Situation générale et évolution de la production
La production aquacole mondiale a continué de s’accroître en 2020, 2021 et 2022, échappant aux effets de la pandémie de covid-19. La typologie de la croissance varie selon les régions, les pays et les territoires, et l’on observe d’importantes disparités entre les niveaux de production, de distribution, de technologies pour l’élevage, de performances et de gestion.
En 2022, la production aquacole mondiale a atteint un record absolu de 130,9 millions de tonnes (en équivalent poids vif), soit une augmentation de 8,1 millions de tonnes par rapport aux 122,8 millions de tonnes enregistrés en 2020. La valeur totale de la production au niveau de l’exploitation en 2022 a été estimée à 312,8 milliards d’USD, soit une hausse de 34,2 milliards d’USD par rapport aux 278,5 milliards d’USD de 2020. Cette production se compose de 94,4 millions de tonnes (en équivalent poids vif) d’animaux aquatiques (d’une valeur de 295,7 milliards d’USD) et de 36,5 millions de tonnes (en poids humide) d’algues (macroalgues et microalgues, d’une valeur de 17 milliards d’USD), ainsi que de 2 700 tonnes de coquillages décoratifs et de perles (d’une valeur de 138,5 millions d’USD).
En 2022, pour la première fois dans l’histoire, la production aquacole mondiale d’espèces animales a dépassé la production halieutique, estimée à 91 millions de tonnes. En effet, le volume de production d’animaux aquatiques d’élevage atteint en 2022, soit 94,4 millions de tonnes, est supérieur au volume annuel de production halieutique enregistré chaque année depuis 1950 – à la seule exception de l’année 2018, durant laquelle les prises d’animaux aquatiques sauvages se sont élevées à 96,5 millions de tonnes.
Entre 2020 et 2022, la production d’animaux d’élevage a augmenté de 6,7 millions de tonnes (7,6 pour cent). Cette hausse nette est largement imputable à l’Asie, dont la contribution (5,9 millions de tonnes, soit 87,9 pour cent) a été bien supérieure à celle de l’Amérique latine et des Caraïbes (448 300 tonnes, 7,3 pour cent), de l’Europe (232 100 tonnes, 3,5 pour cent), de l’Afrique (50 500 tonnes, 0,8 pour cent), de l’Amérique du Nord (26 500 tonnes, 0,4 pour cent) et de l’Océanie (10 100 tonnes, 0,2 pour cent). Si l’on considère les groupes d’espèces, les principaux contributeurs à l’augmentation nette ont été les poissons (3,9 millions de tonnes, 58,1 pour cent), suivis par les crustacés (1,6 million de tonnes, 24,6 pour cent), les mollusques (1 million de tonnes, 15,6 pour cent) et les autres espèces d’animaux aquatiques (121 800 tonnes, 1,8 pour cent).
La production mondiale d’algues d’élevage a atteint 36,5 millions de tonnes en 2022, soit une hausse de 1,4 million de tonnes (4,1 pour cent) par rapport à la production de 2020 (35,1 millions de tonnes). Cette augmentation a été stimulée par la Chine, suivie de la Malaisie, des Philippines, de la République-Unie de Tanzanie, de la Fédération de Russie et de quelques autres pays, mais malheureusement modérée par une réduction de la production (par ordre décroissant) en Indonésie, en République de Corée, au Japon et dans quelques autres pays producteurs de moindre importance.
La figure 7 illustre la répartition et l’évolution de la production de l’aquaculture continentale et de l’aquaculture marine et côtière par grand groupe d’espèces d’animaux aquatiques d’élevage au cours de la période 1990-2022.
FIGURE 7PRODUCTION AQUACOLE DANS LE MONDE, 1990-2022

SOURCE: FAO. 2024. FishStat: Production mondiale de l'aquaculture 1950-2022. [Consulté le 29 mars 2024]. Dans: FishStatJ. Disponible à l’adresse: www.fao.org/fishery/fr/statistics/software/fishstatj. Licence: CC-BY-4.0.
En 2022, la production aquacole mondiale totale s’inscrivait en hausse de 87,9 millions de tonnes par rapport aux 43 millions de tonnes enregistrés en 2000, soit une augmentation de 204 pour cent (et un taux de croissance annuel moyen de 5,2 pour cent). Pour la même période, la production d’animaux aquatiques d’élevage, qui s’établissait à 32,4 millions de tonnes en 2020, a augmenté de 62 millions de tonnes, soit une progression de 191 pour cent (taux de croissance annuel moyen de 5 pour cent). La production d’algues cultivées a plus que triplé au cours de la même période. Le volume et le rythme de croissance de la production aquacole varient considérablement d’une région à l’autre (tableau 2).
