La Situation mondiale des pêches et de l’aquaculture 2022

Partie 4 Nouveaux enjeux et perspectives

Projections relatives à la pêche et à l’aquaculture

Note: Au moment de la rédaction du présent rapport (mars 2022), le conflit en Ukraine vient ajouter un nouveau degré d’incertitude pour les chaînes de valeur et les échanges dans le monde. Les prix de l’énergie et des intrants, y compris les aliments pour animaux destinés à l’aquaculture, ont déjà commencé à s’envoler et l’augmentation des dépenses d’exploitation qui en résulte entraîne une hausse des produits halieutiques et aquacoles13. L’annulation ou la déviation des vols pèse lourdement sur les capacités de transport de marchandises, désorganisent un peu plus la chaîne d’approvisionnement et entraînent des retards de livraison. Le conflit risque aussi d’apporter de profonds changements sur le plan géopolitique, non sans conséquences sur les relations commerciales entre les États-Unis d’Amérique, l’Europe, la Chine, la Fédération de Russie et le reste du monde. Il est probable que cette situation aura un impact considérable sur le secteur de la pêche et de l’aquaculture. Les effets possibles de la guerre ne sont que peu pris en compte dans les projections qui suivent. Celles-ci seront ajustées lors de révisions futures, à mesure que les analyses d’impact seront disponibles.

La présente section décrit les perspectives à moyen terme obtenues au moyen du modèle de projection élaboré par la FAO pour le poisson (FAO, 2012b, pages 216 à 223). Conçu en 2010 pour donner un éclairage sur l’évolution possible du secteur de la pêche et de l’aquaculture, ce modèle est lié, sans y être intégré, au modèle Aglink-Cosimo qui sert à générer chaque année les projections agricoles à 10 ans établies conjointement par l’OCDE et la FAO et publiées dans leurs Perspectives agricoles (OCDE et FAO, 2021b). Le modèle de la FAO pour le poisson reprend les hypothèses macroéconomiques et les prix utilisés pour générer les projections agricoles. Les projections relatives à la pêche et à l’aquaculture décrites dans la présente section ont été obtenues au moyen d’une analyse ad hoc réalisée par la FAO pour la période 2021-2030.

Elles donnent un aperçu des perspectives des secteurs de la pêche et de l’aquaculture sur le plan de la production13, de l’utilisation des produits, du commerce14, des prix et des principaux facteurs qui pourraient influencer l’offre et la demande futures. Il est important de souligner que les projections ne sont pas des prévisions. Ce sont plutôt des scénarios plausibles qui donnent des indications sur la façon dont les secteurs pourraient évoluer au vu d’un ensemble d’hypothèses portant sur: l’environnement macroéconomique à venir; les règles et tarifs du commerce international; la fréquence de certains événements et leurs effets sur les ressources; l’absence d’autres aléas climatiques graves, tels que des tsunamis, des tempêtes tropicales (cyclones, ouragans et typhons), des inondations et de nouvelles maladies touchant les espèces aquatiques; l’amélioration des mesures de gestion de la pêche – y compris le plafonnement des captures – et de l’aquaculture; et l’absence de chocs liés aux marchés. En ce qui concerne la Chine, vu le rôle majeur que ce pays joue dans les secteurs de la pêche et de l’aquaculture, les projections partent de l’hypothèse que les politiques du pays (FAO, 2018b, encadré 31, page 210) continueront de suivre la voie exposée dans les treizième (2016-2020) et quatorzième (2021-2025) plans quinquennaux, vers une pêche et une aquaculture plus durables et plus respectueuses de l’environnement. L’avenir des secteurs de la pêche et de l’aquaculture dépendra d’un grand nombre de facteurs intervenant à l’échelle mondiale, régionale ou locale. L’accroissement de la population et la croissance économique, l’urbanisation, les progrès technologiques et la diversification de l’alimentation devraient contribuer à développer la demande alimentaire, en particulier la demande de produits d’origine animale, y compris les produits alimentaires d’origine aquatique13.

Production

Sur la base des hypothèses retenues, la production halieutique et aquacole totale (à l’exclusion des algues13) devrait continuer de croître pour atteindre 202 millions de tonnes en 2030 (figure 70). Cela représente une progression de 14 pour cent par rapport à 2020 et un volume supplémentaire de 24 millions de tonnes en valeur absolue (tableau 18). Cela étant, si le volume total continue d’augmenter, les projections indiquent un tassement de la croissance, en pourcentage et en valeur absolue, par rapport aux chiffres enregistrés durant la période 2010-2020 (23 pour cent et 33 millions de tonnes). La majeure partie de l’augmentation de la production halieutique et aquacole totale à l’échelle mondiale viendra du secteur de l’aquaculture, dont la production devrait franchir le cap des 100 millions de tonnes pour la première fois en 2027, puis atteindre 106 millions de tonnes en 2030, soit une croissance totale de 22 pour cent et de près de 19 millions de tonnes par rapport à 2020. Les projections indiquent que la part des espèces d’élevage dans la production halieutique et aquacole mondiale (utilisations alimentaires et non alimentaires confondues) passera de 49 pour cent en 2020 à 53 pour cent en 2030 (figure 71).

