ne représentait que 23 pour cent de la production halieutique et aquacole totale en 2020 (contre 7,6 pour cent en 1990). Toutefois, sa contribution aurait été encore plus faible si la production de la pêche de capture n’avait pas diminué de 40,1 pour cent sur la même période (de 38,1 millions de tonnes à 22,8 millions de tonnes).
Dans les 26 pays à faible revenu qui communiquent des données sur l’aquaculture (population de 0,86 milliard de personnes), lesquels sont situés principalement en Afrique subsaharienne, la part de l’aquaculture dans la production aquacole totale a peu augmenté. En 2020, l’aquaculture représentait à peine 8 pour cent de la production totale, en légère augmentation par rapport aux 3,7 pour cent de 1990.
Aquaculture continentale
Étant donné que dans certains endroits du monde, des eaux salines naturelles ou modifiées sont utilisées pour l’aquaculture, nous avons conservé le terme «aquaculture continentale» dans La Situation mondiale des pêches et de l’aquaculture 2022, bien qu’un autre terme, l’«aquaculture d’eau douce», soit largement employé lorsqu’il n’est pas question d’eaux salines. Par ailleurs, l’aquaculture en bassins d’eau saumâtre construits sur le rivage dans les zones côtières – parfois classifiée au niveau national ou local dans l’«aquaculture continentale» – est considérée dans le présent rapport comme de l’aquaculture côtière.
En 2020, la production de l’aquaculture continentale au niveau mondial s’est établie à 54,4 millions de tonnes, soit 44,4 pour cent de la production aquacole mondiale totale d’espèces animales et d’algues, et l’élevage continental d’espèces animales d’origine aquatique représentait 62,2 pour cent de la production aquacole totale. L’élevage des poissons l’emporte de loin sur tous les autres groupes d’espèces dans l’aquaculture continentale, aux niveaux régional et mondial (tableau 8). Cependant, le stade de développement et la composition des groupes des espèces autres que les poissons varient fortement d’une région à l’autre.
TABLEAU 8PRODUCTION DE L’AQUACULTURE CONTINENTALE ET DE L’AQUACULTURE CÔTIÈRE ET MARINE PAR RÉGION POUR LES PRINCIPAUX GROUPES D’ESPÈCES D’ÉLEVAGE, 2020
Des méthodes et des installations d’élevage très diverses sont utilisées dans l’aquaculture continentale à l’échelle mondiale. Les activités et les pratiques varient considérablement quant à: l’intensité des intrants, le niveau de sophistication des technologies et de la gestion, et le degré d’intégration avec d’autres activités agricoles. L’élevage de poissons ou d’autres espèces dans des bassins construits en terre est de loin la méthode la plus répandue dans le monde.
L’élevage en cage et, dans une moindre mesure, l’élevage en enclos sont également largement utilisés dans la pisciculture continentale, mais leur importance relative varie considérablement d’un pays à l’autre. On ne dispose pas de données sur l’élevage en cage et en enclos à l’échelle mondiale. Le tableau 9 présente, à partir des données disponibles, la production en cage et en enclos par rapport à la production piscicole continentale totale d’un échantillon de pays.
TABLEAU 9PART DE LA PRODUCTION DE POISSONS EN CAGE ET EN ENCLOS DANS LA PRODUCTION TOTALE DE POISSON DE L'AQUACULTURE CONTINENTALE D’UNE SÉLECTION DE PAYS
Les politiques nationales et locales diffèrent selon les pays en ce qui concerne le contrôle des accès aux plans d’eau ouverts au public et leur utilisation pour l’aquaculture, notamment pour l’élevage en cage et en enclos. L’investissement dans l’élevage en cage dans les plans d’eau ouverts au public est une approche qui s’est révélée efficace et efficiente, en présence d’une réglementation appropriée, pour accroître la production aquacole parallèlement à l’élevage en bassin et à d’autres méthodes.
Aux Philippines et en Indonésie, l’élevage en cage et en enclos dans les rivières, les lacs et les réservoirs s’est considérablement développé pendant des décennies. Ces dernières années, les autorités ont lancé des campagnes en vue de réduire l’élevage en cage dans certains plans d’eau. En Chine, l’un des objectifs du treizième plan quinquennal (2016-2020) était de «verdir» les activités économiques reposant sur les ressources naturelles dans le pays – dont l’aquaculture –, notamment dans les zones continentales. Dans le cadre de la mise en œuvre de la politique de verdissement, des plans de nettoyage ont été coordonnés par les autorités locales, parallèlement à un programme d’atténuation pour protéger les communautés et les personnes touchées, et la grande majorité des cages et des enclos ont été supprimés (figure 19). Certaines provinces octroient encore des licences, en nombre limité, en fonction de l’évaluation de la capacité de charge des plans d’eau, mais le processus de délivrance des permis privilégie les questions d’environnement et de conservation par rapport à la valeur économique des activités restantes d’élevage en cage.
