En 2020, la production mondiale des pêches de capture (à l’exclusion des algues6) s’est établie à 90,3 millions de tonnes (tableau 1) – un niveau en recul de 4,0 pour cent par rapport à la moyenne des trois années précédentes. La pêche de capture marine comme la pêche de capture continentale ont enregistré une baisse (de 3,9 pour cent et 4,3 pour cent, respectivement), due très probablement à la fois aux perturbations des opérations de pêche engendrées par la pandémie de covid-19 (encadré 2) et à l’actuelle réduction des prises de la Chine (de 10 pour cent en 2020 par rapport à la moyenne des trois années précédentes). La moyenne élevée de la période 2017-2019 s’explique par le pic enregistré en 2018 (96,5 millions de tonnes) en raison de captures relativement importantes d’anchois du Pérou (Engraulis ringens). La tendance de fond suivie par les pêches de capture mondiales reste cependant assez stable. Les volumes oscillent généralement entre 86 et 93 millions de tonnes par an depuis la fin des années 1980 (figure 7).
Figure 7Évolution des pêches de capture mondiales
La Chine demeure le premier pays producteur malgré une révision à la baisse de ses captures pour la période allant de 2009 à 20167 et une diminution de 19,3 pour cent de celles-ci entre 2015 et 2020. Sa production représentait quelque 15 pour cent des captures mondiales en 2020, soit un volume supérieur aux prises cumulées des deuxième et troisième plus grands producteurs mondiaux. Les sept principaux producteurs de la pêche de capture, à savoir la Chine, l’Indonésie, le Pérou, l’Inde, la Fédération de Russie, les États-Unis d’Amérique et le Viet Nam (figure 8), ont réalisé près de 49 pour cent des captures mondiales, proportion qui monte à près de 73 pour cent si l’on considère les 20 plus grands producteurs.
Figure 8PêcheS de capture: les 10 principaux producteurs mondiaux, 2020
Les tendances observées concernant les captures en mer et dans les eaux continentales, sources, respectivement, de 87,3 pour cent et de 12,7 pour cent de la production mondiale des pêches de capture sur la période 2018-2020, sont exposées plus en détail ci-dessous.
Production de la pêche de capture marine
La production mondiale de la pêche de capture marine en 2020, à savoir 78,8 millions de tonnes, représente une diminution de 6,8 pour cent par rapport au pic de 84,5 millions de tonnes enregistré en 2018, année où des prises assez importantes d’anchois du Pérou ont été déclarées par le Pérou et le Chili (tableau 2).
TABLEAU 2PÊCHE DE CAPTURE MARINE: PRINCIPAUX PAYS ET TERRITOIRES PRODUCTEURS
Les perturbations des opérations de pêche durant l’année 2020 du fait de la pandémie de covid-19 ont eu des répercussions considérables sur le volume des captures. Il est toutefois difficile d’évaluer l’incidence de la crise sur la production, et il convient de l’envisager dans le contexte des tendances à plus long terme dans le secteur, y compris la réduction continue des captures déclarées par la Chine ces dernières années. L’abondance de certaines espèces comme l’anchois du Pérou, le pilchard de Californie (Sardinops sagax) et le chinchard gros yeux (Trachurus symmetricus), qui est importante quoique très fluctuante du fait des épisodes El Niño et de la variation des conditions océanographiques, influe en outre fortement sur l’évolution de la production de la pêche marine d’une année sur l’autre.
Par rapport à leur niveau de 2019 (avant la pandémie de covid-19), les captures de la pêche marine ont diminué de 1,6 pour cent en 2020 à l’échelle mondiale, diminution qui se situe bien dans la fourchette des fluctuations interannuelles enregistrées les années précédentes. La plupart des 10 principaux producteurs de la pêche de capture marine ont déclaré en 2020 des niveaux équivalents ou supérieurs à ceux de 2019 (Pérou, Inde, Fédération de Russie et Norvège, par exemple).
