1 La production halieutique et aquacole mondiale a atteint un nouveau pic en 2022. Pour renforcer le rôle vital des produits aquatiques en faveur de la sécurité alimentaire, de la nutrition et des moyens d’existence, il est nécessaire de transposer à plus grande échelle les bonnes initiatives.
- La production halieutique et aquacole mondiale a atteint un niveau record de 223,2 millions de tonnes, dont 185,4 millions de tonnes d’animaux aquatiques et 37,8 millions de tonnes d’algues.
- Quatre-vingt-neuf pour cent de la production totale d’animaux aquatiques ont été destinés à la consommation humaine, soit une valeur estimée à 20,7 kilogrammes par habitant en 2022. Le reste de la production était affecté à des usages non alimentaires, principalement à la production de farine et d’huile de poisson.
- On estime que 61,8 millions de personnes étaient employées dans le secteur primaire, principalement dans des activités à petite échelle. Les données ventilées par sexe indiquent que les femmes constituaient 24 pour cent des pêcheurs et des pisciculteurs, et 62 pour cent des travailleurs du secteur de l’après récolte.
- Plus de 230 pays et territoires ont participé aux échanges internationaux de produits aquatiques, dont la valeur a atteint le montant record de 195 milliards d’USD, ce qui représente une hausse de 19 pour cent par rapport au niveau prépandémique de 2019.
- Dans les pays à revenu intermédiaire et à faible revenu, la balance commerciale totale (exportations moins importations) des produits issus d’animaux aquatiques s’est établie à 45 milliards d’USD, surpassant ainsi celle de tous les autres produits agricoles confondus.
- Davantage de mesures porteuses de transformation et d’adaptation sont requises afin d’accroître la résilience des systèmes alimentaires aquatiques et de consolider leur rôle dans la lutte contre la faim, la malnutrition et la pauvreté.
2 L’aquaculture permet de répondre à la demande mondiale croissante de produits alimentaires aquatiques. À l’avenir, son expansion doit donner la priorité à la durabilité et profiter aux régions et aux communautés qui en ont le plus besoin.
- En 2022, la production aquacole mondiale a atteint le niveau sans précédent de 130,9 millions de tonnes, pour une valeur de 312,8 milliards d’USD, soit 59 pour cent de la production halieutique et aquacole mondiale.
- L’aquaculture continentale représentait 62,6 pour cent de la production d’animaux aquatiques d’élevage et l’aquaculture marine et côtière 37,4 pour cent.
- Pour la première fois, l’aquaculture a surpassé la pêche de capture dans la production d’animaux aquatiques en atteignant 94,4 millions de tonnes, qui représentent 51 pour cent du total mondial et le pourcentage record de 57 pour cent de la production destinée à la consommation humaine.
- L’aquaculture reste dominée par un petit nombre de pays, et beaucoup de pays à faible revenu d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et des Caraïbes n’exploitent pas pleinement leur potentiel.
- Sur les quelque 730 espèces d’élevage, 17 représentent à elles seules 60 pour cent de la production aquacole mondiale en volume, tandis que d’autres ont une importance au niveau local.
- Il est indispensable de mettre en place des politiques ciblées, des transferts de technologie, un renforcement des capacités et des investissements responsables pour favoriser l’aquaculture durable là où les besoins sont les plus importants, en particulier en Afrique.
3 La production mondiale de la pêche de capture demeure stable, mais la durabilité des ressources halieutiques reste un sujet de préoccupation. Il est urgent d’agir afin d’accélérer la conservation et la reconstitution des stocks halieutiques.
- Depuis la fin des années 1980, la production mondiale de la pêche de capture des animaux aquatiques oscille entre 86 millions et 94 millions de tonnes par an.
- En 2022, elle s’est élevée à 92,3 millions de tonnes, représentant quelque 159 milliards d’USD et comprenant 91,0 millions de tonnes d’animaux aquatiques – répartis comme suit: 79,7 millions de tonnes capturées dans les aires marines et 11,3 millions de tonnes dans les eaux continentales – et 1,3 million de tonnes d’algues. La pêche de capture marine reste la principale source de la production mondiale d’animaux aquatiques, puisqu’elle en représente 43 pour cent.
- La part des stocks marins exploités à un niveau biologiquement durable est tombée à 62,3 pour cent en 2021, soit une baisse de 2,3 pour cent par rapport à 2019.
- Après pondération selon leur niveau de production, on estime qu’en 2021 les stocks biologiquement viables représentaient 76,9 pour cent des débarquements. Une gestion efficace des pêches permet de reconstituer les stocks, et il faut agir d’urgence si l’on veut pouvoir reproduire les mesures concluantes et inverser la tendance à la baisse de la durabilité.
4 La demande mondiale de produits alimentaires aquatiques devrait encore augmenter. Il est primordial d’en encourager la production durable afin de garantir une alimentation saine à partir d’océans, de lacs et de rivières en bonne santé.
- En 2022, la consommation apparente mondiale d’aliments aquatiques d’origine animale a été estimée à 165 millions de tonnes; depuis 1961, elle progresse à un rythme presque deux fois supérieur au taux d’accroissement de la population mondiale.
- Ainsi, la consommation apparente mondiale annuelle par habitant d’aliments aquatiques d’origine animale qui était de 9,1 kilogrammes en 1961 est passée, selon les estimations, à 20,6 kilogrammes en 2022.
