CONSOMMATION DE PRODUITS ALIMENTAIRES D’ORIGINE AQUATIQUE20
L’ensemble des statistiques de consommation de produits alimentaires d’origine aquatique présentées dans la présente section proviennent des bilans des disponibilités alimentaires de la FAO, qui couvrent les données à partir de 1961. Ces bilans constituent un cadre statistique qui propose des estimations des produits alimentaires disponibles pour la consommation humaine (consommation apparente20), et non de la quantité réelle de nourriture consommée (consommation effective).
Évolution de la consommation de produits alimentaires d’origine aquatique21
La consommation mondiale22 de produits alimentaires d’origine aquatique, à l’exclusion des algues20, a considérablement augmenté : elle a plus que quintuplé à l’échelle mondiale en presque 60 ans. En 2019, la consommation mondiale d’aliments d’origine aquatique était estimée à 158 millions de tonnes, soit une hausse de 28 millions de tonnes par rapport à 196123. La consommation a progressé à un taux annuel moyen de 3,0 pour cent depuis 1961, alors que la croissance démographique s’est établie à 1,6 pour cent (figure 38). Les facteurs qui ont le plus influé sur la consommation par habitant sont l’augmentation des disponibilités alimentaires, l’évolution des préférences des consommateurs, les progrès technologiques et la hausse des revenus.
Figure 38Croissance annuelle moyenne de la consommation de produits alimentaires D'ORIGINE AQUATIQUE
L’Asie, qui compte 60 pour cent de la population mondiale, a contribué pour 72 pour cent des 158 millions de tonnes de produits alimentaires d’origine aquatique disponibles pour la consommation humaine en 2019 (figure 39). À titre de comparaison, en 1961, l’Asie a consommé 48 pour cent de l’ensemble des produits alimentaires d’origine aquatique disponibles pour la consommation humaine. Sur la même période, la part des produits alimentaires d’origine aquatiques consommée en Europe et aux États-Unis d’Amérique a progressivement diminué. Leurs parts respectives sont passées de 32 pour cent et 9 pour cent en 1961 à 10 pour cent et 5 pour cent en 2019. L’importance croissante des pays asiatiques en tant que consommateurs de produits d’origine aquatique20 résulte d’une combinaison de différents facteurs. Premièrement, l’Asie occupe le rang de premier producteur de produits d’origine aquatique depuis 1993, principalement grâce au développement de sa production aquacole.
Figure 39Consommation de produits alimentaires D'ORIGINE AQUATIQUE par continent, 1961-2019
Deuxièmement, le continent a connu une croissance économique importante ces dernières décennies, qui a entraîné une augmentation des revenus, un élargissement de la classe moyenne et une migration des populations rurales vers les villes, où les produits alimentaires d’origine aquatique sont plus accessibles. Enfin, l’augmentation des importations et la réorientation de certaines exportations vers le marché intérieur chinois ont offert une plus grande diversité de produits aquatiques aux consommateurs du pays, et ont stimulé leur consommation.
Au fil des ans, on est arrivé à une situation où au moins la moitié de la production alimentaire d’origine aquatique est consommée par un petit nombre seulement de pays. En 1961, les cinq principaux pays consommateurs de produits alimentaires d’origine aquatique (Japon, ex-Union des républiques socialistes soviétiques, Chine, États-Unis et Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord) représentaient la moitié de la consommation mondiale. En 2019, la part des cinq principaux pays consommateurs (Chine, Indonésie, Inde, États-Unis et Japon) est passée à 59 pour cent. Cette concentration reflète l’émergence d’acteurs majeurs comme la Chine, qui a absorbé à elle seule 36 pour cent de l’ensemble de produits aquatiques disponibles pour la consommation alimentaire en 2019.
Consommation de produits alimentaires d’origine aquatique par habitant
La consommation annuelle mondiale par habitant de produits alimentaires d’origine aquatique est passée de 9,9 kg en moyenne dans les années 1960 à 11,4 kg dans les années 1970, 12,5 kg dans les années 1980, 14,4 kg dans les années 1990, 17,0 kg dans les années 2000 et 19,6 kg dans les années 2010, avec un record de 20,5 kg en 2019. Les estimations préliminaires indiquent une baisse de la consommation en 2020 (20,2 kg) du fait d’une contraction de la demande, suivie d’une légère augmentation en 2021.
