Annexes Techniques

ANNEXE TECHNIQUE 1 CALCUL DES PERTES ET DES DOMMAGES À PARTIR DES ÉVALUATIONS DES BESOINS APRÈS DES CATASTROPHES

Des évaluations des besoins après des catastrophes sont disponibles en ligne et ont été téléchargées à partir des sites web de PreventionWebav, de ReliefWebaw, de la Facilité mondiale pour la réduction des catastrophes et la reconstructionax et de la Banque mondialeay. Les évaluations utilisées dans le présent rapport en tant que sources de données s’échelonnent de 2007 à 2022.

Plus précisément, les données proviennent de 88 évaluations après des catastrophes, menées dans 60 pays répartis dans sept régions et sous-régions, comme indiqué ci-après: Afrique, 30; Asie, 24; Caraïbes, 10; Europe de l’Est, 8; Proche-Orient, 1; Océanie, 10; Amérique du Sud, 5. Les données couvrent huit types d’aléas: cyclones, 4; sécheresses, 7; tremblements de terre, 9; inondations, 32; aléas multiples, 6 (y compris La Niña, 1); tempêtes, 23; tsunamis, 1; et activités volcaniques, 3. Ces évaluations après des catastrophes étaient de différents types: évaluations des dommages, des pertes et des besoins, évaluations des besoins et évaluations rapides des dommages et des besoins.

Les évaluations des besoins après des catastrophes présentent les estimations des dommages et des pertes par secteur économique, ce qui permet de comparer les différents impacts sur l’économie. L’ensemble des valeurs relatives aux dommages et aux pertes ont été converties en dollars de 2017 (à partir des dollars courants ou de l’unité monétaire locale) à l’aide des données de l’indice des prix à la consommation de la Banque mondiale.

Pour calculer les pertes agricoles totales par type de catastrophe, on a agrégé et additionné les valeurs des dommages et des pertes par catégorie d’aléa. Les accidents industriels déclarés n’ayant pas eu d’incidences sur les valeurs relatives au secteur agricole, ils ne figurent pas en tant que catégorie dans les résultats.

La part des pertes agricoles dans celles de l’ensemble des secteurs productifs est obtenue en divisant les dommages et pertes agricoles communiqués dans les différentes évaluations des besoins après des catastrophes par le total des dommages et pertes indiqué dans ces évaluations pour l’ensemble des secteurs productifs (agriculture, industrie, commerce et échanges, et tourisme), par catégorie de catastrophe.

De la même façon, on calcule la part des pertes agricoles dans les pertes totales en divisant les dommages et pertes agricoles communiqués dans les différentes évaluations des besoins après des catastrophes par le total des dommages et pertes indiqué dans ces évaluations, par catégorie de catastrophe.

Une ventilation des dommages et pertes par sous-secteur était proposée dans 50 évaluations des besoins après des catastrophes (soit 56 pour cent de l’échantillon). Dans ce sous-échantillon, on a calculé les parts respectives des différents sous-secteurs agricoles en agrégeant leurs dommages et pertes en dollars de 2017.

ANNEXE TECHNIQUE 2 ESTIMATION DES PERTES MONDIALES À PARTIR DE DONNÉES SECONDAIRES

Les estimations des pertes imputables aux catastrophes dans les sous-secteurs des cultures et de l’élevage entre 1991 et 2021 ont été établies à l’aide d’un scénario de production contrefactuel élaboré pour les années des catastrophes. Ce scénario a été ensuite comparé aux volumes de production communiqués afin d’évaluer l’impact des catastrophes.

Sources de données

Quatre sources de données ont été utilisées pour estimer les différents paramètres des modèles.

  • Données relatives aux catastrophes: les données relatives aux catastrophes proviennent de la base de données EM-DAT, qui offre la couverture la plus complète des événements destructeurs passés. Pour être enregistrées dans cette base, les catastrophes doivent remplir l’un des critères suivants: 10 morts ou plus, 100 blessés ou plus, déclaration de l’état d’urgence ou appel à l’aide internationale. L’analyse porte sur les catastrophes de toute ampleur (petite, moyenne ou grande) qui entrent dans les catégories suivantes: tempêtes, inondations, sécheresses, températures extrêmes, infestations d’insectes, incendies de forêt, tremblements de terre, glissements de terrain, mouvements de masse et activités volcaniques. De 1991 à 2021, 10 190 catastrophes se sont produites à l’échelle mondiale.
  • Données relatives à la production et aux prix: des données annuelles agrégées au niveau national relatives à la production, aux rendements, aux superficies récoltées (cultures) et au nombre de têtes de bétail (élevage) ainsi qu’aux prix ont été extraites de FAOSTAT pour 197 pays ou zones. L’analyse porte au total sur 186 éléments divisés en 11 groupes de produits: céréales, légumineuses, café, thé, cacao et épices, fruits et fruits à coque, graines oléagineuses, racines et tubercules, cultures sucrières, tabac, caoutchouc et fibres végétales, légumes, et principaux produits de l’élevage (viande et produits à base de viande, lait et œufs).
  • Les données relatives à la productivité totale des facteurs (PTF) dans le secteur agricole sur la période 1991-2020 ont été obtenues du Département de l’agriculture des États-Unis.

Dans le scénario contrefactuel élaboré pour les années des catastrophes, les valeurs relatives à la production sont établies à partir d’une hypothèse d’absence de catastrophe. Les rendements sont imputés à partir des séries chronologiques de rendements par pays mises à disposition dans FAOSTAT pour plus de 12 700 produits. Les rendements des années des catastrophes (telles qu’enregistrées dans EM-DAT) sont remplacés par des valeurs contrefactuelles.

