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ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE.
Élevage en cage dans une ferme aquicole flottante. © Tolga Aslantürk

Panorama des pêches et de l’aquaculture dans le monde

Les systèmes alimentaires aquatiques sont très diversifiés et procurent toute une série d’avantages et de services environnementaux, économiques et sociaux. Ils sont de plus en plus reconnus, au niveau mondial et dans de nombreux pays et communautés, pour leur valeur nutritionnelle et leurs services écosystémiques qui contribuent à favoriser une alimentation saine et la biodiversité aquatique. Plus que jamais, ils représentent des solutions durables et offrent des possibilités d’améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition dans le monde, de renforcer les moyens d’existence et de préserver l’environnement.

Pour consolider le rôle que ces systèmes jouent, il faut accélérer les changements porteurs de transformation que la mise en place d’une pêche et d’une aquaculture mondiales durables et équitables exige. En 2021, la FAO a adopté la transformation bleue comme domaine prioritaire du Programme BP2b, qui vise à maximiser les opportunités dont les systèmes alimentaires aquatiques sont porteurs pour renforcer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition, éradiquer la pauvreté et appuyer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. En 2022, pour clarifier les concepts et fournir des orientations sur ses objectifs et ses actions prioritaires, la FAO a élaboré la Feuille de route sur la transformation bleuec.

L’édition 2024 de La Situation mondiale des pêches et de l’aquaculture montre comment, grâce à la transformation bleue en action, la FAO, en coordination avec ses membres et ses partenaires, encourage la collaboration et s’emploie, par diverses initiatives, à appuyer une intensification et une expansion durables de l’aquaculture, une gestion efficace des pêches mondiales et une amélioration des chaînes de valeur des aliments aquatiques. Grâce aux améliorations apportées à la collecte de données ainsi qu’aux outils et méthodes d’analyse et d’évaluation (encadré 1), les données sur l’état de la production mondiale des pêches et de l’aquaculture, ainsi que sur son utilisation, ont été révisées et étoffées.

ENCADRÉ 1STATISTIQUES DES PÊCHES ET DE L’AQUACULTURE: DÉFIS ET POSSIBILITÉS

Le rôle crucial que jouent les données dans toute activité d’élaboration de politiques, de suivi et d’évaluation des résultats fondée sur des éléments probants dépend de leur accessibilité, de leur fiabilité et de leur pertinence. Au fil des ans, la plupart des pays ont mis en place des systèmes de collecte et d’analyse de statistiques des pêches et de l’aquaculture. Malheureusement, la couverture et la fréquence de cette collecte continuent de poser un problème dans de nombreux pays. L’utilisation de processus non normalisés, conjuguée à une faible capacité de collecte, de stockage, de numérisation et d’analyse des données, entraîne une fragmentation de la collecte et une dispersion des données entre différentes institutions, ce qui limite la communication et la coordination.

Les problèmes en question sont les suivants:

  • de nombreux pays ne possèdent pas de registres des pêcheurs et des navires, ce qui nuit à la qualité des statistiques relatives à l’emploi et à la flotte;
  • la pêche artisanale et la pêche récréative ne sont souvent pas comptabilisées (FAO, 2023);
  • le transbordement est difficile à suivre en mer ou dans les ports étrangers, ce qui entrave la collecte de données sur les captures et de statistiques commerciales;
  • les enquêtes nationales réalisées auprès des ménages ou au sujet de l’emploi ne couvrent souvent pas les informations dont on a besoin sur les pêches et l’aquaculture, ce qui se traduit par des données de mauvaise qualité.

Il en résulte un manque d’éléments indiquant l’importance des pêches et de l’aquaculture et leur contribution vitale au développement national. Cela peut nuire à la visibilité des systèmes alimentaires aquatiques et conduire à leur marginalisation dans les politiques nationales, régionales ou mondiales ainsi que dans les processus décisionnels relatifs à l’allocation de ressources et au développement international.

Ces questions ont été débattues, en 2022, lors d’une série de réunions de la FAO auxquelles ont participé environ 500 personnes représentant 120 points focaux nationaux pour la fourniture de statistiques sur les pêches et l’aquaculture à l’Organisation. L’un des principaux résultats a été un appel à élaborer d’urgence une nouvelle stratégie mondiale pour les statistiques des pêches et de l’aquaculture*. En outre, les réunions ont mis en évidence la nécessité d’appuyer l’élaboration de stratégies statistiques nationales, de renforcer les capacités institutionnelles et techniques et d’améliorer les systèmes statistiques pour pouvoir mieux concevoir, suivre et évaluer l’efficacité des politiques, des interventions et des programmes. À cet égard, il faudrait que la FAO renforce son travail d’amélioration et d’élaboration de méthodes et d’outils adaptés pour la collecte de différents types de statistiques sur les pêches et l’aquaculture, cela en collaborant avec d’autres organisations internationales et régionales dans le cadre du Groupe de travail chargé de coordonner les statistiques des pêches, dont elle assure le secrétariat. La FAO s’efforce de mobiliser, pour ce programme ambitieux mais fondamental, les ressources requises pour améliorer les systèmes nationaux, régionaux et mondiaux de collecte de données sur les pêches et l’aquaculture.