TABLEAU 2PRODUCTION ET CROISSANCE DE L’AQUACULTURE, AU NIVEAU MONDIAL ET PAR RÉGION

* À l’exclusion des crocodiles, des alligators, des caïmans, des produits aquatiques (coraux, perles, coquillages et éponges) et des algues. Données exprimées en équivalent poids vif.
** Comprend les macroalgues marines (algues marines), les microalgues et les cyanobactéries. Données exprimées en poids humide.
SOURCE: FAO. 2024. FishStat: Production mondiale de l'aquaculture 1950-2022. [Consulté le 29 mars 2024]. Dans: FishStatJ. Disponible à l’adresse: www.fao.org/fishery/fr/statistics/software/fishstatj. Licence: CC-BY-4.0.
Dans chaque région, le volume et le niveau de variation annuelle diffèrent d’un pays à l’autre. La figure 8 illustre l’évolution des variations annuelles sur la période 2001-2022 dans six régions.
FIGURE 8TAUX ANNUEL DE CROISSANCE DE LA PRODUCTION AQUACOLE D’ANIMAUX AQUATIQUES, PAR RÉGION, 2000-2022

SOURCE: FAO. 2024. FishStat: Production mondiale de l'aquaculture 1950-2022. [Consulté le 29 mars 2024]. Dans: FishStatJ. Disponible à l’adresse: www.fao.org/fishery/fr/statistics/software/fishstatj. Licence: CC-BY-4.0.
Source des données sur l’aquaculture utilisées pour l’analyse
Les statistiques de la FAO sur la production aquacole couvrent 208 pays et territoires producteurs dans le monde. Elles constituent la principale source de données utilisée pour examiner et analyser la situation et l’évolution du développement de l’aquaculture dans le monde. Pour certains pays, les statistiques ont été révisées sur la base des nouvelles informations et données factuelles disponibles, conformément à la pratique habituelle de la FAO. Par exemple, les données révisées sur la production mondiale d’animaux aquatiques d’élevage font état de 87,7 millions de tonnes pour 2020, soit 0,2 million de tonnes de plus que les 87,5 millions de tonnes déclarées avant la révision. Cependant, même si des révisions considérables, voire radicales, ont été effectuées pour certains pays pour lesquels on dispose de peu de données, elles ne modifient en rien les conclusions exposées aux niveaux mondial et régional, ni les évolutions observées avant la révision.
Le fait que de nombreux pays ne déclarent aucune donnée sur l’aquaculture demeure préoccupant. En outre, les données confidentielles peuvent être exclues des rapports nationaux, ce qui ajoute aux difficultés opérationnelles rencontrées par la FAO; le fait est que, dans un nombre croissant de pays, en particulier des pays à revenu élevé, il est très difficile de démontrer l’ampleur réelle du secteur de l’aquaculture au niveau de détail requis.
Par exemple, en 2022, environ la moitié des 208 pays aquaculteurs dans le monde n’ont pas communiqué de données à la FAO. La ratio entre le nombre de pays non déclarants par rapport au total des pays pour chaque région était de 27:52 en Afrique, 25:48 en Amérique, 22:48 en Asie, 8:40 en Europe et 17:19 en Océanie. La FAO a estimé la production des pays non déclarants à 13,3 millions de tonnes d’animaux aquatiques et 736 900 tonnes d’algues; à titre de comparaison, les données des pays déclarants (après ajustement et estimation des données manquantes ou erronées de certains pays) faisaient état de 81,1 millions de tonnes d’animaux aquatiques et de 35,8 millions de tonnes d’algues.
Répartition et évolution de la production
Comme l’indiquait l’édition 2022 du rapport sur La Situation mondiale des pêches et de l’aquaculture, l’Afrique est la seule région qui ait vu sa production se contracter en 2020, première année de la pandémie de covid-19. Cette situation était principalement à mettre au compte de la diminution des récoltes en Égypte, premier producteur d’Afrique, et au Nigéria, premier producteur d’Afrique subsaharienne. En 2022, l’Afrique a produit un peu plus de 2,3 millions de tonnes d’animaux aquatiques d’élevage, soit une hausse de seulement 50 500 tonnes (2,2 pour cent) par rapport à 2020 (tableau 3). L’aquaculture continentale a joué un rôle prépondérant dans cette augmentation nette, en particulier au Ghana, suivi de la Zambie, de la République-Unie de Tanzanie et du Rwanda.
