Partie 2 Impact des catastrophes sur l’agriculture

2.3 Évaluations et éléments factuels concernant les sous-secteurs des cultures et de l’élevage

Les politiques de réduction des risques de catastrophe et d’adaptation au changement climatique concourent de manière cruciale au développement durable. Cependant, pour prendre des décisions correctes et efficaces, il faut avant toute chose disposer d’un référentiel de connaissances fiables. Malgré le besoin urgent de déterminer l’étendue des impacts des catastrophes sur la production agricole, il n’y a pas de collecte ni de transmission systématiques de données relatives aux pertes et aux dommages, et les informations disponibles restent d’une portée limitée. Compte tenu de ces lacunes, les auteurs se sont appuyés dans les sections ci-après sur des données secondaires, notamment la base EM-DAT et les données FAOSTAT concernant la production, pour quantifier les impacts des catastrophes sur la production agricole, et plus précisément sur les cultures et l’élevage.

La base EM-DAT propose la couverture la plus complète des catastrophes passées, notamment les tempêtes, les inondations, les sécheresses, les températures extrêmes, les infestations d’insectes, les incendies de forêt, les tremblements de terre, les glissements de terrain, les mouvements de masse et les activités volcaniques. La présente évaluation porte sur ces différents types d’aléasl. Les pertes directes dues à ces catastrophes ont été estimées au moyen des données relatives à la production agricole publiées dans FAOSTAT pour 192 cultures et activités d’élevage sur la période 1991-2021. Les baisses de productivité moyennes par produit au niveau national sont comparées aux données d’un scénario contrefactuel sans catastrophe, estimées à partir de la productivité totale des facteurs (voir l’annexe technique 2 pour plus d’informations). Les pertes sont agrégées pour différents produits sur la base des prix constants en parité de pouvoir d’achat en dollars de 2017. Pour estimer les pertes des différents types d’aléa, en l’absence d’informations fiables sur les impacts potentiels de chacun d’eux, on calcule les pondérations au moyen des paramètres d’un modèle de régression à effets mixtes.

Parmi les hypothèses retenues ici, il est important de noter qu’en l’absence de données plus détaillées, les baisses de productivité par rapport au scénario contrefactuel sont attribuées aux catastrophes. Par ailleurs, lorsque des catastrophes se produisent, leurs effets préjudiciables viennent s’ajouter aux conditions climatiques, facteurs socioéconomiques et contextes institutionnels existants. En outre, ces impacts résultent, et sont en même temps à l’origine, d’interactions dynamiques entre les sous-secteurs des cultures et de l’élevage. Les sécheresses, par exemple, peuvent entraîner une pénurie d’eau qui posera des difficultés pour la croissance des végétaux et l’abreuvement des animaux. Les inondations peuvent causer des dégâts dans les cultures, une érosion des sols et la destruction d’infrastructures d’élevage. De même, les incendies peuvent détruire les cultures, les pâtures et les aliments destinés aux animaux, et mettre ainsi à mal le bien-être de ces derniers et la production végétale52. Cependant, les impacts des catastrophes sur les cultures et l’élevage sont traités comme des phénomènes indépendants et soudains, sans prise en compte de la nature dynamique de leurs interdépendances.

2.3.1 Pertes mondiales de produits végétaux et animaux

Les constatations indiquent une tendance à une lente augmentation des pertes estimées dans les sous-secteurs des cultures et de l’élevage au cours des trois dernières décennies. Si l’on considère tous les phénomènes extrêmes qui se sont produits à l’échelle mondiale au cours des 31 dernières années, on obtient un montant total de pertes estimé à 3 800 milliards de dollars, soit environ 123 milliards de dollars par an en moyenne (FIGURE 9). Ce montant représente 5 pour cent du PIB agricole mondial. En termes relatifs, le montant total des pertes subies sur les 31 dernières années équivaut approximativement au PIB du Brésil en 2022.

FIGURE 9 ESTIMATION DU MONTANT TOTAL DES PERTES DE PRODUCTION AGRICOLE

Source: Auteurs du présent document, d’après les données de la FAO et de la base EM-DAT.
Source: Auteurs du présent document, d’après les données de la FAO et de la base EM-DAT.

On observe des pics importants (de l’ordre de 150 milliards de dollars) en 1993, 2002, 2004, 2010, 2012 et 2020. Étant donné que les estimations présentées ici additionnent les effets préjudiciables de l’ensemble des phénomènes observés, toutes intensités confondues, il est difficile de rapporter ces pertes plus importantes à des catastrophes précises. Cependant, on peut observer des corrélations avec certains phénomènes. Les pics dans les pertes correspondent ainsi aux gigantesques inondations qui ont nui à la production de céréales et de soja en Amérique du Nord en 1993; aux sécheresses de grande ampleur qui ont touché l’Asie du Sud et l’Afrique en 2002; aux sécheresses majeures qui ont sévi en Chine et entraîné une vaste famine dans le Sahel en 2010, tandis que la Fédération de Russie subissait des vagues de chaleur; à une période des moussons perturbée en Asie du Sud en 2012; et aux inondations et aux cyclones qui ont frappé respectivement la Chine et l’Inde en 2020, tandis que l’Amérique du Nord était en proie à une saison des ouragans atlantiques sans précédent.

ENCADRÉ 4 Méthode d’estimation des pertes entraînées par les catastrophes dans les sous-secteurs des cultures et de l’élevage à l’échelle mondiale

Pour estimer les pertes causées à l’échelle mondiale par les catastrophes dans le secteur agricole sur la période 1991-2021, on établit des rendements contrefactuels pour les années où sont survenues des catastrophes pour 186 produits et 197 pays et territoires (voir l’annexe technique 2). Les différences entre les rendements contrefactuels estimés et les rendements réels, après filtrage par niveau de signification, correspondent aux baisses de rendement dues aux catastrophes. À partir des baisses de rendement estimées pour un produit donné au niveau national, on calcule les pertes de production en tonnes et les pertes monétaires en dollars de 2017.

Les données sur les catastrophes proviennent de la base EM-DAT, les données sur la production et les prix, de FAOSTAT, et certaines données sur la productivité totale des facteurs (PTF) agricoles, du Département de l’agriculture des États-Unis (USDA). Trois méthodes distinctes d’estimation des rendements contrefactuels sont utilisées selon le pays et la série chronologique: un modèle structurel avec filtre de Kalman (58 pour cent), une méthode statistique fondée sur le regroupement par PTF (39 pour cent), et une méthode de régression fondée sur les données PTF (3 pour cent). Une fois les différences entre les rendements contrefactuels et les rendements réels imputées, les estimations sont répétées un millier de fois afin d’inclure un échantillon aléatoire de catastrophes et d’établir une distribution nulle qui permet de déterminer les niveaux de signification et d’extraire les baisses de rendement significatives.

Source: Auteurs du présent document.