L’analyse utilise principalement une liste de matrices présentant des séries chronologiques de rendements qui comprennent les valeurs communiquées pour les années sans catastrophe et excluent celles des années des catastrophes: rendement (j,t,i·d), où j correspond aux pays ou zones, t aux années (1991-2021), i aux produits et où d=0 (années sans catastrophe). Trois techniques d’interpolation sont utilisées pour calculer les rendements contrefactuels pour les années des catastrophes, selon le nombre d’années sans catastrophe dans chaque série chronologique.

  • Pour les séries chronologiques comportant plus de cinq années sans catastrophe sur la période 1991-2021, soit 58 pour cent de l’échantillon, les valeurs de rendement manquantes sont estimées au moyen d’une interpolation des rendements des années sans catastrophe. Pour ce calcul, on utilise un modèle structurel dont les paramètres sont estimés à l’aide de la méthode du maximum de vraisemblance avec un lissage de Kalman. Le modèle structurel décompose les séries chronologiques en composantes du modèle espace-état, d’abord au moyen d’une équation de mesure de la variable de rendement définissant le vecteur d’état α:

α étant le vecteur des variables d’état de dimension m (m x 1), Ft et St étant les matrices de coefficients fixes des dimensions N x m et N x r, r étant les dimensions du vecteur de perturbation, et εt étant un vecteur r x 1 de moyenne nulle et de matrice de covariance Vε.

Le vecteur d’état peut ensuite être décrit dans une équation d’état, comme suit:

Gt étant une matrice m x m et Rt une matrice m x g de coefficients fixes, g étant les dimensions du vecteur de perturbation, et ηt étant un vecteur g x 1 de moyenne nulle et de matrice de covariance Wη.

Le filtre de Kalman récursif permet d’estimer le modèle de manière itérative à l’aide de l’équation suivante:

Le gain de Kalman (Kt) équilibre l’incertitude entre les observations passées et les nouvelles informations. Si les observations passées sont entachées d’incertitude, Kt se rapproche de 1 pour donner plus de poids aux nouvelles informations. Si la différence entre les variables observées et estimées est instable, Kt se rapproche de zéro.

  • Pour les séries chronologiques comprenant moins de cinq années sans catastrophe sur la période 1991-2021:
  • L’estimation est fondée sur des groupes (clusters) de pays (technique appliquée pour 39 pour cent de l’échantillon).
    Les pays sont répartis en 20 groupes dérivés d’un alignement temporel dynamique fondé sur la croissance de la PTF dans l’agriculture et d’une analyse factorielle reposant sur les niveaux de rendement de l’ensemble des produits. La tendance au regroupement des données est établie à l’aide de la statistique de Hopkins244. Un regroupement hiérarchique à partir de la composante principale est opéré pour les dix composantes principales résultant de l’analyse factorielle conduite sur 196 variables pour 197 pays. À l’aide du critère de Ward, les pays sont regroupés de manière incrémentielle, tandis que la croissance de l’inertie intra correspondant au dernier terme de l’équation suivante est minimisée pour former des groupes les plus homogènes possibles:

v est la valeur de la variable k, obtenue à partir des variables des dix principales composantes, pour le pays j du cluster c.

Pour chaque cluster c, chaque élément i, et chaque année t, un taux annuel moyen de variation du rendement est calculé:

Nc est le nombre de pays de chaque cluster c.

À partir des rendements de 1990, on applique ce taux de variation à chaque pays et à chaque élément pour construire une série chronologique contrefactuelle pour la période 1991-2021. Le rendement contrefactuel estimé est calculé comme suit pour l’élément i, le pays j et l’année t:

  • Cinq pays constituaient la seule observation de leur cluster (Chine, Guyana, Mexique, Ouzbékistan et Pérou). Pour ces pays, l’estimation a été établie à l’aide d’un modèle de régression par les moindres carrés ordinaires basé sur la PTF et le rendement décalé, avec l’équation suivante:

rendementijt est le rendement de l’élément i, dans le pays j, au moment t agTFPjt est la PTF dans l’agriculture dans le pays j, au moment t Uijt est le terme d’erreur

Des prédicteurs estimés sont utilisés pour calculer les séries chronologiques de rendement contrefactuel, comme suit:

Une fois le rendement contrefactuel estimé, un écart de rendement est calculé en déterminant la différence entre ce rendement contrefactuel estimé et la valeur de rendement communiquée dans FAOSTAT.

Pour établir la variabilité due à des effets non liés aux catastrophes et supprimer le bruit de fond dans l’écart de rendement, des distributions nulles sont calculées par pays et par élément. Des simulations ont été effectuées sur 10 000 matrices de catastrophes simulées afin d’établir des distributions d’écarts de rendement estimé. Les écarts de rendement inférieurs au quantile de 5 pour cent de la distribution ont été supprimés des pertes estimées.

Pour passer des pertes de rendement aux pertes de production, les rendements d’une année donnée sont multipliés par le nombre d’hectares récoltés, le nombre d’animaux abattus pour produire des produits à base de viande ou le nombre d’animaux pondeurs ou laitiers.

Les pertes de production en valeur sont obtenues en multipliant les tonnes par les prix à la production issus de FAOSTAT, exprimés en dollars de 2017 en parité de pouvoir d’achat. Les difficultés proviennent des années 1990 dans les séries chronologiques, période où les prix communiqués étaient moins fiables qu’aujourd’hui. En l’absence de prix pour certains pays, des médianes sous-régionales, régionales ou mondiales sont utilisées (12 pour cent de prix manquants). Si les prix locaux sont trois fois plus élevés que la médiane mondiale, c’est cette dernière qui est utilisée.