TABLEAU 3PRODUCTION AQUACOLE D’ANIMAUX AQUATIQUES DANS LE MONDE, PAR RÉGION ET PAR PRINCIPAUX PRODUCTEURS

SOURCE: FAO. 2024. FishStat: Production mondiale de l'aquaculture 1950-2022. [Consulté le 29 mars 2024]. Dans: FishStatJ. Disponible à l’adresse: www.fao.org/fishery/fr/statistics/software/fishstatj. Licence: CC-BY-4.0.
En 2022, la production aquacole de l’Égypte était en recul de 2,2 pour cent (39 500 tonnes) par rapport à 1,6 million de tonnes en 2020 – suite à de légères baisses pendant deux années successives –, tandis que la production du Nigéria est retombée sous son niveau de 2020 après s’être redressée en 2021. Les pays enclavés que sont le Malawi, l’Ouganda et le Zimbabwe ont accusé une baisse à deux chiffres de leur production par rapport aux niveaux de 2020 – de 23,9 pour cent, 18,2 pour cent et 60,7 pour cent respectivement. D’importants producteurs africains de poissons pratiquant l’aquaculture marine en cages flottantes ont enregistré un recul de leur production par rapport à 2020. On estime ainsi que la production a diminué de 11,6 pour cent en Tunisie – pays qui avait pourtant enregistré un niveau record en 2021 – et de plus de moitié (53,2 pour cent) à Maurice.
L’Amérique latine et les Caraïbes ont produit 4,3 millions de tonnes d’animaux aquatiques d’élevage en 2022, soit une augmentation de 448 300 tonnes (12,8 pour cent) par rapport aux 3,8 millions de tonnes de 2020. Cette augmentation a été sous-tendue par l’Équateur (348 400 tonnes, 71,4 pour cent) et le Brésil (108 000 tonnes, 22,1 pour cent), suivis par la Colombie (25 600 tonnes, 5,2 pour cent), le Chili (22 700 tonnes, 4,6 pour cent) et la République bolivarienne du Venezuela (12 600 tonnes, 2,6 pour cent), ainsi que par la plupart des petits producteurs de la région. La production du Chili, premier producteur régional, n’a augmenté que de 1,5 pour cent. Pour leur part, le Mexique et Cuba ont enregistré une contraction significative de leur production par rapport à 2020 – de 59 000 tonnes (16,9 pour cent) et 10 500 tonnes (40,66 pour cent), respectivement. Après avoir augmenté en 2021, la production de l’aquaculture péruvienne a reculé en 2022 pour tomber à 2 pour cent, soit un niveau inférieur à celui de 2020, la forte croissance des sous-secteurs de la crevette marine et des poissons n’ayant pas pu compenser la chute de 44,2 pour cent des récoltes de coquilles Saint-Jacques d’élevage.
En Amérique du Nord, la production globale d’animaux aquatiques d’élevage a grimpé à 644 500 tonnes en 2022, soit une hausse de 4,3 pour cent par rapport aux 618 000 tonnes enregistrées en 2020. La production des États-Unis d’Amérique a augmenté de 6,7 pour cent pour atteindre 478 100 tonnes en 2022, tandis que celle du Canada a reculé de 2 pour cent pour s’établir à 166 500 tonnes. Ces niveaux sont inférieurs aux records de production des deux pays, enregistrés en 2004 aux États-Unis d’Amérique (607 600 tonnes) et en 2016 au Canada (200 800 tonnes).
L’Asie a produit 83,4 millions de tonnes d’animaux aquatiques d’élevage en 2022, soit une augmentation de 5,9 millions de tonnes (7,6 pour cent) par rapport aux 77,5 millions de tonnes de 2020. La Chine est restée le principal contributeur, étant à l’origine de 55,4 pour cent (3,3 millions de tonnes) de la croissance de l’aquaculture asiatique. Avec une production de 10,2 millions de tonnes en 2022 (soit plus que les 8,6 millions de tonnes récoltées en 2020), l’Inde s’est classée au deuxième rang derrière la Chine, contribuant à hauteur de 27,1 pour cent (1,6 million de tonnes) à la croissance de l’aquaculture asiatique, devant, par ordre d’importance, le Viet Nam, le Bangladesh et l’Indonésie, qui ont contribué ensemble à hauteur de 14,1 pour cent (826 400 tonnes). Parmi les dix premiers pays producteurs d’Asie, la Thaïlande et les Philippines sont les seules qui ont vu leur production baisser entre 2020 et 2022, respectivement de 5,8 pour cent (49 900 tonnes) et de 1 pour cent (10 400 tonnes). Parmi les autres producteurs asiatiques, la Türkiye est le pays qui a le plus contribué à la croissance de la production en Asie occidentale, tandis que l’Ouzbékistan et le Kirghizistan représentaient la plus grande part de la croissance en Asie centrale.