Figure 70Production halieutique et aquacole mondiale, 1980-2030

SOURCE: FAO.
NOTES: Sont exclus les mammifères aquatiques, les crocodiles, les aligators, les caïmans et les algues. Les données sont exprimées en équivalent de poids vif.
SOURCE: FAO.

TABLEAU 18PROJECTION DE LA PRODUCTION HALIEUTIQUE ET AQUACOLE À L’HORIZON 2030

SOURCE: FAO.
1 Chypre est comprise à la fois dans l’Asie et dans l’Union européenne. 2 Pour 2020, le total inclut également 1 030 tonnes produites par des pays non cités, ces données n’étant comprises dans aucun autre total.
SOURCE: FAO.

Figure 71Production halieutique et aquacole mondiale, 1980-2030

SOURCE: FAO.
NOTES: Sont exclus les mammifères aquatiques, les crocodiles, les aligators, les caïmans et les algues. Les données sont exprimées en équivalent de poids vif.
SOURCE: FAO.

Au cours de la prochaine décennie, le taux de croissance annuel moyen de la production aquacole devrait être divisé par plus de deux par rapport à celui relevé sur la décennie précédente, soit 2,0 pour cent pour 2020-2030 contre 4,2 pour cent pour 2010-2020 (figure 72). Un certain nombre de facteurs contribuent à ce ralentissement15, notamment: une plus large adoption et une plus forte mise à exécution des règlements environnementaux; une disponibilité réduite des ressources en eau et des emplacements pouvant convenir à la production; une fréquence accrue des flambées épidémiques touchant les animaux aquatiques, du fait des pratiques de production intensive; et une diminution des gains de productivité. Les politiques de la Chine, en particulier, devraient contribuer considérablement à la baisse globale de la croissance. Amorcées en 2016, ces politiques devraient en effet poursuivre la transformation d’une aquaculture extensive en une aquaculture intensive, tout en intégrant mieux les aspects environnementaux, grâce à l’adoption d’innovations technologiques écologiquement rationnelles, ce qui, dans un premier temps, entraînera une réduction de la capacité avant de permettre une croissance plus soutenue. La Chine demeurera le premier producteur mondial jusqu’en 2030, mais sa production aquacole devrait augmenter de 21 pour cent sur la période 2020-2030, soit une progression divisée par deux ou presque par rapport aux 40 pour cent enregistrés durant la décennie 2010-2020. La Chine représentait 57 pour cent de la production aquacole mondiale en 2020 et les projections indiquent que cette part pourrait baisser légèrement pour atteindre 56 pour cent en 2030, et ce malgré l’augmentation de la contribution de l’aquaculture à la production halieutique et aquacole totale de la Chine, qui passera de 79 pour cent à 82 pour cent sur la même période. Le ralentissement de la production aquacole chinoise qui ressort des projections devrait être partiellement compensé par une augmentation de la production d’autres pays.

Figure 72Taux de croissance annuel de l’aquaculture mondiale, par décennie, 1980-2030

SOURCE: FAO.
1 L’année 2030 est incluse dans les années 2020.
NOTES: À l'exclusion des algues.
SOURCE: FAO.

D’après les projections, la croissance de la production aquacole se poursuivra sur tous les continents, la gamme d’espèces et de produits variant selon les pays et les régions (figure 73). Le secteur devrait se développer davantage sur le continent américain (plus 29 pour cent par rapport à 2020), en Afrique (plus 23 pour cent) et en Asie (plus 22 pour cent). En Afrique, la croissance de la production aquacole sera déterminée par la capacité d’élevage supplémentaire mise en place ces dernières années, ainsi que par les politiques nationales en faveur de l’aquaculture motivées par la hausse de la demande locale résultant d’une croissance économique plus soutenue. Pourtant, malgré l’augmentation attendue, la production aquacole globale de l’Afrique restera limitée, produisant à peine plus de 2,8 millions de tonnes en 2030, dont une grande partie (1,9 million de tonnes) en Égypte. Les pays asiatiques devraient conserver leur position dominante dans le secteur aquacole (maintenant leur part de 88 pour cent de la production mondiale jusqu’en 2030) et seront à l’origine de plus de 88 pour cent de l’accroissement de la production à l’horizon 2030.

Figure 73Contribution de l’aquaculture à la production halieutique et aquacole régionale

SOURCE: FAO.
NOTES: Sont exclus les mammifères aquatiques, les crocodiles, les aligators, les caïmans et les algues.
SOURCE: FAO.

Tous les groupes d’espèces d’élevage continueront de progresser, mais le taux de croissance variera selon les groupes, ce qui modifiera le poids quantitatif des différentes espèces. De façon générale, les espèces dont la ration alimentaire doit contenir une grande proportion de farine et d’huile de poisson devraient progresser plus lentement car il est probable que les disponibilités en farine de poisson se réduiront et que le prix de cet intrant augmentera.