En dehors de quelques exceptions, en particulier le Japon, la plupart des pays ont vu leur consommation par habitant de produits alimentaires d’origine aquatique augmenter sur la période 1961-2019. Cependant, cette augmentation a été extrêmement variable selon les pays, et la plus forte croissance annuelle (3,2 pour cent) a été observée dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure. Parmi ceux-ci, la Chine est le pays qui a le plus contribué à cette croissance, du fait de l’expansion considérable de sa production halieutique et aquacole24 et de l’accroissement de sa population. En 2019, la population de la Chine représentait 56 pour cent de la population totale des pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure. En Chine, la consommation par habitant est passée de 4,2 kg en 1961 à 40,1 kg en 2019. Les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure ont connu une croissance annuelle plus lente (1,9 pour cent), mais supérieure à celle des pays à revenu élevé (0,5 pour cent). La croissance modérée observée dans les pays à revenu élevé tient principalement aux niveaux déjà importants de consommation de produits d’origine aquatique. Les pays à faible revenu ont connu une croissance négative de 0,2 pour cent par an sur la période 1961-2019.
Outre la forte variabilité des taux de croissance selon les catégories économiques, on constate des différences énormes dans la consommation de produits alimentaires d’origine aquatique par habitant d’un pays à l’autre. Les quantités consommées selon les pays traduisent des écarts dans les niveaux de disponibilités des produits alimentaires, d’origine aquatique ou autres – y compris en ce qui concerne la proximité des installations aquacoles, des sites de débarquement de poisson et des marchés, et l’accès à ces structures –, ainsi que des disparités dans les prix, les niveaux de revenu, la conscience des aspects nutritionnels, les traditions alimentaires et les préférences des consommateurs. Il est important de noter qu’il existe également des différences au sein des pays, les niveaux de consommation étant généralement plus élevés dans les zones côtières. En 2019, sur les 227 pays pour lesquels la FAO a procédé à des estimations de la consommation par habitant de produits alimentaires d’origine aquatique, 133 se situaient sous la moyenne mondiale, et 94 au-dessus. Les pays dont le niveau de consommation était inférieur à la moyenne mondiale représentaient 54 pour cent de la population totale en 2019. Les pays où la consommation est la plus élevée (plus de 80 kg par habitant et par an) comprennent l’Islande, les Îles Féroé et les Maldives (figure 40). Le contraste avec les pays où la consommation par habitant est de moins de 1 kg par habitant et par an, comme l’Afghanistan, le Tadjikistan et l’Éthiopie, est saisissant. En 2019, la consommation moyenne mondiale par habitant était de 20,5 kg. Les chiffres moyens sont de 5,4 kg dans les pays à faible revenu, 15,2 kg dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, 28,1 kg dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure et 26,5 kg dans les pays à revenu élevé (tableau 14). Toutefois, si l’on ne tient pas compte de la Chine, la consommation moyenne des pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure tombe à 13,0 kg par habitant.
Figure 40Consommation apparente de produits alimentaires D'ORIGINE AQUATIQUE par personne (moyenne), 2017-2019
TABLEAU 14CONSOMMATION APPARENTE DE PRODUITS D'ORIGINE AQUATIQUE, TOTALE ET PAR HABITANT (PAR RÉGION ET PAR CATÉGORIE ÉCONOMIQUE) EN 2019
Les différences entre les continents sont également frappantes. L’Asie a enregistré la consommation de produits alimentaires d’origine aquatiques la plus élevée en 2019, avec 24,5 kg par habitant. Elle était suivie de l’Océanie (23,1 kg), de l’Europe (21,4 kg), des Amériques (14,5 kg) et de l’Afrique (10,1 kg). Il convient toutefois de souligner que les chiffres réels pourraient être supérieurs aux statistiques officielles, étant donné que la contribution de la pêche de subsistance, de la pêche artisanale et du commerce transfrontière informel n’est pas totalement comptabilisée. Ce point pourrait être particulièrement pertinent pour l’Afrique et certains pays d’Asie.
