Les données qui figurent dans la présente section proviennent des bilans alimentaires établis par la FAO depuis 1961. Ces bilans permettent d’estimer la quantité de nourriture disponible pour la consommation humaine (consommation apparente) exprimée en équivalent poids vif, plutôt que la quantité réelle de nourriture consommée (consommation effective).
Évolution de la consommation apparente totale d’aliments aquatiques d’origine animale
En 2021u, les estimations indiquent que la consommation apparente mondiale d’aliments aquatiques d’origine animale (ce qui exclut les algues) a atteint 162 millions de tonnes (en équivalent poids vif) (tableau 11), ce qui représente une importante augmentation par rapport aux 28 millions de tonnes de 1961. Dans le passé, les États-Unis d’Amérique, l’Europe et le Japon représentaient une part importante de la quantité mondiale d’aliments aquatiques d’origine animale disponibles pour la consommation humaine. En 1961, leur part cumulée s’élevait à 47 pour cent de l’offre mondiale. Toutefois, en 2021, elle était tombée à 18 pour cent. Dans le même temps, la Chine, l’Inde et l’Indonésie ont vu leur part de la consommation mondiale d’aliments aquatiques d’origine animale croître fortement. Alors qu’elles ne représentaient collectivement que 17 pour cent en 1961, leur part cumulée avait bondi à 51 pour cent en 2021, la Chine représentant à elle seule 36 pour cent. Le recul notable des pays historiquement prédominants dans la consommation d’aliments aquatiques d’origine animale peut être attribué à des changements structurels survenus dans le secteur. Ces changements incluent l’influence acquise par les pays asiatiques dans la production des pêches et de l’aquaculture, ainsi que l’urbanisation croissante et le développement d’une classe moyenne en Asie. En 2021, cette dernière représentait 71 pour cent de la consommation mondiale d’aliments aquatiques d’origine animale, suivie de l’Europe (10 pour cent), de l’Afrique (8 pour cent), de l’Amérique du Nord (5 pour cent), de l’Amérique latine et des Caraïbes (4 pour cent) et de l’Océanie (1 pour cent). Bien que l’Europe et l’Afrique occupent une place similaire dans la consommation mondiale, elles diffèrent fortement par la taille de leurs populations, ce qui se traduit par des différences sensibles de la consommation par habitant.
TABLEAU 11CONSOMMATION APPARENTE TOTALE ET PAR HABITANT D’ALIMENTS AQUATIQUES D’ORIGINE ANIMALE, PAR RÉGION ET PAR CATÉGORIE ÉCONOMIQUE (2021)
Depuis 60 ans, la quantité mondiale d’aliments aquatiques d’origine animale disponibles pour la consommation humaine a augmenté à un rythme nettement plus élevé que la croissance de la population mondiale, ce qui s’est traduit par une augmentation de la consommation par habitant (figure 36). Entre 1961 et 2021, le taux de croissance annuel moyen de la consommation mondiale d’aliments aquatiques d’origine animale a été de 3,0 pour cent, dépassant le taux de croissance démographique annuel (1,6 pour cent). C’est en Afrique et Asie que la consommation a le plus augmenté, de 3,8 pour cent et 3,7 pour cent par an, respectivement.
FIGURE 36CONSOMMATION APPARENTE D’ALIMENTS AQUATIQUES D’ORIGINE ANIMALE PAR RÉGION, 1961-2021
En outre, pendant la même période, la consommation d’aliments aquatiques d’origine animale a crû plus fortement que celle de toutes les viandes terrestres confondues, dont le taux de croissance moyen a été estimé à 2,7 pour cent par an. De même, elle a dépassé celle de certaines catégories de viande telles que celles des bovins, des ovins, des caprins et des porcins, à l’exception de la viande de volaille, qui a connu un taux de croissance plus élevé (4,7 pour cent par an).
Évolution de la consommation apparente d’aliments aquatiques d’origine animale par habitant
Au niveau mondial, la consommation apparente annuelle d’aliments aquatiques d’origine animale par habitant a été estimée à 20,6 kilogrammes (en équivalent poids vif) en 2021, les estimations préliminaires pour 2022 s’établissant actuellement à 20,7 kilogrammes. La forte inflation des prix alimentaires dans nombre des principaux pays consommateurs et la croissance limitée de la production des pêches et de l’aquaculture sont les principaux facteurs qui expliquent cette croissance limitée.