Les projections indiquent qu’après le léger recul enregistré en 2019 et 2020, la pêche de capture devrait connaître une reprise dans les décennies à venir, aboutissant à une production mondiale de 96 millions de tonnes à la fin de la période étudiée, soit 5 millions de tonnes de plus qu’en 2020 et une progression globale de 6 pour cent. On s’attend toutefois à quelques fluctuations au cours de la prochaine décennie, liées au phénomène El Niño, qui entraîne une réduction des captures en Amérique du Sud, notamment des captures d’anchois, et donc une diminution globale de la production halieutique mondiale de 2 pour cent environ durant les années où il se fait sentir16. L’augmentation globale de la production halieutique est déterminée par différents facteurs, notamment: i) des captures plus importantes dans certaines zones de pêche, où une meilleure gestion des ressources permet la reconstitution des stocks de différentes espèces; ii) un accroissement des prises dans les eaux d’un petit nombre de pays dont les ressources sont encore sous-exploitées, qui disposent de nouvelles possibilités de pêche ou dont les mesures de gestion de la pêche sont moins restrictives; et iii) une meilleure utilisation des captures, notamment une réduction des rejets en mer, des déchets et des pertes, induite par la législation ou par une hausse des prix des espèces aquatiques destinées à la production tant alimentaire que non alimentaire. La Chine devrait demeurer en tête du classement, bien que les projections de sa production halieutique indiquent qu’elle ne dépassera pas les niveaux atteints en 2020, du fait de la poursuite des politiques environnementales du pays. Dans le domaine de la pêche de capture, la Chine vise à réduire la production nationale par des contrôles des licences, une réduction du nombre de pêcheurs et de navires de pêche et des contrôles de la production. Parmi les autres objectifs figurent la modernisation des engins, des navires et des infrastructures; la réduction régulière des subventions au carburant; l’élimination de la pêche INDNR; et la reconstitution des stocks de poissons nationaux grâce à des mesures de repeuplement, à la création de récifs artificiels et à des fermetures saisonnières. La politique mise en œuvre prévoit toutefois de compenser la baisse attendue des captures nationales par une augmentation de l’activité des flottilles hauturières. À l’horizon 2030, la production de farine et d’huile de poisson devrait avoir augmenté de 11 pour cent et 13 pour cent respectivement par rapport à 2020, mais la part de la production halieutique utilisée à cette fin devrait baisser légèrement (17 pour cent en 2030, contre 18 pour cent en 2020). L’augmentation attendue de la production de farine et d’huile de poisson s’explique par la croissance globale de la production halieutique en 2030, comparée à celle de 2020, conjuguée à la progression de la part de ces produits fabriquée à partir des déchets et sous-produits de la transformation du poisson (figure 74). D’après les projections, entre 2020 et 2030, la proportion de farine de poisson obtenue à partir de déchets de poisson devrait passer de 27 pour cent à 29 pour cent, tandis que celle d’huile de poisson baissera légèrement, de 48 pour cent à 47 pour cent.

Figure 74Production mondiale de farine de poisson, 1990-2030

SOURCE: FAO.
SOURCE : FAO.

Consommation17

La majeure partie de la production halieutique et aquacole est destinée à la consommation humaine et cette part devrait continuer à croître, passant de 89 pour cent en 2020 à 90 pour cent en 2030. Les projections indiquent que, d’ici à 2030, la quantité totale de produits alimentaires d’origine aquatique destinés à la consommation humaine augmentera de 24 millions de tonnes par rapport à 2020 pour atteindre 182 millions de tonnes. Cela représente une hausse globale de 15 pour cent, un rythme plus lent que celui enregistré sur la période 2010-2020, qui était de 23 pour cent. Ce tassement s’explique essentiellement par une réduction de la quantité de production supplémentaire disponible dans le secteur de la pêche et de l’aquaculture, les prix plus élevés des produits alimentaires d’origine aquatique en valeur nominale, la modération de l’expansion démographique et la saturation de la demande dans certains pays, en particulier les pays à revenu élevé, où la consommation de produits alimentaires d’origine aquatique ne devrait guère progresser d’après les projections (0,3 pour cent par an en moyenne sur la période 2020-2030).

Globalement, les principaux moteurs de la hausse de la consommation mondiale de produits alimentaires d’origine aquatique seront une forte demande résultant de l’augmentation des revenus et de l’urbanisation, associée à l’accroissement de la production halieutique et aquacole, à l’amélioration des méthodes post-capture/récolte et à des circuits de distribution permettant une plus large commercialisation des produits d'origine aquatique18. La demande sera également stimulée par l’évolution des tendances alimentaires, lesquelles s’orientent vers une plus grande variété des types d’aliments consommés et une attention plus marquée portée à l’amélioration de la santé, de la nutrition et de l’alimentation, les produits alimentaires d’origine aquatique jouant un rôle clé à cet égard.