Annexe technique 2A Attribution des pertes aux catastrophes

Les pertes sont estimées par année et par pays, et ventilées par élément. Cependant, dans 85 pour cent des cas, plusieurs catastrophes se sont produites pendant les années considérées. Pour attribuer les pertes aux différents aléas subis la même année, un modèle de régression à effets mixtes a été utilisé, avec les pertes de production positives pour chaque élément dans chaque pays et pendant chaque année en tant que variable dépendante, l’année et le nombre de catastrophes de chaque type en tant qu’effets fixes et l’élément et le pays en tant qu’effets aléatoires, comme suit:

yijt est la perte de production pour l’élément i dans le pays j et pour l’année t; les βi sont les paramètres des effets fixes; xt est l’année t (t allant de 1991 à 2021); x2jt est le nombre de sécheresses dans le pays j pendant l’année t; x3jt est le nombre d’inondations dans le pays j pendant l’année t; x4jt est le nombre de tempêtes dans le pays j pendant l’année t; x5jt est le nombre de tremblements de terre dans le pays j pendant l’année t; x6jt est le nombre d’épisodes de températures extrêmes dans le pays j pendant l’année t; x7jt est le nombre de glissements de terrain dans le pays j pendant l’année t; x8jt est le nombre de feux de forêt dans le pays j pendant l’année t; yi est l’effet aléatoire de l’élément i; yj est l’effet aléatoire du pays j; et εijt sont les valeurs résiduelles, qui sont indépendantes et normalement distribuées. Les paramètres du modèle sont estimés à l’aide du maximum de vraisemblance restreinte.

Les infestations d’insectes, les mouvements de terrain et les éruptions volcaniques ont été supprimés du processus d’attribution en raison du nombre trop faible d’observations (respectivement 38, 19 et 151) dans la base EM-DAT par rapport aux autres types de phénomènes. Cependant, ces types de catastrophes ont été intégrés dans l’estimation des pertes à l’aide des modèles contrefactuels présentés à l’annexe technique 2.

Les paramètres de chaque type d’événement ont été utilisés comme facteurs de pondération pour attribuer les pertes de production pour chaque élément, dans chaque pays et durant chaque année à chaque type de catastrophe survenu dans le pays cette année-là, comme suit:

wdjt est le facteur de pondération du type de catastrophe d dans le pays j et pour l’année t; βd est le paramètre du modèle (1) correspondant au type de catastrophe d; et Xdjt est le nombre de catastrophes de type d dans le pays j et pour l’année t. La perte pour l’élément i dans le pays j pour l’année t due au type de catastrophe d a ensuite été calculée comme suit:

Lijt correspond aux pertes totales pour l’élément i dans le pays j et pendant l’année t.

Ces pertes ont été additionnées pour l’ensemble des éléments, pays et années afin d’obtenir les pertes totales par type de catastrophe:

résultat qui a été divisé par le nombre total de catastrophes de ce type pour obtenir la perte moyenne par catastrophe de chaque type:

Enfin, cette perte moyenne par catastrophe de chaque type ad a été exprimée en pourcentage pd des pertes moyennes totales causées par tous les types de catastrophe:

ANNEXE TECHNIQUE 3 DONNÉES ET MÉTHODES RELATIVES À L’ATTRIBUTION CLIMATIQUE

Des données détaillées sur les quatre études de cas (rendements du soja en Argentine, rendements du blé au Kazakhstan et au Maroc, et rendements du maïs en Afrique du Sud) ont été publiées dans un document technique complémentaire. La présente section expose les données et les méthodes utilisées dans la section 3.1.

Les résultats qui sont présentés en matière d’attribution reposent sur la comparaison des rendements observés avec les distributions des rendements factuels et contrefactuels estimés des cultures. Les rendements factuels sont les rendements simulés pour les conditions climatiques telles qu’elles ont réellement évolué, tandis que les rendements contrefactuels sont les rendements simulés pour les conditions climatiques qui auraient pu exister en l’absence d’augmentation des émissions de gaz à effet de serre et d’autres facteurs de forçage climatique anthropique. À cette fin, nous élaborons un modèle statistique de rendement des cultures à variables multiples, qui s’appuie sur tout l’historique disponible des données d’observation du rendement des cultures245 et sur des données climatiques dérivées d’observations (20CRv3–W5E5)246,247.

L’approche de modélisation est construite de manière à être applicable, de manière générale, à l’ensemble des pays et des cultures examinés dans les études de cas. Pour ce faire, un ensemble d’indices climatiques potentiellement pertinents est établi (TABLEAU 8). Cette sélection s’appuie sur des avis d’experts, notamment en ce qui concerne les facteurs biophysiologiques, et sur l’expérience en matière de modélisation statistique des cultures ainsi que sur les informations fournies par les documents publiés248,249,250. Ces indices sont calculés pour les périodes de végétation spécifiques de la sous-région et de la culture dont la production est la plus élevée à l’échelle des points de grille des données climatiques disponibles (résolution de 1,4 x 1,4 degré). Dans l’ensemble des données (indices climatiques fondés sur les observations et rendements des cultures), les anomalies sont considérées par rapport à une tendance non linéaire pour tenir compte de l’influence confusionnelle des changements dans la gestion agricole (apport d’engrais, par exemple). Les variables à utiliser pour le modèle de régression linéaire sont ensuite sélectionnées au moyen d’un processus en deux étapes analogue à celui de Laudien et al251. Pour commencer, l’interdépendance entre les variables de régression est supprimée en rejetant celles corrélées de +/-0,7 ou plus avec une autre variable présentant une corrélation plus étroite avec les données de rendement. L’ensemble de variables ainsi réduit est transmis à une régression LASSO qui sélectionne jusqu’à cinq variables expliquant le mieux les données de rendement. Une adéquation linéaire permet d’obtenir les paramètres du modèle, et une validation hors échantillon est effectuée.