Les pertes totales à l’échelle mondiale masquent des différences considérables dans les impacts enregistrés au niveau national. À cet égard, la taille des barres d’écart type sur la FIGURE 9 permet de déterminer dans quelle mesure les pertes résultent d’un petit nombre de phénomènes localisés ou d’un grand nombre de phénomènes qui ont frappé différents pays. Ces barres sont en général de taille moins importante pour les années récentes en comparaison des périodes antérieures. Par exemple, la variabilité moyenne autour de la valeur centrale, de ±35 pour cent sur la période 1991-1993, est passée à ±17 pour cent au cours des trois dernières années. En revanche, le nombre de catastrophes enregistrées dans le monde a augmenté, de 156 en moyenne entre 1991 et 1993 à 397 sur la période 2019-2021m. Ces chiffres indiquent qu’au fil du temps, la concentration des pertes a diminué tandis que les phénomènes extrêmes contribuant aux pertes annuelles totales estimées ont progressivement touché des pays et des produits de plus en plus nombreux. Ainsi, en comparaison du début des années 1990, les pertes globales ont présenté une hausse modérée (en valeur), mais le nombre de pays et de produits concernés a augmenté. La covariance des phénomènes extrêmes qui génèrent des pertes dans les sous-secteurs des cultures et de l’élevage dans le monde semble augmenter, de même que leur fréquence.

On observe une tendance à l’augmentation des pertes dans l’ensemble des principaux groupes de produits végétaux et animaux (FIGURE 10). Les pertes estimées dans la catégorie des céréales se sont chiffrées à 69 millions de tonnes annuelles en moyenne au cours des 30 dernières années. Viennent ensuite les pertes dans la catégorie des fruits et légumes et dans celle des plantes sucrières, qui se sont élevées en moyenne dans les deux cas à près de 40 millions de tonnes par an. Les pertes moyennes pour ce qui est de la viande, des produits laitiers et des œufs sont estimées à 16 millions de tonnes par an, tout comme pour les racines et les tubercules; ces deux groupes de produits présentent une tendance marquée à la hausse. Ces quantités sont considérables: elles correspondent à un peu plus de la production totale en 2021 de céréales en France, de fruits et de légumes au Japon et au Viet Nam, et de viande, de produits laitiers et d’œufs au Mexique et en Inde.

FIGURE 10 ESTIMATION DES PERTES DANS LES PRINCIPAUX GROUPES DE PRODUITS (1991-2021)

Source: Auteurs du présent document, d’après les données de la FAO et de la base EM-DAT.
Source: Auteurs du présent document, d’après les données de la FAO et de la base EM-DAT.

Pour estimer les pertes dans les cultures et l’élevage par rapport aux autres secteurs, nous avons utilisé les évaluations des besoins après des catastrophes. Comme nous l’avons précisé à la section 2.2, les données indiquent que l’agriculture représente 23 pour cent des pertes économiques totales, mais elles sont trop limitées pour fournir une évaluation des pertes totales. L’Organisation météorologique mondiale (OMM) a récemment publié une estimation calculée à partir de 3 612 catastrophes hydrométéorologiques enregistrées dans la base EM-DAT, estimation qui chiffre les pertes économiques à 4 300 milliards de dollars sur la période 1970-202153. Ces phénomènes représentent un petit sous-ensemble des catastrophes pour lesquelles on dispose d’informations sur les pertes économiques, à savoir 35 pour cent seulement des plus de 10 000 catastrophes qui sont prises en compte dans l’estimation des pertes pour les cultures et l’élevage présentée dans cette section. Bien que la base EM-DAT contienne des informations sur les pertes économiques totales, elle ne fournit aucun chiffre de pertes pour plus de 40 pour cent des catastrophes qu’elle couvre54. Un rapport conjoint du CRED et du Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes fait apparaître de grandes disparités dans les communications de données sur les catastrophes. Plus précisément, sur la période 1998-2017, les pays à revenu élevé ont signalé des pertes pour 53 pour cent des catastrophes, tandis que les pays à faible revenu n’en ont communiqué que pour 13 pour cent. Le rapport met notamment en évidence une absence de données sur les pertes pour 87 pour cent environ des catastrophes dans les pays à faible revenu55. Un rapport récent du Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes indique que les pertes économiques enregistrées dans la base EM-DAT risquent d’être sous-estimées du fait des lacunes de données dans de nombreux pays, ainsi que de l’omission de pertes économiques à moyen et long terme dans les informations transmises au mécanisme de suivi56.

Les données probantes disponibles au niveau des pays corroborent le fait que les pertes économiques totales provenant de l’ensemble de données EM-DAT sont sous-estimées. Les phénomènes extrêmes qui se sont produits aux États-Unis d’Amérique, par exemple, ont entraîné des pertes économiques de plus de 122 milliards de dollars par an sur la période 2018-2022, et de 149 milliards de dollars par an entre 2000 et 2022 selon la NOAA; ces chiffres sont en augmentation constante depuis les années 19809. De la même façon, les estimations des pertes et des dommages exclusivement causés par l’épidémie de peste porcine africaine en 2019 en Chine sont comprises entre 60 milliards de dollars et 297 milliards de dollars24.

Le total en valeur absolue des pertes économiques causées par les phénomènes extrêmes reste inconnu, mais l’ordre de grandeur des pertes dans les sous-secteurs des cultures et de l’élevage estimé ici semble cohérent avec ces exemples et le montant obtenu à partir des évaluations des besoins après des catastrophes, comme indiqué à la section 2.2.

Pertes dans le monde

L’estimation des pertes agricoles mondiales cache des disparités importantes entre les régions, les sous-régions et les groupes de pays. Les catastrophes n’ont pas les mêmes répercussions selon les régions et les pays, du fait des conditions sociales et environnementales préexistantes et de la vulnérabilité ou de la résilience de l’agriculture et des communautés agricoles face au risque de catastrophe. Les capacités différentes en matière d’adaptation, de résilience, de réduction des risques et de redressement débouchent sur des asymétries dans l’ampleur des effets des catastrophes sur les pays. Les pertes économiques risquent d’être plus importantes dans les pays et régions à revenu élevé, où l’agriculture produit des biens et des actifs de grande valeur, et où les infrastructures sont plus nombreuses et plus développées, mais les conséquences sociales pourront être moins graves, compte tenu du fait que les agriculteurs et les autres parties concernées seront relativement plus à même de faire face à ces pertes ou d’obtenir une protection sociale. Dans les pays à faible revenu, les produits, les actifs et les infrastructures agricoles sont généralement de moindre valeur, et la valeur économique nette des pertes est donc relativement peu élevée. Cependant, la capacité à se relever des crises est en général plus faible dans de tels contextes, et les effets domino sur la vulnérabilité et la perturbation des moyens d’existence ont de graves conséquences à long terme en ce qui concerne la pauvreté et l’insécurité alimentaire.

Comme on pouvait s’y attendre, la répartition des pertes totales entre les régions sur l’ensemble de la période 1991-2021 correspond à la superficie totale de ces dernières (FIGURE 11). L’Asie est de loin la région où la part des pertes économiques totales est la plus importante. L’ordre de grandeur des pertes en Afrique, en Europe et en Amérique est similaire, malgré les différences importantes entre ces régions s’agissant de l’utilisation des terres et des pratiques agricoles. L’Océanie, qui est la région la moins vaste, est celle où les pertes totales ont été les plus faibles.

FIGURE 11 RÉPARTITION PAR RÉGION DES PERTES TOTALES ESTIMÉES DE 3 800 MILLIARDS D’USD (1991-2021)

Source: Auteurs du présent document, d’après les données de la FAO et de la base EM-DAT.
Source: Auteurs du présent document, d’après les données de la FAO et de la base EM-DAT.