On observe au fil des ans des fluctuations importantes des volumes de captures pour les principales espèces ainsi que pour les principaux pays producteurs. C’est notamment le cas de l’Indonésie, dont la production est passée de moins de 4 millions de tonnes au début des années 2000 à plus de 6,7 millions de tonnes en 2018; cette augmentation s’explique en partie par une modification des méthodes de collecte et de traitement des données par le pays ainsi que par le libre accès à celles-ci avec la mise en place de la base de données Satu Data («données unifiées») en 2016. Malgré les mesures prises pour améliorer la collecte de données en Indonésie, on constate encore des variations très importantes de ses captures marines, auxquelles viennent s’ajouter des problèmes de communication tardive, ou d’absence de déclaration, des informations à la FAO.
À l’échelle mondiale, les captures marines restent concentrées dans un petit nombre de pays producteurs (figure 9a). En 2020, comme les années précédentes, les sept principaux producteurs ont réalisé plus de 50 pour cent de l’ensemble des captures marines – 14,9 pour cent pour la Chine à elle seule (tableau 2), 8,2 pour cent pour l’Indonésie, 7,1 pour cent pour le Pérou, 6,1 pour cent pour la Fédération de Russie, 5,4 pour cent pour les États-Unis, 4,7 pour cent pour l’Inde et 4,2 pour cent pour le Viet Nam.
Figure 9Production de la pêche de capture marine, moyenne sur 2018-2020
La Chine reste le premier producteur mondial, mais ses captures marines diminuent: de 14,4 millions de tonnes en 2015, elles sont passées à 11,8 millions de tonnes en 2020, soit une baisse de 18,2 pour cent depuis 2015 et de 7,2 pour cent depuis 2018 (3,9 pour cent par an en moyenne). Le maintien d’une politique de réduction des captures au-delà des treizième et quatorzième plans quinquennaux (2016-2020 et 2021-2025) devrait se traduire par de nouvelles diminutions dans les années à venir.
Si les captures totales de la Chine qui figurent dans la base de données de la FAO sont généralement considérées comme étant complètes, des améliorations s’imposent pour attribuer plus précisément celles effectuées en eaux lointaines par le pays aux différentes zones et les ventiler par espèce.
Sur les 11,8 millions de tonnes déclarées par la Chine en 2020, 2,3 millions de tonnes ont été désignées comme des «prises en eaux lointaines», et parmi celles-ci, seules les prises commercialisées dans la zone 61 (Pacifique Nord-Ouest) étaient assorties de détails sur les espèces et les zones de pêche. Une partie des autres prises en eaux lointaines de la Chine a été attribuée à différentes zones de pêche grâce aux données mises à disposition par les organisations régionales de gestion des pêches (ORGP) et les 1,8 million de tonnes restantes ont été ajoutées à la base de données de la FAO sous la catégorie «poissons de mer non compris ailleurs» dans la zone 61, ce qui pourrait donner lieu à une surestimation des captures dans cette zone et du volume total de captures de poissons marins non définis de la Chine.
La base de données de la FAO sur les captures de la pêche marine à l’échelle mondiale contient des informations sur plus de 2 600 espèces (dont les catégories «non compris ailleurs»). Les poissons représentent environ 85 pour cent de l’ensemble de la production, et les groupes les plus importants sont les petits pélagiques, suivis des gadiformes et des thonidés et espèces apparentées. Une vision d’ensemble des données sur les captures de poissons marins par principaux groupes d'espèces et par principales zones de pêche de la FAO sont reprises à la figure 9b8.
En 2020, le niveau des captures d’anchois du Pérou (près de 4,9 millions de tonnes), bien que plus faible que le pic de 7,0 millions de tonnes enregistré en 2018, en a fait à nouveau l’espèce la plus pêchée. Le lieu de l’Alaska (Gadus chalcogrammus) est arrivé en deuxième position, avec 3,5 millions de tonnes pêchées, tandis que le listao (Katsuwonus pelamis) a conservé sa troisième place pour la onzième année consécutive, avec 2,8 millions de tonnes (tableau 3).