TABLEAU 8 ENSEMBLE D’INDICES CLIMATIQUES UTILISÉS POUR LA MODÉLISATION STATISTIQUE DES CULTURES, RÉDUIT ENSUITE EN FONCTION DE L’INDÉPENDANCE ET DE LA CAPACITÉ D’EXPLICATION

Source: Auteurs du présent document.
Source: Auteurs du présent document.

Le modèle statistique de rendement est ensuite appliqué à un ensemble de données climatiques factuelles et contrefactuelles, extraites du projet d’intercomparaison des modèles de détection et d’attribution (DAMIP – Detection and Attribution Model Intercomparison Project)252, qui constitue une composante de la phase 6 du projet d’intercomparaison des modèles couplés (CMIP6 – Coupled Model Intercomparison Project Phase 6). Un ensemble de simulations historiques comprend les évolutions historiques des facteurs de forçage à la fois anthropique (gaz à effet de serre, ozone, aérosols, utilisation des terres, etc.) et naturel (éclairement énergétique solaire, aérosols volcaniques) du climat. Un ensemble de simulations hist–nat comprend uniquement les évolutions historiques des facteurs naturels, tandis que les facteurs anthropiques sont maintenus à leurs niveaux préindustriels. Dans cette optique, les 50 simulations historiques et 50 simulations hist–nat du seul grand ensemble de DAMIP mettant à disposition des données quotidiennes, la sixième version du modèle de recherche interdisciplinaire sur le climat (MIROC6 – Model for Interdisciplinary Research on Climate)253, sont corrigées des biais avec la méthode ISIMIP3 (v3.0.2). L’évaluation du modèle254,255 ne montre aucun biais manifeste allant au-delà de ce qui est communément admis dans les études de modélisation de l’impact sur le climat. Pour les régions couvertes par les études de cas, en particulier, on a constaté que les précipitations dans le nord du Kazakhstan étaient bien représentées dans le modèle256; il en est de même des précipitations au Maroc, du moins sur la côte et dans le nord257, région qui nous intéresse ici. Des versions antérieures de ce même modèle ont été utilisées pour produire des ensembles de données pour les études d’attribution de l’impact258,259, y compris dans l’agriculture260,261.

La sensibilité climatique à l’équilibre et la réponse climatique transitoire du modèle MIROC6, respectivement de 2,60 °C et 1,58 °C, figurent dans la partie basse de la fourchette CMIP6 de 3,78 °C +/- 1,12 °C (pour la sensibilité climatique à l’équilibre) et de 1,98 °C +/- 0,48 °C (pour la réponse climatique transitoire) (moyenne +/- un écart type). Plus important encore, la valeur de la sensibilité climatique à l’équilibre se situe dans la plage probable du GIEC, qui va de 2,5 °C à 5,1 °C (valeur centrale: 3,4 °C; plage très probable: 2,1 °C à 7,7 °C) et qui constitue la meilleure estimation à ce jour, établie à partir de multiples sources d’éléments factuels. La valeur de la réponse climatique transitoire est légèrement inférieure à la plage probable, qui va de 1,6 °C à 2,7 °C (valeur centrale: 2,0 °C), mais se situe dans la plage très probable (1,3 °C à 3,1 °C). Le forçage radiatif effectif total des aérosols du modèle (-0,99 W/m2) est bien dans la fourchette CMIP6 de -1,23 W/m2 +/- 0,48 W/m2 (moyenne +/- intervalle de confiance de 5 à 95 pour cent) ainsi que dans la plage estimée par le GIEC comprise entre -2,0 W/m2 et -0,6 W/m2 (valeur centrale: –1,3 W/m2) (niveau de confiance moyen)262. Globalement, ces chiffres semblent indiquer que la réponse du modèle s’agissant des gaz à effet de serre et d’autres facteurs de forçage est plausible. La réponse dans la fourchette basse concernant la température mondiale suggère en outre que les résultats obtenus en matière d’attribution seraient plutôt sous-évalués (que le contraire), ce qui signifie qu’il s’agit d’estimations prudentes.

Les 50 simulations des deux expériences présentent des différences en ce qui concerne la variabilité interne du climat (conditions météorologiques différentes), mais leur conjugaison donne une image du climat avec et sans gaz à effet de serre et autres forçages anthropiques du climat. Les données climatiques factuelles du modèle sont traitées de la même manière que les données climatiques dérivées des observations. Les données climatiques contrefactuelles du modèle sont traitées de manière analogue, à ceci près que parmi les seuils basés sur les centiles, ceux utilisés pour le calcul des indices sont tirés des données climatiques factuelles correspondantes, et que, de façon similaire, les anomalies pour les indices contrefactuels sont calculées par rapport à la tendance non linéaire dans les données factuelles (et non contrefactuelles) correspondantes. Les variables sélectionnées et les paramètres du modèle statistique dérivé des observations permettent d’obtenir les distributions de rendements factuels et contrefactuels.

