Emploi dans le secteur primaire
Tout comme les données relatives aux navires de pêche, celles relatives à l’emploi mondial dans le secteur des pêches et de l’aquaculture ont été révisées, et l’on observe des chiffres plus élevés que ceux rapportés précédemment pour la période 1995-2021. En 2022, on estime que 61,8 millions de personnes travaillaient à temps complet, à temps partiel, de manière occasionnelle ou non préciséem dans le secteur primaire de la pêche commerciale et de l’aquaculture, ce qui marque une légère baisse par rapport aux 62,8 millions de personnes employées en 2020. Le secteur de l’aquaculture représentait 36 pour cent de cette main-d’œuvre et la pêche de capture 54 pour cent, mais il n’était pas possible de ventiler les 10 pour cent restants entre les pêches et l’aquaculture.
L’Asie représentait la grande majorité (85 pour cent) des travailleurs employés dans les pêches et l’aquaculture, suivie de l’Afrique (10 pour cent) et de l’Amérique latine et des Caraïbes (4 pour cent), tandis que l’Europe, l’Océanie et l’Amérique du Nord réunies ne représentaient que 1 pour cent. La main-d’œuvre totale des pêches et de l’aquaculture représentait 1,7 pour cent de la population en âge de travailler (15-64 ans) en Asie, 0,8 pour cent en Afrique, 0,5 pour cent en Amérique latine et dans les Caraïbes, 0,3 pour cent en Océanie, 0,1 pour cent en Amérique du Nord et 0,1 pour cent également en Europe. Il est à noter que l’âge de l’emploi peut se situer hors de cette fourchette, le travail des enfants posant un problème notable dans ce secteur (FAO, 2021a; Lozano et al., 2022).
Considérée séparément, l’aquaculture a fourni un emploi à environ 22 millions de personnes dans le monde, principalement en Asie (95 pour cent), suivie de l’Afrique (3 pour cent) et de l’Amérique latine et des Caraïbes (2 pour cent). À titre de comparaison, 77 pour cent des pêcheurs du monde se trouvaient en Asie, contre 16 pour cent en Afrique et 5 pour cent en Amérique latine et dans les Caraïbes. L’Amérique du Nord, l’Europe et l’Océanie n’ont chacune contribué qu’à une hauteur maximale de 1 pour cent dans les deux sous-secteurs. Le tableau 10 présente le nombre de pêcheurs et d’aquaculteurs par région géographique et par sous-secteur, en distinguant la pêche continentale de la pêche marine.
TABLEAU 10EMPLOI MONDIAL DANS LE SECTEUR PRIMAIRE DES PÊCHES ET DE L’AQUACULTURE, PAR RÉGION GÉOGRAPHIQUE ET PAR SOUS-SECTEUR, 1995-2022

L’emploi total dans les pêches et l’aquaculture a progressivement augmenté, passant de 41,3 millions en 1995 à un pic estimé à 63,1 millions en 2018, après quoi il est observé une légère diminution (figure 28). L’évolution du nombre de personnes travaillant comme pêcheurs ou aquaculteurs varie selon les régions. Entre 1995 et 2022, cette main-d’œuvre a augmenté de 91 pour cent, 49 pour cent et 44 pour cent, respectivement, en Afrique, en Asie ainsi qu’en Amérique latine et dans les Caraïbes, tandis qu’elle a diminué de 32 pour cent, 26 pour cent et 20 pour cent, respectivement, en Europe, en Amérique du Nord et en Océanie.
FIGURE 28EMPLOI DANS LE SECTEUR PRIMAIRE DES PÊCHES ET DE L’AQUACULTURE PAR RÉGION GÉOGRAPHIQUE, 1995-2022