TABLEAU 3PRODUCTION DE LA PÊCHE DE CAPTURE MARINE: PRINCIPALES ESPÈCES/PRINCIPAUX GENRES
Malgré les mesures mises en place en 2020 pour endiguer la pandémie de covid-19 – lesquelles ont souvent eu des incidences négatives sur la demande du fait des restrictions appliquées au transport et à l’accès aux marchés mondiaux, ainsi que de la fermeture du secteur de la restauration –, les prises de quatre des groupes présentant le plus de valeur (thonidés, céphalopodes, crevettes et homards) ont conservé en 2020 leurs niveaux les plus élevés ou n’ont que légèrement diminué par rapport aux pics enregistrés au cours des cinq années précédentes:
- Les captures de thonidés et d’espèces apparentées ont continué d’atteindre certains records, mais sont néanmoins passées de 8,2 millions de tonnes en 2019 à 7,8 millions de tonnes en 2020, les exportations de thon frais et le marché du sashimi ayant fait les frais des restrictions liées à la covid-19. C’est dans la zone 71 (Pacifique Centre-Ouest) que les augmentations les plus récentes des captures ont été enregistrées: de 2,7 millions de tonnes environ au milieu des années 2000, elles ont atteint près de 3,8 millions de tonnes en 2019, avant de diminuer de plus de 5 pour cent en 2020 (3,6 millions de tonnes). Le listao et l’albacore (Thunnus albacares) représentaient plus de 55 pour cent des captures pour ce groupe d’espèces.
- Après un pic à 4,9 millions de tonnes en 2014, les captures de céphalopodes ont oscillé entre 3,5 millions de tonnes et 3,8 millions de tonnes. Elles ont toutefois conservé les niveaux relativement élevés qui ont caractérisé leur croissance presque continue au cours des 20 dernières années; en 2020, elles ont atteint 3,7 millions de tonnes. Les céphalopodes forment un groupe d’espèces à croissance rapide qui sont très sensibles aux changements environnementaux, ce qui explique probablement les fluctuations observées dans les captures, en particulier celles des trois principales espèces d’encornet: l’encornet géant (Dosidicus gigas), l’encornet rouge argentin (Illex argentinus) et le toutenon japonais (Todarodes pacificus).
- Les captures de crevettes ont atteint de nouveaux sommets en 2017 (près de 3,4 millions de tonnes), essentiellement en raison de la reprise des captures de salicoque rouge d’Argentine (Pleoticus muelleri), qui se maintient et qui compense les déclins observés pour les autres principales espèces de crevette, notamment la cevrette akiami (Acetes japonicus) et la crevette-archer (Trachysalambria curvirostris). En 2020, les captures se sont chiffrées à 3,2 millions de tonnes, confirmant la tendance observée ces dernières années (entre 3,1 millions de tonnes et 3,4 millions de tonnes par an).
- Les captures de homard ont chuté à 255 000 tonnes en 2020 – soit le niveau le plus faible depuis 2009 –, le décapode faisant partie des espèces de grande valeur les plus touchées par les restrictions imposées dans le contexte de la covid-19 et par la fermeture des marchés d’exportation mondiaux. Avec l’allégement des restrictions, on s’attend à retrouver les niveaux supérieurs à 300 000 tonnes enregistrés ces dernières années, notamment pour le homard américain (Homarus americanus), qui représente plus de la moitié des captures de ce groupe.
Le tableau 4 présente les statistiques des captures dans les principales zones de pêche de la FAO lors des cinq dernières années, ainsi que des dernières décennies, dans les catégories suivantes (figure 10):
- zones tempérées (zones 21, 27, 37, 41, 61, 67 et 81);
- zones tropicales (zones 31, 51, 57 et 71);
- zones de résurgence (zones 34, 47, 77 et 87);
- zones arctique et antarctique (zones 18, 48, 58 et 88).