ANNEXE TECHNIQUE 4 NOTE MÉTHODOLOGIQUE SUR LES MÉTHODES DE CALCUL DE L’ANALYSE AVANTAGES-COÛTS

L’objet de la présente note est d’exposer les différentes méthodes de calcul utilisées pour élaborer la section de la partie 4 relative à l’analyse avantages-coûts et de montrer que les trois approches – mesures préventives/de réduction des risques, actions anticipatoires et actions tenant compte des risques pour endiguer la propagation du criquet pèlerin (lutte préventive et action anticipatoire) – se complètent pour renforcer la résilience. La FAO a élaboré des méthodes pour calculer les avantages apportés par les bonnes pratiques de réduction des risques de catastrophe appliquées au niveau des exploitations et par les actions anticipatoires dans un certain nombre de ses programmes. Bien que la FAO continue de les perfectionner afin d’intégrer un plus large éventail d’activités programmatiques, ces méthodes donnent un aperçu des étapes et des structures des méthodes d’analyse avantages-coûts utilisées par l’Organisation pour analyser les bonnes pratiques de réduction des risques de catastrophe au niveau des exploitations et les actions anticipatoires.

Section 1. Méthode d’évaluation des avantages des bonnes pratiques de réduction des risques climatiques et des risques de catastrophe fondée sur la publication Disaster risk reduction at farm level: Multiple benefits, no regrets (2019) de la FAO.

Résumé: L’analyse avantages-coûts permet de calculer et de comparer les avantages et les coûts dans le temps des technologies suggérées relevant des bonnes pratiques en matière de réduction des risques de catastrophe dans l’agriculture (production végétale, animale, halieutique et forestière) et des technologies locales existantes à partir de données primaires sur les activités agricoles collectées sur une base saisonnière au niveau des exploitations. Sur chaque exploitation, les technologies suggérées relevant des bonnes pratiques en matière de réduction des risques de catastrophe et les technologies locales existantes sont observées simultanément sur des parcelles adjacentes. Les parcelles qui n’ont pas subi d’aléa durant la période d’observation constituent le scénario sans aléa, tandis que celles qui ont subi des aléas durant cette même période entrent dans le scénario avec aléas. Les données collectées au niveau des exploitations pour l’analyse avantages-coûts comprennent les coûts tels que les intrants, la main-d’œuvre, la maintenance et les dépenses d’investissement, ainsi que les avantages, c’est-à-dire la valeur brute de la production. L’analyse avantages-coûts compare les avantages nets (rendement net de l’investissement dans les technologies relevant des bonnes pratiques de réduction des risques de catastrophe et dans les technologies locales existantes) sur la période analysée, puis extrapole ces données sur une durée plus longue (11 années ici).

Une procédure en trois étapes a été suivie pour évaluer les avantages des bonnes pratiques de réduction des risques climatiques et des risques de catastrophe, à savoir une collecte de données, une évaluation sur le terrain et une analyse en vue d’une transposition à plus grande échelle.

Étape 1: collecte de données

La première étape a consisté à réunir certaines données de référence, ce qui a nécessité des recherches documentaires historiques sur les villages cibles, les ménages et leurs activités de production agricole, ainsi que sur leur exposition à des aléas et sur les phénomènes météorologiques extrêmes et les catastrophes qu’ils ont subis au cours des cinq dernières années. Elle avait également pour but de sélectionner les pratiques cibles de réduction des risques de catastrophe, qui ont été définies par une équipe d’experts, lesquels ont également recensé les sites pour la présélection initiale et les villages à intégrer dans l’étude, compte tenu des zones agroécologiques locales. Ces éléments ont ensuite fait l’objet d’une validation, au cours de laquelle les ménages acceptant de participer aux essais sur le terrain ont été répertoriés.

Les parcelles sélectionnées dans les champs des agriculteurs participants ont été divisées en deux parties, la première pour expérimenter les bonnes pratiques innovantes en matière de réduction des risques de catastrophe, et la seconde pour servir de parcelles témoins (terres sur lesquelles les pratiques agricoles précédentes ont été maintenues). Dans certains cas, du fait de l’absence de terres disponibles, ou de la culture de plantes pérennes, la parcelle témoin (pratiques agricoles traditionnelles) a été établie dans un champ à proximité qui présentait les mêmes conditions que celles de la parcelle sur laquelle les bonnes pratiques de réduction des risques de catastrophe étaient expérimentées.

Les résultats obtenus sur les parcelles d’essai et sur les parcelles témoins ont été analysés pour chaque saison durant les années sans aléa et ont été comparés aux résultats enregistrés en cas de survenance d’un ou plusieurs aléas. Il a ainsi été possible de déterminer les pratiques qui:

  • offraient de meilleurs résultats dans des conditions soumises à des aléas;
  • offraient des résultats au moins équivalents, en l’absence d’aléas, à ceux des pratiques agronomiques conventionnelles utilisées auparavant.

Étape 2: évaluation sur le terrain au moyen de l’analyse avantages-coûts

La deuxième étape a consisté à réaliser l’analyse avantages-coûts, en évaluant de manière quantitative les avantages nets (faisabilité et efficacité) des nouvelles bonnes pratiques en matière de réduction des risques de catastrophe par rapport à celles utilisées auparavant, dans des conditions avec et sans aléas. L’analyse avantages-coûts impliquait d’attribuer une valeur monétaire aux coûts, aux bénéfices supplémentaires et aux coûts évités grâce à la mise en œuvre des bonnes pratiques et des pratiques en vigueur auparavant, dans des conditions avec et sans aléas. La valeur des biens ou services dont le prix n’est pas connu (main-d’œuvre familiale ou ressources en eau en libre accès, par exemple) a été estimée en utilisant les prix de biens commercialisés en tant que substituts. Le TABLEAU 9 présente les différents types de coûts et d’avantages.

