Emploi dans la pêche et l’aquaculture

La présente section s’intéresse aux chiffres annuels et aux tendances de l’emploi dans la pêche et l’aquaculture. La plus grande partie de l’ensemble de données concerne l’emploi dans le secteur primaire de la pêche et de l’aquaculture, et un sous-ensemble regroupe les informations relatives aux activités post-capture/récolte, c’est-à-dire principalement la transformation.

Emploi dans le secteur primaire

On estime à 58,5 millions, dont 21 pour cent environ de femmes, le nombre de personnes qui travaillaient à temps complet, à temps partiel, à titre occasionnel ou sous un statut non précisé dans la pêche et l’aquaculture en 2020. Sur ce total, 35 pour cent étaient employés dans le secteur de l’aquaculture et 65 pour cent dans celui de la pêche de capture (tableau 12).

TABLEAU 12EMPLOI MONDIAL DANS LA PÊCHE ET L’AQUACULTURE PAR RÉGION, ANNÉES CHOISIES ENTRE 1995 ET 2020

SOURCE: FAO.
SOURCE: FAO.

La courbe de l’emploi total dans l’aquaculture s’est aplatie ces dernières années (tableau 12), tandis que le nombre de pêcheurs dans le monde se réduisait, notamment en raison de la conjoncture en Asie. La pandémie de covid-19 a eu des répercussions sur l’emploi dans l’ensemble des chaînes de valeur de la pêche et de l’aquaculture (voir la section intitulée «Pandémie de covid-19, une crise comme nulle autre»). Les secteurs de la pêche et de l’aquaculture ont été perturbés par les restrictions de la mobilité, des activités non essentielles et des échanges commerciaux, qui ont entraîné un dérèglement et des ajustements des marchés et de la distribution. Les effets ont été variables selon les pays et les périodes de l’année, à mesure que le virus et ses différents variants se sont propagés de l’Asie vers l’Europe et les Amériques.

En 2020, 84 pour cent des pêcheurs et des aquaculteurs vivaient en Asie, l’Afrique venant ensuite avec 10 pour cent, puis l’Amérique latine et les Caraïbes avec 4 pour cent. Plus de 20 millions de personnes travaillaient dans l’aquaculture, et étaient concentrées principalement en Asie (93,5 pour cent), en Afrique (3,1 pour cent) et dans la région Amérique latine et Caraïbes (près de 3 pour cent). L’Europe, l’Amérique du Nord et l’Océanie comptaient chacune moins de 1 pour cent des personnes travaillant dans la pêche ou l’aquaculture dans le monde (figure 32).

Figure 32Emploi dans le secteur primaire de la pêche et l’aquaculture selon les CONTINENTS

SOURCE: FAO.
NOTE: Le second graphique reprend tous les continents hormis l’Asie afin d’offrir une résolution supérieure.
SOURCE: FAO.

Près de 80 pour cent des 37,9 millions de pêcheurs vivaient en Asie, l’Afrique arrivait en deuxième position avec 13 pour cent, suivie des Amériques, qui dépassaient tout juste les 5 pour cent (en Amérique latine et dans les Caraïbes, principalement), de l’Océanie avec un peu plus de 1 pour cent et de l’Europe avec un peu moins de 1 pour cent.

La tendance du nombre des effectifs dans la pêche et l’aquaculture diffère selon les régions. L’Europe et l’Amérique du Nord ont enregistré les diminutions d’effectifs les plus importantes, proportionnellement, dans les deux secteurs, mais en particulier dans celui de la pêche (tableau 12). L’Afrique a connu une croissance soutenue de l’emploi dans la pêche (principalement) et dans l’aquaculture. L’emploi dans l’aquaculture continue d’augmenter en Afrique, mais reste faible en comparaison de celui du secteur de la pêche. En Asie, les effectifs baissent pour la première fois depuis des décennies dans l’aquaculture comme dans la pêche. Dans ce dernier secteur, le déclin est fortement corrélé à la réduction de la flotte chinoise (voir la section intitulée «Flotte de pêche») et aux répercussions de la pandémie de covid-19. Entre 2015 et 2020, l’emploi a reculé de 5,4 pour cent dans la pêche et de 4,6 pour cent dans l’aquaculture (tableau 12). L’Océanie a également connu une baisse de l’emploi, le nombre de pêcheurs ayant diminué tandis que celui des aquaculteurs restait stable entre 2015 et 2020. Il est intéressant de noter que jusqu’en 2015, l’emploi en Europe a baissé dans les deux secteurs, mais que sur la période 2015-2020, il a progressé de 3 pour cent dans celui de la pêche et de 5 pour cent dans celui de l’aquaculture.