TABLEAU 4PRODUCTION DE LA PÊCHE DE CAPTURE MARINE ET CONTINENTALE: PRINCIPALES ZONES DE PÊCHE DE LA FAO
Figure 10PRODUCTION des PÊCHES DE CAPTURE en eaux marines: tendances dans trois principales catégories de zones de pêche
En 2020, les captures ont atteint 35,2 millions de tonnes dans les zones tempérées, soit un niveau légèrement inférieur à celui des années précédentes. Avant cela, elles étaient généralement restées stables, entre 36,2 millions de tonnes et 39,6 millions de tonnes par an depuis le début des années 2000, après les deux niveaux records de l’ordre de 45 millions de tonnes enregistrés en 1988 et en 1997.
La zone 61 (Pacifique Nord-Ouest) a enregistré la production la plus importante: 19,2 millions de tonnes, soit 24 pour cent des débarquements de la pêche marine à l’échelle mondiale, en 2020. Comme indiqué plus haut, les captures pour cette zone comprennent une partie de celles des flottilles de pêche chinoises en eaux lointaines (enregistrées sous la catégorie «poissons de mer non compris ailleurs»), réalisées dans d’autres zones de pêche mais attribuées à la zone 61 faute d’informations détaillées sur l’endroit où elles ont effectivement eu lieu.
Dans l’ensemble, les volumes pêchés dans les autres zones tempérées sont restés stables au cours des 10 dernières années, avec toutefois une diminution récente dans les zones 41 et 81 (Atlantique Sud-Ouest et Pacifique Sud-Ouest) qui s’explique en partie par un recul marqué des captures des pays qui pêchent en eaux lointaines et ciblent les céphalopodes dans l’Atlantique Sud-Ouest et diverses espèces dans le Pacifique Sud-Ouest.
Dans les zones tropicales, les captures dans l’océan Indien (zones 51 et 57) et dans le Pacifique Centre-Ouest (zone 71) ont atteint les niveaux les plus élevés jamais enregistrés avec, respectivement, 12,5 millions de tonnes (2017) et 13,3 millions de tonnes (2018). Depuis, les prises ont diminué, mais sont restées juste légèrement inférieures aux pics constatés ces dernières années.
Dans l’océan Indien, les volumes de capture augmentent de manière constante depuis les années 1980, en particulier dans la zone 57 (océan Indien Est), où la hausse est principalement attribuable aux captures de petits pélagiques, de grands pélagiques (thons et marlins) et de crevettes.
La zone 71 (Pacifique Centre-Ouest) s’est classée en deuxième position en 2020, toutes zones confondues, avec un volume de débarquements de 13,3 millions de tonnes. Ses captures augmentent elles aussi régulièrement depuis les années 1950, et la plus grande part de cette hausse est attribuable aux thonidés et aux espèces apparentées. Les captures de listao, notamment, sont passées de 1,0 million de tonnes à près de 1,9 million de tonnes au cours des 20 dernières années, tandis que celles des autres principaux groupes d’espèces sont restées pour la plupart stables.
Dans la zone 31 (Atlantique Centre-Ouest), les volumes ont diminué après les captures records de 2,5 millions de tonnes enregistrées au milieu des années 1980, mais sont relativement stables depuis le milieu des années 2000, fluctuant entre 1,2 et 1,6 million de tonnes par an. La tendance de la production totale est déterminée dans une large mesure par les captures de menhaden écailleux (Brevoortia patronus) réalisées par les États-Unis. Ce clupéidé, qui est transformé en farine et huile de poisson, représente plus de 30 pour cent de l’ensemble des prises.
Dans les zones de résurgence, les captures se caractérisent par une forte variabilité d’une année sur l’autre. Le total des captures dépend fortement des volumes pêchés dans la zone 87 (Pacifique Sud-Est), où les conditions océanographiques liées au phénomène El Niño influent considérablement sur l’abondance de l’anchois du Pérou, qui représente 50 à 70 pour cent des prises attribuées à la zone.