La FAO est chargée, par ses membres, de produire régulièrement des informations actualisées et fiables en recueillant et conservant des statistiques, des études et des analyses mondiales et en diffusant ces informations par ses canaux pour étayer les activités d’élaboration de politiques, de suivi et d’évaluation des résultats fondées sur des données probantes (Ababouch et al., 2016). La FAO est la seule source de statistiques mondiales sur les pêches et l’aquaculture (FAO, 2022); sa base de données FishStat couvre l’emploi, la flotte, la production, l’utilisation, le commerce et la consommation, utilisant principalement des données recueillies annuellement auprès de sources nationales. En l’absence de rapports nationaux, ou en cas de données insuffisantes ou incohérentes, la FAO établit des estimations sur la base des meilleures données dont on dispose auprès d’autres sources qui font autorité et utilisent des méthodes approuvées. Ces estimations permettent d’agréger les données de manière significative aux niveaux mondial, régional et national. Globalement, en 2022, la part des données estimées était de 16 pour cent pour la production, 6 pour cent (contre 2 pour cent habituellement) pour le commerce, 48 pour cent pour l’emploi et 44 pour cent pour la flotte. Bien que ces pourcentages puissent varier d’une année à l’autre, la collecte de données sur l’emploi et les navires de pêche pose un important problème à de nombreux pays.

Les données FishStat recueillies et diffusées par la FAO depuis 1950 reflètent l’évolution de la collecte de statistiques sur les pêches et l’aquaculture, avec d’importantes variations dans la qualité des données reçues. La granularité des données, à savoir le niveau de détail par espèce, est essentielle au suivi de l’exploitation des ressources halieutiques et de leur économie tout au long des chaînes de valeur. D’une part, la granularité des statistiques de production de la FAO s’est considérablement améliorée, passant de 660 espèces au début des années 1950 à environ 3 600 espèces en 2022 (dont environ 3 400 espèces pour la pêche de capture et ٧٣٠ pour l’aquaculture); d’autre part, une importante proportion de la production – 20 pour cent en 2022 (contre 24 pour cent dans les années 1990) – n’est toujours pas déclarée au niveau de l’espèce, mais à celui de groupes plus larges, comme la famille ou des niveaux taxonomiques plus élevés. Le tableau montre qu’en 2022 les données associées à des groupes plus larges représentaient 6 pour cent de la production totale dans les pays à revenu élevé, contre 52 pour cent dans les pays à faible revenu. La version révisée de l’Annuaire FAO de statistiques des pêches et de l’aquaculture** présente, dans les tableaux T.8 et T.9, une analyse détaillée de cette évolution. Des tendances similaires sont observées dans les statistiques commerciales: la granularité s’est accrue au fil du temps (passant d’environ 32 pour cent des données commerciales déclarées par grand groupe d’espèces dans les années 1970 à environ 15 pour cent en 2022), mais il reste beaucoup à faire pour améliorer la situation.

Part de la production halieutique et aquacole déclarée sous des catégories génériques au niveau de la famille ou d’un groupe taxonomique plus élevé

SOURCE: FAO. 2024. FishStat: Production mondiale par source de production, 1950-2022. [Consulté le 29 mars 2024]. Dans: FishStatJ. Disponible à l’adresse: www.fao.org/fishery/fr/statistics/software/fishstatj. Licence: CC-BY-4.0.
NOTES: * La plus récente date de 2003 (FAO, 2003).
** Disponible à l’adresse: www.fao.org/fishery/fr/statistics/yearbook.
Sources: Ababouch, L., Taconet, M., Plummer, J., Garibaldi, L., et Vannuccini, S. 2016. Bridging the Science-Policy Divide to Promote Fisheries Knowledge for All: The Case of the Food and Agriculture Organization of the United Nations. Dans: H., Bertrum, B. H., MacDonald, S. S., Soomai, E. M., De Santo et P. G. Wells (dir. pub.). Science, Information, and Policy Interface for Effective Coastal and Ocean Management. CRC Press, Boca Raton (États-Unis d’Amérique). https://doi.org/10.1201/b21483.
FAO. 2003. Strategy for Improving Information on Status and Trends of Capture Fisheries. Stratégie visant à améliorer l’information sur la situation et les tendances des pêches de capture. Estrategia para mejorar la información sobre la situación y las tendencias de la pesca de captura. FAO, Rome. www.fao.org/fishery/fr/publication/11495?lang=en.
FAO. 2022. La Situation mondiale des pêches et de l’aquaculture. Vers une transformation bleue. Rome. https://doi.org/10.4060/cc0461fr.