- Les aliments aquatiques d’origine animale fournissent des protéines de haute qualité – 15 pour cent des protéines animales et 6 pour cent de l’ensemble des protéines au niveau mondial – et des nutriments essentiels, tels que les acides gras oméga 3, les minéraux et les vitamines.
- La contribution des aliments aquatiques à la sécurité alimentaire, à la nutrition et à la réduction de la pauvreté est de plus en plus reconnue dans les principales instances mondiales, telles que le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires et la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.
- Il faut maintenir les efforts de promotion des produits alimentaires aquatiques dans l’optique d’une alimentation saine à partir d’océans, de lacs et de rivières en bonne santé.
5 La production d’animaux aquatiques devrait croître de 10 pour cent d’ici à 2032. La Feuille de route sur la transformation bleue vise à garantir une croissance durable des pêches et de l’aquaculture, tout en favorisant la répartition équitable des avantages et la conservation de l’environnement.
- La production d’animaux aquatiques devrait connaître une augmentation de 10 pour cent d’ici à 2032, du fait de l’expansion de l’aquaculture et de la reprise de la pêche de capture. Elle atteindra 205 millions de tonnes – dont 111 millions de tonnes provenant de l’aquaculture et 94 millions de tonnes de la pêche.
- Jusqu’à 90 pour cent de cette production seront destinés à la consommation humaine, soit l’équivalent d’environ 21,3 kilogrammes par habitant. La consommation par habitant devrait croître sur tous les continents, mais il est probable qu’elle diminue en Afrique, en particulier en Afrique subsaharienne, où les aliments aquatiques d’origine animale sont indispensables à la nutrition de nombreuses personnes.
- Les exportations de produits aquatiques d’origine animale augmenteront, mais représenteront seulement 34 pour cent de la production totale en 2032, contre 38 pour cent en 2022.
- La Feuille de route sur la transformation bleue de la FAO ouvre la voie à une croissance durable, en favorisant la répartition équitable des avantages et en luttant contre la dégradation de l’environnement.
6 La pêche artisanale est une source vitale de nutrition et de moyens d’existence pour des millions de personnes. Il est nécessaire de mieux reconnaître l’importance de ce secteur et d’agir au niveau mondial afin d’accompagner ces communautés et de leur donner une plus grande autonomie.
- Selon les estimations, la pêche artisanale contribue à 40 pour cent des prises mondiales et fait vivre 90 pour cent de la main-d’œuvre de la pêche de capture. Les femmes représentent 40 pour cent de l’ensemble des personnes qui travaillent dans la filière aquatique.
- Quelque 500 millions de personnes vivent de la pêche artisanale; 53 millions d’entre elles, dont 45 pour cent de femmes, pratiquent une pêche de subsistance.
- Une dizaine d’années après l’adoption des Directives volontaires visant à assurer la durabilité de la pêche artisanale, le rôle vital de la pêche artisanale n’est toujours pas suffisamment pris en compte.
- Il reste indispensable d’améliorer la reconnaissance et la gouvernance de la pêche artisanale, en appliquant des stratégies de cogestion, si l’on veut assurer une exploitation durable, un développement socioéconomique équitable et l’égalité des chances pour tous.
7 Il faut redoubler d’efforts pour améliorer la collecte et l’analyse de données. Ces initiatives sont indispensables à l’élaboration de politiques reposant sur des éléments factuels et à une gestion efficace des pêches et de l’aquaculture.
- La FAO, en coordination avec ses membres et ses partenaires, a investi des ressources considérables dans le renforcement des capacités et l’amélioration des outils et des méthodes de collecte et d’analyse des données en vue d’une gestion efficace des pêches et de l’aquaculture.
- L’amélioration des évaluations des stocks halieutiques, la révision des données socioéconomiques et techniques, et les innovations numériques fournissent des informations plus précises et sont des moteurs de «la transformation bleue en action».
- L’amélioration des données et des analyses permet d’éclairer les débats stratégiques à l’échelle mondiale et servent de fil conducteur aux initiatives de la FAO qui visent une gestion efficace des pêches et de l’aquaculture, aux niveaux national, régional et mondial.
8 Il est nécessaire d’accélérer le rythme des efforts en vue d’atteindre les cibles des objectifs de développement durable relatives à la pêche et à l’aquaculture. La FAO exhorte la communauté internationale à intensifier les actions à l’appui de la mise en œuvre de la Feuille de route sur la transformation bleue.
- La mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 continue d’avancer lentement et de manière inégale.
- Les indicateurs relatifs à la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée et au soutien à la pêche artisanale montrent que les orientations et les politiques internationales sont de mieux en mieux appliquées. On constate en revanche que l’indicateur relatif à l’accroissement des retombées économiques de la pêche marine durable accuse un certain retard et que la proportion de stocks halieutiques dont le niveau d’exploitation est biologiquement durable continue de s’éloigner de l’objectif.
- La FAO encourage les pays à mettre en œuvre la Feuille de route sur la transformation bleue afin de catalyser le changement dans les systèmes alimentaires aquatiques et de parvenir à une croissance durable de l’aquaculture, à une gestion efficace des pêches et à une amélioration des chaînes de valeur.