Dans cette zone, la tendance de fond est à la baisse des captures depuis la moitié des années 1990, indépendamment de la fluctuation des volumes d’anchois du Pérou. Les prises annuelles sont passées de plus de 20 millions de tonnes en 1994 à un volume compris entre 7 et 10 millions de tonnes ces dernières années, principalement en raison d’un recul des captures des deux espèces les plus importantes, à savoir l’anchois du Pérou et le chinchard du Chili (Trachurus murphyi). Cependant, les captures à forte valeur d’encornet géant croissent de manière notable depuis le début des années 2000, compensant ainsi partiellement la baisse constatée pour les autres espèces. Les captures d’encornet géant sont passées de 128 000 tonnes en 2000 à 1 million de tonnes en 2015, puis ont fluctué les années suivantes pour atteindre 880 000 tonnes en 2020.
Dans la zone 34 (Atlantique Centre-Est), les captures ont progressé de façon presque continue, atteignant en 2018 le volume record de 5,5 millions de tonnes, avant de repasser à 4,9 millions de tonnes en 2020. La tendance inverse a été observée dans la zone 47 (Atlantique Sud-Est), où les captures diminuent progressivement depuis le pic de 3,3 millions de tonnes enregistré en 1978; elles se sont établies à 1,4 million de tonnes en 2020.
Dans la zone 77 (Pacifique Centre-Est), les volumes sont restés globalement stables, allant de 1,6 à 2 millions de tonnes par an.
Le total des captures dans les zones de pêche de l’Antarctique (zones 48, 58 et 88) est assez peu important, mais a augmenté fortement ces dernières années, passant de 270 000 tonnes en 2017 à 462 000 tonnes en 2020, soit le volume le plus élevé depuis le début des années 1990. Le krill antarctique (Euphausia superba), dont les captures, après le recul observé au début des années 1990, sont passées de moins de 100 000 tonnes à la fin des années 1990 à 455 000 tonnes en 2020, est de loin l’espèce la plus représentée. Enfin, les captures de légine australe (Dissostichus eleginoides), deuxième espèce la plus importante, restent relativement stables, entre 10 500 et 12 200 tonnes par an.
Production de la pêche de capture continentale
En 2020, le volume total des captures en eaux continentales s’est établi à 11,5 millions de tonnes (tableau 5), soit une diminution de 5,1 pour cent par rapport à 2019. Comme la pêche de capture marine, la pêche de capture continentale a vu ses opérations très perturbées par la pandémie de covid-19 durant 2020, et la réduction des captures en Chine est venue s’ajouter au tableau. Malgré cette baisse en 2020, les captures en eaux continentales restent à des niveaux historiquement élevés, qui ne sont que légèrement inférieurs au pic de 12,0 millions de tonnes enregistré en 2019.
TABLEAU 5PÊCHE DE CAPTURE CONTINENTALE: PRINCIPAUX PAYS ET TERRITOIRES PRODUCTEURS
Cette tendance foncière à la hausse de la production halieutique continentale s’explique en partie par l’amélioration des processus de communication de données et d’évaluation au niveau des pays. Cela étant, les systèmes de collecte de données sur la pêche continentale manquent pour beaucoup encore de fiabilité ou sont, dans certains cas, tout simplement inexistants; par ailleurs, les améliorations en matière de communication d’informations peuvent également occulter les tendances qui sont à l’œuvre dans les différents pays. Point tout aussi important, beaucoup de pays ne communiquent pas leurs volumes de captures en eaux continentales, ou seulement partiellement, et la FAO procède à l’estimation d’une part des captures totales en eaux continentales comparativement plus élevée que celle des captures marines.