Pour mettre ces pertes en perspective, il est utile de comparer leur valeur à la valeur ajoutée agricole totale dans chaque région (FIGURE 12), car les pertes de production ont un poids différent sur l’économie selon les régions, en fonction de l’importance du secteur agricole et des valeurs relatives des pertes. L’Asie présente la plus grande part des pertes mondiales en valeur absolue (45 pour cent), mais elle enregistre la plus faible proportion de pertes par rapport au PIB agricole (4 pour cent). En revanche, les pertes totales en Afrique, qui ne s’élèvent qu’à un quart environ de celles de l’Asie, correspondent à près de 8 pour cent de la valeur ajoutée agricole, soit le double de leur proportion en Asie. Ce pourcentage est de 7,5 pour cent en Europe et en Amérique, et de 5 pour cent environ en Océanie.

FIGURE 12 PERTES EN POURCENTAGE DU PIB AGRICOLE (1991-2021)

Source: Auteurs du présent document, d’après les données de la FAO et de la base EM-DAT.
Note: Les pertes exprimées en proportion du PIB agricole correspondent au ratio entre les pertes totales de la région et le PIB agricole total de cette dernière sur 30 ans.
Source: Auteurs du présent document, d’après les données de la FAO et de la base EM-DAT.

Au niveau sous-régional, l’importance relative des pertes économiques offre un tableau encore plus nuancé (FIGURE 13). La première place occupée par l’Afrique de l’Est (près de 15 pour cent de la valeur ajoutée agricole perdue à la suite de phénomènes extrêmes ayant touché les cultures et l’élevage) est à mettre en relation avec les perturbations engendrées par les sécheresses à grande échelle qui ont sévi dans la Corne de l’Afrique dans les années 2010 et ces dernières années.

FIGURE 13 PERTES AGRICOLES TOTALES EN POURCENTAGE DU PIB AGRICOLE PAR SOUS-RÉGION (1991-2021)

Source: Auteurs du présent document, d’après les données de la FAO et de la base EM-DAT.
Note: Les pertes exprimées en proportion du PIB agricole correspondent au ratio entre les pertes totales de la sous-région et le PIB agricole total de cette dernière sur 30 ans.
Source: Auteurs du présent document, d’après les données de la FAO et de la base EM-DAT.

De même, mais pour des raisons différentes, les pertes liées aux phénomènes extrêmes ont été substantielles en Amérique latine et dans les Caraïbes, atteignant près de 10 pour cent du PIB agricole. Dans les sous-régions asiatiques, en revanche, les pertes importantes représentent une part moins élevée, en dépit de phénomènes extrêmes très dévastateurs, comme les différentes inondations dans la région du sud, ou de l’ampleur de certaines épidémies, comme celle de peste porcine africaine en Chine. Il convient également de noter les pertes substantielles enregistrées en Amérique du Nord à cause des inondations, ouragans et autres catastrophes survenus au cours des trois dernières décennies (FIGURE 13).

D’autres informations ressortent d’une analyse non plus des régions, mais des groupes de pays définis en fonction des niveaux de revenu par habitant. Le présent rapport prête une attention poussée aux PEID, qui sont particulièrement exposés et vulnérables aux phénomènes perturbateurs extrêmes. Comme on s’y attendait, les pertes en valeur absolue sont plus importantes dans les pays à revenu élevé, les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure et les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure (FIGURE 14, partie supérieure). En revanche, les pays à faible revenu et les PEID présentent des niveaux très peu élevés de pertes en valeur absolue. Ces niveaux relatifs sont le reflet de la petite superficie des pays de ces deux groupes conjuguée au faible prix unitaire des produits concernés. La petite superficie explique la faible valeur déclarée par les PEID. S’agissant des pays à faible revenu, en revanche, c’est principalement la valeur unitaire peu élevée des produits végétaux et animaux qui en est à l’origine.

FIGURE 14 PERTES AGRICOLES TOTALES (PARTIE SUPÉRIEURE) ET PERTES AGRICOLES TOTALES EN POURCENTAGE DU PIB AGRICOLE (PARTIE INFÉRIEURE) PAR GROUPE DE PAYS (1991-2021)

Source: Auteurs du présent document, d’après les données de la FAO et de la base EM-DAT.
Source: Auteurs du présent document, d’après les données de la FAO et de la base EM-DAT.

Le tableau se modifie considérablement si l’on examine la répartition des pertes dans ces groupes en valeur relative, en proportion de la valeur ajoutée agricole (FIGURE 14, partie inférieure). On constate que, vues sous cet angle, les pertes subies par les pays à faible revenu s’élèvent en moyenne à plus du double de celles des pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure. Une situation similaire est observée dans les PEID, où les pertes sont assez élevées du fait de la base de production agricole peu importante. Les pays à revenu élevé et les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure occupent une position moyenne, car ils présentent une combinaison différente alliant une base de production agricole importante et de nombreux phénomènes extrêmes.

Il est également utile de comparer les pertes enregistrées dans les sous-secteurs des cultures et de l’élevage à la production. Pour chaque grand groupe de produits, les pertes estimées sont rapportées au volume de production estimé dans le scénario contrefactuel dans lequel ne survient aucune catastrophe (voir l’annexe technique 2 pour des informations détaillées). L’examen des données de ce point de vue offre des informations sur la perte de production potentielle dans les principaux groupes de produits du fait de catastrophes, selon les régions du monde et les différents regroupements économiques de pays.

On peut examiner les pertes comparées à la production contrefactuelle tous produits végétaux et animaux confondus sur la base des prix constants en parité de pouvoir d’achat en dollars de 2017n (FIGURE 15). Les résultats que l’on obtient soulignent l’importance des pertes dans différentes parties de l’Afrique, principalement à l’est, au nord et à l’ouest. Les effets des phénomènes extrêmes semblent moins prononcés en Asie de l’Est, du Sud et du Sud-Est, malgré leur ampleur en valeur absolue. Cette situation s’explique par la production à grande échelle dans ces régions, qui permet d’absorber les conséquences des fréquentes catastrophes.

FIGURE 15 PERTES AGRICOLES TOTALES EN POURCENTAGE DE LA PRODUCTION CONTREFACTUELLE ESTIMÉE, PAR SOUS-RÉGION (1991-2021)

Source: Auteurs du présent document, d’après les données de la FAO et de la base EM-DAT.
Source: Auteurs du présent document, d’après les données de la FAO et de la base EM-DAT.

Il apparaît que, malgré une variabilité considérable d’une année sur l’autre, les phénomènes extrêmes entraînent des pertes qui représentent quelque 10 pour cent de la production contrefactuelle au niveau mondial. En outre, l’examen des différents groupes de produits sur le plan quantitatif offre une perspective intéressante sur leurs tendances (FIGURE 16)o. C’est le cas pour la plupart des groupes de produits, à l’exception de la viande, pour laquelle les pourcentages sont un peu plus faibles. Les pertes de céréales semblent avoir augmenté ces dernières années, tandis que celles de fruits et de légumes paraissent avoir diminué au cours de la dernière décennie. Les pertes de racines et tubercules, en revanche, semblent avoir constamment augmenté depuis le milieu des années 2010.