Les habitudes de consommation de produits alimentaires d’origine aquatiques diffèrent selon les pays en Afrique. Malgré une faible consommation moyenne de ces produits sur le continent, 11 pays ont enregistré une consommation supérieure à la moyenne mondiale. Il s’agissait notamment de petits États insulaires en développement (PEID), ainsi que du Gabon, du Congo, de la Gambie, de la Sierra Leone, du Ghana, de l’Égypte et de la Côte d’Ivoire. Dans les autres pays africains, la consommation de produits alimentaires d’origine aquatique est relativement faible, pour diverses raisons, notamment: la forte croissance de la population, qui dans la plupart des cas dépasse celle de la production des pêches de capture, le secteur aquacole relativement peu développé, qui limite le potentiel d’accroissement de la production dans un avenir proche, la médiocrité des infrastructures de débarquement et de marché et du réseau routier, qui entrave les déplacements de produits aquatiques de bonne qualité par-delà les frontières à l’intérieur du continent, et les importantes pertes post-capture/récolte du fait du sous-développement des chaînes du froid. Par ailleurs, comme indiqué dans la section intitulée «Projections relatives à la pêche et à l’aquaculture», on s’attend à une aggravation de la situation en Afrique, où la consommation par habitant devrait diminuer au cours des 10 prochaines années. Si cela devait se produire, la menace au regard de la sécurité alimentaire serait bien réelle, compte tenu de la forte prévalence de la sous-alimentation dans la région et de la contribution essentielle des produits alimentaires d’origine aquatique à l’apport total de protéines animales dans de nombreux pays africains.
Avantages nutritionnels et environnementaux de la consommation de produits alimentaires d’origine aquatique
Les produits alimentaires d’origine aquatique sont une composante importante des régimes alimentaires sains et équilibrés (encadré 7). Même en petites quantités, ils peuvent avoir une incidence nutritionnelle très positive en apportant des nutriments essentiels dont la teneur est insuffisante dans les régimes alimentaires à base de végétaux. Les produits alimentaires d’origine aquatique apportent des protéines de haute qualité et des acides aminés essentiels, des vitamines (en particulier A, B et D), du phosphore et des minéraux tels que le fer, le calcium, le zinc, l’iode, le magnésium, le potassium et le sélénium, et sont l’une des principales sources alimentaires d’acides gras oméga 3 qui favorisent la santé cardiovasculaire. Selon les espèces, les produits alimentaires d’origine aquatique peuvent apporter différents niveaux de nutriments. La différence la plus notable est la teneur en matières grasses: les sardines, le saumon et le thon, par exemple, sont considérés comme des poissons gras, tandis que la morue ou le poisson-chat ont une chair maigre. Les deux acides gras oméga 3 que l’on trouve dans le poisson sont l’acide eicosapentaénoïque (EPA) et l’acide docosahexaénoïque (DHA). Le corps humain ne produit pas d’acides gras oméga 3; ceux-ci doivent donc lui être apportés par la nourriture. On trouve des acides gras oméga 3 dans tous les types de poissons, mais en quantité particulièrement importante dans les poissons gras. Une consommation régulière de poisson aide à maintenir une bonne santé cardiovasculaire en abaissant la tension artérielle, et réduit le risque d’accident vasculaire cérébral, de dépression, de maladie d’Alzheimer et d’autres maladies chroniques. Des essais contrôlés et des études d’observation ont permis de démontrer que les acides gras oméga 3 trouvés dans le poisson sont importants pour le développement optimal du cerveau et du système nerveux du nourrisson, et que les enfants dont les mères consomment peu de poisson ou d’acides gras oméga 3 durant la grossesse et la période d’allaitement ont un développement cérébral plus tardif.