Cependant, la moyenne mondiale masque des différences entre les pays (figure 37). Sur les 227 pays et territoires pour lesquels la FAO a estimé la consommation d’aliments aquatiques d’origine animale par habitant, 135 étaient, en 2021, au-dessous de la moyenne mondiale et 92 au-dessus. Ces disparités peuvent s’expliquer par divers facteurs, en particulier la disponibilité et l’accessibilité des aliments aquatiques et autres. Cette disponibilité dépend de plusieurs facteurs tels que la proximité et l’accessibilité d’installations aquacoles, de sites de débarquement et de marchés. Contribuent à cette variation, en outre, les différences de prix, de niveaux de revenu, de sensibilisation aux questions de nutrition, de traditions culinaires, d’habitudes alimentaires et de préférences des consommateurs. Par exemple, dans les pays à faible revenu, la consommation apparente d’aliments aquatiques d’origine animale par habitant était en moyenne de 5,3 kilogrammes en 2021, contre 12,5 kilogrammes dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, 30,6 kilogrammes dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure et 26,7 kilogrammes dans les pays à revenu élevé.
FIGURE 37CONSOMMATION APPARENTE D’ALIMENTS AQUATIQUES D’ORIGINE ANIMALE PAR HABITANT, MOYENNE 2019-2021
Entre 1961 et 2021, la consommation apparente d’aliments aquatiques d’origine animale par habitant a augmenté à un taux moyen d’environ 1,4 pour cent par an, passant de 9,1 kilogrammes en 1961 à 20,6 kilogrammes en 2021. Le Japon a été l’exception la plus notable, avec une consommation qui a chuté en passant de 50,2 kilogrammes en 1961 à 43,1 kilogrammes en 2021. Toutefois, le taux de croissance varie considérablement selon les régions (figure 38) et les pays. C’est l’Asie qui a connu le taux de croissance annuel le plus élevé (1,9 pour cent), suivie de l’Amérique latine et des Caraïbes (1,3 pour cent) et de l’Afrique (1,1 pour cent). La Chine a été le principal moteur de cette croissance, phénomène qui reflète l’expansion de sa pêche de capture et de sa production aquacole. Sa consommation apparente par habitant est passée de 4,3 kilogrammes en 1961 à 41,6 kilogrammes en 2021, ce qui représente une augmentation de 3,8 pour cent par an en moyenne. En Afrique, malgré un taux de croissance relativement élevé, la consommation d’aliments aquatiques d’origine animale par habitant est restée inférieure à celle d’autres régions. À l’inverse, c’est en Amérique du Nord, en Europe et en Océanie que la croissance de la consommation d’aliments aquatiques d’origine animale par habitant a été la plus faible, avec un taux annuel moyen de 0,7 pour cent à 0,9 pour cent. Ces régions ont déjà, en la matière, des niveaux de consommation élevés.
FIGURE 38CONSOMMATION APPARENTE D’ALIMENTS AQUATIQUES D’ORIGINE ANIMALE PAR HABITANT ET PAR RÉGION, 1961-2021
Les principaux facteurs à l’origine de la tendance durable à la hausse de la consommation d’aliments aquatiques d’origine animale par habitant, outre l’augmentation de la production, sont l’urbanisation, l’accroissement des revenus et les changements démographiques (par exemple, la réduction de la taille des familles), qui tous influencent les habitudes alimentaires. Au fil du temps, le monde s’est urbanisé, la population urbaine passant de 34 pour cent à 57 pour cent de la population mondiale entre 1961 et 2021 (FAO et al., 2023). L’urbanisation est un phénomène aux multiples facettes, qui se traduit non seulement par une augmentation du nombre de citadins et l’expansion des infrastructures urbaines, mais aussi par de profondes évolutions des normes sociétales, des pratiques culturelles et des modes de vie, y compris les habitudes alimentaires. Traditionnellement, les populations rurales ont une alimentation à base de plantes, riche en céréales, en fruits et en légumes, et pauvre en graisses. Cependant, les ruraux qui migrent vers les zones urbaines voient souvent leur alimentation évoluer vers des produits transformés, caractérisés par une teneur plus élevée en énergie, en sucres, en céréales raffinées et en graisses; en outre, les citadins tendent à consommer des aliments contenant une plus grande proportion de protéines animales. En effet, les citadins ont généralement moins de temps à consacrer à la préparation des repas à la maison mais un revenu disponible plus élevé, ce qui facilite l’accès aux aliments prêts à l’emploi et aux plats préparés. De 1961 à 2021, le produit intérieur brut mondial moyen par habitant a connu une croissance régulière, les pays à revenu faible ou intermédiaire affichant des augmentations plus prononcées que les pays à revenu élevé.