FIGURE 16 PERTES AGRICOLES TOTALES EN POURCENTAGE DE LA PRODUCTION CONTREFACTUELLE ESTIMÉE, PAR GROUPE DE PRODUITS, DANS LE MONDE, DANS LES PAYS À FAIBLE REVENU ET DANS LES PETITS ÉTATS INSULAIRES EN DÉVELOPPEMENT (1991-2021)

Source: Auteurs du présent document, d’après les données de la FAO et de la base EM-DAT.
Source: Auteurs du présent document, d’après les données de la FAO et de la base EM-DAT.

Par ailleurs, les chiffres mondiaux cachent des différences importantes entre les régions et les sous-régions. Dans les pays à faible revenu (FIGURE 16), les pertes estimées de céréales au cours des trois dernières décennies représentent des quantités comprises entre 10 et 20 pour cent de la production contrefactuelle, autrement dit le double de celles établies au niveau mondial. De manière générale, la variabilité semble être plus importante pour tous les groupes de produits, et en particulier pour les racines et tubercules, qui sont des produits alimentaires de base. Dans les PEID (FIGURE 16), le ratio entre les pertes et la production contrefactuelle apparaît extrêmement variable, ainsi que substantiel. Les pertes de céréales ont atteint des pics pouvant dépasser 20 pour cent presque une année sur deux, en particulier dans les années 1990, mais aussi pendant les décennies suivantes. Les fruits et légumes présentent eux aussi des pics de pertes très fréquents.

Impact de différents aléas sur l’agriculture

Il est impossible d’établir des liens entre les pertes et certains types d’aléas en se basant sur la méthode d’estimation décrite à la section précédente du fait de la difficulté de dissocier les impacts découlant de différentes catastrophes survenues la même année. Malgré leur couverture limitée, les évaluations des besoins après des catastrophes présentées à la section 2.2 permettent de mieux déterminer la distribution des pertes agricoles en fonction des différents types d’aléas. Les constatations que l’on peut tirer à ce sujet des évaluations des besoins après des catastrophes comme de la base EM-DAT (malgré des portées et des paramètres différents) pointent dans la même direction.

D’après les données fournies par les évaluations des besoins après des catastrophes, les sécheresses semblent être le principal type d’aléa ayant occasionné des dommages dans le secteur agricole sur la période 2006-2022, suivies des cyclones et des inondations. Les sécheresses ont été à l’origine de 80 pour cent des pertes agricoles estimées en 201757, mais ce sont les inondations, conjointement avec les tempêtes et les cyclones, qui ont causé les pertes les plus importantes. Avec le risque croissant de changement climatique, on s’attend à une augmentation de la fréquence et de l’intensité des aléas météorologiques tels que les inondations et les tempêtes, parallèlement aux sécheresses et aux températures extrêmes56,5.

Pour montrer dans quelle mesure les différents types d’aléas nuisent à l’agriculture, nous avons procédé à une autre évaluation consistant à déterminer les volumes moyens de production perdus pour chaque type d’aléa sur la période 1991-2021. Nous avons pour cela adapté un modèle de régression à effets mixtes pour calculer une régression des pertes (en tonnes) pour un produit, un pays et une année donnés en fonction du nombre de phénomènes communiqués pour chaque type de catastrophe dans ce même pays et lors de cette même année. Les résultats ont été établis au niveau mondial, et divers paramètres ont été utilisés pour calculer les pondérations et les pertes en unités par type d’aléa dans chaque région. Des informations détaillées sur cette analyse sont fournies à l’annexe technique 2a.

Les résultats sont présentés sous la forme de pourcentages des pertes totales moyennes causées par chaque type d’aléa dans l’agriculture (FIGURE 17). À l’échelle mondiale, les températures extrêmes et les sécheresses sont les aléas qui engendrent les impacts les plus importants par phénomène, suivies des inondations, des tempêtes et des incendies de forêt.

FIGURE 17 PERTE DE PRODUCTION VÉGÉTALE ET ANIMALE PAR PHÉNOMÈNE, PAR TYPE D’ALÉA (1991-2021)

Source: Auteurs du présent document, d’après des données de la FAO.
Source: Auteurs du présent document, d’après des données de la FAO.

Comme nous l’avons mentionné plus haut, les estimations des pertes dues aux catastrophes présentées dans cette section ont été générées au moyen d’une modélisation probabiliste à partir de données secondaires. Idéalement, ces informations pourraient être collectées par l’intermédiaire de questionnaires, ce qui permettrait d’obtenir des données harmonisées sur les pertes causées par les catastrophes aux niveaux national et infranational. On trouve cependant des expériences réussies d’évaluations de ce type (voir les ENCADRÉS 5 et 6). Il n’existe pas de protocole normalisé, mais l’objet des études de cas présentées dans les encadrés ci-après est de fournir des informations qui pourraient être utilisées pour en élaborer.

ENCADRÉ 5 Santé animale: impact de la sécheresse de 2016-2017 sur les éleveurs somaliens

En Éthiopie, au Kenya et en Somalie, quelque 23 millions de personnes sont actuellement aux prises avec de graves pénuries d’eau et des terrains de parcours dégradés du fait de précipitations inférieures à la moyenne et de fortes températures. Cette situation, que viennent aggraver l’inflation des prix des aliments et d’autres chocs économiques, rappelle les sécheresses de 2011, 2016-2017 et 2020-2022. En Somalie, l’état de catastrophe nationale a été déclaré en 2017 après trois saisons consécutives marquées par des précipitations insuffisantes. Compte tenu du manque de précipitations, le pastoralisme est le principal mode d’utilisation des terres; il a contribué pour 60 pour cent au PIB sur la période 2013-201658. L’élevage joue un rôle essentiel en fournissant du lait, de la viande, de l’emploi et des moyens d’existence, et représente 80 pour cent des recettes d’exportation. La Somalie est fortement tributaire de l’aide alimentaire et des importations, car sa production ne couvre pas plus de 22 pour cent des besoins moyens en céréales, même les bonnes années. Durant les sécheresses, les éleveurs sont contraints de vendre des bêtes pour pouvoir nourrir et soigner le reste du troupeau, ce qui entraîne une augmentation des ventes de bétail et donc une chute des prix. Pour faire face, certains pasteurs envoient des membres de leur foyer vivre ailleurs afin de limiter la dépendance à l’égard du troupeau familial, et d’autres émigrent vers les villes à la recherche de revenus (FIGURE 18). Les effets de la sécheresse varient en fonction du patrimoine des personnes et de leur accès aux ressources, et viennent souvent creuser les disparités, les éleveurs les plus importants ayant plus de chances de conserver leur cheptel, tandis que les plus modestes auront du mal à survivre.