L’Europe a produit 3,5 millions de tonnes d’animaux aquatiques d’élevage en 2022, soit une augmentation de 232 100 tonnes (7,1 pour cent) par rapport aux 3,3 millions de tonnes de 2020. L’essentiel de la croissance de la production est imputable à la Norvège (158 200 tonnes, 68,1 pour cent), suivie par la Fédération de Russie (49 200 tonnes, 21,2 pour cent). Les Îles Féroé, l’Islande, la Grèce, la France, l’Italie, l’Irlande et la Croatie, par ordre d’importance, ont contribué ensemble à hauteur de 68 200 tonnes (29,4 pour cent). Durant la même période, la production de 17 pays européens a diminué de 47 800 tonnes au total, les baisses se concentrant au Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, suivi par l’Allemagne, la Bulgarie, le Danemark et l’Ukraine.
L’Océanie a vu sa production d’animaux aquatiques d’élevage se hisser de 225 100 tonnes en 2020 à 235 200 tonnes en 2022, soit une augmentation de 10 100 tonnes (4,5 pour cent). Cette évolution résulte principalement de la croissance de 22 pour cent enregistrée par l’Australie, contrebalancée par un recul de 10,5 pour cent en Nouvelle-Zélande. De fait, la production cumulée des 18 autres pays et territoires insulaires de la région a été beaucoup plus réduite, ne variant pas des 3 800 tonnes estimées en 2020.
Les disparités régionales de la production aquacole reflètent des différences significatives au niveau national. La figure 9 décrit la répartition de la production pour un échantillon de six espèces et sous-secteurs de l’aquaculture, généralement caractérisés par la prédominance de quelques grands pays producteurs.
FIGURE 9PRODUCTION AQUACOLE DES GRANDS GROUPES D’ESPÈCES D’ÉLEVAGE - PRINCIPAUX PRODUCTEURS, 2008-2022


SOURCE: FAO. 2024. FishStat: Production mondiale de l'aquaculture, 1950-2022. [Consulté le 29 mars 2024]. Dans: FishStatJ. Disponible à l’adresse: www.fao.org/fishery/fr/statistics/software/fishstatj. Licence: CC-BY-4.0.
Contribution de l’aquaculture à la production halieutique et aquacole totale
Au niveau mondial, la part de la production d’animaux aquatiques d’élevage dans la production cumulée de la pêche de capture et de l’aquaculture a augmenté entre 2020 et 2022, passant de 49,4 à 50,9 pour cent. En matière de production, l’aquaculture l’emporte sur la pêche de capture depuis des années dans plusieurs pays, en particulier les grands producteurs aquacoles, Chine, Inde, Viet Nam et Bangladesh en tête, mais aussi certains petits producteurs disposant de ressources halieutiques limitées, tels que la Jordanie ou le Lesotho. En 2022, on recensait 45 pays où la production d’animaux aquatiques d’élevage dépassait la production de la pêche de capture. À ce chiffre s’ajoutent dix autres pays producteurs où la part de l’aquaculture représentait 40 à 50 pour cent du total, à savoir (par ordre d’importance de la production) l’Indonésie, la Norvège, le Chili, la Thaïlande et le Brésil. Dans de nombreux autres pays, en particulier les pays à faible revenu, la part de l’aquaculture reste insignifiante (figure 10), et il importe que les pays qui disposent d’un potentiel pour l’aquaculture accélèrent de toute urgence le développement de ce secteur.
FIGURE 10PART DE L’AQUACULTURE DANS LA PRODUCTION HALIEUTIQUE ET AQUACOLE TOTALE D’ANIMAUX AQUATIQUES, PAR RÉGION, 2000-2022

SOURCE: FAO. 2024. FishStat: Production mondiale par source de production, 1950-2022. [Consulté le 29 mars 2024]. Dans: FishStatJ. Disponible à l’adresse: www.fao.org/fishery/fr/statistics/software/fishstatj. Licence: CC-BY-4.0.