Encadré 7Principales constatations du rapport consacré au rôle des produits alimentaires d’origine aquatiques dans la nutrition
Les systèmes alimentaires actuels parviennent rarement à fournir des produits alimentaires nutritifs et abordables de manière équitable, et de nombreuses personnes ne peuvent pas se permettre une alimentation saine. Le débat sur les systèmes alimentaires est souvent centré sur les produits alimentaires d’origine terrestre, ceux-ci représentant la majeure partie des produits consommés à l’échelle mondiale1, mais une attention croissante est portée aux produits alimentaires d’origine aquatique, qui constituent une source unique d’acides gras essentiels et de micronutriments tels que le fer, le zinc, le calcium, l’iode et les vitamines A, B12 et D. En réponse aux appels à adopter une alimentation plus durable sur le plan environnemental2, une consommation «modérée» de poisson et d’autres produits alimentaires d’origine aquatique1 a été intégrée dans les préconisations pour une alimentation saine et durable. Parallèlement, si l’importance d’une alimentation saine mais également durable sur les plans environnemental, économique et social est reconnue, il manque toujours un énoncé argumenté et bien défini de ce qu’est une «alimentation saine et durable». Le document de travail d’ONU-Nutrition intitulé Le rôle des produits alimentaires d’origine aquatique dans une alimentation saine et durable3 vise à combler partiellement cette lacune en présentant les données probantes disponibles pour éclairer et guider l’action publique, les investissements et la recherche et faire en sorte que l’on exploite pleinement les immenses possibilités offertes par les produits alimentaires d’origine aquatique au regard de l’alimentation saine et durable et de la concrétisation des objectifs de développement durable (ODD).
Ce document indique que beaucoup d’études ciblent uniquement un petit nombre d’espèces de poissons présentant une valeur économique élevée, et que la valeur nutritionnelle et culturelle plus générale des divers produits alimentaires d’origine aquatique n’est souvent pas prise en compte. Ces produits alimentaires d’origine aquatique – animaux, algues marines et micro-organismes cultivés et récoltés en milieu aquatique ainsi que les produits alimentaires obtenus à partir de cellules et d’origine végétale créés à l’aide de nouvelles technologies – jouent un rôle essentiel en contribuant à la sécurité alimentaire et nutritionnelle, tout en offrant des moyens d’existence aux populations dans le monde entier. Les produits alimentaires d’origine aquatique peuvent apporter une contribution majeure à la sécurité alimentaire et à la nutrition tout en permettant la transition vers une alimentation qui soit durable sur les plans social, économique et environnemental. Une consommation modérée n’entraîne pas nécessairement un accroissement des incidences environnementales négatives de la production si les produits sont fournis et consommés conformément aux recommandations formulées dans le document d’ONU-Nutrition. Les produits alimentaires d’origine aquatique peuvent faire partie de la solution qui permettra d’aboutir à des systèmes alimentaires résilients et à une alimentation saine pour tous, à condition d’être disponibles, accessibles, abordables et acceptables. Le document recommande aux décideurs et aux autres acteurs concernés d’encourager une consommation diversifiée de produits alimentaires d’origine aquatique au moyen de stratégies et d’interventions nutritionnelles, en veillant à une offre et une production équitables et durables de produits alimentaires d’origine aquatique, et en démocratisant l’accès aux savoirs, aux données et aux technologies afin de générer des connaissances utiles et des innovations applicables. Pour mettre les aliments aquatiques au menu, il faudra également encourager un changement de comportement des consommateurs et une demande de produits alimentaires d’origine aquatique plus diversifiés et provenant d’espèces situées en bas de la chaîne trophique.
- 1 FAO. 2022. FAOSTAT: Bilans alimentaires (2010-). In: FAO. Rome. www.fao.org/faostat/fr/#data/FBS (page web consultée le 14 avril 2022).
- 2 Willett, W., Rockström, J., Loken, B., Springmann, M., Lang, T., Vermeulen, S., Garnett, T. et al. 2019. «Food in the Anthropocene: The EAT–Lancet Commission on healthy diets from sustainable food systems.» The Lancet, 393(10170): 447-492. www.thelancet.com/pdfs/journals/lancet/PIIS0140-6736(18)31788-4.pdf?utm_campaign=tleat19&utm_source=HubPage
- 3 ONU-Nutrition. 2021. Le rôle des produits alimentaires d’origine aquatique dans une alimentation saine et durable. Document de consultation. www.unnutrition.org/wp-content/uploads/Aquatic-foods-and-SHD-Paper_FR.pdf
De nombreux pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire, notamment certains PEID, trouvent dans la pêche de subsistance une source essentielle de nourriture. Kiribati est un bon exemple: le pays est un PEID, mais il présente l’un des niveaux de consommation de produits alimentaires d’origine aquatique par habitant les plus élevés au monde. Dans ces pays, les protéines tirées des produits alimentaires d’origine aquatique contribuent de manière essentielle à l’alimentation, notamment lorsque les apports protéiques totaux sont peu élevés.