Malgré cette tendance générale à la hausse, on a observé, depuis 1961, quelques baisses de la consommation d’aliments aquatiques d’origine animale par habitant. Un tel recul s’est notamment produit en 2020, lorsque cette consommation a diminué de 1,3 pour cent, passant de 20,5 kilogrammes en 2019 à 20,2 kilogrammes. Cette réduction a été largement attribuée aux effets de la pandémie de covid-19, qui a entraîné une stabilité de la production mondiale des pêches et de l’aquaculture et une diminution des volumes échangés. C’est en Océanie (-5,3 pour cent), suivie de l’Afrique (-4,0 pour cent), de l’Europe (-3,3 pour cent), de l’Amérique du Nord (-2,9 pour cent), de l’Asie (-0,4 pour cent) et de l’Amérique latine et des Caraïbes (-0,3 pour cent), que la baisse de la consommation par habitant qui en a résulté a été la plus forte. En 2021, la consommation d’aliments aquatiques d’origine animale par habitant a augmenté au niveau mondial, mais près de la moitié des pays sont restés en deçà des niveaux d’avant la pandémie.
La pandémie de covid-19 a entraîné une réduction de la consommation par habitant non seulement d’aliments aquatiques d’origine animale, mais aussi de tous les autres aliments d’origine animale. Elle a entraîné une augmentation estimée à près de 90 millions du nombre de personnes souffrant de la faim entre 2019 et 2020. Ses effets ont été particulièrement importants dans les pays à faible revenu et les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure et parmi les populations défavorisées du monde entier, non pas en raison de pénuries alimentaires réelles, mais à cause des pertes de revenu subies au plus fort de la pandémie (FAO et al., 2023).
Bienfaits nutritionnels des aliments aquatiques d’origine animale
Les aliments aquatiques d’origine animale, qui présentent des caractéristiques nutritionnelles diverses et précieuses, peuvent aider à réduire l’insécurité alimentaire et nutritionnelle et à lutter contre de nombreuses formes de malnutrition, en procurant des nutriments de haute qualité qui fournissent un apport énergétique modéré. Même en petites quantités, ces aliments peuvent fournir des nutriments essentiels à une alimentation saine. Ils contiennent des protéines de haute qualité et des acides aminés essentiels, des vitamines (en particulier B et D) et des minéraux tels que le calcium, le zinc, le fer, l’iode, le magnésium, le potassium, le phosphore et le sélénium. Des espèces telles que la sardine, le maquereau, le saumon et le thon sont de bonnes sources d’acides gras oméga 3. En outre, la consommation du poisson entier, y compris la tête, les arêtes et la peau, permet de maximiser les bienfaits nutritionnels et de réduire le gaspillage, contribuant ainsi à la sécurité alimentaire mondiale (encadré 44, p. 206; voir aussi Les produits alimentaires d’origine aquatique: un potentiel inexploité pour une alimentation saine, p. 205).
Les aliments aquatiques d’origine animale ont contribué à hauteur d’au moins 20 pour cent à l’apport en protéines, toutes sources animales confondues, pour 3,2 milliards de personnes, soit plus de 40 pour cent de la population du globe. Au niveau mondial, ces aliments ont fourni, en 2021, 15 pour cent des protéines animales et 6 pour cent de l’ensemble des protéines. Toutefois, l’ampleur de leur contribution varie d’un pays à l’autre (figure 39), les pays à revenu faible ou intermédiaire dépendant généralement plus fortement de protéines issues d’aliments aquatiques d’origine animale que les pays à revenu élevé. Cela s’explique par le prix abordable, la disponibilité et l’accessibilité de ces produits, qui en font un aliment de base dans de nombreuses traditions culinaires. En 2021, les aliments aquatiques d’origine animale représentaient 14 pour cent des protéines animales dans les pays à faible revenu, 18 pour cent dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, 17 pour cent dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure et 10 pour cent dans les pays à revenu élevé.