TABLEAU 9 COÛTS ET AVANTAGES

Source: Auteurs du présent document.
Source: Auteurs du présent document.

Le rapport avantages-coûts a été utilisé pour comparer les pratiques et pour indiquer le ratio entre les avantages et les coûts, exprimé sous la forme d’un ratio entre la valeur actualisée des avantages et la valeur actualisée des coûts.

Les gains nets ont en outre été évalués en calculant la valeur actuelle nette (VAN) des bonnes pratiques ainsi que des pratiques courantes ou précédemment utilisées, puis en effectuant une comparaison pour évaluer les bénéfices supplémentaires (augmentation de la productivité, par exemple) et les dommages et pertes évités grâce aux bonnes pratiques. Une période d’évaluation de 11 ans a été utilisée, et un taux d’actualisation de 10 pour cent a été appliqué, avec un contrôle de sensibilité à 5 pour cent et 15 pour cent. De manière générale, une VAN positive indique que la valeur actuelle des avantages est supérieure à la valeur actuelle des coûts sur la période considérée. En revanche, une VAN négative montre que les coûts initiaux et les dépenses de fonctionnement ne sont pas totalement contrebalancés par les avantages obtenus au fil du temps. Plus leur VAN est élevée, plus les bonnes pratiques sont considérées comme avantageuses.

Parallèlement à l’analyse quantitative conduite avec l’évaluation sur le terrain, une analyse qualitative a été réalisée pour déterminer de quelle manière les retombées positives sur le plan social et environnemental étaient perçues par les agriculteurs. Ces informations ont été recueillies dans le cadre d’entretiens semi-structurés et, lorsque cela était possible, de discussions au sein de groupes de réflexion. Les sujets abordés comprenaient la faisabilité socioéconomique des pratiques, leur durabilité, et les avantages sociaux et environnementaux connexes. Ces avantages comprenaient la réduction de la vulnérabilité, l’augmentation des revenus et des moyens d’existence, les possibilités d’atténuer les pénuries alimentaires temporaires pendant et après les catastrophes, et l’amélioration de la nutrition. Les discussions ont également porté sur la question de savoir si ces avantages contribuaient à atténuer les effets néfastes sur l’environnement. Les avantages supplémentaires, les effets imprévus et les obstacles (informations qu’on risquait de ne pas obtenir avec une évaluation uniquement quantitative) ont ainsi été répertoriés et évalués de manière qualitative.

Étape 3: analyse en vue d’une transposition à plus grande échelle

La troisième étape, conduite dans le cadre de l’étude menée en 2019 par la FAO, a consisté à évaluer le potentiel de transposition à plus grande échelle des bonnes pratiques sélectionnées. À cette fin, des modèles de simulation personnalisés créés au moyen de la méthode de la dynamique des systèmes ont été utilisés pour simuler les effets potentiels d’une transposition à plus grande échelle de trois bonnes pratiques très prometteuses. L’approche de la dynamique des systèmes permet d’intégrer des variables biophysiques dans des modèles monétaires, et inversement. Cela permet de mieux comprendre le comportement non linéaire dynamique de systèmes complexes dans le temps à partir de relations causales clés et de boucles de rétroaction pour les différents indicateurs. Les modèles de simulation qui ont été élaborés reposaient sur les constatations issues des évaluations sur le terrain; les obstacles potentiels liés au contexte (contraintes agroécologiques et socioéconomiques, par exemple) ont également été pris en compte.

Des modèles de simulation ont été créés pour deux principaux scénarios: i) le scénario de transposition à plus grande échelle des bonnes pratiques, qui suppose que les bonnes pratiques évaluées en matière de réduction des risques de catastrophe sont largement mises en œuvre par les agriculteurs; et ii) un scénario de maintien du statu quo durant la période de simulation de 11 ans, qui part de l’hypothèse que seules les pratiques précédentes des agriculteurs sont utilisées (pas de mise en place de bonnes pratiques en matière de réduction des risques de catastrophe). En outre, trois scénarios ont été simulés s’agissant de la fréquence des aléas: i) faible fréquence, avec des aléas tous les trois ans; ii) fréquence moyenne, avec des aléas tous les deux ans; et iii) fréquence élevée, avec des aléas tous les ans.

Section 2. Méthode d’analyse avantages-coûts des actions anticipatoires

La présente note expose les méthodes de calcul utilisées pour l’analyse avantages-coûts de la mise en œuvre d’actions anticipatoires. La FAO a élaboré des cadres pour calculer les avantages directs des actions anticipatoires dans un certain nombre de ses programmes. Bien que la FAO continue de les perfectionner afin d’intégrer un plus large éventail d’activités programmatiques, ces méthodes donnent un aperçu des étapes et des structures des méthodes d’analyse avantages-coûts utilisées par l’Organisation pour analyser les actions anticipatoires.

Le principal produit de l’analyse avantages-coûts est le rapport avantages-coûts des actions anticipatoires. Celui-ci mesure le ratio entre les avantages directs résultant des actions anticipatoires et les coûts liés à la conception et à la mise en œuvre de ces interventions, tous exprimés en valeurs monétaires actuelles. Ce rapport donne ainsi une vue synthétique de la rentabilité des ressources qui ont été engagées avant la survenue d’un aléa prévu pour prévenir ou atténuer ses répercussions sur les moyens d’existence des communautés touchées. À cette fin, la FAO réunit des données quantitatives dans le cadre d’entretiens structurés avec les ménages bénéficiaires et les ménages témoins, et les comparaisons contrefactuelles entre les deux échantillons sont utilisées comme base des résultats des actions anticipatoires, une série de formules permettant ensuite de calculer les avantages supplémentaires et les pertes évitées grâce aux interventions. Les principales étapes du calcul du rapport avantages-coûts d’un projet d’actions anticipatoires sont résumées ci-après.