La croissance de la demande viendra essentiellement des pays à revenu intermédiaire, qui, à l’horizon 2030, devraient être à l’origine de 82 pour cent de l’augmentation de consommation et absorber 73 pour cent des produits alimentaires d’origine aquatique destinés à la consommation humaine (contre 72 pour cent en 2020). En 2030, les pays asiatiques consommeront 72 pour cent environ de la production mondiale de la pêche et de l’aquaculture destinée à la consommation humaine, les quantités consommées les plus faibles revenant à l’Océanie. La consommation totale de produits alimentaires d’origine aquatique devrait progresser sur tous les continents entre 2020 et 2030, les taux de croissance les plus élevés étant ceux de l’Afrique et de l’Océanie (26 pour cent dans les deux cas), suivies du continent américain (17 pour cent), de l’Asie (15 pour cent) et de l’Europe (6 pour cent).

Les projections indiquent que la consommation apparente de produits alimentaires d'origine aquatique par habitant atteindra 21,4 kg en 2030, contre 20,2 kg en 2020. Cela étant, le taux de croissance annuel moyen de la consommation par habitant baissera, passant de 1,0 pour cent en 2010-2020 à 0,6 pour cent en 2020-2030. La consommation par habitant de produits alimentaires d’origine aquatique progressera dans toutes les régions, à l’exception de l’Afrique. Le taux de croissance le plus élevé devrait concerner l’Océanie (12 pour cent), suivie du continent américain (9 pour cent), de l’Asie (7 pour cent) et de l’Europe (6 pour cent). Ces tendances régionales masquent le fait que l’évolution globale de la quantité et de la diversité de produits alimentaires d’origine aquatique consommés sera variable d’un pays à l’autre et à l’intérieur d’un même pays. En 2030, l’aquaculture devrait fournir 59 pour cent environ des produits alimentaires d’origine aquatique destinés à la consommation humaine, contre 56 pour cent en 2020 (figure 75).

Figure 75Importance croissante de l’aquaculture

SOURCE: FAO.
NOTES: Sont exclus les mammifères aquatiques, les crocodiles, les aligators, les caïmans et les algues.
SOURCE: FAO.

En Afrique, la consommation de produits alimentaires d’origine aquatique par habitant devrait baisser légèrement, de 9,9 kg en 2020 à 9,8 kg en 2030. Ce tassement sera plus net en Afrique subsaharienne (de 8,6 kg à 8,4 kg sur la même période). L’augmentation attendue de l’offre totale de produits alimentaires d’origine aquatique, due à une production et des importations en hausse, ne suffira pas à surpasser l’accroissement de la population africaine. L’une des très rares exceptions sera l’Égypte, qui devrait accroître encore une production aquacole déjà importante (en hausse de 20 pour cent en 2030, par rapport à 2020). Le recul de la consommation par habitant de produits alimentaires d’origine aquatique en Afrique, en particulier en Afrique subsaharienne, qui ressort des projections suscite des inquiétudes pour la sécurité alimentaire des populations vu la forte prévalence de la sous-alimentation dans cette région (FAO et al., 2021) et la part importante des protéines d’origine aquatique dans l’apport total en protéines d’origine animale dans de nombreux pays africains (voir la section intitulée «Consommation de produits alimentaires d’origine aquatique»). Ce recul pourrait aussi affaiblir la capacité des pays les plus dépendants à l’égard des produits aquatiques à atteindre les cibles nutritionnelles du deuxième objectif de développement durable (Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable), à savoir les cibles 2.1 et 2.2.

Commerce

L’expansion du commerce de produits d'origine aquatique se poursuivra sur la période étudiée, mais à un rythme plus lent que celui observé durant la décennie précédente, reflétant la moindre croissance de la production, les prix plus élevés des produits halieutiques et aquacoles (qui limiteront la demande et la consommation globales d’espèces d’origine aquatique) et une demande intérieure plus forte dans certains des principaux pays producteurs et exportateurs, comme la Chine, qui devrait accroître sa production aquacole pour le marché national. Le commerce continuera de jouer un rôle essentiel dans les secteurs de la pêche et de l’aquaculture, notamment sur le plan de l’approvisionnement alimentaire et de la sécurité alimentaire. On estime que 36 pour cent environ de la production halieutique et aquacole totale sera exportée à l’horizon 2030 (31 pour cent si l’on exclut les échanges intra-Union européenne) sous la forme de divers produits destinés à la consommation humaine ou de produits non comestibles. L’aquaculture entrera pour une part croissante dans les échanges internationaux de produits alimentaires d’origine aquatique. En volume, la Chine conservera sa place de principal exportateur de produits alimentaires d’origine aquatique, suivie par le Viet Nam et la Norvège. L’essentiel de la croissance des exportations de produits alimentaires d’origine aquatique viendra d’Asie, qui représentera 52 pour cent environ des volumes supplémentaires exportés en 2030. La part de ce même continent dans le total du commerce du poisson destiné à la consommation humaine augmentera également, passant de 47 pour cent en 2020 à 48 pour cent en 2030. Les pays à revenu élevé continueront de compter largement sur les importations pour répondre à leur demande intérieure. L’Union européenne, le Japon et les États-Unis représenteront 39 pour cent du total des importations destinées à satisfaire la consommation de produits alimentaires d’origine aquatique en 2030, une part légèrement inférieure à celle de 2020 (40 pour cent).