La figure 33 présente les données sur l’emploi ventilées selon les catégories «temps complet», «temps partiel», «emploi occasionnel» et «statut non précisé». Étant donné que près de 40 pour cent des données communiquées sur l’emploi ne précisent pas de statut, on ne dispose que de peu d’indications sur la contribution à l’emploi et le temps consacré à celui-ci. La part des emplois sans statut précisé est plus importante pour l’aquaculture, car certains des pays qui disposent de grands effectifs dans ce secteur ne ventilent pas leurs données. Approximativement 25 pour cent des emplois étaient à temps complet, 21 pour cent à temps partiel, et les 14 pour cent restants étaient occasionnels. La plus grande partie des femmes a été déclarée dans la catégorie «statut non précisé» (34 pour cent), suivie de la catégorie «temps partiel» (27 pour cent). Seulement 15 pour cent des travailleurs à temps complet étaient des femmes, ce qui vient corroborer les études qui montrent que ces dernières ont généralement des emplois moins stables que les hommes dans les chaînes de valeur de l’aquaculture et de la pêche. Cependant, si l’on se penche sur les données disponibles sur le secteur de la transformation, on constate que les femmes représentent un peu plus de 50 pour cent de l’emploi à temps complet et 71 pour cent de l’emploi à temps partiel (encadré 6).

Figure 33Données sur l’emploi dans le secteur primaire de la pêche et l’aquaculture, selon la durée du travail

SOURCE: FAO.
SOURCE: FAO.

Encadré 6Utilité des données ventilées par sexe: cas du secteur de la transformation

La transformation des aliments d’origine aquatique est au centre des activités post-capture/récolte du secteur de la pêche et de l’aquaculture et exerce une influence directe sur l’économie de ces deux secteurs, du niveau local au niveau mondial. La transformation recouvre des techniques diverses qui visent à présenter sous une autre forme et à conserver les produits de la pêche et de l’aquaculture, et qui se pratiquent à différentes échelles, des méthodes artisanales aux procédés industriels mécanisés à grande échelle. En 2012, la Banque mondiale1 estimait que, sur certains segments du secteur mondial de la transformation, les femmes représentaient jusqu’à 15 pour cent des personnes employées. Par ailleurs, les résultats préliminaires de la récente étude intitulée «Porter un nouvel éclairage sur les captures non visibles» (Illuminating Hidden Harvests)2 montrent que la moitié des travailleurs du secteur post-capture/récolte de la pêche artisanale sont des femmes. Le pourcentage élevé de femmes participant à la transformation peut être considéré à la lumière d’une division du travail entre femmes et hommes socialisée et spatio-dépendante dans le secteur de la pêche, les hommes ayant un accès plus facile à la mer et les femmes travaillant principalement à terre3, 4. La proportion élevée de femmes dans la transformation renvoie également à l’idée que celles-ci sont plus accommodantes, souples et méticuleuses et acceptent des salaires inférieurs à ceux que demandent les hommes5. Ce dernier ensemble de normes liées au genre ouvre la voie aux postes mal payés, précaires et faiblement qualifiés qu’occupent les femmes dans le secteur secondaire, un aspect qui ne suscite que peu d’intérêt, voire aucun, sur le plan des politiques6.

Une étude portant sur 49 pays réalisée conjointement par la FAO et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a permis de recueillir annuellement des données ventilées par sexe sur le secteur de la transformation des produits de la pêche et de l’aquaculture dans ces pays. À ce jour, l’ensemble de données contient les statistiques d’emploi du secteur de la transformation de 38 pays. Sur ces 38 pays, 22 présentent des données ventilées par sexe7. La série chronologique qui en résulte constitue un exemple prometteur pour d’autres pays, dont s’inspirent 10 pays supplémentaires ne figurant pas dans l’ensemble de données FAO-OCDE. La FAO encourage les autres Membres à communiquer également les ensembles de données dont ils disposent sur le secteur de la transformation. Cela dit, les données reçues jusqu’ici font clairement apparaître des lacunes importantes à combler dans les statistiques nationales d’emploi par sexe. En fait, le manque de données chiffrées sur la participation des femmes aux activités post-capture/récolte reflète le problème existant dans le secteur primaire et empêche que l’on parvienne à l’égalité entre femmes et hommes dans le monde, car il limite l’adoption de politiques fondées sur des données probantes pour réduire les inégalités salariales, les risques pour la santé et les discriminations liées au genre sur le lieu de travail6. En plus des données communiquées par ses Membres, la FAO a mené une série de travaux visant à développer la collecte de séries chronologiques nationales, régionales et mondiales sur les données d’emploi ventilées par sexe, toujours dans le secteur de la transformation, pour la période 1991-2021. Les séries chronologiques qui en résultent sont en cours d’examen; elles seront ensuite fusionnées dans l’ensemble des données communiquées. On estime actuellement que la proportion de femmes rapportée au total des effectifs est tout juste supérieure à 46 pour cent. On a recueilli les données statistiques de 117 pays et un organe régional; 58 pour cent d’entre eux présentent au moins une valeur ventilée par sexe dans leurs séries chronologiques.