FIGURE 18 IMPACT DE LA SÉCHERESSE SUR LES ÉLEVEURS

Source: Adapté de Toulmin, C. 1985. Livestock losses and post-drought rehabilitation in sub-Saharan Africa. Livestock Policy Unit, Document de travail n° 9. Centre international pour l’élevage en Afrique. https://cgspace.cgiar.org/handle/10568/4452
Source: Adapté de Toulmin, C. 1985. Livestock losses and post-drought rehabilitation in sub-Saharan Africa. Livestock Policy Unit, Document de travail n° 9. Centre international pour l’élevage en Afrique. https://cgspace.cgiar.org/handle/10568/4452

Par rapport au scénario de base (sans sécheresse), on observe une diminution substantielle des cheptels du fait de la sécheresse (FIGURE 19). De 52,9 millions avant la sécheresse, le nombre d’animaux est tombé à 36,1 millions à la fin de l’épisode, ce qui représente une baisse de 32 pour cent. Toutes les catégories d’animaux d’élevage sont concernées: on observe une diminution de plus de 30 pour cent du nombre d’ovins et de caprins, et de moins de 20 pour cent pour les camélidés et les bovins. Cette situation est le résultat d’une mortalité accrue due à la sécheresse et d’une détérioration de la performance de reproduction, notamment chez les petits ruminants. Quatre millions d’animaux sont morts durant l’année de sécheresse, mais le déficit de naissances a été encore plus important (14,8 millions), principalement parmi les caprins (10,5 millions) et les ovins (4 millions). En revanche, la surmortalité a été la principale cause de la diminution du nombre de camélidés et de bovins pendant l’année de sécheresse, tandis que la baisse des taux de fécondité a été principalement constatée l’année suivante. L’effet conjugué de la surmortalité et du déficit de naissances (18,8 millions d’animaux) a été aggravé par une réduction de l’exploitation des animaux estimée à 2 millions de têtes environ. Aucune des quatre espèces n’a retrouvé son niveau d’avant la sécheresse pendant la période prise en compte dans la modélisation, et le nombre de bovins est resté inférieur de 0,1 million de têtes (3 pour cent) à la valeur de référence.

FIGURE 19 ÉCART RELATIF DES EFFECTIFS DE BÉTAIL PAR RAPPORT À L’ANNÉE QUI A PRÉCÉDÉ LA SÉCHERESSE

Source: Auteurs du présent document, d’après des données de la FAO.
Source: Auteurs du présent document, d’après des données de la FAO.

L’année qui a suivi la sécheresse, l’exploitation des animaux sur pied a considérablement chuté, passant de 15,7 millions de têtes l’année qui a précédé l’épisode à 8,2 millions (FIGURE 20). Cette forte baisse s’explique principalement par le déficit de naissances de petits ruminants l’année précédente. L’exploitation des camélidés et des bovins a elle aussi notablement diminué, notamment en raison de la mortalité accrue durant l’année de sécheresse. Les efforts qu’il a fallu fournir pour reconstituer les cheptels ont contribué à la baisse de l’exploitation. Les effectifs de bétail n’ayant pas encore totalement retrouvé leurs niveaux d’avant la sécheresse, même après cinq années, on s’attend à ce que l’exploitation des animaux reste légèrement inférieure à celle enregistrée avant la sécheresse.

FIGURE 20 ÉCART RELATIF DE L’EXPLOITATION DU BÉTAIL PAR RAPPORT À L’ANNÉE QUI A PRÉCÉDÉ LA SÉCHERESSE

Source: Auteurs du présent document, d’après des données de la FAO.
Source: Auteurs du présent document, d’après des données de la FAO.

Durant l’année de sécheresse, la production de lait a diminué de 1,75 million de tonnes environ, soit un recul de 75 pour cent par rapport aux 2,4 millions de tonnes enregistrés l’année qui a précédé la sécheresse (FIGURE 21). L’année qui a suivi la sécheresse, la production de lait s’est établie à 1,7 million de tonnes environ, soit un niveau inférieur de 30 pour cent à celui enregistré avant cet épisode. La production de lait de petits ruminants a rebondi sous l’effet de disponibilités plus importantes d’aliments pour animaux, tandis que la production de lait de vache et de chamelle est restée déficitaire en raison de la diminution des taux de vêlage. Bien que le cheptel laitier somalien soit composé en grande partie de camélidés résistants à la sécheresse, les pertes de lait représentent près de 90 pour cent des pertes de revenus durant l’année de sécheresse. L’année qui a suivi, la plupart des pertes a résulté de la baisse de l’exploitation des animaux sur pied, due à la forte baisse du taux de natalité des petits ruminants pendant l’année de sécheresse et à la nécessité de reconstituer les troupeaux. Cette reconstitution demande du temps, et cinq ans après la sécheresse, les effectifs de bétail restent encore inférieurs de près de 5 pour cent au niveau de référence.

FIGURE 21 ÉCART RELATIF DE LA PRODUCTION DE LAIT PAR RAPPORT À L’ANNÉE QUI A PRÉCÉDÉ LA SÉCHERESSE

Source: Auteurs du présent document, d’après des données de la FAO.
Source: Auteurs du présent document, d’après des données de la FAO.

La FIGURE 22 illustre les prix sur les marchés ruraux et les termes de l’échange des céréales, des chèvres et du lait de chamelle de qualité locale les années avant, pendant et après la sécheresse, montrant les fluctuations de prix liées à celle-ci. D’après le Groupe d’évaluation de la sécurité alimentaire et de la nutrition, le prix des bovins sur pied n’a pas diminué de manière significative durant l’année de sécheresse, tandis que celui des camélidés, des caprins et des ovins a chuté de 10 à 15 pour cent. En revanche, le prix du lait a augmenté de 20 à 25 pour cent cette année-là. Les prix des petits ruminants ont rebondi l’année qui a suivi la sécheresse pour s’établir à un niveau supérieur de 10 pour cent à la valeur de référence, tandis que les prix des camélidés et des bovins sont restés stables. L’augmentation des prix des petits ruminants après une sécheresse est due à la demande d’animaux pour reconstituer les troupeaux et à leur coût abordable pour le consommateur moyen. Bien que la production laitière ait plus que doublé au cours de l’année qui a suivi la sécheresse, les prix du lait ont tout de même légèrement augmenté.

FIGURE 22 PRIX MOYENS SUR LES MARCHÉS LOCAUX (USD) DES CAPRINS ET DU LAIT DE CHAMELLE DE QUALITÉ LOCALE (PARTIE SUPÉRIEURE) ET TERMES DE L’ÉCHANGE LES ANNÉES AVANT, PENDANT ET APRÈS LA SÉCHERESSE (PARTIE INFÉRIEURE)

Source: Auteurs du présent document, d’après des données de la FAO.
Source: Auteurs du présent document, d’après des données de la FAO.

Les variations des termes de l’échange entre le bétail et les céréales ont été plus marquées que l’évolution des prix des animaux — le rapport quantité de céréales/bétail a diminué de 20 à 40 pour cent ou plus durant l’année de sécheresse et a augmenté de 15 à 20 pour cent pour les caprins et les ovins l’année suivante.

Dans le cas du lait, l’augmentation des prix pendant l’année de sécheresse a suivi celle des prix moyens des céréales, et les termes de l’échange entre le lait et les céréales ont donc relativement peu évolué. Les prix du lait ont cependant continué d’augmenter l’année suivante, tandis que ceux des céréales ont baissé. Les termes de l’échange entre le lait et les céréales se sont largement améliorés pour les pasteurs qui ont été en mesure de fournir du lait sur le marché. Il s’agit là d’un scénario typique sécheresse/après sécheresse, qui reflète les incidences d’une telle catastrophe sur la répartition des revenus.