Étape 1: collecte de données

L’analyse avantages-coûts des projets d’actions anticipatoires repose sur les données primaires collectées au niveau des ménages (échantillon des ménages bénéficiaires et échantillon des ménages témoins). Les différences entre les deux échantillons constituent la base de calcul des avantages dans l’analyse.

Plusieurs mesures sont mises en œuvre pour veiller à l’exactitude des données collectées.

  1. Les échantillons du groupe de bénéficiaires et du groupe témoin sont collectés et stratifiés en fonction de plusieurs caractéristiques sociales, démographiques et économiques afin d’obtenir deux populations aussi proches que possible, et d’éviter tout biais dans la collecte des données susceptible de fausser les résultats. Des tests statistiques sont réalisés pour vérifier la comparabilité des échantillons.

  2. Le délai dans lequel la collecte de données est réalisée est important pour s’assurer que les données recueillies sont aussi précises que possible, et que le type d’action mise en œuvre est également pris en compte, et est représentatif des résultats du projet.

  3. Avant le calcul, les données sont examinées pour repérer les éventuelles inexactitudes du fait des enquêteurs. La prise en compte de ces problèmes en amont peut grandement contribuer à garantir la qualité de l’analyse et à supprimer ou limiter les erreurs au stade de la collecte de données, lesquelles sont susceptibles d’entraver l’analyse.

Étape 2: calcul du coût des interventions

L’évaluation du coût du projet par ménage bénéficiaire est l’une des étapes essentielles du calcul du rapport avantages-coûts des actions anticipatoires. L’ensemble des coûts liés aux activités analysées est pris en compte, à savoir les coûts directs (achats) ainsi que les coûts logistiques et administratifs et les autres dépenses d’appui. Les coûts sont calculés à partir des dépenses détaillées du projet communiquées par l’intermédiaire des systèmes d’information financière de la FAO disponibles dans le Système d’information sur la gestion du Programme de terrain (FPMIS).

Deux catégories de coûts sont prises en compte:

  1. les coûts du programme, qui comprennent les achats, la logistique et les protocoles d’accord avec les partenaires opérationnels;

  2. les dépenses d’appui, qui correspondent aux dépenses courantes liées à la mise en œuvre du projet, notamment les dépenses administratives, le suivi sur le terrain, les dépenses générales de fonctionnement et les services d’appui technique.

Étape 3: calcul des avantages des actions anticipatoires

L’analyse avantages-coûts est axée uniquement sur les avantages directs des actions anticipatoires, c’est-à-dire sur les avantages découlant de l’assistance apportée par la FAO.

Deux types d’avantages directs doivent être analysés:

  1. les avantages supplémentaires: les actions anticipatoires engendrent une augmentation de la production agricole ou de la valeur de celle-ci;

  2. les pertes évitées: les actions anticipatoires permettent d’éviter ou de réduire les dommages et les pertes causés par les aléas (actifs agricoles et/ou production).

On calcule les avantages en analysant les différences dans les variables de résultat entre le groupe de bénéficiaires et le groupe témoin. Des tests statistiques sont réalisés pour évaluer la signification statistique des différences observées.

Point important, des données qualitatives sont également collectées – dans le cadre de discussions au sein de groupes de réflexion et d’entretiens avec des informateurs clés – et analysées pour acquérir une compréhension approfondie des perceptions des communautés touchées; trianguler les résultats quantitatifs; évaluer les forces et les faiblesses des procédures décisionnelles et opérationnelles utilisées pour relier les alertes rapides aux actions anticipatoires; et dégager les enseignements essentiels pour améliorer les futurs programmes.

Exemple: méthode de calcul des pertes évitées s’agissant de la mortalité animale

Cet exemple expose les étapes suivies pour calculer les pertes évitées s’agissant de la mortalité animale.

Calculer le nombre total de chèvres que possède chaque ménage. Ce chiffre doit comprendre les chèvres détenues avant le lancement des interventions du projet et celles achetées durant la mise en œuvre de celui-ci.

Pour chaque ménage, calculer le taux de mortalité (TM) en divisant le nombre déclaré de chèvres mortes à cause de la sécheresse par le nombre total de chèvres détenues:

Calculer le taux moyen de mortalité des chèvres pour l’ensemble de l’échantillon du groupe de bénéficiaires et l’ensemble de l’échantillon du groupe témoin. Note: les ménages qui ne possèdent pas de chèvres ne doivent pas être intégrés dans ce calcul.

Calculer la différence entre les taux moyens de mortalité (DTM) des chèvres de l’échantillon du groupe de bénéficiaires et de l’échantillon du groupe témoin.

Calculer le nombre total de chèvres supplémentaires qui ont survécu (ou qui sont mortes) sur toute la durée du projet. Multiplier le chiffre obtenu à l’étape précédente par le nombre total de chèvres que possèdent les ménages bénéficiaires.

Calculer la valeur que représente le nombre total de chèvres supplémentaires qui ont survécu (ou qui sont mortes) sur toute la durée du projet à l’aide du prix moyen (p) de ces animaux sur le marché au cours de la période d’exécution du projet.

Calculer la valeur des animaux sauvés par ménage (M).