Aquaculture continentale
En 2022, la production aquacole d’animaux aquatiques dans les eaux continentales au niveau mondial s’est établie à 59,1 millions de tonnes, soit 62,6 pour cent de la production aquacole mondiale totale. Les poissons représentaient 89,7 pour cent de la production de l’aquaculture continentale dans le monde, suivis par les crustacés (8,7 pour cent), et loin devant tous les autres groupes d’espèces (tableau 4). Au niveau régional, l’élevage de crustacés, de mollusques et d’autres espèces telles que les tortues aquatiques et les grenouilles n’a qu’une importance limitée, sauf en Asie. Sur le continent asiatique, l’élevage d’espèces autres que les poissons est pratiqué essentiellement en Asie de l’Est et en Asie du Sud-Est.
TABLEAU 4PRODUCTION DE L’AQUACULTURE CONTINENTALE ET DE L’AQUACULTURE CÔTIÈRE ET MARINE DANS LE MONDE, PAR RÉGION ET POUR LES PRINCIPAUX GROUPES D’ESPÈCES D’ÉLEVAGE, 2022

* Les données sur les algues sont exprimées en poids humide.
SOURCE: FAO. 2024. FishStat: Production mondiale de l'aquaculture 1950-2022. [Consulté le 29 mars 2024]. Dans: FishStatJ. Disponible à l’adresse: www.fao.org/fishery/fr/statistics/software/fishstatj. Licence: CC-BY-4.0.
Des méthodes et des techniques d’élevage diverses sont utilisées dans l’aquaculture continentale à l’échelle mondiale. Les pratiques varient considérablement quant à l’intensité des intrants, au niveau de sophistication des technologies et de la gestion et au degré d’intégration avec d’autres activités économiques. L’élevage de poissons ou d’autres espèces dans des bassins en terre reste la méthode la plus répandue dans le monde. Récemment, le secteur de l’aquaculture en bassin a adopté de nombreuses innovations techniques afin de rendre la production plus efficace et de réduire son impact sur l’environnement. Par exemple, l’élevage en systèmes de bassins couloirs, caractérisé par un taux de production plus élevé et une moindre accumulation de résidus de poisson dans les zones d’élevage, gagne du terrain dans de nombreuses provinces chinoises et, dans une moindre mesure, dans d’autres pays tels que le Viet Nam, la Colombie, le Mexique, l’Ouzbékistan, le Bangladesh et l’Égypte. Le traitement des eaux usées des fermes aquacoles en grappe, avec le lagunage en marais artificiels et l’installation de filtres à faible coût permettant de réutiliser les eaux traitées, est un autre exemple d’innovation.
Mariculture et aquaculture côtière
La mariculture, ou aquaculture marine, est pratiquée en mer, soit pendant la totalité du cycle de production, soit uniquement durant la phase de grossissement. La mariculture pratiquée sur l’ensemble du cycle concerne les espèces qui dépendent de matériel de reproduction sauvage, par exemple les moules. La mariculture réservée à la phase de grossissement concerne quant à elle des espèces qui sont produites dans une écloserie sur la terre ferme ou parfois même en eau douce, comme c’est le cas du saumon de l’Atlantique. L’aquaculture côtière, qui est généralement pratiquée dans des bassins construits sur le rivage ou dans les zones intertidales, joue un rôle important en tant que pourvoyeuse de moyens d’existence et d’emplois, contribuant au développement économique dans les communautés côtières de nombreux pays en développement, en particulier en Amérique latine et en Asie.
En 2022, la production mondiale de l’aquaculture marine et côtière a atteint 71,1 millions de tonnes, dont 35,3 millions de tonnes d’animaux aquatiques et 36,4 millions de tonnes d’algues. Le tableau 4 présente des données sur la production de la mariculture et de l’aquaculture côtière en 2022, par région et pour les principaux groupes d’espèces.