Les échanges de farine et d’huile de poisson devraient croître de 9 pour cent et 7 pour cent respectivement. Le Pérou et le Chili resteront les principaux exportateurs d’huile de poisson, la Norvège et l’Union européenne demeurant les premiers importateurs de ce produit destiné notamment à la production aquacole de salmonidés. Le Pérou devrait aussi rester en tête des exportateurs de farine de poisson, suivi par l’Union européenne et le Chili, la Chine en étant le principal importateur.

Prix

Les projections indiquent que les secteurs de la pêche et de l’aquaculture connaîtront une décennie de prix élevés en valeur nominale. Les facteurs qui déterminent cette tendance sont notamment, du côté de la demande, l’amélioration des revenus, l’accroissement de la population, et des prix de la viande plus élevés; et du côté de l’offre, une progression mineure de la production halieutique, une croissance de la production aquacole qui ralentit et une pression sur les coûts de quelques intrants critiques, comme les aliments pour animaux, l’énergie et l’huile de poisson. Par ailleurs, le tassement de la production halieutique et aquacole de la Chine poussera les prix à la hausse dans ce pays, non sans conséquences sur les prix mondiaux. L’augmentation la plus forte devrait toucher le prix moyen des produits échangés sur le marché mondial (33 pour cent de hausse en 2030 par rapport à 2020), suivi par le prix moyen des produits aquacoles (29 pour cent de hausse), puis par celui des produits halieutiques (19 pour cent, si l’on exclut les produits alimentaires d’origine aquatique destinés à des utilisations non alimentaires). Les prix des espèces aquatiques d’élevage augmenteront également du fait de la hausse des prix de la farine et de l’huile de poisson, de 11 pour cent et 1 pour cent respectivement en valeur nominale d’ici à 2030, résultat d’une forte demande mondiale. Les prix élevés des aliments pour animaux pourraient aussi avoir une incidence sur la composition des espèces d’élevage, favorisant celles qui consomment moins d’aliments ou des aliments moins chers, voire qui n’ont pas besoin d’être nourries. Des prix plus élevés au niveau de la production, associés à une forte demande de produits alimentaires d’origine aquatique, entraîneront à la hausse le prix moyen des produits d’origine aquatique échangés sur les marchés internationaux, une hausse estimée à 18 pour cent sur la période 2020-2030.

En valeur réelle, on suppose que tous les prix, à l’exception des prix de la production aquacole et des produits d’origine aquatique échangés, diminueront légèrement sur la période de projection, tout en restant relativement élevés. Pour certains produits d’origine aquatique, l’instabilité des prix pourrait être plus prononcée du fait de fluctuations de l’offre ou de la demande. En outre, les projections indiquant que l’aquaculture représentera une part plus importante de l’offre mondiale de produits d’origine aquatique, l’incidence de ce secteur sur la formation des prix sur les marchés nationaux et internationaux des produits d’origine aquatique pourrait aussi être plus marquée. Les principales baisses attendues concerneront les prix de la farine et de l’huile de poisson. Cela dit, les prix de ces deux produits partent de niveaux historiquement élevés, aussi, en 2030, les prix de la farine de poisson seront-ils encore supérieurs de 28 pour cent à ceux de 2005, l’année durant laquelle les hausses importantes ont commencé. Cette situation est encore plus marquée pour l’huile de poisson, dont le prix en valeur réelle devrait être plus élevé de 70 pour cent en 2030 comparé à 2005. Prises ensemble, et toutes choses étant égales par ailleurs, ces deux tendances permettent de penser que la fabrication de farine et d’huile de poisson à partir de la pêche de capture et des déchets de poisson restera une activité lucrative sur la période étudiée.

Résumé des principaux résultats des projections

Les grandes tendances qui se dégagent de l’analyse pour la période allant jusqu’en 2030 sont les suivantes:

  • À l’échelle mondiale, la production, la consommation et le commerce des produits halieutiques et aquacoles devraient continuer d’augmenter, mais à un rythme qui ralentira au fil du temps.
  • La production mondiale de la pêche devrait croître modérément, en raison d’une production plus importante dans les zones où les ressources sont correctement gérées.
  • Malgré une décélération, la croissance mondiale de la production aquacole devrait permettre de combler la majeure partie de l’écart entre l’offre et la demande.
  • L’offre de produits alimentaires d’origine aquatique augmentera dans toutes les régions, tandis que la consommation par habitant devrait baisser légèrement en Afrique, notamment en Afrique subsaharienne, suscitant des inquiétudes quant à la sécurité alimentaire.
  • La progression du commerce des produits d’origine aquatique devrait ralentir par rapport au rythme observé durant la décennie précédente, mais la part exportée de la production halieutique et aquacole demeurera stable d’après les projections.
  • Tous les prix augmenteront en valeur nominale, mais devraient baisser en valeur réelle, à l’exception des prix des produits aquacoles et sur les marchés.
  • Il est probable que les nouvelles réformes et politiques de la pêche et de l’aquaculture mises en œuvre en Chine conformément aux treizième (2016-2020) et quatorzième (2021-2025) plans quinquennaux de ce pays auront des conséquences notables à l’échelle mondiale, sur l’évolution des prix, de la production et de la consommation.