Malgré l’amélioration du dernier ensemble de données en date, les séries chronologiques propres au secteur de la transformation ne couvrent que les activités industrielles, organisées et formelles. Compte tenu du rôle majeur que jouent les femmes dans la pêche artisanale et la pêche d’autoconsommation2, il faudrait s’employer plus activement à recueillir des données ventilées par sexe sur les activités informelles, les activités non rémunérées et les activités de subsistance. On a besoin de plus d’informations sur la situation d’emploi des femmes dans les activités post-capture/récolte de regroupement et de distribution. Enfin, les activités auxiliaires qui composent le secteur pré-capture/récolte (entretien des bateaux et des bassins d’aquaculture, réparation des filets, comptabilité, préparation de la nourriture nécessaire aux sorties en mer, etc.) ne sont pas encore comprises dans les statistiques d’emploi du secteur de la pêche et de l’aquaculture, car ce sont en grande partie des activités informelles. Si l’on veut prendre la mesure du rôle que joue la partie non structurée du secteur de la pêche et de l’aquaculture dans le soutien de la sécurité alimentaire et l’autonomie financière des femmes, ces activités doivent être prises en compte et la collecte de données ventilées par sexe doit être placée en tête des priorités.

Globalement, on estime qu’en 2020, les femmes constituaient un peu plus de 21 pour cent de l’ensemble des personnes employées directement dans le secteur primaire de la pêche et de l’aquaculture – 28 pour cent dans l’aquaculture et 18 pour cent dans la pêche (figure 34). Cette part plus importante que dans les estimations précédentes résulte de la communication de données plus désagrégées par les pays et des efforts déployés de manière continue par la FAO (depuis 2019) pour améliorer la qualité des données sur l’emploi. Ce travail a été réalisé sur la totalité de l’ensemble de données à partir de 1995 et pour 49 pays, en collaboration avec l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), et a permis d’harmoniser les ensembles de données sur l’emploi et de simplifier la collecte de données, grâce à un questionnaire conjoint sur l’emploi dans la pêche et l’aquaculture (secteurs primaire et secondaire) destiné à épargner aux Membres une double déclaration.

Figure 34Données sur l’emploi dans le secteur primaire de la pêche et l’aquaculture ventilées par sexe, PAR RÉGION, 2020

SOURCE: FAO.
NOTE: Le rapport femmes/hommes a été calculé à partir des chiffres communiqués (à l’exclusion de ceux qui ne précisaient pas le sexe).
SOURCE: FAO.

Emploi dans le secteur post-capture/récolte

Le tableau 13 présente les données communiquées par certains Membres sur l’emploi dans le secteur post-capture/récolte, et notamment dans la transformation. Le secteur de la transformation, qui emploie la plus grande proportion de femmes, est étudié plus en détail dans l’encadré 6. Ces chiffres sont complétés par l’étude intitulée «Porter un nouvel éclairage sur les captures non visibles» (Illuminating Hidden Harvests) (FAO, Université de Duke et WorldFish, à paraître; voir aussi la section intitulée «Porter un nouvel éclairage sur les captures non visibles: les contributions de la pêche artisanale au développement durable»). Cette étude a montré que 39,6 pour cent des acteurs (personnes employées et personnes travaillant pour assurer leur subsistance) de la chaîne de valeur de la pêche artisanale et 49,8 pour cent des travailleurs du secteur post-capture/récolte étaient des femmes. Il est particulièrement important de mettre l’accent sur les acteurs du secteur artisanal, car ils sont passés sous silence dans les données, alors qu’ils comprennent la plus grande proportion de femmes.

TABLEAU 13EMPLOI DANS LA TRANSFORMATION DES PRODUITS AQUATIQUES PAR PAYS, ANNÉES CHOISIES ENTRE 1995 ET 2020

SOURCE: FAO.
SOURCE: FAO.
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