Si l’on se base sur les prix pratiqués sur les marchés ruraux, la valeur tirée de l’exploitation des animaux et de la production de lait est passée de 3 milliards de dollars l’année qui a précédé la sécheresse à 1,5 milliard de dollars l’année de la sécheresse. Les recettes tirées des bovins ont été les plus touchées, accusant une chute de quelque 70 pour cent du fait de la forte perte de recettes dans la production laitière (FIGURE 23). Venaient ensuite les diminutions des recettes tirées des petits ruminants (50 pour cent environ) et des camélidés (40 pour cent environ). L’année qui a suivi la sécheresse, les recettes tirées des bovins étaient encore inférieures de 40 pour cent au niveau enregistré avant l’épisode, contre 20 pour cent, ou moins, pour les autres espèces (à la faveur de l’augmentation des prix des petits ruminants et du lait). Ce n’est que la quatrième année après la sécheresse que les estimations ont indiqué des pertes de recettes inférieures à 10 pour cent pour toutes les espèces. La dégradation des termes de l’échange entre le bétail et les céréales durant l’année de sécheresse a augmenté les pertes de recettes de 10 pour cent supplémentaires lorsqu’elles sont exprimées en équivalent kilogramme de céréales.

FIGURE 23 ÉCART RELATIF DE LA VALEUR ESTIMÉE DE L’EXPLOITATION DES ANIMAUX ET DE LA PRODUCTION DE LAIT PAR RAPPORT À L’ANNÉE QUI A PRÉCÉDÉ LA SÉCHERESSE

Source: Auteurs du présent document, d’après des données de la FAO.
Source: Auteurs du présent document, d’après des données de la FAO.

En résumé, les estimations indiquent une surmortalité de l’ordre de 4 millions d’animaux, principalement de petits ruminants, durant l’année de sécheresse, préjudice chiffré à 290 millions de dollars environ. Les estimations de pertes durant l’année de sécheresse s’élèvent à près de 1 300 millions de dollars s’agissant du lait non produit et à 160 millions de dollars pour ce qui est de la réduction de l’exploitation des animaux (en quantité et en valeur). L’année qui a suivi la sécheresse, le montant des pertes est retombé à 150 millions de dollars pour la production laitière, mais a atteint 460 millions de dollars pour l’exploitation des animaux, principalement en raison de la baisse de la production de chevreaux et d’agneaux durant l’épisode. Des pertes supplémentaires de 640 millions de dollars ont été enregistrées entre les deuxième et cinquième années qui ont suivi la sécheresse, car les effectifs de bétail et l’exploitation des animaux sont restés inférieurs à leurs niveaux d’avant la sécheresse.

Source: Auteurs du présent document.

ENCADRÉ 6 Pertes de récoltes sur le terrain: étude de cas sur l’infestation de chenilles légionnaires d’automne

Les infestations de ravageurs transfrontières sont des catastrophes à évolution lente qui génèrent des pertes agricoles de plus en plus importantes dans de nombreuses régions du monde. Le problème pourrait encore s’aggraver dans les années à venir avec le développement des échanges commerciaux et du tourisme et l’accroissement des facteurs de perturbation de l’environnement, notamment le changement climatique et l’appauvrissement de la biodiversité59.

Originaire des zones tropicales et subtropicales du continent américain, la chenille légionnaire d’automne (Spodoptera frugiperda, J.E. Smith) est l’un des principaux ravageurs de la région depuis de nombreuses décennies. Sa première apparition en dehors du continent américain date de janvier 2016, lorsqu’un important foyer s’est déclaré en Afrique de l’Ouest60. La présence de la chenille légionnaire d’automne est maintenant établie dans la majeure partie de l’Afrique subsaharienne. Invasive, extrêmement mobile et destructrice, elle entraîne des pertes agricoles importantes à l’échelle mondiale, et constitue désormais une menace majeure pour les efforts de développement agricole des pays. Le premier signalement de la chenille légionnaire d’automne en Asie a été enregistré à Karnataka (Inde) en 2018. Plus récemment, sa présence a été signalée en Australie, aux îles Canaries et en Nouvelle-Calédonie (FIGURE 24)61.

FIGURE 24 CARTE MONDIALE DES INVASIONS DE LÉGIONNAIRES D’AUTOMNE

Source: Auteurs du présent document, d’après des données de la FAO et de l’Unité géospatiale de l’ONU. 2020. Géodonnées cartographiques [fichiers de formes]. ONU, New York (États-Unis d’Amérique).
Source: Auteurs du présent document, d’après des données de la FAO et de l’Unité géospatiale de l’ONU. 2020. Géodonnées cartographiques [fichiers de formes]. ONU, New York (États-Unis d’Amérique).

La propagation rapide de la chenille légionnaire d’automne, en particulier en Afrique, est due à divers facteurs, notamment la capacité de l’insecte à utiliser différentes plantes vivaces hôtes, laquelle, conjuguée à des conditions climatiques chaudes et propices, favorise sa multiplication. Bien qu’elle puisse se nourrir de différentes plantes cultivées (plus de 350 espèces sont à son menu)62, la légionnaire d’automne a une préférence pour le maïs (Zea mays L.), principale céréale en Afrique et deuxième en importance en Asie.

Les pertes causées par la chenille résultent de la réduction des rendements des cultures et de l’augmentation des coûts de production liée à la nécessité d’investir dans des moyens supplémentaires de lutte phytosanitaire. Les estimations indiquent que 600 millions de dollars ont été dépensés en 2009 au Brésil pour lutter contre la légionnaire d’automne. En Afrique, les baisses de rendement du maïs ont été estimées à 284 millions de dollars au Ghana et à 198 millions de dollars en Zambie. Extrapolées à 12 pays du continent africain, ces pertes étaient comprises entre 2,5 milliards et 6,3 milliards de dollars en 201763. À mesure que l’insecte s’est propagé, les pertes s’agissant du maïs, du riz, du sorgho et de la canne à sucre ont été estimées à 13 milliards de dollars par an en Afrique subsaharienne64.

Mesurer les infestations de chenilles légionnaires d’automne et les dommages causés aux cultures

Il est difficile de déterminer les pertes et dommages causés par la légionnaire d’automne compte tenu de la diversité des espèces et variétés cultivées, des cycles de croissance, des stades de développement du ravageur et d’autres facteurs de confusion comme les conditions météorologiques, la santé des sols et les contraintes écologiques que rencontre l’insecte. Un examen des documents publiés, des rapports institutionnels et d’autres sources de données fait apparaître un nombre croissant d’évaluations de l’impact de la légionnaire d’automne en Afrique et en Asie, avec différentes mesures de ses incidences sur le maïs. Il s’agit principalement d’évaluations effectuées à l’échelle des parcelles; des examens ou modèles synthétiques commencent seulement à être utilisés.