Par ailleurs, la part des protéines issues des produits alimentaires d’origine aquatique dans l’alimentation de la population des pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire est en général plus importante que dans les pays à revenu élevé (figure 41). Cela tient au fait que les produits alimentaires d’origine aquatique constituent souvent une source abordable de protéines animales, moins chère et plus accessible que les autres sources de protéines d’origine animale, qui est très appréciée et qui entre dans les traditions culinaires. La figure 41 illustre également le décalage entre les niveaux de consommation de produits alimentaires d’origine aquatique par habitant et leur contribution relative aux apports en protéines animales. En 2019, la consommation de produits alimentaires d’origine aquatique par habitant était beaucoup moins importante dans les pays à faible revenu que dans les pays à revenu élevé. Toutefois, les produits alimentaires d’origine aquatique contribuaient à une plus grande part des apports en protéines animales dans les pays à faible revenu que dans les pays à revenu élevé.
Figure 41Consommation de produits alimentaires D'ORIGINE AQUATIQUE et contribution aux apports en protéines animales, par catégorie économique, 2019
À l’échelle mondiale, les produits alimentaires d’origine aquatique ont fourni quelque 17 pour cent des protéines animales et 7 pour cent de l’ensemble des protéines en 2019 (figure 42). La même année, ils ont apporté 17 pour cent des protéines animales dans les pays à faible revenu, 23 pour cent dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, 17 pour cent dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure et 13 pour cent dans les pays à revenu élevé. De plus, pour 3,3 milliards de personnes, les produits alimentaires d’origine aquatique ont représenté au moins 20 pour cent de l’apport moyen en protéines animales par habitant (figure 43). Au Cambodge, en Sierra Leone, au Bangladesh, en Indonésie, au Ghana, au Mozambique et dans certains PEID, les produits alimentaires d’origine aquatique ont apporté 50 pour cent ou plus des apports totaux en protéines animales.
Figure 42Contribution des protéines végétales et animales aux apports journaliers moyens en protéines dans le monde, 2019
Figure 43Part des produits alimentaires D'ORIGINE AQUATIQUE dans les disponibilités en protéines animales (moyenne), 2017-2019
Commerce de produits alimentaires d’origine aquatique et accès à ces produits
Comme nous l’avons vu ci-dessus, la géographie explique une grande partie des différences dans les niveaux de consommation de produits alimentaires d’origine aquatique entre les pays. Cela étant, le commerce international a contribué à réduire l’incidence de la localisation géographique et de la faiblesse de la production intérieure en permettant à de nombreux pays d’accéder à des quantités plus importantes et à une plus grande diversité de produits alimentaires d’origine aquatiques non disponibles sur le marché intérieur. À l’échelle mondiale, la part des importations dans la consommation totale de produits alimentaires d’origine aquatique est passée de 16 pour cent en 1961 à 32 pour cent en 2019. La dépendance à l’égard des importations est plus importante dans les pays riches, où les infrastructures de la chaîne d’approvisionnement permettent de transporter les produits d’origine aquatique dans de bonnes conditions et où les consommateurs ont les moyens d’acheter des espèces qui ne sont pas produites localement, notamment celles de valeur élevée. Aux États-Unis, par exemple, la part des importations dans la consommation totale de produits alimentaires d’origine aquatique est passée d’un tiers en 1961 à près des trois quarts en 2019. Dans les pays à faible revenu, en revanche, la consommation de produits alimentaires d’origine aquatique repose principalement sur la production intérieure. En Ouganda, par exemple, les importations de produits alimentaires d’origine aquatique représentaient uniquement 1 pour cent de la consommation totale de ces produits en 2019. La majeure partie de l’approvisionnement du pays provient de la production intérieure – principalement des sardines d’eau douce, des perches et des tilapias pêchés ou élevés dans le lac Victoria.