Pour la première fois depuis le milieu des années 1980, la Chine n’est pas le principal producteur des pêches en eaux continentales en 2020, cette place étant occupée par l’Inde, avec 1,8 million de tonnes. La Chine reste l’un des plus grands producteurs, mais ses captures déclarées ont diminué de plus de 33 pour cent, passant de 2,2 millions de tonnes en 2017 à 1,5 million de tonnes en 2020. Cette baisse notable est le résultat de mesures qui ont été récemment mises en place par le Ministère chinois de l’agriculture et des affaires rurales – notamment une interdiction de pêche de 10 ans dans le fleuve Yangtsé – et dont l’objectif est la conservation des ressources aquatiques, le raisonnement suivi étant que l’amélioration et le développement de l’aquaculture continentale et de la pêche fondée sur l’élevage peuvent répondre à l’augmentation de la demande de produits alimentaires d’origine aquatique9 découlant de la réduction des captures dans les eaux continentales.
Si l’on excepte la Chine, l’augmentation des captures en eaux continentales continue d’être attribuable à plusieurs grands producteurs – notamment l’Inde, le Bangladesh, le Myanmar et l’Ouganda (figure 11). La plupart des pays ayant signalé un recul des captures pèsent relativement peu dans la production mondiale, bien que certains d’entre eux (en particulier le Cambodge, le Brésil, le Viet Nam et la Thaïlande) apportent une importante contribution en poisson aux régimes alimentaires nationaux et régionaux.
Figure 11Évolution des captures des cinq principaux pays producteurs de la pêche continentale
Les captures de la pêche continentale sont, par comparaison avec celles de la pêche marine, davantage concentrées dans les principaux pays producteurs dotés de grandes étendues d’eau ou d’importants bassins fluviaux (figure 12): en 2020, 75 pour cent des captures en eaux continentales ont été produites par 13 pays, contre 20 pays pour celles de la pêche marine.
Figure 12Production de la pêche de capture continentale, PAR PAYS, moyenne sur 2018-2020
Pour cette même raison, les grands producteurs de la pêche continentale sont aussi plus concentrés géographiquement; l’Asie contribue ainsi pour une part particulièrement élevée à la production totale des pêches de capture en eaux continentales, lesquelles constituent une source de nourriture importante pour de nombreuses communautés locales. Depuis le milieu des années 2000, l’Asie représente systématiquement quelque deux tiers de la production mondiale de la pêche continentale; les quatre principaux producteurs se trouvent sur ce continent et ont contribué pour plus de 46 pour cent au total des captures en eaux continentales en 2020.
Au niveau mondial, l’Afrique produit plus de 25 pour cent des captures en eaux continentales, et cette production est essentielle à la sécurité alimentaire, en particulier dans les pays sans littoral et à faible revenu. Ensemble, les volumes déclarés pour l’Europe et les Amériques représentent 8 pour cent environ des captures de la pêche continentale, tandis que les prises de l’Océanie sont négligeables.
Trois grands groupes d’espèces représentent plus de 75 pour cent des captures de la pêche continentale. Le premier groupe, celui des «carpes, barbeaux et autres cyprinidés», croît de manière constante: d’environ 0,7 million de tonnes par an au milieu des années 2000, ses captures sont passées à presque 1,9 million de tonnes en 2020. Une grande partie de l’augmentation récente des captures en eaux continentales peut lui être attribuée. Les captures du deuxième groupe, celui des «tilapias et autres cichlidés», ont également commencé à augmenter au cours des dernières années, passant de 0,7 à 0,9 million de tonnes par an. Quant au troisième groupe, celui des «crustacés d’eau douce», il est resté généralement stable, représentant entre 0,4 million de tonnes et 0,45 million de tonnes par an; en 2020, toutefois, les captures ont chuté à 0,3 million de tonnes, principalement du fait du recul de la production de la Chine.