L’analyse des données fournies par les documents publiés indique que les baisses de rendement du maïs directement imputables à la chenille légionnaire d’automne peuvent aller de 0,4 à 94,8 pour cent. Concernant les écarts d’un pays à l’autre, la baisse de rendement moyenne allait de 15,7 pour cent en Équateur à 45,7 pour cent en Inde. Il convient de noter que ces pertes ne comprennent pas la réduction de la qualité et reposent sur des mesures effectuées sur le terrain, au niveau de parcelles de différentes tailles et à partir d’un nombre d’observations variable selon les pays. Ces différentes méthodes ne produisent pas des estimations de baisses de rendement homogènes. Au Zimbabwe, par exemple, les baisses de rendement de maïs en 2017 ont été estimées à 58 pour cent sur la base des perceptions des agriculteurs65 et à 12 pour cent sur la base d’une analyse rigoureuse des données recueillies sur le terrain en 201866.Cela signifie que les agriculteurs pourraient surestimer les baisses de rendement67. On ne dispose cependant pas de comparaison par paires de ce type d’estimations dans le même contexte spatial et temporel. Par ailleurs, il est difficile de produire des estimations nationales des baisses de rendements dues à la légionnaire d’automne à partir de données au niveau des parcelles du fait de la forte variabilité des données à différentes échelles, qui complique l’extrapolation. Il apparaît clairement nécessaire d’élaborer et d’appliquer des méthodes normalisées, d’intégrer davantage de variables, de cibler l’échantillonnage à différentes échelles et de créer des modèles agronomiques appropriés qui pourront servir de base à des interventions efficaces contre la légionnaire d’automne.

Les résultats, établis au moyen d’un barème d’évaluation des dommages, indiquent que les pertes de rendement du maïs ont tendance à augmenter de concert avec la gravité des dommages infligés aux plantes: un accroissement d’une unité des dommages est ainsi associé à une hausse d’environ 10 pour cent des pertes de rendement (FIGURE 25). Une relation bien plus étroite et statistiquement significative est observée dans les études qui font état des dommages en indiquant la proportion de plantes présentant un niveau de dommage supérieur à trois (FIGURE 26)68. Cela signifie qu’il peut y avoir un impact significatif sur les rendements lorsque les dommages subis par les plantes atteignent un certain niveau. Par ailleurs, les pertes de rendement semblent liées au niveau d’infestation du ravageur, lequel correspond au nombre de larves de légionnaires d’automne par plante. Bien que fondés sur des données recueillies au niveau de parcelles, ces résultats impliquent que, indépendamment de l’échelle, les mesures de l’impact de la légionnaire d’automne s’agissant des baisses de rendement devraient tenir compte des mesures des dommages subis par les cultures et, lorsque cela est possible, des populations de ce ravageur.

FIGURE 25 DROITE DE MEILLEUR AJUSTEMENT D’UNE RÉGRESSION DES BAISSES TOTALES DE RENDEMENT (PROPORTION) EN FONCTION DES ÉVALUATIONS DES DOMMAGES SUBIS PAR LES PLANTES

Source: Auteurs du présent document, d’après des données de la FAO.
Source: Auteurs du présent document, d’après des données de la FAO.

FIGURE 26 DROITE DE MEILLEUR AJUSTEMENT D’UNE RÉGRESSION DES BAISSES DE RENDEMENT DU MAÏS (PROPORTION) POUR DES PLANTES PRÉSENTANT UN NIVEAU DE DOMMAGES SUPÉRIEUR À TROIS

Source: Auteurs du présent document, d’après des données de la FAO.
Source: Auteurs du présent document, d’après des données de la FAO.

Modéliser les impacts de la légionnaire d’automne pour estimer la perte de rendement économique potentielle directement liée à ce ravageur

Pour estimer correctement les pertes économiques potentielles en cas d’invasion de légionnaires d’automne, il est essentiel de considérer l’ensemble des principales cultures susceptibles d’être attaquées par ce ravageur et de tenir compte des pertes à la fois qualitatives et quantitatives, parallèlement aux pertes de débouchés commerciaux69,63.

Le cadre comptable proposé ci-après permet d’estimer les pertes économiques potentielles sur le terrain directement liées à la légionnaire d’automne, en l’absence de gestion67.

ELP = pertes économiques potentielles liées à l’invasion de légionnaires d’automne

YL = valeur monétaire des baisses de rendement imputées à la légionnaire d’automne pour les cultures (Cr) 1, 2…n

FC = coût de la lutte contre la légionnaire d’automne pour les cultures (Cr) 1, 2…n, établi en tenant compte du coût des différentes méthodes utilisées pour lutter contre le ravageur dans chaque culture

QL = perte de qualité des cultures (Cr) 1, 2…n imputable à la légionnaire d’automne, établie en tenant compte de la valeur économique de la culture subissant une réduction ou une perte de qualité à cause du ravageur

Le modèle calcule les pertes imputables aux invasions de légionnaires d’automne en estimant la valeur monétaire des baisses de rendement de différentes cultures, le coût de la mise en place de mesures de lutte contre le ravageur, et la valeur correspondant à la dégradation de la qualité des végétaux.

Les invasions de légionnaires d’automne continuent d’avoir une incidence préjudiciable sur la productivité, surtout dans les petites exploitations, et aggravent la vulnérabilité de millions d’agriculteurs africains et asiatiques. Ces invasions ont des effets néfastes indirects sur la santé humaine, mais ceux-ci n’ont pas été mesurés de manière systématique. Les autres effets comprennent une utilisation accrue de pesticides de synthèse, une augmentation des coûts liés à la lutte contre le ravageur, une baisse des rendements des cultures et des revenus au niveau des exploitations, et une aggravation des impacts sur l’environnement et le bien-être.

D’après les projections climatiques, les répercussions de la légionnaire d’automne sur l’agriculture pourraient progressivement s’aggraver au cours des prochaines décennies70,71. Il est donc nécessaire de mettre en place des systèmes de gestion efficaces et bien coordonnés, notamment des systèmes de surveillance, de suivi et d’intervention. Les insecticides de synthèse sont le moyen de lutte contre la légionnaire d’automne le plus mentionné et utilisé en Afrique et en Asie72,73. Les risques liés aux pesticides de synthèse appellent des stratégies de lutte qui éliminent efficacement le ravageur sans compromettre la santé humaine, la résilience des systèmes de production agroalimentaire ni l’environnement naturel. Il peut notamment s’agir de solutions s’inspirant de la nature et relevant du cadre de gestion intégrée des organismes nuisibles, telles que la lutte biologique contre la légionnaire d’automne.

Source: Auteurs du présent document.

2.3.2 Pertes de nutriments dans l’approvisionnement alimentaire du fait des catastrophes

Les catastrophes et les crises ont des effets bien répertoriés sur la sécurité alimentaire, lesquels s’accompagnent de répercussions désastreuses sur la nutrition. Elles ont également d’autres incidences sur la nutrition, notamment en entraînant la perte de denrées alimentaires (et des nutriments qu’elles renferment) qui auraient pu contribuer à une alimentation saine. Les pertes enregistrées à l’échelle mondiale dans la production végétale et animale sont converties pour déterminer les pertes correspondantes en énergie et en micronutriments (neuf valeurs) au regard de la consommation humaine. En exprimant les pertes sous la forme d’un pourcentage des besoins, on peut évaluer dans quelle mesure les pénuries alimentaires résultant des catastrophes et des crises nuisent à la capacité à satisfaire les besoins nutritionnels de la population.

À cet égard, il est important de souligner que l’accent est mis ici sur les disponibilités, et non sur l’évolution de la consommation due aux catastrophes. Pour évaluer la consommation perdue, il faudrait disposer de données précises et complètes, ce qui n’est pas le cas actuellement. Il est essentiel de tenir compte du fait que l’énergie et les nutriments qui sont rendus disponibles par l’approvisionnement alimentaire ne sont pas nécessairement transformés en quantités ingérées par les personnes.