Espèces sauvages ou d’élevage
L’augmentation de la consommation de produits alimentaires d’origine aquatique a été rendue possible principalement grâce à la hausse notable de la production aquacole, la production halieutique ayant plutôt stagné depuis la fin des années 1990. La proportion de produits alimentaires d’origine aquatique issus de l’aquaculture est passée de 6 pour cent dans les années 1960 à 50 pour cent dans les années 2010. Les estimations préliminaires pour 2020 indiquent que cette part est maintenant de 56 pour cent (figure 44). Il est également important de mentionner que ces chiffres ne se rapportent pas à la quantité effectivement consommée, mais aux produits alimentaires destinés à la consommation. Si l’on tient compte de la quantité comestible (en excluant par exemple les coquilles, ainsi que les autres parties non comestibles, qui peuvent en outre être différentes selon les traditions), les pêches de capture pourraient rester la principale source des produits alimentaires d’origine aquatique consommés, étant donné la forte proportion de bivalves et de crustacés d’élevage par rapport aux sauvages – écart qui est cependant en train de se réduire. Là encore, on note des disparités majeures entre les pays: la plus grande partie des espèces d’élevage est consommée par les pays asiatiques, c’est-à-dire les principaux producteurs. Par ailleurs, les projections indiquent une augmentation de l’importance des animaux aquatiques d’élevage dans la consommation mondiale de produits alimentaires d’origine aquatique à l’avenir (voir la section intitulée «Projections relatives à la pêche et à l’aquaculture»). L’accroissement important de la production aquacole a augmenté les disponibilités et a fait baisser les prix, en particulier pour les espèces qui proviennent désormais principalement de l’aquaculture plutôt que des pêches de capture. De ce fait, l’aquaculture a contribué à renforcer la sécurité alimentaire dans plusieurs pays en développement, en particulier en Asie, en mettant à disposition de grands volumes de différentes espèces d’eau douce de faible valeur pour la consommation intérieure.
Figure 44Parts respectives de l’aquaculture et de la pêche dans les produits alimentaires D'ORIGINE AQUATIQUE destinés à la consommation humaine
Cependant, la progression de la production aquacole n’a pas été uniforme pour toutes les espèces, certaines étant plus faciles à élever que d’autres. Par ailleurs, le secteur aquacole peut s’adapter plus rapidement et plus efficacement à l’évolution des préférences des consommateurs, car les producteurs ont une plus grande maîtrise de la production que dans le secteur des pêches de capture. De ce fait, la composition par espèce de la consommation mondiale de produits alimentaires d’origine aquatique a considérablement évolué au fil du temps. La consommation de crustacés, produits onéreux, était auparavant principalement concentrée dans les pays à revenu élevé. Cependant, l’augmentation de la production de crevettes d’élevage et la baisse de leur prix ont permis de multiplier par près de cinq fois les disponibilités de crustacés, de 0,4 kg à 2,2 kg entre 1961 et 2019. Une tendance similaire a été observée pour les mollusques (hors céphalopodes), dont la consommation par habitant est passée de 0,6 kg en 1961 à 2,5 kg en 2019. La croissance la plus forte concerne les poissons d’eau douce et les poissons diadromes, dont la consommation par habitant a presque quintuplé, passant de 1,5 kg en 1961 à 8,2 kg en 2019. Cette évolution reflète l’attirance en Asie pour certaines espèces d’eau douce et la forte demande de saumon et de truite, notamment en Europe et en Amérique du Nord, ainsi que de tilapia dans différents pays. Les groupes des poissons démersaux et pélagiques n’ont pas enregistré de telles variations, leur part dans la consommation mondiale moyenne étant restée stable, autour de 2,7 kg et 3,0 kg par habitant, respectivement.
En 2019, sur une consommation par habitant de 20,5 kg, près de 75 pour cent étaient constitués de poissons, et le reste de crustacés et mollusques. Les espèces d’eau douce et les espèces diadromes représentaient 40 pour cent de la consommation de produits alimentaires d’origine aquatique par habitant. Venaient ensuite les espèces de poissons marins, avec 33 pour cent, dont 15 pour cent d’espèces pélagiques, 13 pour cent d’espèces démersales et 5 pour cent de poissons marins non identifiés. Le reste de la consommation par habitant se composait de crustacés et mollusques, dont 12 pour cent de mollusques (hors céphalopodes), 11 pour cent de crustacés et 2 pour cent de céphalopodes.