Figure 19Réduction des activités d’aquaculture en cage et en enclos dans les eaux intérieures en Chine (continentale) depuis 2016
Mariculture et aquaculture côtière
La mariculture, ou aquaculture marine, est pratiquée en mer pendant la totalité du cycle de production ou uniquement durant la phase de grossissement. Dans le premier cas, le cycle de production se déroule entièrement en mer pour les espèces qui dépendent de semences sauvages, par exemple les moules. Dans les autres cas, seule la phase de grossissement du cycle de production a lieu en mer – les espèces sont produites dans une écloserie sur la terre ferme ou parfois même en eau douce, comme dans le cas du saumon de l’Atlantique. L’aquaculture côtière, qui est généralement pratiquée dans des bassins construits sur le rivage ou dans les zones intertidales, joue un rôle important au regard des moyens d’existence, de l’emploi et du développement économique dans les communautés côtières de nombreux pays en développement, en particulier en Amérique latine et en Asie.
En 2020, la production mondiale de l’aquaculture marine et côtière a atteint 68,1 millions de tonnes, dont 33,1 millions de tonnes d’animaux aquatiques et 35 millions de tonnes d’algues. La situation de la production aquacole marine et côtière pour les principaux groupes d’espèces, par région, est présentée dans le tableau 8.
Il est relativement facile de ventiler la production aquacole marine et côtière de crustacés, de mollusques et d’autres invertébrés marins en fonction des caractéristiques biologiques de ces espèces et des méthodes d’élevage utilisées. Cependant, ce n’est pas le cas pour les poissons et les pays qui élèvent différentes espèces de poissons dans ces deux systèmes, les données sur la production étant agrégées. Pour la première fois, le rapport comprend un tableau général, établi à partir d’informations et de données provenant d’autres sources, qui présente la mariculture et l’aquaculture côtière séparément; la prudence est de rigueur dans l’interprétation de ces informations préliminaires (figure 20). En 2020, l’aquaculture côtière a produit 3,1 millions de tonnes de poissons, soit 37,4 pour cent de la production aquacole marine et côtière combinée (8,3 millions de tonnes). Les crustacés provenaient presque exclusivement de l’aquaculture côtière. La part de l’aquaculture côtière était de 19,4 pour cent pour les autres animaux aquatiques, de 4,2 pour cent pour les algues marines et de 0,5 pour cent pour les mollusques.
Figure 20Production aquacole marine et côtière pour les principaux groupes d’espèces d’élevage, 2016-2020
Production aquacole avec et sans apport de nourriture
La production aquacole d’espèces nourries a progressivement pris le pas sur celle d’espèces non nourries. La part de l’aquaculture sans apport de nourriture dans la production totale d’animaux aquatiques d’élevage a continué de baisser, passant de plus de 40 pour cent avant 2000 à 27,8 pour cent en 2020, bien que sa production soit restée relativement stable en valeur absolue. En 2020, la production d’espèces animales non nourries s’est élevée à 24,3 millions de tonnes, dont 8,2 millions de tonnes de poissons filtreurs issus d’élevages aquacoles continentaux (carpes argentées et carpes à grosse tête, principalement) et 16,2 millions de tonnes d’invertébrés aquatiques, principalement des bivalves marins (figure 21).
Figure 21Production aquacole d’espèces animales nourries et non nourries, 2000-2020
Dans les systèmes produisant plusieurs espèces, tels qu’utilisés dans l’aquaculture continentale et côtière, les aliments destinés aux espèces nourries profitent également directement aux espèces filtreuses, notamment lorsque les aliments sont sous forme de poudre ou lorsque les granulés ont une faible hydrostabilité et se dissolvent rapidement. Dans certains cas, la démarcation entre espèces nourries et non nourries est donc plus floue.
Des régions comme l’Afrique n’ont pas développé l’aquaculture sans apport de nourriture. Des carpes filtreuses ont été introduites dans certains pays africains pendant les années 1950 et 1960 pour développer les activités aquacoles, mais elles ne se sont pas établies et ont disparu avant le début du nouveau millénaire, pour être remplacées par des tilapias et des poissons-chats, avantageux compte tenu des conditions locales. Il s’est révélé difficile, voire impossible, de trouver et d’implanter des espèces natives de poissons pouvant jouer le rôle des carpes filtreuses et permettre le développement d’une polyaquaculture continentale à faible coût, qui exploite de manière plus efficiente la productivité naturelle des eaux des systèmes d’élevage. Toutefois, dans les zones côtières de l’Afrique, les initiatives conjointes (installation d’écloseries appartenant à des entreprises internationales, par exemple) visant à accélérer le développement de l’élevage de mollusques marins constituent une option réaliste pour augmenter la production de produits alimentaires d’origine aquatique12.