Principales incertitudes

Les projections détaillées dans la présente section (voir aussi l’encadré 33) reposent sur une série d’hypothèses économiques, stratégiques et environnementales. Tout écart par rapport à l’une de ces hypothèses viendrait modifier les projections. À court terme, les principaux niveaux d’incertitude sont liés à la pandémie de covid-19 et aux effets qui y sont associés, car les chaînes de valeur et les échanges mondiaux sont encore en phase de redressement, mais il sont aussi liés au conflit entre l’Ukraine et la Fédération de Russie. Ce conflit en cours aura probablement de multiples incidences sur le commerce, les prix, la logistique, la production, l’investissement, la croissance économique et les moyens d’existence, entraînant des répercussions importantes sur la sécurité alimentaire, bien au-delà de l’Ukraine, et n’épargnant pas non plus les secteurs de la pêche et de l’aquaculture (encadré 34).

Encadré 33Scénarios possibles pour le secteur de la pêche et de l’aquaculture jusqu’en 2050

La FAO a récemment établi des projections préliminaires jusqu’en 20501, en élaborant trois scénarios plausibles pour le secteur de la pêche et de l’aquaculture, pour examen et prise de décisions. Ces projections reposent sur diverses prévisions de croissance sectorielle élaborées à partir des résultats du modèle de la FAO sur la pêche et l’aquaculture intégré dans les Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO2. Ces scénarios sont les suivants:

MAINTIEN DU STATU QUO
Ce scénario suit des tendances similaires à celles obtenues à partir des projections de l’OCDE et de la FAO jusqu’en 2030, à savoir une progression modeste du secteur des pêches de capture (résultant principalement d’une amélioration de la gestion) et un essor important de l’aquaculture (avec cependant des taux de croissance inférieurs à ceux des précédentes décennies). Il prévoit une légère croissance des pêches de capture marines et continentales, due en partie à des systèmes de communication d’informations plus performants pour les pêches continentales. Le pourcentage de la production des pêches de capture marines qui n’est pas destiné à la consommation alimentaire directe devrait diminuer un peu d’ici à 2050 par rapport à celui prévu pour 2030 du fait des progrès technologiques.

SCÉNARIO DÉGRADÉ
Ce scénario fait état dans ses projections d’un certain nombre d’échecs dans le développement du secteur de l’aquaculture et de la poursuite de pratiques non durables, débouchant sur une dégradation des résultats enregistrés par beaucoup de nouveaux projets, ce qui se traduit par une croissance limitée de l’aquaculture et un léger déclin des pêches de capture. Les pêches de capture, marines et continentales, enregistrent une détérioration continue de leur base de ressources jusqu’en 2050. Ce scénario prévoit également un recul de 9,6 pour cent du rendement en 2050, conformément aux projections du scénario RCP8.5 («maintien du statu quo») relatif aux répercussions du changement climatique3. La part de la production des pêches marines non utilisée pour la consommation humaine directe devrait rester à un niveau similaire à celui prévu en 2031, et les innovations technologiques ne permettront pas de la faire diminuer.

SCÉNARIO AMBITIEUX
Ce scénario tient compte dans ses projections d’un certain nombre de résultats positifs qui permettent un développement et une intensification durables de l’aquaculture. Les taux de croissance sont modestes, mais significatifs à mesure que la production augmente, grâce à des investissements plus importants dans la mariculture. Un certain nombre de résultats positifs sont également attendus pour les pêches de capture marines, avec une progression vers le rendement maximal durable estimé pour les océans et les mers et la cible ambitieuse de 95,5 millions de tonnes d’ici à 2050. La production des pêches de capture continentales devrait passer à 13,5 millions de tonnes, du fait de l’amélioration des systèmes de collecte de données et de la mise en œuvre de mesures de gestion qui font actuellement défaut dans de nombreux bassins hydrographiques. Par ailleurs, les rendements des pêches de capture (marines et continentales) pourraient baisser de 4,05 pour cent en 2050, conformément aux projections du scénario RCP2.6 («atténuation drastique») relatif aux répercussions du changement climatique sur les pêches de capture3. Le pourcentage de la production des pêches marines non utilisée pour la consommation humaine directe devrait diminuer grâce à des progrès technologiques et à la réduction des pertes et du gaspillage.