Nous avons utilisé les données sur la composition des aliments74 pour convertir les estimations de pertes de production agricole en pertes de nutriments pour neuf vitamines et minéraux (calcium, fer, zinc, vitamine A, vitamine B1, vitamine B2, vitamine C, magnésium et phosphore) ainsi qu’en pertes d’énergie. Ces valeurs ont ensuite été converties, au moyen d’estimations de la population, en quantités moyennes de nutriments perdus par personne et par jour. Ces valeurs sont exprimées en pourcentage des besoins pour un adulte à partir du besoin moyen estimatif (BME)p pour chaque nutrimentq,75,76,77,78.

La FIGURE 27 indique que, à l’échelle mondiale, les pertes estimées dans les sous-secteurs des cultures et de l’élevage imputables aux catastrophes ont atteint en moyenne quelque 147 kilocalories par personne et par jour au cours des 31 dernières années. Ce chiffre correspond à environ 6 et 7 pour cent des besoins énergétiques moyens des hommes et des femmes, respectivement (FIGURE 28). Cette réduction de l’énergie disponible équivaut aux besoins d’approximativement 455 millions de personnes (400 millions d’hommes ou 500 millions de femmes environ) chaque année sur les trois dernières décennies.

FIGURE 27 ESTIMATIONS DES PERTES QUOTIDIENNES TOTALES D’ÉNERGIE ET DE NUTRIMENTS PAR PERSONNE, PAR JOUR ET PAR ALIMENT (1991-2021)

Source: Auteurs du présent document, d’après des données de la FAO.
Source: Auteurs du présent document, d’après des données de la FAO.

Les pertes de céréales contribuent pour la plus grande part à ces déficits d’énergie et de nutriments (FIGURE 27), notamment de fer, de zinc, de magnésium, de phosphore, de vitamine B1 et de vitamine B2. Les produits à base de céréales sont des aliments essentiels dans de nombreuses régions, et une source importante de ces différents nutriments. Les déficits de vitamine A sont liés principalement à la diminution des disponibilités en légumes, ce qui souligne l’importance de ces derniers en tant que source de cette vitamine essentielle pour la vision, le système immunitaire et la santé de manière générale. Les pertes de fruits et fruits à coque ainsi que de racines et tubercules entraînent essentiellement des pertes de vitamine C. Ces groupes d’aliments sont en effet connus pour leur richesse en vitamine C, qui est un nutriment antioxydant important pour le système immunitaire et la synthèse de collagène. Les pertes de lait et d’œufs entraînent des déficits en calcium, en vitamine A et en vitamine B2. Ces sources d’aliments sont connues pour leur teneur en calcium, lequel contribue au développement d’une ossature et d’une dentition solides. Elles apportent également de la vitamine A, essentielle pour la vision et le système immunitaire, et de la vitamine B2, qui joue un rôle important dans la production d’énergie.

Rapportées aux besoins, les pertes en nutriments semblent particulièrement importantes en ce qui concerne le fer, le phosphore, le magnésium et la vitamine B1 (FIGURE 28). Les pertes en pourcentage sont similaires pour les deux sexes en ce qui concerne le calcium, le phosphore et la vitamine A, mais présentent des différences pour ce qui est des autres nutriments. Les incidences potentielles sur la nutrition seraient plus importantes pour les femmes, qui ont des besoins plus élevés en zinc, en magnésium, en vitamine B1, en vitamine B2 et en vitamine C: leurs pertes (en pourcentage du BME pour ces nutriments) seraient supérieures de 1 à 5 pour cent à celles des hommes. Le fer est le seul nutriment dont la perte potentielle pourrait avoir davantage d’incidences sur les hommes que sur les femmes (différence de 7 pour cent).

FIGURE 28 ESTIMATIONS DES PERTES QUOTIDIENNES D’ÉNERGIE ET DE NUTRIMENTS EN POURCENTAGE DES BESOINS HUMAINS (1991-2021)

Source: Auteurs du présent document, d’après des données de la FAO.
Source: Auteurs du présent document, d’après des données de la FAO.

Au niveau régional, les déficits nutritionnels estimés résultant de la production perdue à cause de catastrophes atteignent quelque 31 pour cent en Asie et en Amérique, 24 pour cent en Europe, 11 pour cent en Afrique et 3 pour cent en Océanie. Toutefois, si l’on examine ces pertes au regard des besoins énergétiques de la population de ces régions, on constate qu’elles sont particulièrement marquées en Océanie (quelque 50 pour cent), suivie de l’Amérique (15 pour cent environ) et de l’Europe (13 pour cent environ). En Afrique et en Asie, la part des pertes nutritionnelles entraînées par les catastrophes par rapport aux besoins est bien plus faible (quelque 3,5 pour cent et 4,5 pour cent, respectivement). Il convient toutefois de noter que les pertes estimées pour la seule Afrique correspondent aux besoins énergétiques quotidiens de plus de 43,5 millions d’hommes ou 54,4 millions de femmes.

Comme le montrent les FIGURES 29 et 30, c’est en Océanie que les pertes quotidiennes estimées en pourcentage du BME sont les plus importantes: plus de 100 pour cent du BME pour les hommes comme pour les femmes en ce qui concerne le fer, le magnésium, le phosphore, la vitamine B1 et, pour les femmes, le zinc. Ce résultat est dû au fait que les pertes ont été déterminées au regard des disponibilités de nutriments plutôt que des apports réels. L’Océanie affiche des pertes de nutriments moins élevées que celles des autres régions, mais sa population est peu nombreuse en comparaison de ces dernières, et les exportations de produits alimentaires sont importantes. Il en résulte une forte baisse des nutriments par personne et par jour, qui se traduit par une perte très élevée en pourcentage du BME. Pour le fer, par exemple, la perte estimée par personne et par jour en Océanie est de 12,7 mg. La perte en valeur absolue peut ne pas sembler très préoccupante, mais elle représente 212,5 pour cent du BME pour les hommes (6 mg/jour) et 157,4 pour cent du BME pour les femmes (8,1 mg/jour).

FIGURE 29 ESTIMATIONS DES PERTES QUOTIDIENNES D’ÉNERGIE ET DE NUTRIMENTS EN POURCENTAGE DES BESOINS DES HOMMES PAR RÉGION (1991-2021)

Source: Auteurs du présent document, d’après des données de la FAO.
Source: Auteurs du présent document, d’après des données de la FAO.

FIGURE 30 ESTIMATIONS DES PERTES QUOTIDIENNES D’ÉNERGIE ET DE NUTRIMENTS EN POURCENTAGE DES BESOINS DES FEMMES PAR RÉGION (1991-2021)

Source: Auteurs du présent document, d’après des données de la FAO.
Source: Auteurs du présent document, d’après des données de la FAO.

Pour terminer, l’exclusion du poisson et des autres produits alimentaires aquatiques (du fait d’une absence d’estimation systématique des pertes) pourrait avoir une incidence importante sur l’évaluation de la réduction des disponibilités, car ces aliments sont une source non négligeable de certains nutriments. Cela étant, ces données, lorsqu’elles sont disponibles à un niveau plus détaillé, apportent des informations de contexte à l’évaluation des disponibilités nutritionnelles dans l’approvisionnement alimentaire de certains paysr.

back to top