Espèces aquatiques d’élevage
La palette de conditions dans lesquelles l’aquaculture est pratiquée dans le monde étant très large, un ensemble très divers d’espèces aquatiques, ainsi que leurs hybrides, est élevé dans différents types de systèmes aquacoles – en eau douce, en eau saumâtre, en eau de mer ou en eau saline continentale.
Les toutes dernières statistiques établies par la FAO à partir des rapports nationaux, et à l’aide d’estimations pour les pays qui n’en communiquent pas, couvrent l’ensemble des productions aquacoles dans le monde sur une période de 71 ans (1950-2020), au moyen de 652 unités connues sous la dénomination technique «catégories d’espèces» – soit davantage que les 622 unités prises en compte dans l’édition 2020 de La situation mondiale des pêches et de l’aquaculture. Celles-ci se composent de 494 espèces individuelles, 7 poissons hybrides, 94 groupes d’espèces identifiés par leur genre et 57 groupes d’espèces identifiés par leur famille ou un niveau supérieur. Les 494 espèces répertoriées élevées à ce jour dans le monde comprennent 313 espèces de poissons (dans 186 genres), 88 espèces de mollusques, 49 espèces de crustacés, 31 espèces d’algues, 2 espèces de cyanobactéries, 6 espèces d’invertébrés marins, 3 espèces de grenouilles (amphibiens) et 2 espèces de tortues aquatiques (reptiles).
Le nombre réel d’espèces aquatiques élevées dans le monde est bien plus important, les poissons hybrides actuellement répertoriés ne constituant qu’une fraction des nombreux hybrides qui existent et parmi lesquels on trouve aussi des mollusques, des grenouilles, des tortues aquatiques et des algues marines. Les limites du processus de collecte de données ne permettent pas à la FAO d’inclure toutes les informations nécessaires dans ses statistiques. Il convient de tenir compte de ces limites lorsqu’on utilise les données de la FAO sur l’aquaculture dans les études portant sur les ressources génétiques aquatiques et la biodiversité, sachant que la finalité originale de ces statistiques est de suivre le développement de l’aquaculture en tant que secteur économique de l’agriculture.
Malgré la grande diversité d’espèces aquatiques d’élevage, un petit nombre d’espèces «de base» dominent la production aquacole (tableau 10). Avec 5,8 millions de tonnes produites en 2020, la carpe herbivore représentait 11,8 pour cent de l’aquaculture continentale à l’échelle mondiale. Si l’on ajoute la production de 23 autres espèces, cette part atteint 78,7 pour cent. Le saumon de l’Atlantique et 21 autres espèces dominantes, comme le chano, représentaient 75,6 pour cent des espèces de poissons exploitées dans le cadre de l’aquaculture marine et côtière. Le saumon de l’Atlantique, avec sa production de 2,7 millions de tonnes en 2020, représentait pas moins de 32,6 pour cent de l’aquaculture marine et côtière, toutes espèces de poissons confondues.
TABLEAU 10PRODUCTION MONDIALE DES Principales espèces aquacoles dans le monde (Y COMPRIS LES GROUPES D'ESPÈCES)
Certaines espèces de poissons vivant en eau douce ou dans la mer ont un système respiratoire bimodal qui leur permet d’absorber l’oxygène de l’air; le mécanisme physiologique varie selon les espèces. Quelque 30 poissons à respiration aérienne différents et leurs hybrides sont produits par l’aquaculture continentale dans le monde. La production mondiale de poissons à respiration aérienne a rarement dépassé 3 pour cent de la production totale de la pisciculture continentale jusqu’au milieu des années 2000, période à partir de laquelle elle a commencé à augmenter, pour atteindre 13 pour cent environ ces dernières années. En 2020, la production de poissons à respiration aérienne s’élevait à 6,2 millions de tonnes et sa part était de 12,6 pour cent, soit une légère diminution par rapport à 2019, due principalement à une baisse de la production au Viet Nam (figure 22). Les espèces de trois familles représentaient 83,9 pour cent de la production totale de poissons à respiration aérienne en 2020, dont 47 pour cent de Pangasiidae (silure requin, Pangasianodon hypophthalmus, par exemple), 26,5 pour cent de Clariidae (comme le poisson-chat nord-africain, Clarias gariepinus) et 10,5 pour cent de Channidae (poisson tête de serpent, Channa argus, notamment).