Il est généralement difficile de dissocier la production de la mariculture de celle issue des eaux côtières saumâtres, car les deux catégories sont souvent regroupées dans les données nationales sur la production, en particulier dans les pays qui pratiquent l’aquaculture dans les deux environnements. En s’appuyant sur des informations et des données issues d’autres sources, la figure 11 présente des estimations de la production des principaux groupes d’espèces depuis 2016, dans la mariculture et l’aquaculture côtière respectivement. À l’échelle mondiale, la culture des algues de mer et des mollusques relève très majoritairement de la mariculture, tandis que les crustacés sont principalement élevés dans des étangs et des réservoirs d’eau saumâtre. Selon les informations disponibles, au niveau mondial, l’élevage marin en cages représente environ 65 pour cent de la production totale de poisson dans l’aquaculture marine et côtière.
FIGURE 11COMPOSITION DE LA PRODUCTION AQUACOLE MARINE ET CÔTIÈRE DANS LE MONDE, SELON LES PRINCIPAUX GROUPES D’ESPÈCES D’ÉLEVAGE, 2016-2022

SOURCE: FAO. 2024. FishStat: Production mondiale de l'aquaculture 1950-2022. [Consulté le 29 mars 2024]. Dans: FishStatJ. Disponible à l’adresse: www.fao.org/fishery/fr/statistics/software/fishstatj. Licence: CC-BY-4.0.
Production aquacole avec ou sans apport de nourriture
En 2021-2022, la production de l’aquaculture avec apport de nourriture est restée supérieure à celle de l’aquaculture sans apport. Au niveau mondial, la part de l’aquaculture sans apport de nourriture dans la production totale d’animaux d’élevage a chuté de 39,7 pour cent en 2000 à 27,6 pour cent en 2020, puis à 26,9 pour cent en 2022 (figure 12).
FIGURE 12PRODUCTION AQUACOLE D’ESPÈCES ANIMALES NOURRIES ET NON NOURRIES, PAR RÉGION, 2000-2022

SOURCE: Estimations calculées par la FAO à partir de FAO. 2024. FishStat: Production mondiale de l'aquaculture 1950-2022. [Consulté le 29 mars 2024]. Dans: FishStatJ. Disponible à l’adresse: www.fao.org/fishery/fr/statistics/software/fishstatj. Licence: CC-BY-4.0.
Toutefois, dans les systèmes aquacoles continentaux ou côtiers produisant plusieurs espèces, la démarcation entre espèces nourries et espèces non nourries ne va pas de soi, car les aliments destinés aux espèces nourries profitent également aux espèces filtreuses, notamment lorsqu’ils se présentent sous forme de poudre ou lorsqu’il s’agit de granulés à faible hydrostabilité qui se dissolvent rapidement. Dans certaines régions d’Asie, par exemple, des espèces de bivalves élevées dans des étangs côtiers, telles que la cythérée et le couteau chinois, sont délibérément «engraissées» au stade final de l’élevage avec des aliments spécialement élaborés se présentant sous forme de particules fines.
Espèces aquatiques d’élevage et diversité des espèces
L’ensemble de données de la FAO sur la production aquacole mondiale pour la période 1950-2022 publié en mars 2024 répertorie 731 unités statistiques connues sous la dénomination technique de «catégories d’espèces» – soit davantage que les 652 unités prises en compte en 2022. Ces unités se composent de 564 espèces aquatiques identifiées au niveau de l’espèce et de 7 poissons hybrides interspécifiques, de 99 groupes d’espèces identifiés au niveau du genre et de 61 groupes d’espèces identifiés au niveau de la famille ou au-dessus. Les 564 espèces d’élevage répertoriées dans le monde englobent 368 espèces de poissons regroupées sous plus de 200 genres, 88 espèces de mollusques, 62 espèces de crustacés, 32 espèces d’algues, 2 espèces de cyanobactéries, 7 espèces d’invertébrés marins, 3 espèces de grenouilles et 2 espèces de tortues aquatiques.
Malgré la grande diversité des espèces aquatiques d’élevage dans le monde, un nombre relativement restreint d’espèces «de base» dominent la production aquacole totale aux niveaux mondial, régional et national. Le tableau 5 présente les espèces ou groupes d’espèces dominants et leur importance relative dans la production mondiale par sous-secteur de l’aquaculture.
TABLEAU 5PRODUCTION MONDIALE DES GRANDES ESPÈCES AQUACOLES ET DES PRINCIPAUX GROUPES D’ESPÈCES

SOURCE: FAO. 2024. FishStat: Production mondiale de l'aquaculture 1950-2022. [Consulté le 29 mars 2024]. Dans: FishStatJ. Disponible à l’adresse: www.fao.org/fishery/fr/statistics/software/fishstatj. Licence: CC-BY-4.0.