Pour ce qui est de la consommation, le scénario de maintien du statu quo prévoit une consommation apparente de produits alimentaires d’origine aquatique par habitant de 22,3 kg d’ici à 2050, contre 20,2 kg en 2020, ce qui augmenterait la contribution des produits alimentaires d’origine aquatique à la lutte contre la faim et la malnutrition. Dans le scénario ambitieux, l’augmentation de la consommation à 25,5 kg par habitant serait théoriquement possible avec un développement innovant et intensif de l’aquaculture, associé à une gestion audacieuse et efficace de l’ensemble des pêches de capture dans le monde. En revanche, si la surpêche actuelle n’est pas jugulée et si la croissance de l’aquaculture est limitée, la consommation par habitant pourrait diminuer pour s’établir à 18,5 kg d’ici à 2050, soit un retour aux niveaux d’avant 2012, ce qui aurait une incidence majeure sur la sécurité alimentaire, en particulier dans les pays où l’alimentation dépend fortement des produits alimentaires d’origine aquatique.

Les résultats de ces projections sont présentés dans le tableau.

PROJECTIONS DE LA PRODUCTION HALIEUTIQUE ET AQUACOLE ET DE SON UTILISATION D’ICI À 2050 DANS LE CADRE DE TROIS SCÉNARIOS DISTINCTS

SOURCE: FAO.
NOTES: Sont exclus les mammifères aquatiques, les crocodiles, les aligators, les caïmans et les algues.
SOURCE: FAO.

Ces projections n’ont pas vocation à prévoir l’avenir, mais à donner les conditions aux limites afin de permettre de prendre les mesures appropriées pour parvenir à la sécurité alimentaire et nutritionnelle (voir la figure). Le scénario de maintien du statu quo, en particulier, est considéré comme le plus plausible par la FAO, car il tente d’extrapoler les tendances à moyen terme qui ressortent des estimations produites par le modèle de l’Organisation relatif à l’évolution de la pêche et de l’aquaculture jusqu’en 2050. Le modèle de la FAO utilise un ensemble d’hypothèses macroéconomiques et un échantillon de prix – pas seulement des projections de croissance –, mais le degré d’incertitude de ces hypothèses augmente au fil du temps, et il convient de les ajuster régulièrement. Les scénarios dégradé et ambitieux, en revanche, sont conçus pour permettre d’apprécier l’éventail des possibilités. Cet ensemble de scénarios favorise une discussion qui part du principe que le présent ne permet pas nécessairement de bien prévoir l’avenir, mais aussi que les décisions qui seront prises à partir de maintenant auront des impacts quantitatifs importants sur la contribution des produits aquatiques à la sécurité alimentaire et à la nutrition. Le secteur continuera d’être essentiel pour nourrir une population mondiale qui pourrait compter 9,7 milliards de personnes d’ici à 2050, mais cette contribution pourra être encore plus importante si les bonnes décisions d’orientation sont prises.

Production et consommation en 2020 et en 2050 selon trois scénarios

SOURCE: FAO.
NOTES: MSQ = maintien du statu quo. Sont exclus les mammifères aquatiques, les crocodiles, les aligators, les caïmans et les algues. Les données sont exprimées en équivalent de poids vif.
SOURCE: FAO.

Encadré 34Ukraine: premières répercussions du conflit sur le secteur de la pêche et de l’aquaculture

CONTEXTE
Avant le conflit, la production halieutique et aquacole totale de l’Ukraine s’élevait à 87 200 tonnes environ – 26 700 tonnes pour les pêches continentales, 41 900 tonnes pour les pêches marines et 18 600 tonnes pour l’aquaculture. Les navires de pêche du pays opéraient en mer Noire et en mer d’Azov, dans la zone économique exclusive de l’Ukraine et des pays voisins et dans des eaux lointaines, en particulier dans l’Atlantique et le Pacifique antarctique. En 2020, le volume total des captures en mer Noire et en mer d’Azov, réalisé par 1 300 navires, s’est élevé à quelque 20 800 tonnes.

La plupart des 4 000 exploitations piscicoles enregistrées sont de petite taille et produisent plusieurs espèces – essentiellement des carpes, mais aussi des poissons-chats, des brochets et des truites – qui sont élevées dans des étangs artisanaux. En ce qui concerne l’aquaculture dans les eaux marines, aucune exploitation n’a été active depuis 2014, car les quatre élevages de mollusques et de crustacés et l’écloserie de turbots se trouvaient dans la République autonome de Crimée et la ville de Sébastopol, Ukraine, qui sont temporairement occupées par la Fédération de Russie.

La consommation par habitant de produits alimentaires d’origine aquatique – principalement importés de pays européens – était de 12 à 13 kg par an. Les importations ont augmenté ces dernières années, avec cependant quelques grandes fluctuations, et un pic à plus de 1 milliard d’USD en 2021. La même année, les exportations de produits d’origine aquatique ont été estimées à 66 millions d’USD. Les espèces importées comprenaient des salmonidés, des maquereaux, des harengs et des merlus, venant pour près d’un tiers (31 pour cent) de Norvège. Les exportations, en revanche, étaient essentiellement constituées de filets de saumon et de morue, destinés pour plus de la moitié à différents pays européens.