Demande de produits alimentaires sains et prêts à consommer
Des changements sociétaux importants influent sur les décisions des consommateurs, en particulier dans les économies riches. Dans un contexte où le nombre de personnes en surpoids et les maladies liées à l’obésité augmentent dans beaucoup de pays, la tendance dominante en matière de consommation privilégie une alimentation saine. La demande d’aliments sains et nutritifs, tels que les produits alimentaires d’origine aquatique, a augmenté ces dernières années. Elle s’est en outre accompagnée d’une plus grande attention portée par les consommateurs et les grands distributeurs à la durabilité des systèmes des produits alimentaires d’origine aquatique, et notamment aux aspects environnementaux et sociaux. Cela a conduit les producteurs et les distributeurs à s’appuyer sur un ensemble de systèmes de certification et de labellisation pour répondre à la demande de produits alimentaires d’origine aquatique durables.
Les consommateurs, notamment dans les économies les plus avancées, ne veulent pas seulement que les produits d’origine aquatique soient sains et durables, ils souhaitent également qu’ils soient prêts à consommer. Les changements sociétaux, dont la hausse des revenus, la représentation plus importante des femmes dans la population active, l’urbanisation et la diminution de la taille des familles, ont entraîné une augmentation de l’utilisation de produits alimentaires prêts à l’emploi. Ces produits sont pré-cuisinés et emballés par des entreprises commerciales, nécessitent un minimum de préparation à la maison ou dans les établissements du secteur de la restauration et peuvent être commandés et livrés facilement par l’intermédiaire de plateformes en ligne. L’utilisation généralisée de smartphones et d’applications mobiles a popularisé la commande en ligne, la livraison à domicile et le retrait en magasin. Les confinements et les mesures de distanciation physique lors des premiers stades de la pandémie de covid-19 ont encore accentué cette tendance. Les exportateurs ont pâti des perturbations dans les marchés et les échanges au début de la pandémie, mais les petits fournisseurs locaux de poisson ont prospéré, ce qui souligne l’importance et la résilience des systèmes alimentaires locaux.
Algues
Actuellement, les algues marines et autres algues ne sont pas incluses dans les bilans des disponibilités alimentaires établis par la FAO en ce qui concerne les produits alimentaires d’origine aquatique, en raison des données limitées disponibles sur les algues marines et leurs utilisations dans la plupart des pays. Dans certains pays, notamment en Asie de l’Est, les algues marines entrent dans l’alimentation quotidienne depuis des siècles, mais la plupart des pays en ignorent la fonction alimentaire. Ce sont des produits alimentaires sains, nutritifs et peu caloriques. Les algues marines ont une composition nutritionnelle qui varie selon les espèces, mais elles sont généralement pauvres en graisses et comprennent divers micronutriments essentiels, tels que des acides gras oméga 3 et oméga 6 polyinsaturés, des vitamines (A, C, E et B12), de l’iode, des fibres alimentaires et des antioxydants. Outre leur intérêt nutritionnel, les algues marines offrent plusieurs avantages pour la santé – abaissement de la tension artérielle et prévention des accidents vasculaires cérébraux, par exemple (Fitzgerald et al., 2011). Dans un contexte mondial caractérisé par l’accroissement de la population et les défis environnementaux, les algues marines sont l’une des solutions durables qui peuvent contribuer à la sécurité alimentaire mondiale en apportant des aliments destinés à l’alimentation humaine ou animale (notamment pour l’aquaculture) (Cai et al., 2021). Elles peuvent être cultivées dans de l’eau de mer, et ne monopolisent donc pas de terres arables ni d’eau douce.
- 20Pour la définition des algues, de la consommation apparente, des produits alimentaires d’origine aquatique et les produits aquatiques, veuillez vous reporter au glossaire, et en particulier au contexte de SOFIA 2022.
- 21Les données relatives à la consommation en 2019 sont des données préliminaires. Ces valeurs pourraient différer légèrement de celles qui seront publiées dans la section consacrée aux bilans des disponibilités alimentaires de l’Annuaire des statistiques des pêches et de l’aquaculture 2020 de la FAO et dans l’espace de travail FishStatJ fin 2022. Pour obtenir les données à jour, voir la page: www.fao.org/fishery/fr/statistics
- 22L’ensemble des statistiques de consommation de produits alimentaires d’origine aquatique présentées dans cette section se rapportent à la consommation apparente.
- 23Les données relatives à la consommation de produits alimentaires d’origine aquatique sont exprimées en équivalent de poids vif.
- 24Pour la définition de la production halieutique et aquacole, veuillez vous reporter au glossaire, et en particulier au contexte de SOFIA 2022.