En 2022, la production mondiale d’animaux aquatiques a atteint un nouveau record de 185 millions de tonnes (en équivalent poids vif), soit une augmentation de 4 pour cent par rapport à 2020. L’élevage d’animaux aquatiques a produit environ 94 millions de tonnes, soit 51 pour cent du total, dépassant pour la première fois la pêche de capture, qui a produit 91 millions de tonnes (49 pour cent). La production des zones marines s’est établie à 115 millions de tonnes (62 pour cent du total), dont 69 pour cent provenaient de la pêche de capture et 31 pour cent de l’aquaculture. Les eaux continentales ont contribué à hauteur de 70 millions de tonnes (38 pour cent du total), dont 84 pour cent issus de l’aquaculture et 16 pour cent de la pêche de capture (tableau 1 et figure 1). La flotte de pêche mondiale a continué de diminuer: après avoir atteint un pic de 5,3 millions de navires en 2019, les estimations indiquent qu’elle a chuté à 4,9 millions de navires en 2022, dont les deux tiers étaient motorisés.

TABLEAU 1PANORAMA DES PÊCHES ET DE L’AQUACULTURE DANS LE MONDE

NOTES: Les données relatives à la production, à l’utilisation et au commerce concernent les animaux aquatiques, à l’exclusion des mammifères aquatiques, des crocodiles, des alligators, des caïmans, des produits aquatiques (coraux, perles, coquillages et éponges) et des algues. Elles peuvent ne pas correspondre aux totaux en raison des arrondis.
* Les données relatives à l’utilisation pour 2020-2022 sont des estimations provisoires.
** Exportations incluant les réexportations. La part du commerce dans la production totale est calculée en excluant les réexportations. Les données commerciales n’incluent pas les grenouilles ni les tortues.
*** L’emploi renvoie au nombre de personnes employées dans le secteur primaire uniquement. Les chiffres des années 1990 se fondent sur les données de 1995-1999.
**** Les chiffres relatifs à la flotte de pêche pour les années 1990 se fondent sur les données de 1995-1999.
SOURCES: Pour la production: FAO. 2024. FishStat: Production mondiale par source de production 1950-2022. [Consulté le 29 mars 2024]. Dans: FishStatJ. Disponible à l’adresse: www.fao.org/fishery/fr/statistics/software/fishstatj. Licence: CC-BY-4.0.
Pour le commerce: Données préliminaires. Données définitives disponibles ici: FAO. 2024. Statistiques du commerce mondial de produits aquatiques. www.fao.org/fishery/fr/collection/global_commodity_prod. Licence: CC-BY-4.0.
Pour l’emploi: Données préliminaires. Données définitives disponibles ici: FAO (à paraître). Statistiques des pêches et de l’aquaculture – Annuaire 2022. Annuaire FAO de statistiques des pêches et de l’aquaculture. Rome. www.fao.org/fishery/fr/statistics/yearbook.
Les données démographiques utilisées pour calculer la consommation apparente par habitant se fondent sur celles de la Division de la population de l’ONU. 2022. World Population Prospects 2022. [Consulté le 13 janvier 2023]. https://population.un.org/wpp.

FIGURE 1PRODUCTION MONDIALE D’ANIMAUX AQUATIQUES (PÊCHES ET AQUACULTURE)

NOTES: Animaux aquatiques, à l’exclusion des mammifères aquatiques, des crocodiles, des alligators, des caïmans, des produits aquatiques (coraux, perles, coquillages et éponges) et des algues. Données exprimées en équivalent poids vif.
SOURCE: FAO. 2024. FishStat: Production mondiale par source de production 1950-2022. [Consulté le 29 mars 2024]. Dans: FishStatJ. Disponible à l’adresse: www.fao.org/fishery/en/statistics/software/fishstatj. Licence: CC-BY-4.0.