RÉPERCUSSIONS
D’après les informations communiquées par l’organisme public des pêches d’Ukraine, du fait du conflit en cours et des risques que celui-ci fait courir aux pêcheurs, tous les sites de débarquement et ports situés sur la côte sont fermés et toutes les activités de pêche en mer sont à l’arrêt. La pêche continentale est fortement perturbée, et l’activité ne dépasse pas 30 pour cent de sa capacité. Elle a totalement cessé dans certaines régions (comme celles de Tchernihiv, de Kherson et de Zaporijjia), mais elle se poursuit dans les estuaires, les réservoirs et les lacs du reste du pays.

La pisciculture est elle aussi profondément perturbée du fait de l’interruption de l’approvisionnement en alevins et en aliments et des autres services, des infrastructures endommagées et de la faible demande alimentaire. D’après les estimations préliminaires de la FAO, si le conflit se prolonge, le coût économique pour 2022 atteindra au moins 70 millions d’USD pour la production primaire, et très probablement trois fois plus que ce chiffre si l’on tient compte de la valeur post-récolte/capture, montant qui viendra s’ajouter à une perte nette de 66 millions d’USD correspondant aux recettes qui étaient précédemment générées par les exportations. De la même façon, les pertes dans les importations ont eu une incidence considérable sur la consommation de produits alimentaires d’origine aquatique. Les infrastructures ont été gravement endommagées et l’ensemble du transport maritime commercial est actuellement à l’arrêt dans les ports ukrainiens, ce qui entrave fortement les flux commerciaux en provenance et à destination du pays.

De nombreuses pêcheries marines dans le mer Noire ont également été sérieusement touchées dans les pays voisins de l’Ukraine. De nombreuses études de recherche halieutique et activités de suivi, de contrôle et de surveillance ont été perturbées voire totalement arrêtées.

De manière générale, le conflit en Ukraine perturbe gravement les marchés mondiaux des produits halieutiques et aquatiques. Le secteur halieutique de la Fédération de Russie (cinquième producteur du secteur des pêches de capture en 2020) est largement tourné vers l’exportation. En 2021, ses exportations de produits halieutiques et aquacoles ont atteint 6,1 milliards d’USD, un chiffre en hausse par rapport aux 4,9 milliards d’USD enregistrés en 2020. Ces exportations sont actuellement fortement perturbées et on ne sait pas encore quelles seront les conséquences en ce qui concerne leur valeur et leur destination. La pression inflationniste sur l’économie mondiale, qui engendre une augmentation du coût des intrants et des opérations dans les principaux pays producteurs de produits alimentaires d’origine aquatique, complique l’accès aux capitaux dans un secteur qui est déjà souvent considéré comme risqué au regard de l’investissement privé et institutionnel.

Par ailleurs, la prochaine décennie sera probablement le théâtre de changements majeurs concernant l’environnement, la disponibilité des ressources, la situation macroéconomique, les règles et mesures tarifaires du commerce international et les caractéristiques des marchés, autant de bouleversements qui pourraient influer sur la production, les marchés et le commerce à moyen terme. La variabilité et le changement climatiques, notamment en ce qui concerne la fréquence et l’ampleur des phénomènes météorologiques extrêmes, devraient avoir des répercussions importantes et géographiquement différenciées sur la disponibilité des produits d’origine aquatique et sur la transformation et le commerce de ceux-ci, accentuant la vulnérabilité des pays face aux risques. Ces risques pourront être aggravés par deux facteurs: i) une mauvaise gouvernance, susceptible d’entraîner une dégradation de l’environnement et une destruction des habitats – et donc une accentuation de la pression sur les bases de ressources –, une surpêche, une pêche INDNR, des maladies et des invasions de fugitifs, échappés des exploitations aquacoles, et d’espèces allochtones; et ii) des problèmes de toutes sortes touchant le secteur aquacole: accessibilité et disponibilité des sites et des ressources en eau et accès au crédit, au matériel de reproduction et d’alevinage ou aux compétences. Ces risques peuvent toutefois être atténués par la mise en place d’une gouvernance attentive et efficace favorisant des régimes rigoureux de gestion de la pêche, un développement responsable de l’aquaculture et des progrès technologiques, des innovations et des travaux de recherche. À long terme, la mise en œuvre de ces améliorations et de politiques de gestion adaptées peut avoir des effets extrêmement bénéfiques sur la production totale de la pêche et de l’aquaculture, comme l’illustre le scénario ambitieux élaboré par la FAO à l’horizon 2050. En outre, les conditions d’accès au marché liées aux normes de sécurité sanitaire, de qualité et de traçabilité des aliments et à la légalité des produits continueront de réguler le commerce international des produits de la pêche et de l’aquaculture.

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