FIGURE 39CONTRIBUTION DES ALIMENTS AQUATIQUES D’ORIGINE ANIMALE AUX APPORTS EN PROTÉINES ANIMALES PAR HABITANT, MOYENNE 2019-2021
Bien qu’en 2021 la consommation apparente d’aliments aquatiques d’origine animale par habitant ait été nettement plus faible dans les pays à faible revenu que dans ceux à revenu élevé, ces aliments ont fourni une plus grande part de l’apport en protéines animales dans les premiers que dans les seconds (figure 40). De même, en 2021, la consommation apparente d’aliments aquatiques d’origine animale par habitant a été en moyenne, en Afrique, de 9,4 kilogrammes, soit le chiffre le plus bas toutes régions confondues, alors que ces aliments ont procuré 18 pour cent des protéines animales, chiffre bien supérieur à la moyenne mondiale.
FIGURE 40CONSOMMATION APPARENTE D’ALIMENTS AQUATIQUES D’ORIGINE ANIMALE PAR HABITANT ET CONTRIBUTION À L’APPORT EN PROTÉINES ANIMALES PAR CATÉGORIE ÉCONOMIQUE, 2021
L’amélioration des bilans alimentaires de la FAO relatifs aux aliments aquatiques (encadré 4) a permis de fournir, pour ces aliments, des données sur 22 macronutriments et micronutriments supplémentaires, dont 13 sont également évalués pour tous les autres produits alimentaires, ce qui permet d’établir des comparaisons entre différents groupes d’aliments.
ENCADRÉ 4AMÉLIORATION DES BILANS ALIMENTAIRES DE LA FAO RELATIFS AUX PRODUITS AQUATIQUES
Depuis les années 1960, la FAO compile chaque année des statistiques en vue d’établir des bilans alimentaires pour les produits aquatiques dans 227 pays ou territoires, fournissant une vue d’ensemble de l’offre et de l’utilisation des aliments aquatiques dans chaque pays. Le dernier ensemble de données de ce type, publié en 2023, comprend des séries chronologiques révisées suite à la mise à jour des estimations démographiques et des données relatives à la composition nutritionnelle. Ces révisions ont également été appliquées aux bilans calculés par la FAO pour d’autres aliments. Les données démographiques ont été actualisées sur la base des Perspectives de la population mondiale publiées par la Division de la population de l’Organisation des Nations Unies en 2022. Ces mises à jour ont entraîné des révisions des séries par habitant, pour les tendances historiques et les chiffres absolus.
Les valeurs de composition nutritionnelle, utilisées pour convertir l’offre alimentaire en calories, protéines et graisses, ont été révisées et leur champ d’application élargi pour inclure les vitamines et les minéraux. La FAO a mis au point le tableau mondial de conversion des éléments nutritifs (Grande et al., 2024), qui présente des profils nutritionnels moyens à partir de données provenant de 13 tableaux nationaux et régionaux de grande qualité décrivant la composition des aliments. Cette ressource mondiale couvre un total de 530 produits alimentaires – dont 435 proviennent des cultures et du bétail et 95 sont des produits aquatiques. En outre, pour nous aider à cerner la valeur nutritionnelle des aliments aquatiques au-delà des calories, des protéines et des graisses totales, des facteurs de conversion pour 22 macronutriments et micronutriments supplémentaires ont été calculés. En conséquence, l’offre d’aliments aquatiques peut désormais être exprimée sur la base des glucides disponibles, des fibres alimentaires, du calcium, du fer, du magnésium, du potassium, du phosphore, du zinc, du cuivre, du sélénium, de la riboflavine, de la vitamine C, de la vitamine A (en ER et EAR)*, de la thiamine, de la vitamine B6, de la vitamine B12, des acides gras saturés totaux, des acides gras monoinsaturés totaux, des acides gras polyinsaturés totaux, de l’acide docosahexaénoïque et de l’acide eicosapentaénoïque que ces aliments contiennent. Pour tous les autres produits alimentaires, on dispose des valeurs de composition nutritionnelle pour 13 des 22 nouveaux macronutriments et micronutriments, et il est prévu d’inclure les neuf nutriments restants.