Lorsque les données ont pu être ventilées par sous-secteur, on a vu que l’emploi dans l’aquaculture avait plus que doublé entre 1995 et 2016, année où il a culminé à 22,8 millions. Depuis 2016, on observe une légère baisse, avec 22,1 millions en 2022. Le nombre de personnes employées dans les pêches est passé de 23,2 millions en 1995 à 34,3 millions en 2020, après quoi il a légèrement diminué pour atteindre 33,6 millions en 2022.
La figure 29 montre la part des pêcheurs et des aquaculteurs par région géographique en 2022, en distinguant l’aquaculture, la pêche continentale, la pêche marine et les données afférentes à un sous-secteur non précisé. L’aquaculture fournit la plus grande part de l’emploi uniquement en Asie (40 pour cent), contre 25 pour cent en Europe. La pêche marine prédomine en Amérique du Nord (93 pour cent), en Océanie (85 pour cent), en Amérique latine et dans les Caraïbes (67 pour cent) et en Europe (45 pour cent). La pêche continentale est majoritaire en Afrique (51 pour cent) et représente plus de 25 pour cent de l’emploi du secteur en Asie.
FIGURE 29RÉPARTITION SOUS-SECTORIELLE DE L’EMPLOI DANS LE SECTEUR PRIMAIRE DES PÊCHES ET DE L’AQUACULTURE PAR RÉGION GÉOGRAPHIQUE, 2022

La plupart des pêcheurs et des aquaculteurs se trouvent dans des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure (62 pour cent en 2022) et, dans une moindre mesure, dans des pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure (31 pour cent). En 2022, les pays à faible revenu comptaient 5 pour cent des pêcheurs et aquaculteurs, et ceux à revenu élevé seulement 2 pour cent. Lorsque les données peuvent être ventilées par sous-secteur, d’importantes différences apparaissent entre les pêches et l’aquaculture. Alors que la plupart des pêcheurs et des aquaculteurs se trouvent dans des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, les autres se trouvent dans des pays à faible revenu pour l’aquaculture (10 pour cent en 2022) et dans des pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure pour les pêches (19 pour cent). Il existe également une différence dans la part de l’emploi constatée dans les pays à revenu élevé, qui comptent seulement 3 pour cent des pêcheurs et moins de 1 pour cent des aquaculteurs.
Comme le montre la figure 30, près de la moitié des données mondiales relatives à l’emploi ne peuvent être ventilées entre travail à temps complet, à temps partiel, occasionnel ou non précisé, ce qui limite considérablement l’analyse des données de ce point de vue. C’est dans le secteur de l’aquaculture (58 pour cent) que ce problème est le plus prononcé, car on ne dispose pas des données ventilées correspondantes dans certains pays où la main-d’œuvre aquacole est importante.
FIGURE 30CATÉGORIES D’EMPLOI DU TEMPS DANS LE SECTEUR PRIMAIRE DES PÊCHES ET DE L’AQUACULTURE, 2022

Si l’on considère uniquement les données où l’emploi du temps est disponible, en 2022, 82 pour cent des aquaculteurs étaient employés à temps complet, 7 pour cent à temps partiel et 11 pour cent de manière occasionnelle. Dans le secteur des pêches, seuls 48 pour cent des pêcheurs continentaux et 71 pour cent des pêcheurs marins étaient employés à temps complet, tandis que 33 pour cent et 13 pour cent, respectivement, étaient employés à temps partiel, et 19 pour cent et 16 pour cent de manière occasionnelle.
De même que pour les informations relatives à l’emploi du temps, 36 pour cent des données relatives à l’emploi dans le secteur primaire ne peuvent être ventilées par sexe (figure 31). Il n’y a pas de ventilation par sexe pour 40 pour cent des données fournies dans l’aquaculture, 8 pour cent dans la pêche continentale, 38 pour cent dans la pêche marine et 95 pour cent en ce qui concerne la catégorie «non précisé». Là où il y a une ventilation par sexe, on voit que les femmes représentaient, en 2022, 24 pour cent de la main-d’œuvre dans les pêches et l’aquaculture – 28 pour cent dans la pêche continentale, 25 pour cent dans l’aquaculture, 15 pour cent dans la pêche marine et 19 pour cent dans des sous-secteurs non précisés.
FIGURE 31DONNÉES VENTILÉES PAR SEXE RELATIVES À L’EMPLOI DANS LE SECTEUR PRIMAIRE DES PÊCHES ET DE L’AQUACULTURE, PAR SOUS-SECTEUR, 2022