La valeur de première vente de la production mondiale d’animaux aquatiques en 2022 a été estimée à 452 milliards d’USD, dont 157 milliards pour la pêche de capture et 296 milliards pour l’aquaculture. Sur les 185 millions de tonnes d’animaux aquatiques produites en 2022 (figure 2), environ 164,6 millions de tonnes (89 pour cent) étaient destinées à la consommation humaine, soit l’équivalent d’une quantité estimée à 20,7 kilogrammes par habitant. Les 20,8 millions de tonnes restantes étaient destinées à des usages non alimentaires, principalement à la production de farine et d’huile de poisson (17 millions de tonnes ou 83 pour cent). L’aquaculture a renforcé sa contribution à l’alimentation humaine, fournissant en 2022 plus de 57 pour cent des aliments aquatiques d’origine animale (en équivalent poids vif).

FIGURE 2PÊCHES ET AQUACULTURE DANS LE MONDE – PRODUCTION ET UTILISATION D’ANIMAUX AQUATIQUES

NOTES: Animaux aquatiques, à l’exclusion des mammifères aquatiques, des crocodiles, des alligators, des caïmans, des produits aquatiques (coraux, perles, coquillages et éponges) et des algues. Données exprimées en équivalent poids vif.
SOURCES: Données préliminaires. Données définitives disponibles ici: FAO. (à paraître). Statistiques des pêches et de l’aquaculture – Annuaire 2022. Annuaire FAO de statistiques des pêches et de l’aquaculture. Rome. www.fao.org/fishery/fr/statistics/yearbook.
Les données démographiques utilisées pour calculer la consommation apparente par habitant se fondent sur celles de la Division de la population de l’ONU. 2022. World Population Prospects 2022. [Consulté le 13 janvier 2023]. https://population.un.org/wpp.

Au fil des décennies, la consommation apparente mondiale d’aliments aquatiques d’origine animale a fortement augmenté, à un taux de croissance annuel supérieur à celui de la population mondiale. Entre 1961 et 2021, elle a progressé à un taux annuel moyen de 3,0 pour cent, alors que le taux de croissance annuel de la population mondiale était de 1,6 pour cent sur la même période. La consommation apparente d’aliments aquatiques d’origine animale par habitant a connu en moyenne une hausse de 1,4 pour cent par an, passant de 9,1 kilogrammes (en équivalent poids vif) en 1961 à 20,6 kilogrammes en 2021. Les principaux moteurs de cette croissance constante de la consommation par habitant sont l’augmentation de l’offre, le progrès des techniques de conservation et de distribution, l’évolution des préférences des consommateurs et la hausse des revenus.

Après une baisse de 6,7 pour cent de la valeur des échanges de produits aquatiques d’origine animale en 2020 en raison de la pandémie de covid-19, une relance rapide s’est amorcée à la fin de la même année, sous l’effet d’une forte reprise de l’offre et de la demande mondiales et de l’augmentation des prix des produits de base. Cela a entraîné un important rebond en 2021 et 2022, le commerce des produits aquatiques d’origine animale progressant en 2022 de 19 pour cent par rapport au niveau prépandémique de 2019. En 2022, 70 millions de tonnes (en équivalent poids vif) de produits aquatiques d’origine animale (38 pour cent de la production totale), pour une valeur de 192 milliards d’USD (tableau 1), ont été exportées dans le monde, ce qui représente plus de 9,1 pour cent du total des échanges de denrées agricoles (hors produits forestiers) et environ 1 pour cent du total des échanges de marchandises en valeur. Cela constitue un nouveau record mondial, qui dépasse celui de 2018 qui s’était établi à 165 milliards d’USD.

D’une valeur de 7,9 milliards d’USD en 1976, le commerce des produits aquatiques d’origine animale a connu un taux de croissance annuel moyen de 7,2 pour cent en valeur nominale et de 4,0 pour cent en valeur réelle (corrigées de l’inflation). S’y sont ajoutées, en 2022, les contributions des exportations d’algues (1,6 milliard d’USD) et d’autres produits aquatiques tels que les éponges, les coraux, les coquillages et les sous-produits non comestibles (0,9 milliard d’USD). En 2022, la valeur totale des exportations de produits aquatiques a atteint le chiffre record de 195 milliards d’USD.

Les pêches et l’aquaculture offrent une quantité importante d’emplois et assurent la subsistance de nombreuses communautés côtières. En 2022, quelque 62 millions de personnes travaillaient dans le secteur primaire des pêches et de l’aquaculture, à temps complet, à temps partiel, de manière occasionnelle ou selon un emploi du temps non précisé. Environ 54 pour cent de cette main-d’œuvre travaillait dans les pêches et 36 pour cent dans l’aquaculture, les 10 pour cent restants ne pouvant être répartis entre ces deux secteurs. Une importante proportion de ces personnes travaillait dans des exploitations artisanales et à petite échelle.

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