La révision des valeurs de composition en ce qui concerne les calories et les protéines n’a eu qu’un effet minime sur l’apport global en calories et en protéines provenant des aliments aquatiques d’origine animale. En revanche, la quantité de graisses fournies par ces aliments a augmenté. Cela pourrait être le signe d’une progression des techniques d’analyse utilisées pour mesurer la teneur en graisses des aliments, d’une plus grande disponibilité, dans différents tableaux de composition, de données relatives aux aliments aquatiques d’origine animale, et de changements des méthodes de production de ces aliments. Parmi les différents groupes d’espèces, ce sont les poissons d’eau douce et diadromes qui ont connu l’évolution la plus notable pour ce qui est de l’apport en graisses à la suite de la mise à jour; il s’agit du groupe d’espèces pour lequel la part de l’aquaculture dans la production est la plus élevée.
Ces données nouvellement mises à jour sont accessibles dans la rubrique Alimentation et régime alimentaire de FAOSTAT**. Celles relatives aux aliments aquatiques d’origine animale sont regroupées dans la catégorie Poissons, crustacés et leurs produits et peuvent être comparées à celles d’autres groupes d’aliments, à l’exception des nutriments pour lesquels seul les données sur les aliments aquatiques sont disponibles***.
Globalement, 6 pour cent de la riboflavine, 6 pour cent de la thiamine, 8 pour cent du calcium, 8 pour cent de la vitamine C, 9 pour cent de la vitamine A, 11 pour cent du zinc, 12 pour cent du fer, 13 pour cent du phosphore, 13 pour cent du potassium et 17 pour cent du magnésium fournis par les produits d’origine animale provenaient de produits aquatiques. Cependant, il existe entre les pays des variations notables. Au Botswana, par exemple, la contribution des aliments aquatiques à l’apport en nutriments provenant de produits d’origine animale était très faible, allant de 0 pour cent pour la vitamine C à seulement 1 pour cent pour le magnésium. En revanche, au Cambodge, elle allait de 37 pour cent pour la thiamine à 74 pour cent pour le calcium.
Les produits aquatiques d’origine animale sont également de précieuses sources de graisses, en particulier d’acides gras insaturés, élément essentiel d’une alimentation saine. Ils sont riches en graisses monoinsaturées et polyinsaturées (comme les acides gras oméga 3). Les acides gras oméga 3, en particulier l’acide eicosapentaénoïque (EPA) et l’acide docosahexaénoïque (DHA), sont essentiels à la santé humaine, notamment à la composition structurelle des membranes cellulaires, au développement optimal du cerveau et du système nerveux du bébé et au bon fonctionnement du système cardiovasculaire. Le corps humain ne pouvant les produire lui-même, ils doivent être apportés par l’alimentation.
Les données dont on dispose sur l’apport par habitant en graisses monoinsaturées et polyinsaturées dérivées d’aliments aquatiques d’origine animale révèlent d’importantes variations entre les pays et les régions. En ce qui concerne l’apport par habitant, par exemple, ce sont l’Islande, les Palaos et Kiribati qui ont obtenu les meilleurs résultats, tandis que l’Afghanistan, l’Éthiopie et l’Érythrée ont enregistré des niveaux proches de zéro. Au niveau régional, les moins bien classées sont l’Afrique, l’Amérique latine et les Caraïbes ainsi que l’Amérique du Nord, tandis que les mieux classées sont l’Asie, l’Europe et l’Océanie. Si les différences de quantités consommées expliquent en partie ces variations, les types d’aliments y jouent également un rôle. En Amérique du Nord, par exemple, la consommation apparente d’aliments aquatiques d’origine animale a été estimée à 23,4 kilogrammes par habitant, soit plus qu’en Europe (estimation de 22,2 kilogrammes). Malgré cela, en Amérique du Nord, l’apport en graisses monoinsaturées et polyinsaturées provenant de ces aliments était de 0,7 gramme par habitant et par jour, soit moins qu’en Europe (estimation de 1,0 gramme par habitant et par jour).