Lorsqu’on dispose de données ventilées par sexe, on voit que 53 pour cent des femmes sont employées à temps complet, contre 57 pour cent des hommes. Cela représente une grande amélioration par rapport à 1995, où seules 32 pour cent des femmes étaient employées à temps complet, contre 48 pour cent des hommes. Malgré cette progression, les études montrent que les femmes tendent à occuper des postes plus instables dans les chaînes de valeur de l’aquaculture et des pêches (EUROSTAT, 2023; ONU-Femmes, 2020). Cette différence est plus marquée dans le secteur de la transformation, où 63 pour cent des femmes sont employées à temps complet, contre 74 pour cent des hommes. En outre, plusieurs problèmes subsistent en lien avec les inégalités de genre, notamment les disparités de salaires (Aini, 2022), l’absence de reconnaissance du travail (ONU-Femmes, 2020) et les violences faites aux femmes dans ce secteur (Mangubhai et al., 2023; encadré 23, p. 160).
Emploi dans le secteur de la transformation
Ces dernières années, la FAO a recueilli des données sur l’emploi dans la transformation des produits aquatiques, depuis la récolte ou la capture jusqu’à la livraison du produit final au client. À ce jour, il a été reçu de 52 des 223 pays et territoires déclarants des données concernant un total de 1,7 million de personnes. Pour 27 pays, on dispose de données ventilées par sexe concernant 238 000 travailleurs du secteur de la transformation, dont 62 pour cent sont des femmes. Ces chiffres sont complétés par l’étude «Porter un nouvel éclairage sur les captures non visibles» (FAO, Université Duke et WorldFish, 2023b), qui indique que 39,6 pour cent de la main-d’œuvre (emploi officiel et travail de subsistance) de la chaîne de valeur de la pêche artisanale et 49,8 pour cent de la main-d’œuvre des segments après récolte et après capture sont des femmes. L’accent mis sur les acteurs artisanaux est particulièrement important, car bien que l’on manque de données, il semble qu’ils comptent une plus grande proportion de femmes.
Qualité et amélioration des données
La collecte et l’analyse de données sur l’emploi dans les pêches et l’aquaculture continuent de s’améliorer grâce aux rapports des pays et aux efforts constants déployés par la FAO pour améliorer la qualité de ces données. Ce processus s’applique à l’ensemble des données postérieures à 1995, l’objectif étant de l’appliquer également aux années antérieures, dans la mesure du possible. La FAO s’efforce d’améliorer et d’harmoniser les définitions, de faire en sorte que les collecteurs de données, les responsables de leur traitement et leurs utilisateurs aient une compréhension commune des choses, et d’être en mesure de présenter des données plus ventilées à l’avenir. Pour 53 pays, la FAO a collaboré avec l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Les deux organisations ont également harmonisé leurs bases de données relatives à l’emploi et rationalisé, afin d’éliminer toute double charge de déclaration pour les pays, la collecte de données au moyen d’un questionnaire commun.
Outre les mises à jour régulières de données et les vérifications d’incohérences, on s’attache de plus en plus à améliorer la couverture des données, en particulier pour les pêcheurs de subsistance. Actuellement, on ne dispose de ces données que pour 40 pays, ce qui exclut cette catégorie de l’analyse ci-dessus, mais l’on s’emploie actuellement à étendre la couverture et à inclure la pêche de subsistance dans les analyses futures. On trouve des informations sur la pêche artisanale et à petite échelle dans l’étude «Porter un nouvel éclairage sur les captures non visibles» (FAO, Université Duke et WorldFish, 2023b), où l’on estime que la pêche de subsistance concerne environ 53 millions de personnes, dont 45,2 pour cent (23,8 millions) sont des femmes.
Des efforts sont également déployés pour améliorer la ventilation des données; par exemple, la catégorie «non précisé» est présentée de manière distincte, et non plus sous «pêche de capture» comme auparavant. La FAO aide et encourage les collecteurs à ventiler les données pour les deux principaux sous-secteurs (pêches et aquaculture); cependant, lorsque l’on ne dispose pas de données ventilées ni d’estimations fiables, il est jugé préférable d’inclure ces données dans une catégorie distincte.
Enfin, le travail de collecte de données dans le secteur de la transformation se poursuivra avec des mises à jour régulières dans le présent rapport et dans les éditions futures de l’Annuaire FAO de statistiques des pêches et de l’aquaculture.