Étape 4: le rapport avantages-coûts

Le rapport avantages-coûts est le ratio entre la somme de l’ensemble des avantages supplémentaires et des pertes évitées statistiquement significatifs et les coûts totaux par ménage bénéficiaire, calculé sur la base des réponses données par les ménages bénéficiaires et les ménages témoins. L’analyse de sensibilité est réalisée en modifiant certaines des hypothèses de base retenues dans les calculs de rapport avantages-coûts et en évaluant les écarts dans les résultats. Les scénarios les plus optimiste et pessimiste, notamment, sont simulés.

Le TABLEAU 10 fournit un exemple de calcul des coûts d’un projet et des avantages supplémentaires et pertes évitées correspondants.

TABLEAU 10 COÛTS ET AVANTAGES PAR MÉNAGE

Source: Auteurs du présent document.
Source: Auteurs du présent document.

ANNEXE TECHNIQUE 5 MÉTHODE DE CALCUL DES PERTES ÉVITÉES GRÂCE À L’OPÉRATION DE LUTTE CONTRE LE CRIQUET PÈLERIN FONDÉE SUR L’ANALYSE DES RISQUES

Sur la base de l’expérience acquise lors de la mise en œuvre de l’opération de lutte contre le criquet pèlerin, une nouvelle méthode évolutive a été mise au point pour calculer, à partir de différentes considérations et hypothèses, le retour sur investissement des interventions de la FAO fondées sur l’analyse des risques. Le Manuel acridien et le Desert Locust Forecasting Manual (manuel sur les prévisions acridiennes) de la FAO ont été consultés pour définir les besoins alimentaires du criquet pèlerin, ainsi que la densité moyenne des essaims et des bandes larvaires. Les informations sur l’opération de lutte qui ont pu être obtenues ont permis de déterminer la taille des essaims, les zones infestées et les zones traitées, ainsi que les pertes de matière verte/végétation évitées grâce aux superficies protégées.

Besoins alimentaires du criquet pèlerin (Manuel acridien et manuel sur les prévisions acridiennes de la FAO):

  • Consommation – 1 adulte (vie entière) = 60 g de matière verte/végétation
  • Consommation – 1 larve (vie entière) = 3,7 g de matière verte/végétation

Compte tenu de la densité moyenne des essaims et des bandes (manuel sur les prévisions acridiennes et chapitre 1 «Biologie et comportement» des Directives FAO sur le criquet pèlerin), on estime que les besoins alimentaires par hectare sont les suivants:

  • Consommation des essaims (vie entière) par hectare = 36 tonnes de matière verte/végétation
  • Consommation des bandes larvaires (vie entière) par hectare = 4 tonnes de matière verte/végétation

Informations sur l’opération de lutte:

Les rapports de terrain ont fourni des détails sur la nature de l’opération de lutte (aérienne et terrestre) et sur le ratio de larves par rapport aux essaims. Les rapports sur deux ans de l’opération de lutte indiquaient que 80 pour cent des hectares traités étaient infestés d’essaims immatures ou en cours de maturation, tandis que 20 pour cent des zones traitées étaient infestées de larves à différents stades (stades 1 à 5).

Il ressort de ces informations que chaque fois qu’un hectare est traité, ce sont environ 30 tonnes de matière verte et de végétation qui ne sont pas consommées par les criquets pèlerins (grâce aux mesures de protection).

Matière verte productive:

Pour estimer les pertes et impacts au regard des moyens d’existence productifs des agriculteurs, des producteurs agropastoraux et des éleveurs pastoraux, nous devons introduire (utiliser) le concept de matière verte et végétation productives. Nous avons considéré comme végétation productive toute espèce appétissante (pour les animaux) sur les parcours et/ou les exploitations et toute espèce directement utilisée comme aliment (pour les humains).

  • Hypothèse 1. On estime qu’au cours de leur vie, les criquets pèlerins ne tireront que 50 pour cent de leurs besoins alimentaires des matière verte et végétation productives, et que le reste proviendra des feuilles d’espèces qui ne sont pas appétissantes ou qui ne sont pas utilisées pour produire des aliments.
  • Hypothèse 2. Compte tenu de la couverture moyenne des sols dans les zones où les criquets pèlerins ont été les plus nombreux lors de cet épisode de recrudescence, on estime que sur la quantité totale de matière verte et végétation productives consommée, 70 pour cent proviennent des parcours et 30 pour cent des terres agricoles.

De la consommation des criquets pèlerins aux pertes de productivité des parcours et de récoltes:

À partir de ces hypothèses et des considérations exposées ci-après, il est possible de calculer les destructions que les criquets pèlerins (larves et essaims) sont susceptibles d’occasionner par hectare au cours de leur cycle de vie dans les parcours et les terres agricoles.

Considération 1. Productivité moyenne des parcours de 0,75 tonne/hectare en Afrique de l’Est.

Considération 2. Terres agricoles protégées dans la Corne de l’Afrique: rendement moyen de 3 tonnes/hectare pour les cultures fourragères herbacées, et ratio feuilles/tiges de 0,49.

Considération 3. Production moyenne de céréales (principales cultures dans les zones arides et semi-arides) de 1,3 tonne, et diminution des rendements à cause du criquet pèlerin estimée à 50 pour cent.

Considération 4. Capacité de charge en bétail de 1 unité de bétail tropical (UBT)/hectare de parcours, et diminution de cette capacité à cause du criquet pèlerin estimée à 60 pour cent. La réduction de 60 pour cent (en cas d’infestation acridienne) est estimée en tenant compte des observations sur le terrain.

Considération 5. Moyenne de 4,5 UBT/ménage dans la région.

Considération 6. Prix moyen de la tonne de céréales: 300 dollars.

Considération 7. Besoins moyens en céréales par personne et par an: 150 kg.

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