Évolution de la répartition par espèce des aliments aquatiques d’origine animale
Depuis la fin des années 1990, la production de la pêche de capture reste relativement stagnante, alors que la production aquacole connaît une forte croissance, entraînant une hausse de la consommation apparente d’aliments aquatiques d’origine animale. En conséquence, la proportion d’aliments de ce type en provenance de la production aquacole a considérablement augmenté, passant de 6 pour cent dans les années 1960 à 56 pour cent en 2021, d’où une modification de la répartition par espèce. Les données préliminaires laissent présager une progression jusqu’à 57 pour cent en 2022. Ces chiffres correspondent à la nourriture disponible en équivalent poids vif et ne tiennent pas compte du fait que les bivalves et les crustacés, dont de nombreuses parties ne sont pas comestibles, représentent une proportion plus importante de l’aquaculture que de la production d’animaux aquatiques par la pêche de capture (32 pour cent contre 8 pour cent en 2022). Il est donc probable que la pêche de capture reste la principale source de produits comestibles issus d’animaux aquatiquesv.
La consommation s’est déplacée du poisson au profit des crustacés et des mollusques (figure 41). La part des poissons dans la consommation d’aliments aquatiques d’origine animale a diminué, passant de 86 pour cent en 1961 à 74 pour cent en 2021. Parmi les poissons, la part des espèces d’eau douce et diadromes est passée de 20 pour cent de la consommation de poisson par habitant en 1961 à 55 pour cent en 2021. Cette évolution reflète l’augmentation de la production de salmonidés, de tilapias, de carpes et de pangas d’élevage au fil du temps. Parallèlement, la part des espèces de poissons marins a diminué, passant de 80 pour cent de la consommation de poisson par habitant en 1961 à 45 pour cent en 2021, les baisses les plus importantes concernant les poissons démersaux et pélagiques.
FIGURE 41CONSOMMATION APPARENTE D’ALIMENTS AQUATIQUES D’ORIGINE ANIMALE PAR PRINCIPAL GROUPE D’ESPÈCES, 1961 ET 2021
La part des crustacés et des mollusques a augmenté au fil du temps; aujourd’hui, la plupart de ces animaux, en particulier les mollusques et, dans une moindre mesure, les crustacés, sont issus de l’élevage. Les crustacés et les mollusques représentaient 14 pour cent de la consommation d’aliments aquatiques d’origine animale en 1961, contre 26 pour cent en 2021. Parmi eux, la part des crustacés a augmenté au détriment des céphalopodes, tandis que celle des mollusques est restée stable, comptant pour près de la moitié de la consommation.
Algues
Les algues marines et autres ne sont actuellement pas incluses dans les bilans alimentaires de la FAO relatifs aux aliments aquatiques en raison des données insuffisantes dont on dispose sur leur utilisation dans la plupart des pays. Néanmoins, elles jouent un rôle important dans l’alimentation quotidienne de plusieurs pays, en particulier en Asie de l’Est, cela depuis des siècles. Elles peuvent représenter une option nutritive, saine, riche en fibres et pauvre en calories. Face à l’augmentation de la population mondiale et aux problèmes environnementaux croissants, elles apparaissent comme une solution viable pour renforcer la sécurité alimentaire et restaurer les écosystèmes aquatiques. Contrairement aux cultures terrestres, celle des algues utilise l’eau de mer, évitant ainsi la concurrence pour les terres arables et les ressources en eau douce. En Asie et dans d’autres régions, des algues marines telles que le nori, le varech japonais et l’algue Eucheuma nei revêtent une grande importance culturelle et nutritionnelle. éléments fondamentaux des cuisines locales, elles sont également très appréciées pour leur richesse en micronutriments. À ce titre, elles jouent un rôle crucial dans les traditions culinaires nationales et peuvent contribuer utilement à l’action menée dans le monde pour améliorer la sécurité alimentaire.
- u Les données de consommation pour 2021 doivent être considérées comme préliminaires. Ces valeurs pourraient différer légèrement de celles qui seront publiées dans la section «Bilans alimentaires» de l’édition 2022 de l’Annuaire FAO de statistiques des pêches et de l’aquaculture, et dans l’espace de travail FishStatJ qui sera mis à disposition en 2024. Les données actualisées pourront être consultées sur le site web de la FAO, à l’adresse www.fao.org/fishery/fr/fishstat.
- v Pour plus d’informations, se reporter à l’édition 2022 du rapport sur La Situation mondiale des pêches et de l’aquaculture (FAO, 2022b, page 95).