Sources de données et qualité des statistiques de la FAO relatives aux captures
Les rapports nationaux sont la principale – mais pas la seule – source de données utilisée pour alimenter et actualiser les bases de données sur la pêche de capture de la FAO. La qualité des statistiques de l’Organisation est donc fortement tributaire de l’exactitude, de l’exhaustivité et de la communication en temps voulu des données qui sont recueillies par les institutions nationales responsables de la pêche et qui lui sont transmises chaque année.
Les données présentées sont bien souvent incomplètes, incohérentes ou non conformes aux règles internationales en matière d’établissement de rapports, et la FAO s’efforce de les gérer en collaboration avec les pays, l’objectif étant d’aider ces derniers à améliorer leurs méthodes de collecte et de communication de données et à couvrir davantage d’espèces. Le nombre d’espèces déclarées (indicateur de qualité et de couverture en ce qui concerne la communication des captures) a ainsi plus que doublé entre 1996 (1 035 espèces) et 2020 (2 981 espèces). Toutefois, une part importante des captures n’est toujours pas déclarée au niveau de l’espèce, en particulier pour des groupes tels que les requins, les raies et les chimères s’agissant de la pêche de capture marine. Concernant la pêche en eaux continentales, la catégorie des poissons d’eau douce nca (Actinopterygii) représente quelque 50 pour cent des captures au niveau mondial ces dernières années.
La qualité et l’exhaustivité des données varient également notablement selon qu’il est question de captures en eaux continentales ou de captures marines, et les données ventilées par espèce sont généralement plus complètes dans le cas de la pêche marine.
Par ailleurs, la FAO indique aux utilisateurs des bases de données les pays dont les statistiques officielles relatives aux captures sur une longue période peuvent présenter des incohérences dues à des ruptures dans les séries chronologiques provenant de modifications de la méthode de collecte de données. Les améliorations des systèmes nationaux de collecte et de communication de données sont toujours appréciées, mais si elles ne s’accompagnent pas d’une correction des données historiques, elles peuvent déboucher sur des variations brutales des volumes nationaux de captures et, si le nombre d’espèces déclarées augmente également, des tendances au niveau des espèces.
Si certaines informations ne sont pas communiquées en temps voulu ou ne le sont tout simplement pas, la FAO n’est pas en mesure de réaliser des estimations complètes et de qualité pour l’ensemble des pêches de capture. L’envoi tardif des questionnaires complétés relatifs aux pêches de capture complique les tâches de traitement, de validation et d’examen des statistiques – en particulier pour l’année la plus récente – qui doivent être accomplies par la FAO avant la publication officielle des données, généralement tous les ans à la mi-mars. En l’absence de rapports nationaux, ou lorsque les données transmises présentent des incohérences, la FAO peut réaliser des estimations sur la base des meilleures données disponibles à partir d’autres sources d’information officielles (notamment celles publiées par les ORGP ou établies au moyen de méthodes standard).
La FAO continue de déplorer que certains pays n’aient pas répondu à ses questionnaires ces dernières années ou aient communiqué des données incomplètes. Parmi ces pays, il y a de grands producteurs tels que l’Indonésie, le Brésil, la Mauritanie et le Cambodge. Les problèmes relatifs à l’envoi tardif ou à l’absence de communication de données à la FAO ont été exacerbés en 2020 par la pandémie de covid-19, qui a perturbé les activités habituelles de collecte de données.
La qualité globale des informations relatives aux captures dans les bases de données mondiales de la FAO ne pourra être renforcée que si les pays améliorent leurs systèmes nationaux de collecte de données; des informations plus fiables pourront ainsi être produites et éclairer les décisions en matière de politique et de gestion sur les plans national et régional (encadré 1). L’Organisation continue d’apporter son concours aux initiatives visant à perfectionner les systèmes nationaux de collecte de données, comme les programmes d’échantillonnage basés sur des analyses statistiques solides, les échantillonnages effectués dans les sous-secteurs de la pêche qui n’étaient auparavant pas couverts et la normalisation de ces activités sur les différents sites de débarquement.